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Surmonter le pic pétrolier –

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04052011

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Surmonter le pic pétrolier – Empty Surmonter le pic pétrolier –




Surmonter le pic pétrolier – 1ère partie : Quel est le problème?

Une tempête arrive, dont certains disent qu’elle rayera notre civilisation de la carte du monde1. Je veux parler de la disparition progressive du pétrole.

Je me renseigne et j’analyse la question du pic pétrolier depuis maintenant plus d’un an maintenant, et c’est une des raisons qui m’ont poussé à écrire ce blog. Le pic pétrolier se définit comme le moment où nous atteindrons la production maximale de pétrole et du même coup le déclin irréversible de cette production.

Certains indicateurs marquent le pic pétrolier comme imminent voire dépassé de quelques années. Bien que les conséquences ne soient pas immédiates après ce pic, sur le long terme, elles seront sévères. Nous discuterons par la suite des solutions possibles à l’épuisement des ressources pétrolières, mais d’abord, de quoi parle-t-on? Commençons par quelques faits:

* Les ressources de pétrole de notre planète sont limitées parce que la Terre est ronde.
* Le premier puits de pétrole commercial a été foré en Pologne en 1853, et la production mondiale a atteint 4 millions de barils par an durant les années 18602 (un baril correspond environ à 159 litres).
* La production actuelle oscille juste au-dessus de 70 millions de barils par jour3.
* 2005 a battu tous les records avec 73,72 millions de barils par jour3. Depuis la production est plus ou moins stable.
* La révolution industrielle a à la fois permis une meilleure compréhension des différentes façons d’utiliser l’énergie et la multiplication de la population mondiale, qui fut pratiquement constante durant des millénaires, par un facteur dix4a, 4b. Il est clair que nous n’aurions jamais pu atteindre cette densité de population humaine sans accès à toutes les sources d’énergie dans lesquelles nous pouvons puiser de nos jours.
* Notre industrie, notre système alimentaire et notre économie sont devenus totalement dépendants d’une essence bon marché.
* La demande de l’Inde et de la Chine en pétrole devrait quadrupler d’ici à 20305.
* Quelques 64 millions de barils par jour de capacité brute supplémentaire à la production actuelle – l’équivalent de près de six fois la production journalière de l’Arabie Saoudite d’aujourd’hui – devront alimenter le système entre aujourd’hui et 2030 (World Energy Outlook 20086)

Si la quantité de pétrole que nous avons est limitée, si nos besoins sont en croissance exponentielle et si la production reste stable depuis 5 ans, quelle quantité de pétrole nous reste-il?


Il faut d’abord se rendre compte que nous ne découvrons plus d’immense champ de pétrole. On estime que le pic de la production pétrolière suit le pic des découvertes de champs pétroliers avec un délai de 30 à 40 ans, selon l’urgence avec laquelle les nouvelles ressources sont exploitées. Le graphique ci-dessous montre l’évolution de la découverte de gisements de pétrole classiques:
oil-discoveries

Deuxièmement, selon l’EIA (Energy Information Administration des États-Unis), nous sommes proches d’une pente descendante7a, 7b. Voir ce graphique:
Peak oil

Le graphique ci-dessus a été soumis lors d’une table ronde du Ministère Américain de l’Énergie en avril 2009. Vous pouvez trouver le document de présentation de cette table ronde sur le site Web du Ministère. Comme vous pouvez le voir, la demande est le seul paramètre qui augmente. On note qu’au cours des 5 prochaines années, le montant requis pour répondre à la demande sera équivalent à 10 millions de barils par jour, soit la production journalière de l’Arabie Saoudite, le plus grand producteur au monde. Gardez à l’esprit que 7 ans sont nécessaires à un nouveau projet pétrolier pour être installé et passer en phase de production8, or si nous voulons répondre à la demande de pétrole au cours des 7 prochaines années, 20% de notre production dans 7 ans devra venir de projets qui ne sont même pas encore identifiés. En fait nous sommes déjà très en retard sur le programme.

Le problème est qu’il n’y a pas de substitut bon marché au pétrole et que la plupart des acquis de nos sociétés occidentales sont basés sur sa disponibilité. Même si le pic pétrolier n’avait pas encore été dépassé, tous les chiffres nous suggèrent qu’il est imminent (certainement moins de 10 ans, probablement moins de 5), après quoi nous devrons faire face au déclin irrémédiable dans sa production.

Parfois, le pic pétrolier est défini comme le moment où la demande dépassera la production, ce qui à mon avis est déjà fait depuis quelques années, au vu du prix actuel du pétrole brut et de la stabilité de sa production malgré la croissance de la demande internationale.

Je voudrais m’arrêter un instant pour vous laisser appréhender le problème et lister ce qui dépend réellement du pétrole:

* Les voitures, les avions, les bateaux, les camions : en fait la plupart de nos transports.
* Les livraisons commerciales: apporter de la nourriture aux supermarchés, livrer des matériaux de construction et la majeure partie du secteur industriel.
* Les pneus: il faudrait 85 millions de barils de pétrole brut pour produire les pneus pour l’ensemble des voitures aux Etats-Unis et environ 30 litres de pétrole brut pour produire un seul pneu9a, 9b. C’est pourquoi, même si nous roulions tous à l’électrique, nous aurions toujours un problème.
* Les équipements miniers10, agricoles et forestiers: la densité énergétique de n’importe quelles batteries disponibles dans le commerce les rendent excessivement lourdes et en font donc un pauvre substitut aux énergies liquides.
* La plupart des plastics: les plastiques sont partout. Regardez autour de vous, en commençant par votre ordinateur, votre téléphone et les puces à l’intérieur, et puis essayez d’imaginer un monde sans plastique.
* De nombreux pesticides sont dérivés du petrole13, 14. Les engrais sont dérivés du gaz naturel, qui sera un jour confronté à la même problématique.
* Les huiles lubrifiantes pour moteur15.
* L’asphalte16.
* Notre production alimentaire et son réseau de distribution sont fortement dépendants du pétrole et des énergies fossiles17. On estime que pour chaque calories que vous mangez, 10 calories de combustibles fossiles (principalement du pétrole et du gaz) sont dépensées18.

Il n’y a pas lieu de paniquer: nous avons seulement consommé la moitié de la quantité de pétrole disponible sur notre planète. Cependant, il nous faut à l’évidence sérieusement repenser notre mode de vie. Dans un prochain article, nous étudierons les conséquences et les mythes du pic du pétrole.

http://www.worldsalvation.info/fr/2010/12/surmonter-le-pic-petrolier-1ere-partie-quel-est-le-probleme/
brusyl
brusyl
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Surmonter le pic pétrolier – :: Commentaires

Donald11

Message Lun 9 Mai 2011 - 0:45 par Donald11

Mister Cyril a écrit:Moua moua hé oh le chatelain payé à....migrer et entretenir son domaine...et surtout je parle d'enrichissement humain hein???
Salut Oh grand Poussinet convaincu de s'être enrichi à l'engagement collectif ! Tu reprends d'humain ce que tu donnes de l'autre (main) !!!
Surmonter le pic pétrolier – 840346

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Mister Cyril

Message Dim 8 Mai 2011 - 11:08 par Mister Cyril

Donald11 a écrit:
Mister Cyril a écrit:Tu as raison...j'ai juste moins de conviction ou de force ou de courage mais l'engagement collectif enrichi forcément l'individu!
Heu ! J'ai beaucoup joué collectif, mais j'ai pas gagné une thune !!!
Surmonter le pic pétrolier – 840346

Moua moua hé oh le chatelain payé à....migrer et entretenir son domaine...et surtout je parle d'enrichissement humain hein???
Surmonter le pic pétrolier – 572283

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Donald11

Message Sam 7 Mai 2011 - 23:47 par Donald11

Mister Cyril a écrit:Tu as raison...j'ai juste moins de conviction ou de force ou de courage mais l'engagement collectif enrichi forcément l'individu!
Heu ! J'ai beaucoup joué collectif, mais j'ai pas gagné une thune !!!
Surmonter le pic pétrolier – 840346

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Mister Cyril

Message Ven 6 Mai 2011 - 21:46 par Mister Cyril

"Au lieu de contempler la chute de l'Empire, je préfère être à l'étape d'après et promouvoir une société plus solidaire et fraternelle, en m'engageant dans un parti qui a des solutions intéressantes."

Tu as raison...j'ai juste moins de conviction ou de force ou de courage mais l'engagement collectif enrichi forcément l'individu!

