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Le printemps érable

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Le printemps des étudiants québécois contre la hausse des droits de scolarité
Depuis la mi-février, un mouvement de grève étudiant dénonce la décision du gouvernement québécois de Jean Charest d'augmenter les droits de scolarité de 75% en 5 ans.

Certains parlent de "printemps érable", en écho au mouvement de contestation dans le monde arabe et au sirop d'érable, emblème du Québec. Des milliers d'étudiants manifestent depuis 12 semaines pour dénoncer la hausse de 75% des droits de scolarité.

C'est le "Printemps érable" dans la Belle province. Et il est si chaud que des milliers d'étudiants ont défilé nus jeudi dans les rues de Montréal, sous le regard amusé des policiers, pour dénoncer la hausse des droits de scolarité. Les manifestants exigent plus de "transparence" du gouvernement du Québec confronté à une contestation estudiantine sans précédent.

La province francophone canadienne vit le plus important mouvement de contestation estudiantin de son histoire. Le débat d'apparence comptable s'est métamorphosé en une intense querelle philosophique entre les défenseurs de l'éducation supérieure en tant que droit, un bien qui doit être gratuit, et les utilitaristes pour qui l'université est un investissement personnel permettant aux étudiants de maximiser leurs chances d'obtenir un emploi bien rémunéré.

L'augmentation des droits de scolarité au coeur du conflit

Ce mouvement est né de la décision du gouvernement du Premier ministre Jean Charest d'augmenter les droits de scolarité de 325 dollars par an pendant cinq ans à compter de l'automne, soit une hausse totale de 1625 dollars (1235 €), ou 75%, pour les porter à 3800 dollars (2900€).

Les frais de scolarité dans la province de huit millions d'habitants sont beaucoup moins élevés qu'aux Etats-Unis et ailleurs au Canada, mais beaucoup plus onéreux que dans nombre de pays européens, selon les données de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Mobilisation de l'opinion publique

Depuis la mi-février, ils sont plus de 300.000 en grève: parents, enfants, retraités, professeurs, membres d'organisations et étudiants se réunissent sous le thème "Pour un printemps québécois". Des milliers arborent du rouge (la couleur du mouvement) dans les cheveux, aux oreilles, sur les sacs ou en épinglette.

Boycott des cours, manifestations dans les rues, blocage de ponts, performances artistiques originales, rien n'est trop bon pour se faire entendre et réclamer le gel des frais de scolarité. "On veut étudier, on ne veut pas s'endetter"/"un peuple instruit jamais ne sera vaincu"/"Beauchamp (la ministre de l'Éducation) dans le champ"/"Citoyens à vos balais, faisons le ménage du gouvernement Charest (du nom du Premier ministre)"/"Non à la gratuité minière! Oui à la gratuité scolaire!", les slogans affichés sur leurs pancartes sont de plus en plus hargneux.

Arrestations et heurts avec la police

Le mouvement prend depuis plusieurs semaines une ampleur telle que des cellules radicales en marge des manifestations se sont formées et sont à l'origine de débordements. Ceux-ci ont donné lieu à des affrontements entre les manifestants et les policiers et à des arrestations. L'agitation a aussi entraîné l'exaspération d'une minorité d'opposants au mouvement qui appellent à "s'affranchir de la tyrannie des agitateurs de gauche".

Vers un pourparler avec le gouvernement ?

Une rencontre avec les trois fédérations étudiantes en grève a bien été organisée par la ministre de l'Education Line Beauchamp le 23 avril mais elle n'a pas abouti: deux des associations lui reprochaient d'avoir écarté des pourparlers la troisième organisation, la "Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante" (CLASSE).

Face à l'envenimement de la situation, le gouvernement québécois a fait des concessions ce vendredi en proposant d'étaler la hausse des droits de scolarité sur sept ans au lieu de cinq, mais les organisations étudiantes ont réservé leur réponse.

Ce mouvement de grève intervient alors que des rumeurs d'élections anticipées pointent à l'horizon dans la province francophone qui flirte depuis un demi-siècle avec l'idée de son indépendance par rapport au reste du Canada.
Le Premier ministre libéral Jean Charest -fédéraliste, au pouvoir depuis 2003- est actuellement en deuxième position dans les intentions de vote, derrière Pauline Marois, chef du Parti québécois (indépendantiste), qui a promis d'annuler cette hausse sans pour autant geler les droits de scolarité.

Mister Cyril
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Le printemps érable :: Commentaires

Mister Cyril

Message Dim 10 Juin 2012 - 14:46 par Mister Cyril

brusyl a écrit:Alors, des causes justes ou réfléchies il n'y en a pas, tout peut partir de rien, suffit dans ces moments extrêmement tendus qui précédent les révolutions- et que je crois bien que nous vivons en ce moment- d'une minuscule étincelle pour foutre le feu aux poudres. Ce n'est pas de faire partir la révolution qui est le plus difficile, des révoltes, des révolutions on peut les compter à la pelle, c'est de les faire aboutir qui est beaucoup plus rare, qu'elles ne soient pas récupérées par le système comme les françaises ou qu'elles ne produisent pas un autre système tout aussi injuste, inégalitaire, totalitaire comme en Russie ou en Chine.
Je suis donc comme Mister : je regarde tout ce qui se passe, avec espoir, en me disant que peut-être cette fois ce sera la bonne et je me dis que même si rien n'aboutit aujourd'hui, ce sont des graines de révoltes qui sont à chaque fois semées et qui produisent une prise de conscience, des paroles, des actions mais aussi des liens entre ces actions qui se nouent. Tout cela capitalise et produira un jour quelque chose...
Pour le moment cela produit de la répression : arrestations en masse, gazages massifs et lois répressives : la loi 78 récemment adoptée par le Canada est une des atteintes les plus graves à la liberté de manifestation et le droit de réunion, aussi graves qu'ont pu être les décrets de Louis-Philippe contre les réunions en "banquets"




Encore une fois Bru a écrit en bien mieux ce que je voulais exprimer; tout est critiquable et doit l'être mais:
1-Je refuse de me faire traiter de "naïf" (donc neuneu) because je pense que nous sommes à une pèriode charnière où le système peut s'effondrer comme un château de cartes (tout comme je m'étais élevé en 2008 quand vous me traitiez de jeunes boutonneux quand je vous disais que le colosse avait un pied d'argile...je sais ça fait 30 fois que je vous la rappelle celle-là mais ça me fait du bien hé hé).

2- Pour que l'on ne finisse pas dans un système encore pire que celui que nous connaissons il faut vite réinventer les outils des rapports de force pour contrôler les moyens de production et politiques..d'où la nécessité d'observer partout dans le monde sans comdamner à priori un mode d'actions.

Bref plus ou moins actif mais pas résigné!!!

Bizz à tous!

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brusyl

Message Jeu 7 Juin 2012 - 13:47 par brusyl

@ duck
Une fois de plus, a mon humble avis, le problème n'a rien a voir avec le cout des inscriptions ici ou la, ou le prix de la viande de bœuf a l’étal du boucher, ou le montant des impôts que chacun apporte a une société

Parce que tu crois toi, que les révolutions vont éclater ou ont éclaté à des jours prévues à l'avance, quand les "masses laborieuses" bien éduquées par leur chef de cellule auront compris et ingéré toute la critique marxiste du système et qu'elles auront décidé de prendre la bête à la gorge ? Si oui, ce que tu te goures, ce que tu te goures...
Suffit de lire le passé et de rechercher le motif qui a mis le feu aux poudres dans les révolutions passées :parce qu'un ministre ne plait pas (1830), parce qu'une réunion publique a été interdite (1848), parce que le directeur du Crous refuse la mixité dans une résidence universitaire (1968). La seule cause sérieuse est 1870, parce que l'armistice a été signée avec les prussiens, mais là encore cela n'a rien à voir avec une critique du système de domination capitaliste.
Quelles causes profondes, nobles, réfléchies, programmées, organisées !

....Oups, je dois partir à une réunion, je laisse donc cette réponse inachevée... à plus !

