La loi, c'est la loi, et même un peu plus
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02042010
La loi, c'est la loi, et même un peu plus
Pour monsieur Combien-ça-va-coûter et madame, née C'est-nous-qui-paye, contribuables nationaux sans bouclier, l'organisation d'une manifestation pour dénoncer l'intolérable du monde dit carcéral est probablement un abus que l'État ne devrait pas tolérer.
Ces braves gens seraient sans doute ravis si on leur faisait remarquer à quel point notre vocabulaire, dans des expressions comme "administration pénitentiaire" ou "code pénal", a gardé la nostalgie de temps, pas si éloignés, où il s'agissait de punir et de châtier en broyant des corps.
Ils en regretteraient presque les bagnes...
Quant à l'état des prisons, s'ils ne l'imaginent pas idyllique, ils y sont indifférents: en bons toutous pavloviens du sarkozisme, ils pourront déclarer, au vu des divers rapports alarmants, que eux, voyez-vous, en tout état de cause, ils se placent résolument du côtés des victimes.
Ayé ! z'ont trouvé le mot !
Les braves gens ne sont pas venus, le dimanche 28 mars, à la marche contre l'enfermement et en solidarité avec les personnes incarcérées à la prison de la Santé, organisée par divers collectifs anti carcéraux, qui devait partir de la place Denfert-Rochereau et se terminer par un concert à l'angle du boulevard Saint-Jacques et de la rue de la Santé.
Deux cents personnes étaient là, un peu étonnées de l'importance du dispositif policier, mais voulant se rassurer: la manifestation-concert avait été déposée en préfecture et était autorisée.
Cent dix manifestants ont été interpellés par les forces de l'ordre.
Sur le déroulement de cette parfaite opération de rafle après encerclement, on peut lire assez peu d'articles dans la presse du lundi. Il est vrai que, selon @rrêt sur images, l'AFP n'a publié sa brève dépêche qu'à 20h 59...
Tous les papiers reprenaient en cœur la version officielle:
«Ces personnes ont été interpellées à l'arrivée de la manifestation pour dégradations de biens publics et de biens privés.»
Le soir même, Indymedia Paris-Ile-de-France publiait un témoignage et un communiqué appelant à un rassemblement de soutien pour le lendemain.
Ubifaciunt, dans Article XI, donne de la soirée du 28 et du rassemblement du 29 "qui n’eut finalement jamais lieu" un très beau récit qui s'ouvre sur une citation de René Char et s'achève par ce point d'orgue:
Hors de toute référence, voir l’Occupant, en bleu. Partout.
Surtout, n’avoir rien à déclarer.
Et attendre.
Je lui emprunte son illustration,
et je remets le lien dessus,
pour que vous ne ratiez pas le clic.
Le Monde, après avoir quasiment ignoré l'exploit policier du boulevard Saint-Jacques, a apporté dans la soirée du lundi, des précisions, négligées par ses confrères, sur le prétexte légal de cette opération.
Selon Soren Seelow qui signe cet article, la rafle, qui a permis d'arrêter plus de la moitié des manifestants, aurait été justifiée aux yeux de la préfecture par les faits suivants:
"Une fusée de détresse marine a été tirée par un manifestant vers la vitre d'un appartement, et d'autres avaient enfilé des cagoules."
Les interpellations et les gardes à vue qui ont suivi auraient été décidées "dans le cadre de la loi du 2 mars 2010, dite loi sur les bandes".
Cette loi s'énonce ainsi:
Selon l'article 222-14 du code pénal modifié, "le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 d'euros d'amende."
Quelques vitres brisées et quelques cagoules auront suffit pour tester une légère extension de la loi anti-bandes, si nécessaire pour protéger les braves gens et leurs biens, à ces groupements formés de manière temporaire que sont les cortèges de manifestants...
Cela en fait un acceptable substitut de feue la loi anti-casseurs.
apparemment, nos talentueux éditocrates n'y ont vu que du bleu.
http://escalbibli.blogspot.com/2010/04/la-loi-cest-la-loi-et-meme-un-peu-plus.html
Ces braves gens seraient sans doute ravis si on leur faisait remarquer à quel point notre vocabulaire, dans des expressions comme "administration pénitentiaire" ou "code pénal", a gardé la nostalgie de temps, pas si éloignés, où il s'agissait de punir et de châtier en broyant des corps.
Ils en regretteraient presque les bagnes...