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Donald11

Message Ven 6 Mai 2011 - 0:52 par Donald11

melody vers a écrit:De plus je pense que toute cette propagande autour des écolo-bob faite par les merdias n'a pour but que de décrédibiliser tout candidat alternatif ce qui remettrait gravement en cause leur puissance.=>petit clip hilarant à l'usage d'apprentis-anars Surmonter le pic pétrolier – 281629
Ach ! jeter la téloche !!! Belle utopie qui ne pèse hélas pas lourd face aux ventes records de super-écrans géants ultra-plats !!! C'est pour mieux déguster TF1, mon enfant ...

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Message Jeu 5 Mai 2011 - 12:18 par Invité

Mister Cyril a écrit:
Sinon les sister's ma casba dans le lot devrait être terminé fin aöut si vous voulez fumer le calumet de la paix et faire du fromage de chèvre, no problémo!
Bizz à toutes les 2!
Je trouve cette idée très chouette qu'on se retrouve tous le temps d'un week-end par exemple, car l'internet c'est bien pour diffuser des idées, s'informer et échanger, mais c'est un peu déshumanisé (ça me fait penser au film de Win Wenders "jusqu'au bout du monde" très visionnaire où tout le monde était scotché à son i-pad et où aucun échange vivant direct n'avait lieu, un peu triste d'en arriver là...)

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Message Jeu 5 Mai 2011 - 12:10 par Invité

brusyl a écrit:Merci melody de cet article qui résume bien la position des décroissants et altermondialistes sur la notion de croissance et de productivisme
cet article m'est parvenu par le biais d'un élu EELV,(je suis abonnée à leur liste de diffusion locale), donc j'en conclus que leurs préoccupations sont fort proches et prennent en compte les aspirations des alters-tout.
Les décroissants de toulouse soutiennent EELV, je ne sais pas pour les autres régions. J'ai connu "la décroissance" par hasard il y a 4 ou 5 ans et j'apprécie souvent leurs articles au vitriol et les interrogations qu'ils développent par rapport à nos concepts (rapport au travail, au temps libre, l'échange...). Je constate que dans les différentes motions d'EELV (lien sur l'autre fil) les idées des décroissants figurent en bonne place (le revenu d'existence, le revenu maximum, relocalisation et circuits courts, développement d'amap et coopératives...). Je trouve donc que le journal "décroissance" scie sur la branche sur laquelle il est assis (par bêtise, sectarisme, autre ?) en dégommant systématiquement les leaders écolos-bobo (notamment DCB et Hulote). Mon raisonnement est le suivant : ce sont des bêtes médiatiques qui permettent de promouvoir les idées alternatives auprès de la masse lobotomisée par le discours néolibéral qu'on lui ressasse depuis 30 ans sous forme de TINA.
Et en tant que tels ils sont fort utiles (je préfère des marionnettes médiatiques au service des convictions altermondialistes qu'au service des lobbies financiers) car pour combattre la puissance financière le combat sera rude et on aura besoin de toutes les bonnes volontés. Ma préférence perso va à Eva Joly, dont l'intégrité est garante de ses engagements, mais force est de constater qu'elle ne maîtrise pas la com (ce qui ne gêne nullement les puristes mais ne permet pas la divulgation large des idées ni de ramener des voix égarées ailleurs et nulle part). Je précise que mon "éveil" écolo est très récent, ce qui m'attire dans ce parti c'est surtout le combat pour sortir de cette société folle basée sur le fric et l'égoïsme,et de promouvoir un autre modèle plus partageux, respectueux de l'humain et finalement très de gauche. Si en plus on peut sauver la planète, je ne vais pas cracher dessus.
cela avance mais je crois plus parce que les gens sont en train de réaliser que choisie ou contrainte, la décroissance sera notre lot quotidien des années à venir.
Je suis d'accord avec toi, mais c'est le rôle du politique d'organiser la vie en société, sinon ce sera le chaos et la loi de la jungle. Aussi c'est encore à mettre au crédit d'EELV de vouloir organiser la conversion écologique de l'économie et la décroissance des sociétés occidentales, car notre survie en dépend (j'ai une formation d'économie ceci expliquant peut-être cela).
PS : JF Kahn que tu dis avoir signé la motion de Duflot est totalement bloqué, arriéré au sujet des décroissants qu’il classe, cela lui évite d’argumenter sur la problématique d’une croissance unique but de nos politiques, parmi les Malthusiens
Là j'ai du faire une bourde, j'ai confondu le CRREA de JFK et le CREA(=CONVIVIALITÉ-RASSEMBLEMENT-ÉCOLOGIE-AUTONOMIE (lu un peu trop vite) qui n'a visiblement rien à voir. Mea culpa.
Tout comme le mensuel Décroissance que je lis régulièrement que je trouve parfois plus diviseur que rassembleur, à l’image d’une secte qui aurait tout compris avant les autres …

J'en suis arrivée à la même conclusion que toi.
PS 3 : je ne suis pas désespérée du tout, mais comme dit mister, plutôt attentiste... comme les contemporains de la chute de Rome j'observe ce monde décadent et essaie de dégager les prémisses du monde qui naîtra de ce pénible accouchement ... dictatures capitalistes ? chaos et barbarie ? repli du chacun pour soi ? ou au contraire, société plus solidaire et fraternelle ?
Au lieu de contempler la chute de l'Empire, je préfère être à l'étape d'après et promouvoir une société plus solidaire et fraternelle, en m'engageant dans un parti qui a des solutions intéressantes.
De plus je pense que toute cette propagande autour des écolo-bob faite par les merdias n'a pour but que de décrédibiliser tout candidat alternatif ce qui remettrait gravement en cause leur puissance.=>petit clip hilarant à l'usage d'apprentis-anars Surmonter le pic pétrolier – 281629
bises à toi

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Mister Cyril

Message Mer 4 Mai 2011 - 22:35 par Mister Cyril

Oh putaing les filles j'ai fini la lecture et j'ai très mal à la tête...non, non sèrieusement très intéressant...je suis d'accord Bru avec la critique que tu fais du marxisme sur la technique et le productivisme (même si le contexte est différent), à je sais plus quel congrès dans les années 90 je m'étais fait refuser une motion voulant juste développer la recherche sur les énergies renouvelables (si, si à l'époqie c'était précurseur) que je trouvais très concensuelle au motif que cela aller "vexer les camarades EDF"...sic..par contre je n'ai pas compris le passage ou tu critiques "qu’elle ne recherche que l’émancipation de l’homme"...euh what else???

Sinon les sister's ma casba dans le lot devrait être terminé fin aöut si vous voulez fumer le calumet de la paix et faire du fromage de chèvre, no problémo!

Bizz à toutes les 2!

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brusyl

Message Mer 4 Mai 2011 - 22:09 par brusyl

salut mister
je t'ai laissé un petit message sur le chat ...
ben non mon grand, je ne partirai pas comme cela ! pas question de vous laisser, vous me manqueriez trop !
juste un petit moment d'éloignement... que l'on peut appeler aussi besoin de retrouver des repères, ou découragement devant la vacuité du débat politique... cela dépend des jours, mais cela passera, j'en suis sûre !

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brusyl

Message Mer 4 Mai 2011 - 22:03 par brusyl

Merci melody de cet article qui résume bien la position des décroissants et altermondialistes sur la notion de croissance et de productivisme

Je commente ton petit mot précédent..

Les décroissants font partie d'EELV

Oh non ! pas tous, loin de là ! la plupart sont au contraire extrêmement critiques vis à vis de l'idéologie de ce parti politique et notamment leurs notions phare de "croissance verte" ou de "développement durable" qu’il prennent pour un capitalisme ripoliné en vert.

Les décroissants ne viennent pas tous de l'écologie. Je te donne par exemple mon cheminement, parce que cela fait deux années maintenant que je suis entrée dans la religion décroissante (je fais partie du MOC de mon département) : mon parcours est parti de la critique de la société technicienne faite depuis longtemps par Jacques Ellul et Ivan Illitch, de la critique d'une société où la technologie (non pas les machines mais le système technicien ou tout, l'homme y compris est mis au service de la notion d'efficacité, de l'utilité) puis je suis passée par la revue du Mauss, regroupant l'école anti-utilitariste qui cherche à promouvoir des valeurs d'échange,de don, de convivialité contre celles de profit et de compétition qui régissent nos rapports dans les sociétés capitalistes.
Je suis arrivée à la décroissance après la lecture des travaux de Paul Ariès , de Latouche, et de Georgescu-Roegen...ce sont eux qui depuis m'ouvrent aux problèmes écologiques mais cela reste secondaire encore pour moi, ce sont l'inhumanité de notre société actuelle et les inégalités qu'elle produit qui me révoltent encore et de plus en plus. Avec cette question sous-jacente : comment pouvons-nous tous laisser faire ce carnage humain et social ??? pourquoi cette soumission volontaire ? pourquoi voyons nous détruire tous les progrès sociaux que les générations précédentes ont arraché au prix de leur sang dans une telle indifférence ?. (Viveret fait de ce phénomène qu'il appelle "sidération" une excellente analyse).

