Enfin, nous avons notre équipe, unie face à l'adversité! Gourcuff, Duverne [préparateur physique de l'équipe de France], Valentin [directeur adjoint de la FFF, qui a démissionné hier] ou Domenech, peu importe le nom que prend l'ennemi, ces mecs sont des héros, bien décidés à rester maîtres de leur destin, coûte que coûte

Maintenant, ça ne fait plus l'ombre d'un doute: le stage de Tignes a effectivement permis de resserrer les liens entre nos joueurs. Pour le comprendre, il faut revenir au deuxième jour.

Alors que les Bleus viennent de subir une journée de marche par grand froid, blottis les uns contre les autres sous la chaleur des couvertures, ils regardent, sur les conseils de Ribéry, un documentaire sur les LIP, ces ouvriers qui avaient géré eux-mêmes leur fabrique de montre en 1973, pour éviter sa fermeture.

Là, nos hommes ont une révélation commune: un homme, une voix, voilà la solution! La soumission à la FFF et à toute autre forme d'autorité, c'est fini. Ca rappelle ces footeux qui avaient envahi la Fédération en 1968 et affiché une banderole à sa fenêtre: «Le football aux footballeurs». L'Histoire est en marche!

La journée d'hier a permis au monde de découvrir ce qui est aujourd'hui une révolution dans le foot: l'autogestion. Par le passé, seuls les coéquipiers de Socrates - vous savez, le grand frère de Raï - au sein des Corinthians avaient osé. Face à la dictature militaire qui sévit au Brésil à l'époque, ces mecs n'hésitent pas à floquer leur maillot du terme «démocratie». Mieux, lors d'un match, ils s'avancent sur le terrain en portant une banderole sur laquelle est écrit «Gagner ou perdre, mais toujours en démocratie».

Ce sont eux que Platini et Fernandez élimineront en 1986 lors d'un quart de finale mythique au Mexique. Il fallait leur rendre hommage, et réhabiliter ces combattants de la liberté: la jeune génération l'a fait. BRA-VO!

Hardis, les gars, sus au traître! Ne vous laissez pas avoir par ces Cassandre qui n'attendent que votre chute, trop inquiets à l'idée que vous puissiez abattre leur système! Ce week-end, NTM chantait «Qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu?» sur la scène du Parc des Princes. Voilà l'exemple Changez tout, et nul doute que tout changera sur le terrain par la suite.

La Marseillaise? Faites la remplacer par un chant de la Commune de Paris! Les suçons de Zahia dans vos cous? Oublions les, et que le monde découvre enfin vos épaules tatouées à l'effigie de Bakounine! Vous ne voulez pas d'entraînement? Et alors? Socrates fumait bien un paquet par jour, ce qui ne l'empêchait pas d'être le maître à jouer de la Seleçao!

Et les primes promises par la FFF en cas de victoire? Exigez qu'elles soient reversées à des associations de quartier en mal de subventions!

Pour toutes ces revendications urgentes et portées par votre seul souci d'égalité, vous savez pouvoir compter sur le soutien unanime de tout un peuple. Mais soyez sympas les gars, ne vous arrêtez pas là. Socrates et les Corinthians avaient commencé par se pencher sur leurs conditions de travail. Très vite, ils sont passés de la politique de leur club à celle de leur pays.

Enfin, on ne voudrait pas vous forcer, hein! Après tout, c'est vous qui décidez...