Quant à l'état des prisons, s'ils ne l'imaginent pas idyllique, ils y sont indifférents: en bons toutous pavloviens du sarkozisme, ils pourront déclarer, au vu des divers rapports alarmants, que eux, voyez-vous, en tout état de cause, ils se placent résolument du côtés des victimes.
Ayé ! z'ont trouvé le mot !
Les braves gens ne sont pas venus, le dimanche 28 mars, à la marche contre l'enfermement et en solidarité avec les personnes incarcérées à la prison de la Santé, organisée par divers collectifs anti carcéraux, qui devait partir de la place Denfert-Rochereau et se terminer par un concert à l'angle du boulevard Saint-Jacques et de la rue de la Santé.
Deux cents personnes étaient là, un peu étonnées de l'importance du dispositif policier, mais voulant se rassurer: la manifestation-concert avait été déposée en préfecture et était autorisée.
Cent dix manifestants ont été interpellés par les forces de l'ordre.
Sur le déroulement de cette parfaite opération de rafle après encerclement, on peut lire assez peu d'articles dans la presse du lundi. Il est vrai que, selon @rrêt sur images, l'AFP n'a publié sa brève dépêche qu'à 20h 59...
Tous les papiers reprenaient en cœur la version officielle:
«Ces personnes ont été interpellées à l'arrivée de la manifestation pour dégradations de biens publics et de biens privés.»
Le soir même, Indymedia Paris-Ile-de-France publiait un témoignage et un communiqué appelant à un rassemblement de soutien pour le lendemain.
Ubifaciunt, dans Article XI, donne de la soirée du 28 et du rassemblement du 29 "qui n’eut finalement jamais lieu" un très beau récit qui s'ouvre sur une citation de René Char et s'achève par ce point d'orgue:
Hors de toute référence, voir l’Occupant, en bleu. Partout.
Surtout, n’avoir rien à déclarer.
Et attendre.
Je lui emprunte son illustration,
et je remets le lien dessus,
pour que vous ne ratiez pas le clic.
Le Monde, après avoir quasiment ignoré l'exploit policier du boulevard Saint-Jacques, a apporté dans la soirée du lundi, des précisions, négligées par ses confrères, sur le prétexte légal de cette opération.
Selon Soren Seelow qui signe cet article, la rafle, qui a permis d'arrêter plus de la moitié des manifestants, aurait été justifiée aux yeux de la préfecture par les faits suivants:
"Une fusée de détresse marine a été tirée par un manifestant vers la vitre d'un appartement, et d'autres avaient enfilé des cagoules."
Les interpellations et les gardes à vue qui ont suivi auraient été décidées "dans le cadre de la loi du 2 mars 2010, dite loi sur les bandes".
Cette loi s'énonce ainsi:
Selon l'article 222-14 du code pénal modifié, "le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 d'euros d'amende."
Quelques vitres brisées et quelques cagoules auront suffit pour tester une légère extension de la loi anti-bandes, si nécessaire pour protéger les braves gens et leurs biens, à ces groupements formés de manière temporaire que sont les cortèges de manifestants...
Cela en fait un acceptable substitut de feue la loi anti-casseurs.
apparemment, nos talentueux éditocrates n'y ont vu que du bleu.
http://escalbibli.blogspot.com/2010/04/la-loi-cest-la-loi-et-meme-un-peu-plus.html
brusyl- Admin
- Nombre de messages : 3110
Date d'inscription : 17/07/2008
La loi, c'est la loi, et même un peu plus :: Commentaires
Re: La loi, c'est la loi, et même un peu plus
Les interpellations et les gardes à vue qui ont suivi auraient été décidées "dans le cadre de la loi du 2 mars 2010, dite loi sur les bandes".
http://www.maitre-eolas.fr/post/2009/07/17/Les-anti-inflammatoires-permettent-ils-de-voir-des-jeunes-filles-nues
Là encore, on voit comment les rédacteurs de la Constitution ont eu le souci constant de protéger les générations à venir des abus possibles de l’autorité, y compris celle confiée aux États et à l’État fédéral. S’il est un point résumant toute la différence culturelle entre la France et les États-Unis, c’est bien celui-là : les américains ont compris depuis le début que l’État était un tyran potentiel et ont voulu s’en protéger, tandis que les Français le voient comme le gardien de l’intérêt général, expression de la majorité et qui ne peut donc mal faire. Hobbes contre Rousseau. La leçon de 1941 n’ayant que peu servi, les droits individuels s’effacent dans notre tradition face à la puissance de l’État. Heureusement, nous avons l’Europe qui a introduit ces protections individuelles face à la puissance de l’Autorité dans notre droit.
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