C’est pour cela que je ne peux adhérer à la lecture marxiste des rapports sociaux qui fait de l’économie le seul vecteur de son analyse et de sa dialectique et ne remet pas en cause le productivisme et la toute puissance technique, mais aussi , parce qu’elle ne recherche que l’émancipation de l’homme et que cela ne me semble pas suffisant si l’on n’introduit pas une vision collective, si l’on ne recherche pas comment mieux vivre ensemble, un imaginaire commun. Et cet imaginaire, cette envie de créer une société plus humaine, plus fraternelle, plus chaleureuse, je la trouve chez ce courant de pensée...

Petit à petit je trouve les réponses à ces questions : une société désenchantée, ayant perdu ses liens ...l'éloignement par rapport à une technique devenue omniprésente, autonome et totalitaire, la propagande de l'oligarchie qui fait croire que tout est du ressort des experts (lire castoriadis à ce sujet) : économie bien sûr mais aussi politique : « tout est beaucoup trop compliqué pour vous ! » qui aboutit à ce sentiment général d'impuissance et la dépolitisation du citoyen ... et plein d'autres raisons qu'il faudra qu'un jour je mette bout à bout et ordonne.

Politiquement parlant, il est impossible de rattacher les décroissants à un parti politique... s'il fallait le faire, je dirais qu'ils sont plus près du NPA que de EELV car ils ont une fibre sociale beaucoup plus développée que les écolos…. Tout le problème est que la majorité des décroissants refuse l’idée d’une action politique, estimant que la décroissance passe tout d’abord par une révolution individuelle et que c’est au sein de toutes les structures politiques, sociales, syndicales qu’il faut agir pour faire pénétrer leurs idées.
Depuis deux années, je vois d’ailleurs que le discours décroissant n’est plus aussi censuré ni ridiculisé qu’auparavant : ce ne sont plus de doux dingues vivant sous leur yourte et prônant le retour de l’éclairage à la bougie voire à l’homme des cavernes… cela avance mais je crois plus parce que les gens sont en train de réaliser que choisie ou contrainte, la décroissance sera notre lot quotidien des années à venir.

PS : JF Kahn que tu dis avoir signé la motion de Duflot est totalement bloqué, arriéré au sujet des décroissants qu’il classe, cela lui évite d’argumenter sur la problématique d’une croissance unique but de nos politiques, parmi les Malthusiens
PS 2 : je connais bien tous les sites décroissants…je prends un peu de recul actuellement, car ils me font l’effet d’un catéchisme ressassé à l’infini…Tout comme le mensuel Décroissance que je lis régulièrement que je trouve parfois plus diviseur que rassembleur, à l’image d’une secte qui aurait tout compris avant les autres … par contre amuse toi à le lire, tu verras les attaques pas piquées des vers qu’ils lancent contre les pseudo écolos, Hulot, Cohn Bendit et surtout Arthus Bertrand « l’hélicologiste »… très bon à prendre pour ne pas tomber dans l’arnaque du discours écolo libéral.
PS 3 : je ne suis pas désespérée du tout, mais comme dit mister, plutôt attentiste... comme les contemporains de la chute de Rome j'observe ce monde décadent et essaie de dégager les prémisses du monde qui naîtra de ce pénible accouchement ... dictatures capitalistes ? chaos et barbarie ? repli du chacun pour soi ? ou au contraire, société plus solidaire et fraternelle ?

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Message Mer 4 Mai 2011 - 19:58 par Invité

Titre : Pour en finir avec ce vieux monde Sous titre : Les chemins de la transition Auteur : Collectif de 20 contributeurs coordonné par Dominique Méda, Thomas Coutrot et David Flacher Collection : Ruptures Prix TTC : 9 € Format : 12 x 20 cm Nbre de pages : 284 ISBN 13 : 978-2-919160-04-4 Contact : Denis Vicherat
contact@editions-utopia.org

Les Editions Utopia,
30 rue Amelot 75011 Paris
www.editions-utopia.org <http://www.editions-utopia.org> Présentation du livre par Dominique Méda, Thomas Coutrot et David Flacher : voir la vidéo <http://editions-utopia.org/>
Crise économique, crise écologique, crise sociale, crise démocratique et plus profondément crise du sens : nos sociétés subissent les conséquences d’un développement insoutenable et inégalitaire issu de l’idéologie néolibérale qui s’est répandue dans le monde ces trente dernières années. Mais au-delà de ce constat de plus en plus partagé et sur lequel nous ne nous attarderons pas, cet ouvrage vise à montrer pourquoi et comment il est possible d’adopter un mode de développement radicalement différent, non obsédé par la croissance.
Comment passer d’une économie des quantités à une économie de la qualité ? Peut-on penser une prospérité sans croissance, avec quelles nouvelles définition et répartition des richesses ? Comment faire de la contrainte écologique une extraordinaire occasion de transformer le système économique et les rapports de travail pour que chacun accède à un travail décent ? Dans la transition vers ce nouveau monde, quels rôles peuvent jouer le système éducatif,
la relocalisation des activités, le revenu d’existence, les coopératives, le revenu maximum, la reconnaissance de biens communs mondiaux ?
Autant de questions abordées par des auteurs issus d’horizons théoriques et disciplinaires très divers, dont certains sont des théoriciens étrangers reconnus. Auteurs qui tous ressentent l’impérieuse nécessité de défricher ces nouvelles voies en abordant de près la question des transitions, afin de dessiner les chemins qui pourraient nous permettre de dépasser le capitalisme et ainsi nous rapprocher d’un monde soutenable. Utopie ? Moins que de prétendre pouvoir « moraliser », réguler ou verdir à moindres frais ce capitalisme prédateur.
Les auteurs ici rassemblés n’ont pas une vision unique d’un nouveau modèle de société ni des moyens d’y parvenir. Mais ils partagent la conviction qu’aucune fatalité ne condamne l’humanité à détruire son habitat social et terrestre, à condition qu’elle reconnaisse les limites que lui impose la nature et qu’elle mobilise l’immense potentiel innovateur de son intelligence collective. La vocation de cet ouvrage est de tracer des pistes pour nourrir le débat et susciter l’action.
Coordination et rédaction :

Dominique Méda, philosophe et sociologue
Thomas Coutrot, économiste et membre du conseil scientifique d’Attac-France
David Flacher, économiste et membre du bureau du mouvement Utopia


La persistance d'une crise, révélée en 1973 avec le premier choc pétrolier, la fin de taux de croissance élevés en Occident, l'intensification des crises écologiques, ont amené les politiques à compléter la croissance avec des épithètes : endogène, durable, soutenable, saine, sélective, verte... Cette diversité sémantique renvoie à des registres souvent éloignés des travaux des économistes, qui ont un objectif souvent performatif.2 La croissance n'est plus une condition suffisante pour résoudre à la fois la question sociale et la question écologique. Parmi ces expressions, la croissance verte est celle qui a le plus de succès mais n'est-elle pas un oxymore et sinon quelles conditions devrait-elle respecter pour être possible ?


De la croissance et des économistes.






Les premiers travaux sur la dynamique de la croissance de Domar (1942) et d'Harrod (1947) ont montré son instabilité intrinsèque. Elle n'assure pas automatiquement le plein emploi. Pour simplifier, la concomitance entre la dynamique de croissance de la population active, des capacités de production et celle des revenus est difficile. Par la suite, Solow a développé un modèle canonique néo-classique (1956) qui a permis d'expliquer la croissance élevée des trente glorieuses, en faisant du capital, une variable flexible, à travers l'investissement.3 Face au ralentissement de la croissance, durant les années 80, Romer, Lucas, et Barro ont développé des modèles de croissance endogène pour expliciter les conditions nécessaires à celle-ci, et expliquer les différences de niveau de croissance entre pays. Par exemple, si en 1913 le PIB argentin était de 70 % supérieur à celui de l'Espagne, en 2000, c'était un rapport inversé de 50 %. Les écarts sont encore plus importants si nous comparons la Corée du Sud à un pays d'Afrique subsaharienne.