Je reprends... quelques heures plus tard

Alors, des causes justes ou réfléchies il n'y en a pas, tout peut partir de rien, suffit dans ces moments extrêmement tendus qui précédent les révolutions- et que je crois bien que nous vivons en ce moment- d'une minuscule étincelle pour foutre le feu aux poudres. Ce n'est pas de faire partir la révolution qui est le plus difficile, des révoltes, des révolutions on peut les compter à la pelle, c'est de les faire aboutir qui est beaucoup plus rare, qu'elles ne soient pas récupérées par le système comme les françaises ou qu'elles ne produisent pas un autre système tout aussi injuste, inégalitaire, totalitaire comme en Russie ou en Chine.
Je suis donc comme Mister : je regarde tout ce qui se passe, avec espoir, en me disant que peut-être cette fois ce sera la bonne et je me dis que même si rien n'aboutit aujourd'hui, ce sont des graines de révoltes qui sont à chaque fois semées et qui produisent une prise de conscience, des paroles, des actions mais aussi des liens entre ces actions qui se nouent. Tout cela capitalise et produira un jour quelque chose...
Pour le moment cela produit de la répression : arrestations en masse, gazages massifs et lois répressives : la loi 78 récemment adoptée par le Canada est une des atteintes les plus graves à la liberté de manifestation et le droit de réunion, aussi graves qu'ont pu être les décrets de Louis-Philippe contre les réunions en "banquets"

Quelles sont les raisons qui font que les étudiants d'aujourd'hui sont prêts a s'endetter pour des dizaines d’années ?

Parce qu'ils n'ont pas le choix té !
Ils vivent dans un pays où l'éducation n'est pas gratuite et ceci dès le primaire. Et dans ces pays, une fois le lycée terminé, les parents ne paient plus pour l'entretien de leurs enfants qui se prennent alors en charge. C'est comme cela, c'est leur tradition, leur coutumes. Et même si les parents voulaient contribuer, la majorité d'entre eux ne pourraient pas : qui peut se permettre de dépenser 10 000 dollars par an pour payer les études de son gamin ?
Cette manière que tu as de les considérer comme "gosses de riches" qui font leur caprice est très bizarre et ce manichéisme visant à dresser un grand mur entre des classes dites populaires (c'est quoi ? parce qu'ils n'ont pas fait d'études ? parce qu'ils travaillent de leurs mains ? parce qu'ils ne gagnent pas beaucoup d'argent) les gentils et les autres qui ont un peu étudié, les méchants m'agace énormément : tu crois que ceux qui étudient dans les universités représentent l'élite ? tu me fais marrer, viens faire un petit tour dans leurs couloirs et tu verras la garderie à futurs chômeurs qu'elles sont devenues. La future élite, mon cher, elle ne va plus à l'université, elle fait les grandes écoles ou aux USA elle étudie dans les facs privées où les droits d'inscription réclamés par le premier ministre canadien sont de la gnognotte par rapport aux leurs.
On peut vouloir étudier et être très pauvre, et crois moi, en France comme aux Etats-Unis : un exemple que je te donne, d'un dossier d'une future étudiante américaine que je vais avoir l'an prochain et que je viens de lire : elle étudie le jour, travaille dans un restaurant à temps plein le soir et vit dans une famille où elle est logée gratuitement contre heures de ménage.
Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres... et bien, moi je lui tire mon chapeau à cette fille.


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Donald11

Message Mer 6 Juin 2012 - 10:18 par Donald11

Mister Cyril a écrit:moua moua il est colère le saussisonnier roumain...
Pas du tout mon Poussinet. Ce texte m'a seulement herisse les plumes tant il est confus et, comment dire, propagandiste.
débat intéressant même si on glisse un peu vite du cursus universitaire, aux intérêts financiers et bancaires. N'en déplaise à Canard je serai toujours un fervent opposant à la marchandisation de l'éducation (de la santé et la"sécurité"aussi) et même si cela concerne le Québec et non le Niger, l'accession à l'Ecole est le premier des droits inaliénables, bien avant la propriété!!! A Montréal, Paris, Bombay ou Lavelanet, fermer peu à peu l'enseignement aux classes pops n'est pas une mince affaire et ça reste le fond de ce problème qui se diffuse dans nos pays bourgeois ou pas (States, GB, Canada, Espagne,France...)...bref ça fait parti des valeurs Fort Alamo dont je ne trouve pas de bémol du genre "petits bourgeois étudiantss""individualistes""futurs dirigeants"...nan, nan...
Je te rejoins dans ce combat s'opposant à la marchandisation de tout, jusqu'à celle de l'humain. L'école n'est qu'un maillon de cette marchandisation. Pour Montréal, Paris ou Bombay, je ne sais pas, mais pour Lavelanet je peux apporter une réponse : économie en berne, espoir de vivre au pays quasi nul sauf à être pompier ou flic, aucune université à moins de 100 bornes (Perpignan, Montpellier ou Toulouse). Et pourtant il n'y a aucun signe de rébellion ou de révolution. Et une majorité de votants pour Hollande à la présidentielle, au premier et au second tour. Des gens très ordinaires, quoi, qui, pour un certain nombre d'entre eux, ont bien du mal à remplir la gamelle matin, midi et soir ... J'imagine que pour eux, hélas, les petits maux des étudiants Bourges du Québec ne sont que courant d'air dans un verre d'eau ! Yaka fermer la porte !
Je veux bien qu'on s'apitoie sur le sort de ces pov's étudiants, mais bon ... Il n'y a guère qu'un petit milliard de creve-la-faim sur notre planete dont tout le monde se fout royalement ... Oui je sais, je ressors ça régulièrement parce que c'est le problème qui me tient le plus à cœur de résoudre ici et maintenant !
Bizzzzzzzz mon Poussinet
Le saussissonier roumain
Le printemps érable 572283 [/quote]

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Mister Cyril

Message Mar 5 Juin 2012 - 21:51 par Mister Cyril

moua moua il est colère le saussisonnier roumain...débat intéressant même si on glisse un peu vite du cursus universitaire, aux intérêts financiers et bancaires. N'en déplaise à Canard je serai toujours un fervent opposant à la marchandisation de l'éducation (de la santé et la"sécurité"aussi) et même si cela concerne le Québec et non le Niger, l'accession à l'Ecole est le premier des droits inaliénables, bien avant la propriété!!! A Montréal, Paris, Bombay ou Lavelanet, fermer peu à peu l'enseignement aux classes pops n'est pas une mince affaire et ça reste le fond de ce problème qui se diffuse dans nos pays bourgeois ou pas (States, GB, Canada, Espagne,France...)...bref ça fait parti des valeurs Fort Alamo dont je ne trouve pas de bémol du genre "petits bourgeois étudiantss""individualistes""futurs dirigeants"...nan, nan...
Le printemps érable 572283

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Donald11

Message Mar 5 Juin 2012 - 13:30 par Donald11

Chere canettouchinette,
A force de regarder par le petit bout de la lorgnette, on finit par ne plus voir ce qui nous pend au nez. Une fois de plus, a mon humble avis, le problème n'a rien a voir avec le cout des inscriptions ici ou la, ou le prix de la viande de bœuf a l’étal du boucher, ou le montant des impôts que chacun apporte a une société, qu'elle soit franco-française ou nord-américaine, mais a la possibilité pour chaque humain d’accéder aisément a toutes ces petites choses sans importance pour pouvoir s’insérer (ou pas) dans ladite société la ou il a envie, grâce a ses ressources, a l’ascenseur social, a la beauté de son cul ou a la capacité de son cerveau.

Est-ce que la société québecoise vit en dessous du niveau de vie de la société nord-américaine ou pas ?
Est-ce que les universités nord-américaines ont de meilleurs résultats que les autres ?
Est-ce que les universités nord-américaines sont aussi accessibles que les autres a tous ceux qui désirent y entrer ?

Qu'est ce qu'un individu apporte en plus a une société après être passe par une "prestigieuse" université nord-américaine ?

Quelles bonnes raisons a-t-on de s'endetter pour entrer dans un cycle universitaire très onéreux ?

Quelles sont les raisons qui font que les étudiants d'aujourd'hui sont prêts a s'endetter pour des dizaines d’années ? Serait-ce que leurs parents sont insolvables ou qu'ils refusent de "se saigner aux quatre veines" comme dans le bon vieux temps et les "trente glorieuses" ?

Alors oui, ce "combat" (je pouffe) me parait bien dérisoire ! Et individualiste aussi. En gros du même tabac que toutes les niches fiscales et autres remises d’impôts accordées a ceux qui n'en ont pas besoin dans notre bonne société franco-française auxquelles s'accrochent tous ceux qui en bénéficient, comme une moule l'est a son rocher ...

