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Dans la thématique des politiques de rigueur...

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24032010

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Le nouveau tournant de la crise se précise. Pourra-t-il être évité ?

Après l’ouverture des vannes provoquant, avec la bénédiction du FMI, l’inondation de liquidités pour débloquer le système financier mondial menacé de faillite et enrayer la récession, c’est, avec la prise de conscience de la nécessité de lutter contre la montée de l’endettement public, le risque d’un retour à un processus de contraction de l’activité économique qui nous menace maintenant. Cela mérite que l’on s’y attarde.

En premier lieu, on a tendance à oublier que, sous l’effet mécanique de la récession qui a touché tous les pays de l’Europe (à l’exception de la Pologne), ainsi que les Etats-Unis, les recettes fiscales de ces pays se sont considérablement réduites. A ceci s’est ajoutée la contribution des Etats pour soutenir l’activité économique défaillante et sauver le secteur bancaire. En conséquence, comme c’était prévisible, leur endettement a explosé un peu partout et il est malvenu d’imputer principalement ce phénomène à leur gestion antérieure, comme on l’entend souvent dire malheureusement. Qui plus est, ce sont, bien entendu, les pays les plus vulnérables – pas forcément les plus « tricheurs » – qui sont pointés du doigt par les agences de notation et offerts en proie aux spéculateurs des marchés, alors même que les Etats Unis dont l’endettement croit pourtant de façon pharamineuse restent (provisoirement) à l’écart de la tourmente.

Dans ces conditions, le danger est que tous les pays concernés d’Europe, utilisant les vieilles recettes classiques du FMI, se livrent à une surenchère dans l’application des « politiques de rigueur » destinées à ramener les déficits publics dans les limites fixées par le Pacte de Stabilité, l’Allemagne, du haut de sa réussite économique et de ses excédents commerciaux, prêchant le bon exemple.

Ce serait pourtant accumuler toutes les probabilités de déclencher un processus de récession de grande ampleur.

On sait que le premier effet d’une politique standard de rigueur, en raison de ses conséquences sur les dépenses, publiques mais aussi privées, est de réduire la croissance (quand il y en a), ou de plonger le pays qui l’utilise dans la récession. Les Hongrois sont bien placés pour le savoir. Et, second effet préoccupant, ce ralentissement de l’activité économique commence toujours par peser sur l’équilibre des finances publiques du pays considéré en raison de son impact négatif sur les recettes publiques. Des politiques de rigueur ne peuvent être salvatrices pour les pays qui les appliquent que s’ils bénéficient d’un environnement porteur leur permettant de tirer parti des gains de productivité qui peuvent en résulter et donc de retrouver une croissance accrue génératrice de recettes fiscales.

C’est ainsi que les pays en transition de l’Europe de l’Est n’ont pu mener à bien la politique « vertueuse » fondée sur la compétitivité et l’exportation qui leur était recommandée que parce qu’ils se situaient dans le contexte d’une croissance mondiale soutenue leur permettant d’écouler leurs produits. Mais il faut souligner que, dans le cas qui nous intéresse ici, la situation présente une différence marquée. Les politiques de rigueur, telles que les conçoit le FMI, impliquent en général une dévaluation des monnaies des pays considérés en vue de dégager les marges de compétitivité nécessaires pour réorienter la demande intérieure vers les productions nationales et développer l’exportation. Or il n’est évidemment pas question de dévaluations compétitives à l’intérieur de la zone euro.

Dans un environnement dégradé ou simplement médiocre, ces politiques de rigueur, par leurs effets pro-cycliques, surtout si elles sont menées de façon concomitante par de nombreux pays (ce qui risque d’être le cas), peuvent être dévastatrices et conduire à l’appauvrissement général. Si tous les pays d’une même zone cherchent à devenir exportateurs nets, et s’il n’y a pas en contrepartie d’importations équivalentes, le jeu ne peut-être qu’à somme négative. Ces politiques ne doivent pas être invoquées comme des règles absolues et valables en toutes circonstances, comme on semble tenté de le faire aujourd’hui.

En outre, comme on l’a vu dans le cas de la Russie au cours des années 90, une politique de rigueur poussée trop loin et trop longtemps, en asséchant les recettes publiques (déjà affectées, dans le cas de la Russie, par le passage mal négocié du socialisme au capitalisme, en l’occurrence mafieux), peut déboucher sur la mise en faillite d’un l’Etat. A fortiori, si plusieurs pays pratiquent en même temps la même politique de rigueur, ils peuvent mettre en place une redoutable spirale susceptible de mettre à genoux nos économies.

Les politiques de rigueur du FMI ne sont donc pas des panacées qui peuvent être appliquées n’importe comment. Quant à la politique de stabilisation des finances publiques formalisée en Europe dans le « Pacte de Stabilité », elle ne doit pas être conçue comme un dogme, mais comme un outil utilisé avec subtilité. Elle doit être adaptée au contexte où elle se situe. Au plus fort de la crise, en 2008-2009, il est apparu normal – et même recommandé – de prendre des libertés avec les normes qu’elle fixe pour sauver le système économique et financier de la planète. Ceci ne doit pas être oublié. Or, nous ne sommes pas sortis de la crise. Les mécanismes qui en sont à l’origine sont toujours largement à l’œuvre. L’activité économique dans nos pays est loin d’avoir franchement repris. Il faut éviter de l’asphyxier en tolérant momentanément, même en ce qui concerne la Grèce, des déficits des finances publiques au-delà de ce qui est considéré comme « normal » (comme aux Etats-Unis). L’idée même d’une recommandation à tous les pays de la zone euro d’opérer en même temps le retour dans les plus brefs délais aux normes du Pacte de Stabilité apparaît, à cet égard, absurde et suicidaire.

Mais cela suppose aussi de juguler les effets pernicieux des comportements spéculateurs des marchés et les effets pyromanes des agences de notation. Ceci est une autre affaire qui tend à prendre un caractère lancinant. Si l’on voulait bien prendre le temps et avoir le courage de s’y attaquer, cela éviterait d’avoir à évoquer de mauvaises solutions !

Tags : agences de notation, Allemagne, Etats-Unis, Europe, FMI, pacte de stabilité, récession, rigueur, Russie
Mister Cyril
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