La première crise pétrolière de 1973 a été souvent interprétée comme un choc extérieur, or la hausse brutale du prix du pétrole n'a fait que révéler une crise latente. La baisse de la productivité a commencé dès la fin des années 60 et le prix du pétrole était auparavant sous-évalué, comme de nombreuses autres ressources naturelles. Le club de Rome dans son rapport de 1972 « The limits to growth » avait pourtant alerté sur les limites de notre modèle de développement. Hormis les prévisions démographiques, les autres résultats sont toujours valides 30 ans plus tard.4 La crise financière de 2007 a aussi occulté la hausse des prix des matières premières,5 laquelle qui comme en 1973 n'a fait que révéler la crise intrinsèque de notre modèle.6 Ces deux évènements devraient amener les économistes à revoir le concept de capital. Il est dépendant des ressources naturelles et de l'énergie nécessaire à sa production.

D'autres auteurs utilisent le terme de croissance durable ou soutenable pour tenir compte de la contrainte environnementale. En faisant cela, ils affaiblissent la notion originelle de développement soutenable (sustainable development), définie en 1987 dans le rapport Bruntland, préparatoire au premier Sommet de la terre de Rio de 1992. Alors que le développement soutenable doit permettre l'équilibre entre la sphère économique, sociale et écologique, la croissance durable assure la prééminence de la sphère économique.


La croissance est une notion quantitative, celle du PIB alors que le développement est une notion qualitative, incluant la justice sociale, la qualité de la vie, le niveau d'égalité... La croissance soutenable ne tient compte que de l'aspect normatif du sustainable development, celui de pourvoir aux besoins d'aujourd'hui sans compromettre les possibilités des générations futures d'en faire autant. Tous les aspects qualitatifs sont négligés. Cette approche peut amener à des synthèses entre des modèles néo-classiques et d'économie écologique,7 sans aborder la dimension politique et qualitative de ce type de croissance.

Sustainable est un terme dont la traduction alimente une autre confusion entre la notion de durabilité et celle de soutenabilité. La durabilité renvoie à la notion de prolongation d'un modèle de croissance ou de développement alors que la soutenabilité renvoie à la capacité de charge d'un écosystème. La croissance durable de facto est un pléonasme.






Avant d'aborder les liens entre sphère économique et écologique, nous pouvons rappeler que la croissance n'a pas permis de résoudre la question sociale. Le chômage a, par exemple, entre 1975 et 2009, augmenté en France de 275 % alors que le PIB a plus que doublé sur la même période. Sans insister sur ce point, le principal argument avancé est de dire que la croissance a été insuffisante pour pouvoir continuer les conquêtes sociales des trente glorieuses et aujourd'hui pour les préserver, ou les élargir à l'ensemble de l'humanité.

L'épithète le plus souvent utilisé est vert et l'expression la plus courante, celle de croissance verte. Il existe une sorte de fétichisme du mot croissance qui permet d'éviter certains débats de fond quand cela ne permet pas de faire du greenwashing, de l'éco-blanchiment. Elle pose de manière générale un postulat de base, l'absence de contrainte sur le capital, soit parce que de nouvelles ressources naturelles seront découvertes, soit parce que le progrès technique, scientifique permettra toujours de trouver des alternatives. Un postulat complémentaire est souvent ajouté, celui que laisser faire le marché ou le conditionner faiblement par des mesures incitatives, suffirait. La croissance verte apparaît alors être la solution miracle. Elle est difficile à définir car elle est déclinée sous de nombreuses variantes. Parfois, on parle de New Green Deal. Dans sa forme la plus progressive, la logique générale est la suivante : Les nombreux investissements qu'elle impliquerait, permettraient une nouvelle relance de type keynésienne, de réduire les inégalités et de régler simultanément les crises écologiques.

Nous allons détailler les différents défis que devraient affronter une croissance verte pour ne pas devenir un oxymore.








Le dérèglement climatique oblige à agir immédiatement et modifier notre modèle de développement.










L'économiste Nicholas Stern dans un rapport éponyme sur l’économie du changement climatique, en 2006, est le premier économiste à mesurer l'impact d'une inaction politique contre le dérèglement climatique. À l'époque, il aurait suffit d'investir 1 % du PIB d'ici 2050 pour stabiliser dans l'atmosphère les gaz à effet de serre (GES) à 500-550 particules par million (ppm) équivalent CO28 pour atténuer fortement les effets du changement climatique sinon nous risquerions une récession jusqu'à 25 % du PIB mondial. Les bénéfices d’une action forte et rapide dépassent largement les coûts mais tout retard entraînera une hausse plus que proportionnelle de ceux-ci, à cause de l'irréversibilité de certains effets et de l'inertie des phénomènes thermodynamiques. Le quatrième rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de 2007 a montré que le niveau actuel du stock de GES dans l’atmosphère est d'environ 430 ppm, contre seulement 300 ppm avant la révolution industrielle. Ce niveau de concentration a d’ores et déjà provoqué un réchauffement de 0,74° Celsius entre 1906 et 2005 et va entraîner un réchauffement supplémentaire d’au moins un autre demi degré au cours des prochaines décennies.9


L'échec de la négociation de Cancùn et les derniers résultats scientifiques rendent aujourd'hui ces hypothèses dépassées et nécessitent des politiques encore plus ambitieuses. Le dernier rapport du GIEC a clairement présenté les enjeux et réévalué l'impact des GES. Un niveau de 550 ppm est déjà aujourd'hui trop risqué.10 Les dernières statistiques sur les températures sont catastrophiques. Le bulletin climatique mondial11 de juin 2010, émis par le National Climatic Data Center, a montré que la température moyenne du premier semestre de 2010 a battu le record de la température moyenne globale combinée des océans et des continents, (0,68°C au dessus de la moyenne centennale contre 0,66°C en 1998).






Pour mieux comprendre l'enjeu, nous pouvons utiliser l'équation de Kaya ou de Ehrlich qui met en relation l'émission des gaz à effet de serre et leurs sources principales, l'intensité en carbone de notre modèle énergétique, l'intensité énergétique de notre modèle de croissance, la richesse moyenne par habitant et la population mondiale :


émission de GES = intensité énergétique * intensité carbone * richesse par habitant * population



La population mondiale devrait augmenter de 50 % par rapport à 2000 pour atteindre 9 milliards d'habitants en 2050. Par ailleurs, le GIEC recommande une division par 3 des GES pour éviter un emballement climatique. Ces deux paramètres fixés, nous pouvons calculer les objectifs nécessaires de gains en intensité pour un niveau croissance donnée.


Entre 2000 et 2010, malgré une croissance faible par habitant (0,24 % par an), les GES ont fortement augmenté (40 %), bien plus que la population (17 %) car il n'y a pas eu d'amélioration de l'intensité carbone et énergétique.


Pour 2050, l'effort à faire pour éviter un emballement climatique oblige nos économies à atteindre des niveaux de performances technologique record pour rattraper le retard pris au début du XXIème siècle. Dans le cas où la richesse moyenne par habitant croîtrait de 2 % par an pour permettre une réduction des inégalités, il faudrait sur la même période réduire de 77 % l'intensité en CO2 de l'énergie produite et de 64 % l'intensité énergétique de la production. Si les gains ne se réalisent pas, nous entrons dans une ère incertaine de dérèglements climatiques qui entraîneront mécaniquement une baisse de la croissance, voir dans le pire des cas de la population (sécheresses, inondations, maladies tropicales, guerres...). Or, aucun modèle de croissance verte n'intègre ces objectifs macro-économiques et jusqu'à présent aucune technologie n'a pu parvenir aux objectifs nécessaires ! Nous fonçons donc droit dans le mur si nous ne réduisons pas notre consommation d'énergie et de ressources naturelles en volume.










La nécessaire déconnexion entre la nature monétaire et la nature énergétique de la croissance.










La réduction de l'empreinte écologique, celle de la consommation de ressources naturelles non renouvelables sont devenues aujourd'hui une condition nécessaire et indispensable pour éviter un contrôle autoritaire de cette raréfaction des ressources.12 Au paragraphe précédent, nous avons montré la nécessité de déconnecter volontairement la nature monétaire de la croissance exprimée à travers le PIB de sa nature énergétique.13 L'équation de Kaya peut se résoudre par une chute brutale du PIB en cas d'impossibilité de produire. La récession de 2009 a mécaniquement mais temporairement provoqué une décroissance des GES. Outre les conséquences économiques du dérèglement climatique, la raréfaction des ressources non renouvelables, la baisse des rendements des produits agricoles posent aujourd'hui la question de la capacité de produire le volume demandé de biens.