Or l'endettement est la pierre angulaire du capitalisme actuel, la garantie de son développement à l'infini et pour les pouvoirs politiques la garantie de la docilité des populations : des travailleurs ayant des dettes à rembourser ont autre chose à faire que d'aller discuter le soir sur la nature prolétaire ou bourgeoise, trotskyste ou léniniste de la révolution à accomplir : ils accumulent les petits boulots quand ils sont étudiants pour limiter le montant de leur emprunt et dès sortis de l'université, le couperet tombe : il faut rembourser, à vie. Cela en fait de bons petits soldats du système, des utilitaristes taillables et corvéables à merci.
Ben voyons ! Un bon petit mélange des genres, travailleurs de l'ombre et universitaires bourges dans le même sac !!! Endettés du revolving et emprunteurs d’élitisme ! Écrire que c'est le capitalisme actuel qui est le seul responsable est aussi fallacieux. S'il y participe certainement, c'est avant tout le système bancaire et financier qui vit sur la bête humaine. Mais c'est interdit de le dire. Quant a assurer la garantie de la docilité des populations aux pouvoirs politiques, c'est oublier un peu vite les révoltes de ces populations par le passé. Pour ça, mieux vaut entretenir une armée de CRS !!!

Tout le reste est du même tonneau et ne vaut pas tripette. Une sorte de bouillon de précampagne électorale a la Marine. Je ne voterai pas pour l'auteur de ce salmigondis insipide.

brusyl a écrit:Débat intéressant...
En simple complément à la lettre ouverte de Hélène Frédérick, on trouvera des outils conceptuels pour réfléchir à la notion de «dette infinie » à l’œuvre dans les restructurations capitalistiques actuelles, et sur la prise en étau des populations et des individus par deux discours faussement contradictoires, l’un de «responsabilisation», l’autre de «culpabilisation».
Un extrait éclairant ci-dessous. Et pour l’analyse in extenso, c’est sur le site de la Coordination des Intermittents & Précaires, ici même.
Les ouvriers ont aussi leurs outils conceptuels : la pelle, la truelle, la pioche, le tournevis, etc !!!
«Revenons à présent à Nietzsche, pour qui « le rapport social le plus ancien et le plus primitif qui soit entre personnes » est le rapport entre créancier et débiteur. C’est dans ce rapport que « pour la première fois, la personne affronte la personne [c’est là que] la personne se mesure avec la personne pour la première fois ».
De nos jours, le creancier est devenu une personne morale (je pouffe) ...
La tâche d’une communauté ou d’une société est d’abord d’élever un homme à même de « se porter garant de soi », de façon qu’il puisse s’acquitter de la dette envers ses différents créanciers (la communauté, les ancêtres ou la divinité).
Ou Nietzsche place-t-il le banquier ? Serait-ce une divinite ?
puisqu’il s’agit d’installer les gouvernés dans un système de dette infinie : on n’en a jamais fini avec la dette dans le capitalisme financier, tout simplement parce qu’elle n’est pas remboursable.
Ca c'est interessant. Si la dette n'est pas remboursable, alors pourquoi la rembourser ?

«Selon la logique «folle» du néolibéralisme – qui prétend substituer le crédit aux salaires et aux droits sociaux, avec les effets désastreux que la crise des subprimes a illustrés de façon dramatique –, nous devenons toujours davantage les débiteurs de l’État, des assurances privées et, plus généralement, des entreprises, et nous sommes incités et contraints, pour honorer nos engagements,
à devenir les «entrepreneurs» de nos vies, de notre «capital humain» ; c’est ainsi tout notre horizon matériel, mental et affectif qui se trouve reconfiguré et bouleversé. (…) Comment échapper à la condition néolibérale de l’homme endetté? Si l’on suit Maurizio Lazzarato dans ses analyses, selon lesquelles la dette est avant tout un instrument
de contrôle politique et l’expression de rapports de pouvoir, force est de reconnaître qu’il n’y pas d’issues simplement techniques, économiques ou financières. Il nous faut remettre en question radicalement le rapport social fondamental qui structure le capitalisme : le système de la dette.
Heu, oui, bon, sans revenus, point de remboursements ! Les subprimes, sauf a n'avoir rien compris au film, mais c'est possible car je n'ai pas le certif, c'est pas tout a fait ca ! Et les endettes de tout poil ne sont pas débiteurs de l’état (pour preuve les commissions d'endettement mise en place par l’état pour étudier un rééchelonnement voire une remise partielle ou totale), des assurances (privées ou pas) ou des entreprises, mais des banques. Maurizio, ca lui arrache la gueule de l’écrire ?

Bonne semaine universitaire et contestataire.

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Donald11

Message Mar 5 Juin 2012 - 12:12 par Donald11

Mister Cyril a écrit:
Coucou ma Bru tu le dis très bien en plus court...mais Donald et Country ne peuvent pas comprendre, ils ont pas dépassé le certif!!!
Content de te relire, A+ bizz!!!
Le printemps érable 532399 Le printemps érable 532399 Le printemps érable 532399 Le printemps érable 532399 Le printemps érable 532399
C'est que tout le monde n'a pas eu les moyens financiers pour entrer a l’université, la ou qu'c'est qu'on forme les zélites !!! En ce qui me concerne, je suis un manuel autodidacte ...
Le printemps érable 987242 Le printemps érable 987242 Le printemps érable 987242 Le printemps érable 987242 Le printemps érable 987242
Bizzzes mon Poussinet

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Mister Cyril

Message Lun 4 Juin 2012 - 23:22 par Mister Cyril

brusyl a écrit:Débat intéressant...

Dire que ce combat sur les droits d'inscription est secondaire est me semble-t'il un avis très franco-français, qui n'imagine pas l'effet et les conséquences que ceux-ci peuvent avoir sur la vie des jeunes nords américains ou des anglais (pays qui connut lui aussi l'an dernier des révoltes étudiantes pour la même raison)
Juste une petite info que je rapporte de ma virée américaine : pour la première fois cette année, la dette globale américaine liée à l'enseignement a dépassé en montant la dette liée à la consommation. Oui, vous avez bien lu, les droits d'inscription dans les facs américaines représentent un montant supérieur à celui de l'ensemble des crédits à la consommation et pourtant on sait bien à quel point les américains fonctionnent à la carte de crédit !

Or l'endettement est la pierre angulaire du capitalisme actuel, la garantie de son développement à l'infini et pour les pouvoirs politiques la garantie de la docilité des populations : des travailleurs ayant des dettes à rembourser ont autre chose à faire que d'aller discuter le soir sur la nature prolétaire ou bourgeoise, trotskyste ou léniniste de la révolution à accomplir : ils accumulent les petits boulots quand ils sont étudiants pour limiter le montant de leur emprunt et dès sortis de l'université, le couperet tombe : il faut rembourser, à vie. Cela en fait de bons petits soldats du système, des utilitaristes taillables et corvéables à merci.

Lutter contre la marchandisation de l'éducation, contre la pression d'un système qui vous endette de plus en plus, et de plus en plus tôt, cette dette qui permet aux gouvernants d'imposer des politiques sociales régressives comme on a jamais vu, me parait une lutte pleine de sens.

Voici un très bon article qui dit cela en beaucoup mieux que moi :


Coucou ma Bru tu le dis très bien en plus court...mais Donald et Country ne peuvent pas comprendre, ils ont pas dépassé le certif!!!

Content de te relire, A+ bizz!!!

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brusyl

Message Lun 4 Juin 2012 - 22:52 par brusyl

Débat intéressant...

Dire que ce combat sur les droits d'inscription est secondaire est me semble-t'il un avis très franco-français, qui n'imagine pas l'effet et les conséquences que ceux-ci peuvent avoir sur la vie des jeunes nords américains ou des anglais (pays qui connut lui aussi l'an dernier des révoltes étudiantes pour la même raison)
Juste une petite info que je rapporte de ma virée américaine : pour la première fois cette année, la dette globale américaine liée à l'enseignement a dépassé en montant la dette liée à la consommation. Oui, vous avez bien lu, les droits d'inscription dans les facs américaines représentent un montant supérieur à celui de l'ensemble des crédits à la consommation et pourtant on sait bien à quel point les américains fonctionnent à la carte de crédit !

Or l'endettement est la pierre angulaire du capitalisme actuel, la garantie de son développement à l'infini et pour les pouvoirs politiques la garantie de la docilité des populations : des travailleurs ayant des dettes à rembourser ont autre chose à faire que d'aller discuter le soir sur la nature prolétaire ou bourgeoise, trotskyste ou léniniste de la révolution à accomplir : ils accumulent les petits boulots quand ils sont étudiants pour limiter le montant de leur emprunt et dès sortis de l'université, le couperet tombe : il faut rembourser, à vie. Cela en fait de bons petits soldats du système, des utilitaristes taillables et corvéables à merci.

Lutter contre la marchandisation de l'éducation, contre la pression d'un système qui vous endette de plus en plus, et de plus en plus tôt, cette dette qui permet aux gouvernants d'imposer des politiques sociales régressives comme on a jamais vu, me parait une lutte pleine de sens.

Voici un très bon article qui dit cela en beaucoup mieux que moi :

Ce qui se cache derrière l’endettement étudiant :
l’avenir à crédit, précarité forcée & hara-kiri


«Un important conflit fait rage au Québec, qui a pour origine une hausse de 75 % des frais de scolarité universitaire. On connaît par cœur le discours justifiant ce type de mesure, aux Amériques, en zone euro ou ailleurs: c’est la crise, l’heure est à l’austérité, plus tard, plus tard, la remise en question de notre modèle économique, car le temps presse, la dette des États maintient plusieurs pays au bord du gouffre, on suit à en perdre haleine les aléas du moral des marchés, plus insondable mais, probablement, aussi fragile que le moral des ménages. On a demandé aux États d’opérer le sauvetage des banques, et de ce fait, encore une fois on privatise les gains, on nationalise les pertes. Les budgets adoptés sous la contrainte d’autres États craintifs de voir l’économie sombrer, invoquant le principe de responsabilité, commandent aux citoyens de faire leur «juste part», de se serrer la ceinture, d’en faire un peu plus. Ainsi, période d’austérité oblige, en mars 2011, sous l’autorité d’un gouvernement soupçonné de corruption reconduit de justesse, le ministère des Finances du Québec déposait son budget : afin de régler la délicate question du financement universitaire, celui-ci prévoyait de hausser les frais de scolarité de 325$ par an pendant cinq ans, à partir de l’automne 2012.
À quelques mois de l’entrée en vigueur de ces mesures visant à renflouer les caisses universitaires, dit-on, sans pénaliser ceux qu’on appelle les contribuables, déjà trop sollicités en ces périodes de coupes budgétaires, voilà qu’une bonne partie de la jeunesse québécoise a refusé de payer une part qui ne lui paraît pas si juste. La majorité des étudiants ont voté en faveur d’une grève qui depuis plus de 100 jours paralyse le système d’éducation collégial et universitaire et monopolise l’espace public voué au débat, espace qu’on avait sans doute depuis trop longtemps laissé vacant.
Lorsqu’après 82 jours de grève, le gouvernement de Jean Charest a finalement accepté d’entamer un dialogue avec les leaders des associations étudiantes qu’il avait jusque-là choisi d’ignorer, il a présenté comme un important compromis la proposition suivante : pour que l’éducation demeure accessible à tous, nous allons élargir le régime de prêts aux étudiants issus de la classe moyenne, ce régime qui jusqu’ici était réservé aux classes moins aisées. Pour le formuler plus clairement, aux associations étudiantes qui, pour débattre et chercher des solutions, demandaient simplement un moratoire, Jean Charest a répondu : élargissons l’endettement. Naturellement, la proposition a été rejetée, et ce faux compromis a eu pour effet de renforcer le mouvement contre la hausse, symbolisé par le carré rouge.
On pourrait s’étendre à l’infini sur le discours qu’on a vu émerger de la droite québécoise et de ses ramifications dans les médias, les arguments de responsabilité invoqués, les demandes d’injonction visant à neutraliser le vote étudiant et à forcer le retour en classe sans tenir compte de la position des professeurs appuyant massivement les étudiants, la brutalité policière et les centaines d’arrestations abusives au nom d’un retour à la paix sociale, la loi 78 adoptée le 18 mai dernier, dite loi spéciale, visant à restreindre le droit de manifester et affaiblir le pouvoir des associations étudiantes, etc.
Ne l’oublions pas, en usant de tous ces stratagèmes, le gouvernement en place, en défenseur d’un système néolibéral déjà en perdition veut nous faire avaler principalement une chose : l’idée d’un endettement des jeunes considéré comme une juste contribution en cette période d’austérité pré-programmée. En des mots plus crus, quelque part au sommet, là où politique et économie sont depuis trop longtemps confondus, on tente de nous faire croire que les étudiants (ou plus largement les citoyens) ne sont rien d’autre qu’une colonne de chiffres dont on attend un rendement. Et c’est cette vision marchande de l’éducation, voire de tout un système, voire de l’humain, que les jeunes québécois questionnent et rejettent aujourd’hui, et depuis plus de 100 jours, avec tous ceux qui les appuient et qui, encore hier soir, faisaient résonner leurs casseroles sur les trottoirs.

Je suis née en 1976 dans un petit village de Montérégie — qu’on me pardonne cette parenthèse personnelle qui servira, je l’espère, à illustrer mon propos. Ma génération a goûté au régime de prêts étudiants et s’en est trouvée très affaiblie. Au Québec et au Canada, il est permis de faire faillite pour avoir trop joué à la loterie, mais la loi [*] interdit la faillite pour avoir trop longtemps étudié. J’ai terminé, ou plutôt j’ai cessé mes études en 1999 avec une dette de 19 000 dollars et une dépression en bonne partie causée par cette précarité. Ayant échelonné le remboursement de mon prêt sur vingt ans (mon salaire ne m’aura pas permis d’assurer ma survie autrement qu’en y allant de paiements de 180 dollars par mois), j’aurai au final, en 2019, remboursé à mon institution financière la rondelette somme de 39 000 dollars. Je vous laisse le soin de déterminer qui est le gagnant de ce système à colonne de chiffres que l’État défend aujourd’hui, au Québec, à coups de matraque et de loi spéciale, adoptée à la sauvette afin de calmer ce qu’ils appellent un caprice d’enfant-roi.
J’ai souvenir d’avoir perdu le goût des études et de la vie dans le contexte de l’endettement. J’ai souvenir d’avoir consulté un psychologue en milieu universitaire, gracieusement offert, et de l’avoir entendu dire : mon but mademoiselle est de vous rendre fonctionnelle à l’université. J’ai souvenir d’avoir cessé pendant quelques années de croire au modèle universitaire en regard de ces conditions. J’ai souvenir d’avoir envié ces habitants de pays où l’éducation est réellement accessible à tous et ne vous sera pas imposée en boulet au pied pendant douze ou vingt ans. J’ai souvenir d’avoir souscrit à une assurance-vie à la demande de mon père, assurance qui lui éviterait de contracter ma dette s’il me prenait l’envie trop forte de mourir. Car les pauvres gens ont de ces préoccupations prosaïques : mon père survivant à peine de son métier d’artisan, ma dette l’aurait certainement acculé à la faillite. Enfin, contrairement à ceux qui n’auront d’autre choix que d’y laisser leur peau en bons sacrifiés de l’austérité, c’est heureux et c’est une chance : j’ai souvenir d’avoir choisi de me faire autodidacte plutôt qu’hara-kiri.
Les défenseurs de la hausse des frais de scolarité au Québec, inspirés par les membres du gouvernement en place, utilisent souvent cet argument qui nous égare et évacue un débat pourtant plus que nécessaire : le Québec est la province canadienne, et l’endroit en Amérique du Nord où les frais universitaires demeurent les moins élevés. Étrangement, on met plus d’énergie à asséner ce simple fait qu’à nous expliquer pourquoi il faudrait perdre cet avantage et ériger en modèles ces contrées où le fossé entre riches et pauvres est encore plus profond que chez nous.
Car en tentant d’éveiller notre sens de la responsabilité (celle de la fameuse juste part), il est une chose primordiale qu’on veut nous faire oublier. Endetter une population, qui plus est la jeunesse, c’est la bâillonner, c’est lui enlever la voix et lui enlever le goût de la connaissance. Endetter la jeunesse, c’est lui faire perdre la mesure de ses capacités à vivre et à s’exprimer, c’est produire des milliers de femmes et d’hommes inaptes à devenir et à contester car trop occupés à rembourser. En plus d’alourdir le fardeau des jeunes, par l’endettement, le gouvernement actuel cherche à réduire toute une population au silence, tout comme les régimes d’austérité cherchent actuellement à nous faire payer à coups de suicide au travail les excès d’une poignée d’hommes occupés à construire une tour d’ivoire qui restera pour nous tous à jamais hors d’atteinte. En ces jours de retour aux négociations entre gouvernement et associations étudiantes, espérons que, ici comme ailleurs, le vent de la contestation sera plus fort que le bâillon. Merci à vous étudiants de nous réveiller et de nous redonner une voix !»
[*] Au cours de la deuxième moitié des années 1990, les modifications apportées à la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI) ont enlevé aux emprunteurs la possibilité d’acquitter leurs dettes d’études en faisant faillite si la faillite se produit dans les dix années suivant la fin de leurs études. Ce changement fait en sorte que les obligations des étudiants demeurent après une faillite, même si d’autres dettes sont annulées. Cette période a récemment été réduite à sept ans, mais elle fait toujours l’objet d’un débat considérable. Les prêteurs l’appuient parce qu’elle améliore leurs chances d’être remboursés. Les étudiants, certains spécialistes de l’insolvabilité et certains universitaires ont contesté son bien-fondé. [Info ici même]