Depuis les débuts de la révolution industrielle, la croissance a pu être élevé uniquement parce que l'énergie était facilement accessible et à faible coût. De Smith à Marx, les auteurs classiques ont sous-estimé l'impact de ce facteur de production et souvent, il a été confondu avec celui de capital. Les théoriciens de la valeur travail considéraient le capital comme du travail mort, c'est-à-dire le travail incorporé nécessaire à la production du capital. Mais le capital nécessite de l'énergie et des matières premières, non réductible à du travail. Parmi les sources d'énergie, le pétrole a joué un rôle important, de part ses propriétés physiques et son accessibilité. Or, le stock de pétrole est limité, ce qui fait de cette ressource, une donnée stratégique et un enjeu de la géopolitique mondiale. Le géophysicien américain Marion King Hubbert est le premier à exprimer cette idée en 1956 à travers le pic qu'il porte son nom. La production de pétrole passe par un maximum puis décroit rapidement. Au EU, ce maximum a été atteint en 1971. Aujourd'hui, l'Agence Internationale de l'Énergie déclare que le pic pétrolier s'est réalisé en 2006. La production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 Mb/j (millions de barils par jour) à l'horizon 2020, mais ne dépassera plus jamais le niveau record de 70 Mb/j, atteint en 200614. De plus, la production d'énergie est confrontée au paradoxe que l'économiste anglais William Stanley Jevons avait montré en 1865 à propos de la consommation de charbon. Plus les technologies s'améliorent, plus une ressource est employée efficacement, plus la consommation totale de cette ressource augmente au lieu de diminuer. Ce paradoxe implique que l'introduction de technologies plus efficaces en matière d'énergie peut augmenter la consommation totale de l'énergie. L'amélioration de l'efficacité énergétique entraîne une augmentation du volume d'énergie consommée. Ce paradoxe ne l'est pas tant. L'amélioration de la productivité du travail n'a pas entraîné une diminution de la production. Elle a permis de dégager de la main d'œuvre pour d'autres productions. C'est la même chose avec l'énergie.


Une autre forme de greenwashing apparaît, celle de la solution miracle du nucléaire comme le préconise Jean-Marc Jancovici. Elle permettrait à la fois de résoudre la question climatique avec une diminution des GES et la diminution des stocks de pétrole disponibles. Nous passerions de l'ère du pétrole à celle de l'électricité. Or, la production mondiale d’électricité est d’environ 18 235 Twh et si elle était uniquement assurée par du nucléaire, il faudrait immédiatement construire 1 500 réacteurs, ce qui même si nous écartons le risque inhérent à cette technologie, est matériellement impossible.15






De manière générale, le paradoxe de Jevons nous rappelle la malédiction de l'effet rebond qui est « l’augmentation de consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation d’une technologie, ces limites pouvant être monétaires, temporelles, sociales, physiques. »16 La décroissance de l'empreinte écologique ne peut se limiter à la recherche d'amélioration mais doit aussi inclure une réduction du volume global des ressources utilisées. Concernant l'énergie, il faut également avoir un taux de retour énergétique, le rapport entre l'énergie utilisable et l'énergie dépensée supérieur à 1 pour éviter le cannibalisme énergétique. Ce terme utilisé pour la première fois par J.M. Pearce désigne le phénomène qui survient lorsque la croissance rapide d’un système énergétique « crée un besoin en énergie qui utilise ou cannibalise l’énergie des centrales ou installations de production d’énergie existantes. », lorsque la production d'un joule d'énergie nécessite plus d'un joule consommé. Tous les modèles de croissance sont intrinsèquement incapables d'intégrer cette problématique car leurs fondements micro-économiques ne peuvent pas intégrer les effets rétroactifs du paradoxe de Jevons et ne tiennent pas compte du stock limité des ressources naturelles.17 Ainsi, la hausse du prix que nous constatons depuis 2007 révèle bien leur raréfaction inéluctable.18










La crise oubliée de la biodiversité.










La protection de la biodiversité est aujourd'hui une question politique majeure, maintenant que nous sommes entrés dans la sixième vague d'extermination des espèces animales et végétales. Elle est totalement ignorée des politiques de croissance verte car cette crise renvoie à un problème d'incertitude radicale, bien plus grande que pour les changements climatiques. Il est en effet impossible de mesurer les probabilités des différents scénarios car nous sommes incapables de connaître les conséquences de cette extinction massive. La dernière extinction marquante fut celle des dinosaures. Comme l'écrit Armand Farrachi, « Tous nos biens matériels et toutes nos ressources alimentaires proviennent de l'écosystème, dont le bon fonctionnement ne peut être garanti sans le maintien de la diversité biologique des organismes qui le composent. »19 Cette crise pourtant majeure, n'a fait l'objet que d'un seul sommet international, cette année à Nagoya. L'idéologie productiviste de la capacité de trouver des solutions est aussi forte que pour les questions climatiques avec la géo-ingénierie du climat. Les progrès de l'agriculture laissent penser que cela peut continuer alors qu'aujourd'hui nous commençons à payer les conséquences de la « révolution verte » (disparition des abeilles, baisse de la productivité agricole, destruction des sols...). De plus, cette crise pose un problème d'éthique environnementale qui nous oppose encore plus à l'anthropocentrisme de notre modèle économique. Les activités économiques mettent en danger la nature. La crise de la biodiversité n'est pas un simple problème technique. Elle pose le problème philosophique de la relation des êtres humains aux autres espèces vivantes, non réductible à un problème économique d'évaluation monétaire.20


Mais au delà de la question philosophique, les géologues doivent discuter au prochain congrès de stratigraphie en août 2012 à Brisbane si nous entrons dans une nouvelle ère géologique, l'anthropocène. Aujourd'hui, l'être humain est devenu une une force géophysique agissant sur la planète, capable de modifier l’atmosphère, l'hydrosphère, la lithosphère et la biosphère. Si le scénario le plus pessimiste du GIEC dont la probabilité augmente avec l'inaction politique, se réalise alors notre planète n'aura jamais été aussi chaude depuis le maximum thermique du Paléocène Éocène, il y a 56 millions d'année.21










Du fétichisme de la marchandise à l'oubli des rapports sociaux.


Les défenseurs de la croissance verte mais aussi dans une moindre mesure les théoriciens qui tiennent compte de la contrainte environnementale (y compris chez des décroissants), nient souvent les rapports sociaux existants.22 La question posée n'est pas nouvelle, c'est celle du découplage. Georges Bataille l'a clairement énoncée dans « la Part maudite » en 1949, « Si les ressources (…) sont réductibles à des quantités d'énergie, l'homme ne peut les réserver sans cesse aux fins d'une croissance qui ne peut être infinie, qui surtout ne peut être continuelle. »

Nous sommes confrontés à ce que Marx appelait le fétichisme de la marchandise. Un objet n'est pas naturellement une marchandise échangeable mais il le devient parce qu'il existe des rapports sociaux de consommation et de production sous-jacents. La marchandise est un objet fétiche ayant pour fonction d'assurer la coordination de la production de toute la société, et elle le fait en voilant le caractère social de sa production … et nous pouvons rajouter son caractère énergétique. L'acte d'accumulation dans le capitalisme n'est pas une propriété inhérente à ce système mais une condition d'existence. Il est la conséquence de rapports sociaux de consommation qui poussent à la sur-consommation, une fin en soi et non la satisfaction d'un besoin, et de rapports sociaux de production qui poussent au productivisme pour maintenir des niveaux de profit élevés. Par ailleurs, la croissance n'est pas forcement dispendieuse en ressources naturelles, même si jusqu'à présent, elle l'a toujours été. La croissance est d'un point de vue économique, la hausse d'un agrégat économique, le Produit Intérieur Brut, qui est lui-même le résultat de conventions statistiques (donc sociales). Pour revenir à l'équation de Kaya, il y a une relation entre quantité d'énergie consommée et quantité de GES émis, selon le panier énergétique. Par contre, même si la relation entre PIB et GES est aujourd'hui profondément corrélée, compte tenu de nos modes de production, elle pourrait être déconnectée si une rupture sociale se réalisait.