En simple complément à la lettre ouverte de Hélène Frédérick, on trouvera des outils conceptuels pour réfléchir à la notion de «dette infini » à l’œuvre dans les restructurations capitalistiques actuelles, et sur la prise en étau des populations et des individus par deux discours faussement contradictoires, l’un de «responsabilisation», l’autre de «culpabilisation».
Un extrait éclairant ci-dessous. Et pour l’analyse in extenso, c’est sur le site de la Coordination des Intermittents & Précaires, ici même.

«Revenons à présent à Nietzsche, pour qui « le rapport social le plus ancien et le plus primitif qui soit entre personnes » est le rapport entre créancier et débiteur. C’est dans ce rapport que « pour la première fois, la personne affronte la personne [c’est là que] la personne se mesure avec la personne pour la première fois ». Dans La Généalogie de la morale, Friedrich Nietzsche affirme que la possibilité d’extraire de l’ «homme-fauve» un «homme civilisé», c’est-à-dire un homme «prévisible, régulier, calculable», passe par la production d’un homme capable de promettre. La tâche d’une communauté ou d’une société est d’abord d’élever un homme à même de « se porter garant de soi », de façon qu’il puisse s’acquitter de la dette envers ses différents créanciers (la communauté, les ancêtres ou la divinité). Pour honorer la promesse de rembourser la dette qu’il a contractée avec son créancier, il faut fabriquer, à cet « oubli incarné qu’est l’homme », une mémoire, une conscience, une intériorité qui le rende à la fois coupable et responsable de ce à quoi il s’est engagé. La dette implique ce que Nietzsche appelle un « travail sur soi, une torture de soi », un « travail de l’homme sur lui-même ». L’implication de la subjectivité dans l’économie néolibérale, la fabrication du «capital humain» s’expliquent précisément par l’économie de la dette.
Le capitalisme contemporain, d’une part, encourage les gouvernés à s’endetter (aux États- Unis, où l’épargne est négative, on contracte tous genres de crédits à la consommation, pour acheter une maison, pour poursuivre ses études, etc.) en ôtant à l’endettement en général toute charge culpabilisante ; d’autre part, il culpabilise individuellement les citoyens en les rendant responsables des déficits publics (de la Sécurité sociale, de l’Assurance-maladie, de l’Assurance-chômage, etc.), qu’ils sont invités à combler en sacrifiant leurs droits sociaux. Cette incitation à contracter des crédits et cette obligation de faire des sacrifices pour réduire le déficit des dépenses sociales ne sont pas contradictoires, puisqu’il s’agit d’installer les gouvernés dans un système de dette infinie : on n’en a jamais fini avec la dette dans le capitalisme financier, tout simplement parce qu’elle n’est pas remboursable.
La dette infinie n’est pas d’abord un dispositif économique, mais une technique sécuritaire pour réduire les risques des comportements dangereux des gouvernés. En dressant les gouvernés à « promettre » (à honorer leur crédit), le capitalisme « dispose à l’avance de l’avenir », puisque les obligations de la dette permettent de prévoir, de calculer, de mesurer, d’établir des équivalences entre les comportements actuels et les comportements à venir. Ce sont les effets de pouvoir de la dette sur la subjectivité (culpabilité et responsabilité) qui permettent au capitalisme de jeter un pont entre le présent et le futur.
Dans la logique néolibérale, les allocations que le chômeur ou le bénéficiaires de RSA reçoivent ne sont pas tant des droits que des dettes. Les allocations chômage ne sont pas un droit acquis par les cotisations, mais une dette qui doit être remboursée avec intérêts. La conscience de cette transformation lente, mais qui progresse depuis les années1980, commence à émerger chez les usagers de Pôle emploi. (…)»

Pour celles & ceusses plus amplement intéressés, on se procurera le dernier essai de Maurizio Lazzarato, La fabrique de l’homme endetté, aux éditions Amsterdam.

En attendant, un petit résumé ci-dessous.

«Selon la logique «folle» du néolibéralisme – qui prétend substituer le crédit aux salaires et aux droits sociaux, avec les effets désastreux que la crise des subprimes a illustrés de façon dramatique –, nous devenons toujours davantage les débiteurs de l’État, des assurances privées et, plus généralement, des entreprises, et nous sommes incités et contraints, pour honorer nos engagements,
à devenir les «entrepreneurs» de nos vies, de notre «capital humain» ; c’est ainsi tout notre horizon matériel, mental et affectif qui se trouve reconfiguré et bouleversé. (…) Comment échapper à la condition néolibérale de l’homme endetté? Si l’on suit Maurizio Lazzarato dans ses analyses, selon lesquelles la dette est avant tout un instrument
de contrôle politique et l’expression de rapports de pouvoir, force est de reconnaître qu’il n’y pas d’issues simplement techniques, économiques ou financières. Il nous faut remettre en question radicalement le rapport social fondamental qui structure le capitalisme : le système de la dette.»

http://www.archyves.net/html/Blog/?p=3229

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Mister Cyril

Message Ven 1 Juin 2012 - 21:54 par Mister Cyril

country skinner a écrit:Mon poussinet, c'est mieux de lire les phrases jusqu'au bout si on veut bien comprendre :

lorsqu'on dénonce les "dérives" du néo libéralisme, sans analyser au delà

Ca prend tout de suite un autre sens, non ? Après tout, même Sarkozy a dénoncé les "dérives" du neo libéralisme (oui, seulement les "dérives", pas le néo libéralisme en soi)... Mais qu'est-ce que dénoncent les étudiants canadiens exactement ?

Tiens je viens de lire que les irlandais ont voté oui à 80% aux mesures d'austérité européenne. Sans projet politique révolutionnaire (traduction de "sans analyser au delà") on passe (sans douleur ?) du statut d'indigné à celui de résigné...


Euh je crois que c'est 60% pour l'Irlande mais c'est bizarre je ne trouve pas les taux de participation qui était de 12% à la mi-journée...après bien sûr que j'adhère à 100% avec ton dernier paragraphe et j'ai pas été ici le dernier à critiquer Hessel l'indigné en chef dans ses analyses très courtes sur pattes!!!

Et j'avais bien lu le "sans analyser au-delà" mais j'ai parfois l'impression de lire chez toi...comment dire...une certaine distance avec les mouvements sociaux concrêts au motif qu'ils ne sont pas gérer que par des révolutionnaires patentés, alors que c'est aussi un moyen de passer de simple indigné à celui de contestataire des super-structures capitalistes...en clair ça me rappelle lez vieux débats de la fac sur qui pisse le plus l....celui qui est "le plus vrai révolutionnaire que les autres"; et j'avoue qu'entre les stals historiques, les différentes obédiences troskystes et les anars de tous poils, il y avait aussi de quoi résigner des bonnes volontés!

J'attends donc le projet politique révolutionnaire final ET les moyens humains de l'appliquer...en attendant je navigue et cherche les outils utiles, y compris chez des manifs de jeunes boutonneux embourgeoisés bouffeurs de sirop d'érable et de bisons!

Ni dieu, ni maître aussi mon ratounet, bizz bon week!

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country skinner

Message Ven 1 Juin 2012 - 19:40 par country skinner

Mon poussinet, c'est mieux de lire les phrases jusqu'au bout si on veut bien comprendre :

lorsqu'on dénonce les "dérives" du néo libéralisme, sans analyser au delà

Ca prend tout de suite un autre sens, non ? Après tout, même Sarkozy a dénoncé les "dérives" du neo libéralisme (oui, seulement les "dérives", pas le néo libéralisme en soi)... Mais qu'est-ce que dénoncent les étudiants canadiens exactement ?

Tiens je viens de lire que les irlandais ont voté oui à 80% aux mesures d'austérité européenne. Sans projet politique révolutionnaire (traduction de "sans analyser au delà") on passe (sans douleur ?) du statut d'indigné à celui de résigné...

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Mister Cyril

Message Jeu 31 Mai 2012 - 23:37 par Mister Cyril

country skinner a écrit:lorsqu'on dénonce les "dérives" du néo libéralisme,

Tiens je l'avais pas vu celle-là...non on dénonce juste les dérives trop grave pas sympa du néo libéralisme parce que globalement c'est pas mal!!! Sérieux l'anar des Alpes qui ici fait ça???

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Mister Cyril

Message Mer 30 Mai 2012 - 13:57 par Mister Cyril

Oui j'avais déjà coller ici un texte intitulé "les révolutions confisqués"...

"Si la première étape consiste à descendre dans la rue, la seconde, la plus importante, n'est pas d'aller voter... c'est d'y rester..."

Bein vi et là le vote, n'en déplaisse aux grands démocrates est bien un outil de contournement des mouvements populaires (pour ne pas utiliser des gros mots, genre contre-révolutionnaire...) Egypte, Tunisie, xixème siècle en France...; d'ailleurs nouveau parallèle avec le Canada, si, si, leur premier ministre a argué qu'il avait été élu et que le contestation n'a qu'à attendre la prochaine élection (déjà entendu en France)...alors oui Léon n'a pas tort sur tout!!!

Bizz le ratounet permanent!



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country skinner

Message Mer 30 Mai 2012 - 5:48 par country skinner

A propos de "révolution", comment se déroule l'automne arabe (en attendant l'automne érable, au cas où) ?

C'est un peu la douche froide pour les révolutionnaires de la place Tahrir, dans la capitale égyptienne. Leur soulèvement a accouché du scénario du pire : les 17 et 18 juin prochain, les Egyptiens devront choisir entre un militaire ou un islamiste pour président.
Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre d'Hosni Moubarak et Mohamed Morsi, candidat de la confrérie des Frères musulmans, sont arrivés en tête de la première élection présidentielle post-révolution avec un résultat très serré, Morsi ayant obtenu 24,7% des voix et Chafiq 23,6%.
Le quotidien indépendant "Al-Watan" titrait dès les premières annonces des résultats partiels : "L'Egypte entre un cheikh et un général". Deux visages diamétralement opposés d'une Egypte, en qui les révolutionnaires de la place Tahrir ne se reconnaissent pas. Si le paysage politique ne se réduit pas à ces deux extrêmes, les Egyptiens font face à une situation politique difficile, entre la crainte d'une islamisation du pays et le maintien au sommet du régime Moubarak.

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120529.OBS6858/egypte-militaire-ou-islamiste-au-second-tour-le-scenario-du-pire.html

Et il apparait que ce genre de manifestations arrivent à tenir sur une durée impressionnante...mais que celà ne sert toujours à rien vu l'autisme et la surdité des oligarchies en place
Vu surtout le manque de projet "révolutionnaire" comme lorsqu'on dénonce les "dérives" du néo libéralisme, sans analyser au delà ... Moralité : Si la première étape consiste à descendre dans la rue, la seconde, la plus importante, n'est pas d'aller voter... c'est d'y rester...

Révolution permanente (paroles de G. Moustaki sur une petite musique de L. Trotsky hé hé)

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Mister Cyril

Message Lun 28 Mai 2012 - 21:13 par Mister Cyril

Ah non j'étais en mode cool/jour férié...ah ce mode de comm!!!

Bizz mon canard (c'est vrai que je suis quand même achement plus jeune que toi!!!)

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Donald11

Message Lun 28 Mai 2012 - 17:44 par Donald11

Mister Cyril a écrit:
Donald11 a écrit: prepubere en plus ! Quant aux rêves, c'est beau d'en avoir encore à ton âge !

Petit pique classique visant à faire passer l'autre pour un naïf ou un neuneu..mais que je prends sincèrement comme un compliment...yes i have a dream...et mes rêves ne tiennent pas dans vos urnes...et mes rêves sont les réalités de demain...etc...tout sauf la résignation, arme principale des pourris de tout poils!!!

Bizz mon canardo!!!
Le printemps érable 989340 Le printemps érable 572283
Mais non mon Poussinet, tu n'es ni naïf ni neuneu. Prepubere, c'est juste une référence a ton age et a ton avatar, par rapport a mes rhumatismes ... Si on peut plus avoir un peu d'humour dans ce monde de brutes !!!
Ma référence a Paul Fort aurait pu te guider ... T'as l'sang chaud quand même !!!
Le printemps érable 99936

Le printemps érable 920940 Peace and love ...


Dernière édition par Donald11 le Mar 29 Mai 2012 - 9:45, édité 1 fois

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Mister Cyril

Message Lun 28 Mai 2012 - 12:40 par Mister Cyril

[quote="Donald11" prepubere en plus ! Quant aux rêves, c'est beau d'en avoir encore à ton âge ! [/quote]

Petit pique classique visant à faire passer l'autre pour un naïf ou un neuneu..mais que je prends sincèrement comme un compliment...yes i have a dream...et mes rêves ne tiennent pas dans vos urnes...et mes rêves sont les réalités de demain...etc...tout sauf la résignation, arme principale des pourris de tout poils!!!

Bizz mon canardo!!!
Le printemps érable 989340 Le printemps érable 572283

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Donald11

Message Lun 28 Mai 2012 - 11:01 par Donald11

Pour simplifier, je mets le texte de Paul Fort ici (souvenir d'école primaire) :

La ronde autour du monde

Si toutes les filles du monde voulaient s’donner la main,
Tout autour de la mer elles pourraient faire une ronde.

Si tous les gars du monde voulaient bien êtr’ marins,
Ils f’raient avec leurs barques un joli pont sur l’onde.

Alors on pourrait faire une ronde autour du monde,
Si tous les gens du monde voulaient s’donner la main.

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Donald11

Message Lun 28 Mai 2012 - 10:53 par Donald11

Mister Cyril a écrit:Et il apparait que ce genre de manifestations arrivent à tenir sur une durée impressionnante...mais que celà ne sert toujours à rien vu l'autisme et la surdité des oligarchies en place...
C'est pas de l'autisme, c'est de la politique volontariste, guidee par les forces du mal !
voilà j'observe dans cette pèriode d'accélération fulgurante et j'apprécie l'investissement populaire des citoyens qu'ils soient chameliers au Caire, chômeur en Espagne, petit étudiant bobo de Montréal ou désespèré à Athènes...I have a dream qu'un jour tous les prolétaires (au sens large mon poulet bien sûr ) se donnent la main (après avoir mis la première dans la gueule des capitalos)...

Bizz mon canard!
Le printemps érable 431374
D'abord, le poulet, c'est toi ! Et plutôt prepubere en plus ! Quant aux rêves, c'est beau d'en avoir encore à ton âge ! Pour moi, pov' sexa arthrose, et malgré le poème de Paul Fort, c'est pas demain la veille que les prolos se donneront la main après avoir foutu sur la gueule des capitalos, trop occupés qu'ils sont à se foutent sur la gueule dans le marigot ou ils sont parqués par tes fameux capitalos !
Cependant, si tu savais comme j'aimerais me foutre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude !
Bizzzzzz mon oisillon rêveur ....

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Mister Cyril

Message Dim 27 Mai 2012 - 10:58 par Mister Cyril

Mister Cyril a écrit:Pas mal pour des fils à papa...pas des révolutionnaires certes mais vous ne voyez vraiment rien de nouveau dans les rapports de force, le glisssement idéologique, les formes de protestation et l'autisme total de la réaction????







Nuits blanches à Montréal

Par Perrine Leblanc

Je suis de nature prudente. Sans vouer un culte au consensus, je n'aime pas la confrontation et l'ardeur des débats. Il me faut davantage de temps pour trouver les mots justes. Le roman me convient, j'aime moins décrire le monde qui m'entoure que le refaire dans la solitude de l'écriture, dans le confort du temps élastique de la fiction.

Mais depuis quelques semaines mon pays est entré dans la fiction. J'écris "mon pays", bien que le Québec soit une province. La question de son émancipation nationale était au coeur des débats qui ont jalonné son histoire récente. Les récents troubles ont fait basculer le Québec dans le temps de la fiction, celle qui nous tire du réel, et plus particulièrement la fiction de la violence.