Changer de mode de production passe par une relocalisation de l'économie, la mise en place de circuits courts qui rapprochent les consommateurs des producteurs et réciproquement. Il faut comme l'a dit André Gorz, développer des secteurs autonomes d'autoproduction non marchande. Mais tout cela signifie de lier relocalisation, réduction du temps de travail, Revenu Social Garanti, monnaie locale, Économie Sociale et Solidaire... La relocalisation ne peut être possible que si on favorise les conditions d’une réelle émancipation. Remplacer le travail hétéronome par un travail autonome nécessite de valoriser les activités utiles, les savoirs, libérer le travail choisi, et tenir compte de la dimension locale de la coopération. Cette relocalisation va de paire avec une économie de la fonctionnalité, c’est-à-dire que ce n’est pas la possession d’un bien qui importe mais son usage. Cela pousse au partage, à l’invention de nouveaux rapports sociaux coopératifs.23


Mais cette transformation nécessite une rupture paradigmatique au sens de Kuhn24 comme Keynes le fît en son temps. Il faut une nouvelle analyse économique en rupture avec le paradigme croissantiste, de nouveaux instruments de mesures et de nouvelles politiques économiques adaptées. Entre le livre « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie » de Keynes, la mise en œuvre de la comptabilité nationale mesurant le PIB, les politiques dites keynésiennes, la création de la protection sociale révolutionnant les transferts monétaires, il s'est écoulé beaucoup de temps car on ne remet pas en cause un paradigme économique dominant du jour au lendemain.25 Pour reprendre le questionnement de Bataille, les ressources ne sont pas nécessairement réductibles à de l'énergie. Si elles le sont, c'est parce que nous sommes conditionnés à consommer. Déjà en 1958, Galbraith dénonçait la notion supposée de souveraineté du consommateur en lui substituant celle de filière inversée. Depuis, la consommation comme acte insatiable est devenue une norme économique et sociale imposée. A l'achat individuel d'une machine lavée, pourrait se substituer un achat collectif partagé d'un bien durable comme le prône l'économie de la fonctionnalité et l'économie circulaire. Ces économies sont minorées car elles ne sont pas valorisées. La logique marchande pousse à la marchandisation des sphères non marchandes du bénévolat, des relations gratuites de proximité... Les valeurs d'usage disparaissent au profit des valeurs d'échanges. La valorisation, au sens littéral du terme, des activités dans nos sociétés ne se fait qu'à travers leur marchandisation. Le PIB comptabilise très peu d'activités non marchandes, essentiellement celles de la sphère publique. Une autre forme de valorisation que marchande doit s'imposer.


Mais transformer le mode de production est une question essentiellement politique, de modification des rapports de force. Nous ne pouvons nous contenter du bon sens pour choisir les bonnes solutions ! La planète est aujourd'hui confrontée aux contradictions entre le temps court des marchés et le temps long de la régulation écologique, entre l'irréversibilité des processus thermodynamiques et la réversibilité des mécanismes de marché qui remettent au devant de la scène, la question de la planification. Les incitations marchandes, notamment à travers la fiscalité écologique ne suffisent pas à modifier profondément les comportements et impulser les investissements nécessaire à la transformation écologique de l'économie. Les objectifs à atteindre sont si élevés que les logiques incitatives par les prix à l'œuvre sur les marchés sont insuffisantes mais à l'inverse, une planification écologique n'aurait de sens que si elle ne se limite pas à une simple allocation optimale des ressources. Il faut qu'elle intègre une réduction programmée du volume des ressources consommées et qu'elle mette en place une économie circulaire et de la fonctionnalité où les déchets sont une ressource et une matière première, à part entière.


Pour conclure, la crise qui perdure depuis 2007 montre que les différentes qualifications données à la croissance ne suffisent pas à la résoudre. Tant que celle-ci, et notamment la croissance verte n'abordera pas les questions évoquées dans cet article, elle ne sera qu'une tartuferie, une impasse politique et théorique. Les causes sont profondes et tant que nous ne nous attaquons pas à celles-ci, nous resterons dans une voie sans-issue. En reprenant la typologie des crises de l’école de la régulation, ne sommes-nous pas confrontés à la pire des crises ? Celle du mode de production, c’est-à-dire une crise des différents rapports sociaux.26 La dernière fut le passage du féodalisme au capitalisme... La crise actuelle nous oblige à proposer des politiques économiques structurelles de rupture. Une politique qui n'aurait pas pour objectif la réduction en volume de la consommation des ressources non renouvelables, la mise en œuvre d'un modèle énergétique moins carboné et surtout économe, la protection de la biodiversité, la modification radicale de nos modes de production et de consommation, serait inefficace et la peindre en vert ne suffirait pas à la rendre performative. Ne pas le faire ne signifiera peut-être autant la fin du capitalisme mais dans ce cas, nous aurions un régime d'accumulation autoritaire, excluant une part croissante de la population mondiale.
Inventons aujourd'hui, une nouvelle société viable écologiquement et socialement.
plus d'infos :

ici

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Message Mer 4 Mai 2011 - 15:15 par Invité

Bonjour brusyl
le monde va profondément changer dans les décennies à venir. Une bonne gouvernance politique serait d'anticiper ces réalités, de préparer l'opinion publique et de prévoir des solutions alternatives. Rien de tout cela ne se passe : à part les décroissants, tout le discours politique continue à se baser sur des valeurs de croissance et de productivisme...
Les décroissants font partie d'EELV (j'ai trainé avec eux l'été dernier), ce parti est le seul à prendre en compte la fin de la croissance et du pétrole et propose une sortie vigoureuse de ce système mortifère par le haut (avec une démocratie vivante). ca fourmille d'idées, allez voir leur cite et le programme. Quant à hulot, ce ne sera qu'une marionnette médiatique avec espoir de rallier davantage de gens plus rapidement, mais derrière il y a tout une équipe de gens compétents et encore intègres (car ils n'ont pas encore été au pouvoir). Alors ne désespère pas... Encore faut-il que les gens apprennent la vérité et se préparent psychologiquement à ce grand choc (moi j'ai fait une grosse dépression il y a 2 ans quand j'ai découvert cette horrible vérité que l'on nous cache dans le but de s'en mettre plein les fouilles avant la débâcle, et pourtant je suis plutôt forte de caractère, alors j'imagine le désespoir des gens plus fragiles...)
Bon vent à toi (sème le persil entre les tomates ça éloigne les parasites lol)

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Mister Cyril

Message Mer 4 Mai 2011 - 14:59 par Mister Cyril

Salut ma Bru, encore une fois tu exprimes (en mieux) le fond de ma pensée (débat avec mélody sur un autre forum) et cette position attentiste qui pourrait (à tort) être prise comme de la résignation; un seul bémol Jorion n'est en rien mon idole, juste les rubriques de Leclerc qui nourissent égoïstement mes intuitions et envies d'écroulement du système (ça fait du bien aussi).

J'avais bien compris ton recul ici et je n'ai aucun jugement à porter...juste l'envie égoïste (encore) que tu repasses quand même de temps en temps pour garder contact avec ma passionaria du forum avec qui j'ai appris bien plus que des échanges polittiques!

Je t'embrasse et à bientôt!

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brusyl

Message Mer 4 Mai 2011 - 14:38 par brusyl

je rebondis sur cette phrase de mister : "je ne crois plus que le PS et autres partis réformistes aient la volonté et les capacités idéologiques de construire un aiguillage qui nous empêcherait de fonçer vers le mur."
que je fais mienne...
Moi non plus je n'y crois plus...tout ce monde pseudo politique m'écoeure de plus en plus par sa vision court termiste et inconsciente des (ou pire, indifférentes aux) misères sociales, toute enfermée dans sa bulle oligarchique qu'elle est.
Inconsciente aussi des enjeux que notre monde aura à affronter de façon imminente.

J'ai atteint le point d'overdose, après ces mois et ces mois la tête dans l'information politique quotidienne. J'ai besoin de recul, de cultiver mon jardin, (ceci explique pourquoi je viens moins souvent ici) : ras le bol de ces analyses économiques à la Paul Jorion (excusez melody et mister, d'attaquer votre idole !) qui au jour le jour décortiquent le moindre fait économique à la sauce de leur technique... je n'en peux plus, j'ai besoin vraiment d'autre chose, de valeurs humaines, philosophiques, de convivialité, de gratuité, d'amour...