Le Québec a perdu son image tranquille. L'Etat, par sa réponse brutale à la colère d'une génération qu'on disait perdue, "sans nom", une génération mésestimée et accusée du crime d'individualisme, est responsable de l'entrée en fiction du Québec.

La province a été tirée du repos par les étudiants qui s'opposent à l'augmentation progressive des droits de scolarité (droits d'inscription universitaire), que le gouvernement, dirigé par le Parti libéral, souhaite leur imposer dès cet automne et qui les endetterait davantage. Je les comprends, ces étudiants au seuil de la vie active. A 25 ans, diplômes de lettres en poche, j'ai terminé mes études avec le fardeau d'une dette de 25 000 dollars canadiens (19 415 euros). La vie active, peut-être, mais avec un boulet au pied.

La majorité des étudiants québécois manifestent depuis plus de trois mois et formulent leurs demandes dans une langue que le gouvernement du Québec fait mine de ne pas comprendre. Ils s'expriment en maniant un français vivant et coloré, plus riche que celui de l'élite politique locale, qui préfère la langue des affaires et la ligne du parti. "Le premier ministre est responsable des dossiers qui concernent la jeunesse. Il a tenu à assumer personnellement cette tâche, parce que le mieux-être des jeunes lui tient particulièrement à coeur", peut-on lire sur le site Internet de son gouvernement.

J'ai relu ce passage. J'ai "sourcillé". Je me suis demandé si le mouvement des Anonymous Québec n'avait pas piraté le site. Le premier ministre, Jean Charest, n'a jamais rencontré les leaders étudiants dans le cadre du conflit, qui s'est transformé en crise sociale. C'est ce silence et la violence contre les étudiants qui ont polarisé les Québécois.

La voix des étudiants porte et nous sommes maintenant des centaines de milliers à être de tout coeur avec eux. La colère de cette génération est saine et plus éloquente que le discours terne que lui oppose le gouvernement dans sa novlangue libérale. La colère des étudiants m'a gagnée lorsque les affrontements violents entre les manifestants et les forces de l'ordre se sont intensifiés à un point tel que la brutalité policière m'a rappelé la violence qui détruit les pays et celle que je décris dans la fiction romanesque. On charge les manifestants, on les matraque, on les asperge de poivre de Cayenne ; on lance dans la foule des balles de caoutchouc et des bombes de gaz irritant.

Il y a des blessés, mais heureusement personne n'a été tué. Les étudiants qui marchent, manifestent pacifiquement et défient l'autorité du gouvernement et des policiers avec humour ont bouleversé l'image que je me faisais du Québec. Ils ont été brutalisés de manière révoltante dans un pays inaccoutumé à de tels débordements. C'est arrivé chez moi, chez nous ? Cette violence qui pour moi appartenait au domaine de la fiction est possible chez moi, dans ma cour, dans mon quartier ?

J'ai compris qu'il se passait quelque chose de plus important encore que l'affrontement entre deux générations, entre un gouvernement obstiné et des étudiants mobilisés. Le Québec a un devoir, celui d'évoluer dans le respect de la social-démocratie qu'il a construite. Il l'a oublié, ce devoir. La devise qu'on peut lire sur les plaques d'immatriculation québécoises dit le contraire : "Je me souviens." On ne sait pas quelle madeleine offrir au Québec pour dérouiller sa mémoire.

Le gouvernement n'a pas voulu croire à la résilience du mouvement étudiant. De plus en plus de Québécois rejoignent le mouvement, manifestent leur soutien aux étudiants et dénoncent avec eux la dérive du néolibéralisme. C'est fort, nouveau, rare, chez nous. Rien d'étonnant à ce que cette génération d'Internet puisse engendrer, par sa colère forte et contagieuse, un mouvement plus vaste, celui du ras-le-bol des Québécois.

Mais cette génération n'a pas été tirée du néant des consoles de jeux vidéo, elle n'a pas surgi un soir de février dans les rues de Montréal. Elle a lu, voyagé, milité ; elle a rencontré les altermondialistes puis la nouvelle gauche qui se lève au Québec.

Je me suis mêlée à la foule qui marche. Je l'ai fait le 22 mars, le 22 avril, et encore à d'autres reprises. Puis j'ai participé à la grande manifestation du 22 mai, où nous étions, selon les organisateurs, 250 000 Québécois de tous âges à marcher en plein jour de semaine, par temps incertain, et avec la menace de cette loi matraque imposée par le gouvernement, la loi 78 adoptée le 18 mai et dénoncée sur-le-champ par à peu près tout le monde au Québec.

Cette loi qui vise à casser le mouvement n'a pas pour but d'encadrer le droit de manifester, elle le restreint et limite le droit d'association des étudiants. A cette loi surprise s'ajoute depuis le 19 mai le règlement municipal P-6, qui interdit de manifester masqué dans les rues de Montréal.

Chaque soir depuis un mois, à la tombée de la nuit, une marche de protestation est organisée. La foule prend son point de départ au parc Emilie-Gamelin, à moins de cinquante mètres de l'université du Québec à Montréal, près des boîtes de strip-tease, des bars à la mode, des cafés, des restaurants et des boutiques du Quartier latin, l'hélicoptère de la sûreté du Québec (police provinciale) survole mon quartier. Les manifestations sont rapidement déclarées illégales par le service de police de la ville de Montréal, qui applique la loi 78 ou le règlement municipal P-6. Voitures de police et de pompiers, fourgonnettes, ambulances, sirènes et clameur de la foule : les nuits blanches de Montréal, mai 2012.

Les étudiants que j'ai rencontrés sont politisés et créatifs. La foule qui marche est majoritairement pacifique et responsable. Je n'oublierai jamais la force émanant de la foule de manifestants qui scandait "Pa-ci-fi-ques a-ssis, pa-ci-fi-ques a-ssis", un soir, après la charge de l'escouade antiémeute contre elle. Un sit-in s'était alors organisé spontanément, boulevard Saint-Laurent, la frontière symbolique et historique entre l'ouest et l'est de la ville, entre les anglophones et les francophones.

Tous ensemble ce soir-là, dans la rue, solidaires, en français et en anglais, réunis pour la même cause, celle du changement social et du gel ou de l'abolition pure et simple des droits de scolarité.

J'ai vu les policiers isoler la tête du cortège debout, la charger, puis arrêter tous ceux qui leur tombaient sous la main. Ils prennent tout : étudiants intrépides, journalistes, une collégienne de 14 ans. Et même mon père, qui ne manifestait pas, le jeudi 24 mai, mais qui, se demandant d'où venait tout ce boucan, a quitté son appartement et a marché un peu ; il est tombé dans une souricière avec quatre cent cinquante personnes. On les a arrêtés, puis relâchés.

Les policiers sont fatigués, tendus, sous pression, ils sont pris en otage par une loi impossible à appliquer. Il arrive que des manifestants plus radicaux les malmènent, mais la loi, qui est du côté des plus forts, les protège comme leurs casques blancs, leurs boucliers noirs, leurs matraques, le gaz poivre, les bombes assourdissantes et de gaz irritants, leurs pistolets à balles de caoutchouc, leurs uniformes sombres et leur équipement de protection.

Cette jeune génération qui se met en travers du chemin du Parti libéral au pouvoir et la répression de sa colère ont fait entrer le Québec dans le temps de la fiction. La société québécoise a besoin de moments charnières pour avancer, mais elle devra trouver le chemin de l'apaisement. Je formule le souhait que les jeunes Québécois votent massivement aux prochaines élections provinciales, qu'ils ont l'habitude de bouder. Il faut redessiner le visage du Québec.

Je me demande si nous n'assistons pas là à la naissance d'un Québec nouveau, qui n'oublierait pas son histoire récente et ne ferait plus la sourde oreille aux revendications de ses enfants. Ce sont ces enfants du Québec qui financeront les soins de santé de ceux qui les méprisent aujourd'hui, car c'est un Québec juste, socialement responsable, que cette génération tournée vers l'autre désire plus que tout.