Je n'attends plus rien des politiques non plus, car aucun d'entre eux, ni Mélenchon ni Hollande,ni Villepin, ni Montebourg, ni personne ne met le doigt sur un système démocratique d'opérette qui cache un le pire système oligarchique que notre histoire ait connu (et dont ils sont tous le pur produit), sur la corruption qui gouverne notre système politique décadent, sur les inégalités qui explosent, sur la paupérisation galopante, sur le mal de vivre, l'inquiétude des français et la menace d'un report de ces angoisses sur une idéologie d'exclusion et de haine de l'autre, du plus faible, du bouc-émissaire.

Cela pue trop... je ne veux plus participer à cette comédie de politicaillerie.
Mais je ne suis pas défaitiste ni découragée pour autant, car persuadée qu'il nous suffit maintenant d'observer comment le système va tomber de lui-même. Cela ne va sans doute pas être joli joli : on voit bien actuellement comment tous les membres de cette oligarchie politico-économique, sentant la fin plus très loin, font tout ce qu'il peuvent pour s'en mettre plein les fouilles, et ceci sans la moindre pudeur ni honte...
L'article que je poste est un bon indicateur de ce que nous nous préparons à vivre : le monde va profondément changer dans les décennies à venir. Une bonne gouvernance politique serait d'anticiper ces réalités, de préparer l'opinion publique et de prévoir des solutions alternatives. Rien de tout cela ne se passe : à part les décroissants, tout le discours politique continue à se baser sur des valeurs de croissance et de productivisme...

Je vous poste aussi les liens vers une émission qui a été diffusée sur LCP je crois . Documentaire particulièrement clairvoyant sur la civilisation après-pétrole à venir (les intervenants sont tous excellents !)
Si vous avez un tout petit peu de temps (trois vidéos d'un quart d'heure environ chacune) regardez là, vous ne le regretterez pas.

https://www.dailymotion.com/video/x9qtc0_l-ere-de-l-apres-petrole-partie-1-3_news
https://www.dailymotion.com/video/x9qucc_l-ere-de-l-apres-petrole-partie-2-3_news
https://www.dailymotion.com/video/x9quqj_l-ere-de-l-apres-petrole-partie-3-3_news

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brusyl

Message Mer 4 Mai 2011 - 14:00 par brusyl

Surmonter le pic pétrolier – 2ème partie: Mythes et conséquences


Dans notre précédent post sur le pic pétrolier j’ai introduit l’idée que des ressources limitées peuvent être une limite à la croissance, et décrit comment le pétrole est devenu crucial pour notre civilisation. Que se passerait-il si des mesures drastiques n’étaient pas prises pour remédier à l’affaiblissement croissant des ressources de pétrole et autres énergies fossiles?

Les conséquences de la pénurie de pétrole seront sévères. La loi de l’offre et de la demande à la base de l’économie de marché promet qu’une baisse de la production conduira à l’augmentation des prix du pétrole, et donc des prix de tous les biens et services qui en dépendent fortement, comme détaillé dans l’article précédent.

Ainsi, tandis que les coûts continueront de monter et les revenus des consommateurs de diminuer, nous constaterons en premier lieu un ralentissement de la croissance puis des saisies, la récession, la dépression, un exode rural inversé et un possible effondrement des gouvernements et des systèmes financiers.


Le rapport Hirsh1a 1b en 2005 a établi que:

* La croissance du PIB mondial et la production de pétrole sont à peu près proportionnelles. Une diminution de la production de pétrole conduira à une croissance négative.
* Une diminution de 4% de la production mondiale de pétrole amènera son cours aux environs de $160 le baril (contre $45 environ au moment de l’étude)
* Une diminution de 4% de la production de pétrole plongera l’économie américaine dans une récession et des millions d’emplois seront perdus.
* Attendre le pic sans agir laisserait le monde avec un déficit de pétrole pour 20 ans.

Robert Hirsch est un ancien conseiller senior du programme Energie de la Science Applications International Corporation (SAIC), ancien directeur du laboratoire de recherche dans les carburants synthétiques d’Exxon et de son programme de recherche exploratoire sur le pétrole (Exxon’s Petroleum Exploratory Research), ainsi qu’un consultant en énergies.

Nous avons déjà vu le pétrole atteindre un pic d’environ $145 en 2008, la récession de l’économie américaine et le chômage à des niveaux records. Le pétrole flirte avec des prix élevés depuis les années 2004-2005, quand il a commencé à croître plus vite que l’inflation oil-prices-last-century (cliquez sur le graphique à droite pour voir les prix corrigés selon l’inflation). Ainsi on peut déduire que l’augmentation du prix du pétrole est avec une forte probabilité une variable importante dans les causes de la crise financière de ces dernières années. Récemment, le secrétaire Britannique à l’énergie a admis que nous verrons sûrement une répétition du choc pétrolier des années 70 avec une multiplication du prix du pétrole par deux2a 2b.

Une autre théorie est actuellement débattue, c’est la théorie Olduvai3, qui définit la civilisation industrielle comme la période où la production d’énergie par habitant est supérieure à 37%. Dans cette théorie, la double pression de la croissance démographique et de la diminution des ressources de combustibles fossiles mettra un terme à la civilisation industrielle (lorsque l’énergie moyenne disponible par personne diminuera encore et passera en dessous de 37%), sauf si des ressources alternatives sont utilisées assez rapidement pour atténuer la baisse et finalement apporter une nouvelle ère de prospérité et de croissance4. Bien que la première version de la théorie Olduvai datant de 1989 prédit que les années 2000-2011 serait le point de départ du déclin vers un âge de pierre postindustriel, la version révisée de 2008 indique qu’un espoir est possible au prix d’une forte pression financière et politique destinée au développement et à la construction d’énergies alternatives. Malheureusement on n’a ni la pression politique ni la pression économique.

Dans une étude sérieuse et bien documentée sur les conséquences du pic pétrolier, Tariel Mórrígan de l’université de Californie résume les conséquences du pic pétrolier telles que détaillées dans d’autres études plus approfondies. Son analyse, ainsi que celle de David Korowic5 ou d’autres6 parviennent à la même conclusion: notre population et civilisations sont menacées de s’effondrer avec une magnitude jamais vue dans l’histoire du monde. L’analyse des conséquences du pic pétrolier est rendue difficile par l’interdépendance des mécanismes impliqués. Les points principaux à retenir sont:

* La diminution de l’approvisionnement en pétrole augmentera les coûts à tous les échelons de l’économie et ralentira l’économie à l’échelle mondiale. Cela aura pour résultat de diminuer notre capacité à produire biens et services, à faire du commerce, à produire et consommer de l’énergie… ce qui aggravera encore le problème.
* Le crédit est la base de notre économie et notre système monétaire. Dans une économie en croissance, la dette et ses intérêts peuvent être remboursés. Dans une économie en décroissance le fardeau des intérêts ne peut pas être remboursés. Par conséquent, une réduction permanente de l’approvisionnement en énergie empêcherait le maintient de la production économique nécessaire au remboursement de la dette et de ses intérêts. Quand les dettes ne pourront pas être remboursées au niveau mondial, l’économie planétaire s’effondrera.
* Le bien-être de notre société est devenu complètement dépendant de chaînes d’approvisionnement mondiales hyper-intégrées fonctionnant au pétrole bon marché. Dans le monde développé industriel, les économies régionales et locales s’arrêteront vu que peu de biens et services sont produits localement, mais sont importés et sous-traité à l’économie mondiale. Par conséquent plus une société est complexe et mondialisée, plus elle risque un effondrement systémique.
* Le fonctionnement de l’ensemble du système est possible par la confiance en une monnaie virtuelle et en un système bancaire utilisant l’effet multiplicateur du crédit. Quand l’économie sera déstabilisée, le système bancaire dans son ensemble deviendra insolvable car les emprunts qui constituent une énorme part de leur patrimoine ne pourront pas être remboursés.
* L’économie mondiale est également devenue totalement dépendante de l’opération synchronisée d’infrastructures stratégiques telles que la distribution d’énergie et d’eau, les transports, la gestion des déchets, l’approvisionnement en nourriture, le système financier, les télécommunications et les technologies de l’internet. Ces infrastructures dépendent de l’approvisionnement constant en énergie, en composants à courte durée de vie, dépendent de larges économies d’échelles, et enfin de la disponibilité du système monétaire. Cette interdépendance sera à l’origine d’un risque accru de défaillance systémique. Une défaillance systémique de l’une des infrastructures engendrera une cascade de défaillances dans les autres.
* Le pic pétrolier engendrera la défaillance dans notre système de production et de distribution de nourriture, créera une très forte inflation sur l’eau et les denrées alimentaires, ce qui enlèvera tout pouvoir d’achat aux consommateurs. La crise économique en sera aggravée d’autant. Des pans entiers de l’économie deviendront inutiles et seront dévastés, tels que le tourisme, les articles de loisirs, la mode…
* La capacité à développer de nouvelles unités de production d’énergie et à maintenir les infrastructures énergétiques existantes sera sévèrement compromise. En supposant que le pic pétrolier n’existe pas et que le monde continue à tourner comme avant, le gaz naturel, le charbon et l’uranium devraient tous atteindre leur pic de production d’ici 20 ans. global production of energy Cependant le pic pétrolier amènera le pic de production générale de l’énergie à se produire beaucoup plus tôt car l’extraction minière et la distribution de tous produits apparentés seront sérieusement entravées. Une insolvabilité bancaire d’une magnitude pas encore expérimentée et un déluge de défauts sur les dettes souveraines rendra tout nouvel investissement dans des nouvelles technologies énergétiques impossible. En particulier, le passage aux énergies renouvelables – qui coûterait plusieurs milliers de milliards de dollars – sera abandonné.
* Étant donné que de nombreuses nations et leurs citoyens sont insolvables et sur le bord de la faillite, le prochain choc pétrolier ou la prochaine augmentation permanente du prix du pétrole pourrait bien pousser l’économie mondiale à la faillite et à l’effondrement complet.
* L’effondrement systémique entraînera probablement parmi les populations une grande confusion, de la peur, des risques de sécuritaires, des cas de viol des droits de l’homme, et un effondrement du lien social. Le système politique va devenir instable, on va probablement assister à des révolutions, à la faillite d’États, à de graves troubles sociaux, à l’augmentation de la criminalité, à des émeutes et des guerres civiles, à des actions militaires, et à des conflits armés dans certaines régions.
* Les pays producteurs de pétrole interdiront les exportations et leurs économies fonctionneront plus longtemps que les autres. Les pays non producteurs devront faire face à déclin précoce et plus rapide. Leurs économies pourraient s’arrêter assez brusquement.
* Retarder les effets du pic pétrolier dépendra de la mise en œuvre de méga-projets et de méga-changements à la vitesse maximale et prendra au minimum une ou deux décennies. Avec des projets adéquats et arrivant au bon moment, les effets du pic pétrolier sur notre société peuvent être minimisés, mais l’effondrement du système ne peut pas être évité sans la mise en place radicale et très rapide nouvelles technologies énergétiques de pointe.
* La capacité porteuse en êtres humains de la Terre sera considérablement réduite, et pourrait revenir à l’époque préindustrielle (moins de 1 milliard de personnes dans le monde entier).

Lorsqu’il s’agit de questions aussi importantes, il est nécessaire de garder les pieds sur terre et de ne pas nous bercer d’illusion. Voici quelques objections couramment entendue au sujet du pic pétrolier et qui sont à mon avis de l’ordre du mythe.

*
Nous ne serons jamais à court de pétrole, nous allons juste devoir payer plus cher.

Ce qui est vrai. Le mythe, c’est que c’est un argument utilisé se débarrasser de la question sans une argumentation approfondie. La raison pour laquelle nous ne serons jamais à court de pétrole est que l’économie ne sera pas en mesure de supporter le prix à payer pour un pétrole raréfié, et devra soit s’effondrer soit se réinventer sans pétrole avant que nous en ayons consommé la dernière goutte. ”Nous allons juste devoir payer plus” n’est pas un argument intellectuellement honnête, si “plus” signifie trois ou dix fois le prix actuel. Et soit dit en passant, ce n’est pas seulement l’essence qui augmentera, mais aussi tout le reste.
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Le monde s’arrêtera du jour au lendemain.

Non. Le pic pétrolier est tout simplement le moment où la production de pétrole annuelle maximale est atteinte, et à partir de quand elle commence à décliner pour toujours.7. Cela signifie que nous avons encore au moins quelques années, peut-être quelques dizaines d’années pour agir. La peur est mauvaise conseillère, comme est mauvais le fait de jouer à l’autruche. Après le pic, le monde ne s’arrêtera pas, mais nous irons de récessions en dépressions avec quelques épisodes de croissance retrouvée grâce à l’adoption de solutions correctives. La vitesse du déclin de la production de pétrole va conditionner la réussite d’un passage d’une économie basée sur le pétrole à l’économie sans pétrole.
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Nous allons simplement conduire moins et utiliser des voitures électriques

Un plan de secours consistant à faire adopter la voiture électrique au monde entier demanderait plus de dix ans avec un appui politique de premier plan et une quantité incalculable d’argent. Et puisque les voitures sont loin d’être les seules consommatrices d’essence, ça ne sera pas suffisant pour prévenir une crise – vous aurez toujours besoin de pneus, de plastique et de l’asphalte. Par ailleurs, la volonté politique actuelle est faible et l’argent nécessaire n’est pas au rendez-vous – tout a déjà été donnée à des banquiers dévoyés.
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Il y a encore beaucoup de pétrole dans le sable bitumineux Canadien, dans le champ pétrolifère en eau profonde près du Brésil etc…

A ce point il faudrait entrer dans quelques considérations techniques pour faire la distinction entre les réserves totales de pétrole et les réserves utilisables, et introduire le concepte d’énergie nette. Dans l’ensemble, avec les technologies actuelles, il est estimé que le champ pétrolifère de Tupi au large des côtes de Rio de Janeiro, considéré comme la découverte en pétrole la plus importante pour l’hémisphère occidental ces 30 dernières années, correspond à environ 3 mois de consommation mondiale 8. En outre, il est situé environ 30% plus profondément sous la mer que l’infâme Macondo Prospect9, lieu de la marée noire de l’été dernier dans le golfe du Mexique, et se trouve en dessous d’une épaisse croûte de sel semi-solide qui reste très problématique pour les compagnies pétrolières10.
De même, les sables bitumineux du Canada peuvent être en mesure de fournir l’équivalent de 5 années de consommation de pétrole11 si nous ne prenons pas en compte le prix environnemental. Et celui-ci est cher à payer. Les sables bitumineux ont été surnommé «Le projet le plus destructeur au Monde”12. En 2020, l’extraction du pétrole des sables de la région d’Alberta aura générés des milliards de mètres cubes de boues toxiques stockées dans des bassins de décantation. Les oiseaux qui s’y posent meurent en quelques minutes. Le benzène, un des agents cancérigènes les plus meurtrier pour l’homme, est libéré par les sables d’Alberta Tar dans l’atmosphère à une vitesse de 100 tonnes par an et atteindra jusqu’à 800 tonnes par an d’ici à 2015, si les développements prévus se produisent. Les poissons qui s’y trouvent sont couverts de tumeurs et de mutations. Les taux d’arsenic dans la viande d’élan de la région pourraient être 453 fois au-dessus des niveaux acceptables. Les communautés vivant en aval des sables bitumineux ont vu des cas de cancers inhabituels … la liste est longue. Êtes-ce que cinq années supplémentaires de dépendance au pétrole et quelques milliards de dollars valent tout cela?
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Nous allons survivre sur l’éthanol de maïs

Non, nous ne pourrons pas. Les arguments pour l’éthanol de maïs sont inexacts et le taux d’énergie nette produite n’est pas toujours positif, ce qui signifie que vous avez à dépenser un litre d’essence pour obtenir juste un peu plus d’un litre d’éthanol. Certaines études suggèrent même que vous avez à dépenser une quantité d’énergie pour produire un litre d’éthanol qui excède celle que vous récupèrerez de ce litre13 ce qui signifie que l’éthanol de maïs est une cause perdue. Par ailleurs, la quantité de terres fertiles nécessaires pour obtenir de l’éthanol de maïs est énorme: si tous les véhicules automobiles aux États-Unis étaient alimentés avec 100% d’éthanol, un total d’environ 97% de la superficie des États-Unis serait nécessaire pour cultiver le maïs requis.
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Le pétrole est renouvelable et constamment produit abiotiquement dans le manteau terrestre.


C’est une théorie marginale et non prouvée que l’on peut parfois entendre chez les fans de théories du complot. C’est l’avis de tous les géologues respectés que les ressources de pétrole sont limitées et que son origine est parfaitement explicable par des processus biogéniques. Si un peu d’hydrocarbures peut être produite à la suite d’un processus non-organique, il est peu probable que cela se fasse dans une quantité commerciale.

Notre prochain article sur le pic pétrolier se penchera sur ce que nous pouvons faire individuellement pour nous préparer au pic pétrolier, et un autre article étudira quelles sont les solutions au niveau sociétal.

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