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Mister Cyril

Message Jeu 24 Mai 2012 - 21:14 par Mister Cyril

Lapidaire est un euphémisme...mais ce qui m'intéresse le plus dans ces évènements n'est pas la composition ou les tendances des suffrages canadiens ou même la concurrence universitaire mais bien le laboratoire inédit de ce mouvements comme d'autres depuis 2009 et les réactions opposées; en celà je ne vois pas pourquoi on refuserait un parallèle avec les printemps arabes qui n'ont pas gagné grand chose à part le remplacement d'un dictateur par un autre ou par l'armée (élections dites démocratiques ou pas). Et il apparait que ce genre de manifestations arrivent à tenir sur une durée impressionnante...mais que celà ne sert toujours à rien vu l'autisme et la surdité des oligarchies en place...voilà j'observe dans cette pèriode d'accélération fulgurante et j'apprécie l'investissement populaire des citoyens qu'ils soient chameliers au Caire, chômeur en Espagne, petit étudiant bobo de Montréal ou désespèré à Athènes...I have a dream qu'un jour tous les prolétaires (au sens large mon poulet bien sûr ) se donnent la main (après avoir mis la première dans la gueule des capitalos)...

Bizz mon canard!
Le printemps érable 431374

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Donald11

Message Jeu 24 Mai 2012 - 10:19 par Donald11

Mais non tu ne m'as pas dérange ! Tu es toujours le bienvenu ici. Mais ton article sur les cousins québécois sent la tempête dans un verre d'eau, ou plutôt l'arbre social qui cache la forêt électorale.
1) ça fait 9 ans que le pouvoir est aux mains des libéraux. C'est à quelques mois de les foutre dehors que cette histoire commence. Trop bizarre !
2) dans cette société libérale, il m'a semble comprendre, et nous l'avons répété au maquis bien souvent, que son moteur était le fric. Donc pour aligner les coûts des études dans les universités québécoises sur celui de leurs cousines et voisines, il n'y a qu'une augmentation envisageable.
3) la concurrence devrait faire rage au sein de ces universités, et les québécoises devraient accueillir la plus grande partie des étudiants de ce continent, vu que le tarif de la scolarité y est le plus bas. Or, il semble bien que la concurrence ne joue la aucun rôle. Étrange !
4) comparer le printemps érable et les printemps arabes me glace les sangs. Ou dois-je comprendre que le Québec exerce une dictature sur ses sujets qui vivent sous le seuil de pauvreté des arabes ? Auquel cas, la majorité des jeunes québécois n'ont déjà pas accès aux universités hors de portée de leurs bourses (d'études bien entendu).

Alors, je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire. Renverser un tel gouvernement ne serait pas pour me déplaire non plus. Mais dans les détails de ces événements, il y a des points qui m'agacent. D'où des réponses qui ont pu te paraître lapidaires !

Bizzzzz mon Poussinet.

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Mister Cyril

Message Mer 23 Mai 2012 - 18:27 par Mister Cyril

Bon visiblement j'ai dérangé les 2 papinous pendant la sieste...

Alors commençons par Ratounet qui prend la position du sage sur la montagne qui délivre ses observations sur les comportements du bas peuple tout en omettant bien sûr ses propres contradictions.

"Faut il être exploité pour développer une conscience révolutionnaire ? Faut-il être une poule pour parler d'oeufs frais ? " à mettre en parallèle avec "Les classes qui profitent du système ne le remettraient en cause que lorsqu'il commence à les broyer ?"


2 vérités bibliques qui te permettent donc d'autoriser qui bon te semble à parler de la cause révolutionnaire ou de condamner les jeunes québécois comme de simples petits bourgeois qui défendent leurs propres intérêts...imparable??? Bein pas vraiment...


Ensuite réduire (ça c'est plutôt la canard) la question de la gratuité de l'école à un simple repli de la classe bourgeoise ou à de petits jeux d'ados puérils because 75% c'est pas très grave, j'en tombe mes "ovaires". Je vous conseille l'ouvrage du couple Ouzouf, Mona et? (je me rappelle plus le titre) qui avait bien montré l'importance de cette question qui est la seule capable de conduire des millions de citoyens dans la rue dans de nombreux pays et bien au-delà de simples intérêts économiques (je vous épargne l'historique de tous ces mouvements).

Je n'ai aucune affinité avec cette belle province, que je ne suis même pas sûr de placer correctement sur une carte, mais la façon disons, désinvolte, dont vous faites preuve en parlant de ces évènements m'interpelle lourdement! Il y a 2 ans vous condamniez les syndicats et manifestations qui ne servent à rien, aujourd'hui vous dénigrez en 2 coups de cuillère à pot, d'un tout petit revers de manche, ce mouvement qui initie de nouvelles formes de lutte et de contre-lutte.
Je n'ai jamais nié le postulat du théorique sur le pratique, en particulier la nécessaire préparation idéologique et intellectuelle, mais tout ceci ne sert à rien sans l'élaboration de formes de propagandes, d'actions et d'organisations. Or nous vivons une pèriode charnière et les formes de luttes restent expérimentales depuis les Printemps arabes, les indignés,les organisations horizontales...mais aussi les ripostes contre-révolutionnaires...(même Badiou a du revoir certains de ses vieux dogmes figés) et si ces sujets vous emmerdent à ce point je ne sais pas trop ce que l'on fait ici. Encore une fois mon seul but politique (aussi modeste soit-il) est le renversement de ce système et donc j'essaie d'analyser tous les outils présents et à venir qui pourraient aider à une insurrection de masse et pour une fois d'émancipation! Alors réduire 100 jours de lutte à un petit jeu bourgeois alors que la crise va en écraser une bonne partie c'est un peu court Messieurs et le parallèle avec mai 68 ne me parait pas d'une grande pertinence...eux réussiront peut être là où ma génération a échoué et la votre j'en parle même pas moua moua (bon sors de ce corps JM!!!)

Allez bizz les papis!!!

Hasta la victoria!

Le printemps érable 572283

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Donald11

Message Mer 23 Mai 2012 - 9:47 par Donald11

C'est vrai que je n'avais même pas imagine ce côté bourge qui lutte pour son pouvoir d'achat. Merci Country. Je devrais pourtant me souvenir de mai 68, période ou les fils de bourges dépavaient les rues de la capitale. Je n'ai pas de statistiques, mais je suis persuadé que la plupart d'entre eux ont fini avocat ou avocat (rigolez pas, j'en connais) !
D'un autre côté, vu d'ici, le printemps érable me laisse plutôt indifférent. Sauf sur un point, le fait que, comme ici, ils aient installé un pur produit libéral pour les gouverner ! Ah! Ces grenouilles qui demandent un roi .... qui les croque, qui les tue !!! Ah mais non, ça, c'est une fable !

PS : heu, je répondais seulement à la loi spéciale anti-grève ... Après, les histoires de Bourges et de droits d'inscription dans les facs de bourges ne me concernent pas, érables ou pas érables ... Con bandit, sors de ces corps ensirotés ...

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country skinner

Message Mer 23 Mai 2012 - 5:32 par country skinner

leurs revendications vont bien au-delà du simple droit d'entrée des facs
J'en conviens... Mais c'est bien l'augmentation de leurs frais de scolarité qui les a fait descendre initialement dans la rue... Tiens ? Un motif économique ?... Les classes qui profitent du système ne le remettraient en cause que lorsqu'il commence à les broyer ? Loin d'airain de la plus value, pauperisation, toussa...
la plupart des penseurs qu'il affectionne sont issus de la bonne bourgoisie de base
Débat toujours ouvert sur l'extension de la conscience de classe : Faut il être exploité pour développer une conscience révolutionnaire ? Faut-il être une poule pour parler d'oeufs frais ?

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Mister Cyril

Message Mar 22 Mai 2012 - 20:16 par Mister Cyril

Donald11 a écrit:Que veux-tu que nous répondions a ces idées extrêmes dite de droite frisant le totalitarisme ?

Nan pas répondre, juste tester votre saggacité légendaire sur les analyses de mouvements et contre-mouvement sociaux aujourd'hui et tomorrow (ce qui reste le sujet central des relations sociales et idéologiques)...Country nous fait une analyse plutôt marxo-classicos sur la classe bourgeoise québécoise (or pour faire ma Bru, il me semble que leurs revendications vont bien au-delà du simple droit d'entrée des facs sinon il y a bien longtemps que popa aurait payé...à suivre) en omettant que la plupart des penseurs qu'il affectionne sont issus de la bonne bourgoisie de base (moins Mogard)...par contre même si je ne pratique pas le vote révolutionnaire je partage ton opinion sur les relations dialectiques (mais non automatiques) entre les lois scélérates et réactionnaires et la montée des consciences révolutionnaires...

Bref des sujets qui à mon goût méritent un peu d'attention après 1 an de lobotomie politique grâce à l'élection du vice-roi...

Bizz les papissss!
Le printemps érable 572283

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