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La musique techno est-elle totalitaire ?

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10062011

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La musique techno est-elle totalitaire ? Empty La musique techno est-elle totalitaire ?




Au sujet d'une querelle qui oppose le journal Politis à "Pièces et Main-d'œuvre" à propos d'un ouvrage consacré par ces derniers contre la musique techno. http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=322. Qui sans doute affiche un point de vue un peu trop étriqué en confondant dictature de la technologie et Techno.

Il est probable que mes propos en énerveront quelques uns. D'autant qu'ils ne sont pas exemptes d'une tentative de vouloir rationaliser ce qui relève du goût. Ceci peut être reçu comme une manière d'imposer un point de vue et rend les arguments difficilement recevables. L'accord et le désaccord risque de se faire sur le fait que l'on aime ou non sans parvenir à débattre des aspects philosophiques et politiques qui sont abordés. Ceci dit évidemment pour tenter de sauver ce qu'il peut y avoir derrière ce goût.

Pas convaincu donc que mes arguments contre la techno soient les meilleurs. Mais la réaction du journaliste de Politis me paraît être de courte vue et véhiculant un peu trop des évidences.

Si la techno a connu un tel développement, elle ne le doit pas seulement au lobby des capitalistes. C'est qu'elle correspond à une attente. Comme l'informatique a permis, tout naturellement la circulation instantanée des capitaux. Dès lors que cet outil existe, il est difficile de s'en priver et encore moins de l'interdire. Mais on a le droit de s'interroger sur cette attente. Sans doute exprime-t-elle au mieux l'air de notre temps. Mais on peut également s'interroger sur la qualité de cet air.

Ca renvoie justement à cet article de Raffaele Scimone dans Le Monde.fr. dont je vous causais (http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/12/pourquoi-l-europe-s-enracine-a-droite_1409667_823448.html ) Lequel tente de montrer que si la gauche est devenue groupusculaire en Europe c'est qu'elle n'a pas su identifier ce qu'était "l'air du temps" et ce qu'il véhiculait avec lui. Autrement dit, une attitude schizophrène qui promeut l'hédonisme individualiste tout en ne comprenant pas qu'avec lui, c'est la compassion et l'intérêt pour autrui qui sont totalement démonétisés. En ce cas, la gauche ne voit pas qu'en adoptant certaines valeurs véhiculées par l'ultralibéralisme, elle rend caduque son propre discours. La question est au moins posée et on peut tout autant la confronter à l'idée de décroissance si difficile à entendre. Au final, ceci explique que tout en prétendant plaquer ses prétendues valeurs humanistes à l'économie de marché, la gauche est incapable de trouver une solution alternative à cette société que nous a vendu la mondialisation. Pire, ceux qui dénoncent cette économie de marché comme la mouvance autour de Politis, se veulent en même temps à la pointe de cette modernité véhiculée par ce maudit marché. Suffit-t-il d'invoquer la querelle autour de l'art contemporain pour trancher ?

De mon point de vue, ce journaliste qui se veut moderne tombe exactement dans le même travers. Pour être clair, je suis totalement étanche à la musique techno. Avec quarante ans de moins, il n'est pas dit que je n'y ai pas trouvé quelques plaisir en me laissant transporter par une transe collective lors de je ne sais quel rassemblement. J'ai bien passé des nuits à danser le jerk. Mais c'est être bien naïf que de ne pas voir l'aspect totalitaire du bastringue. Parce que, dès qu'il sort des lieux dédiés pour s'installe dans l'espace public, il l'occupe en exclusivité. Sans pouvoir y échapper. Ainsi, il est impossible d'habiter à côté d'une machine à beats parce que les infra sons qu'ils génèrent traversent les murs les plus épais et que le rythme mécanique s'impose jusqu'au tréfonds de nos os. Il est donc impossible, non seulement d'écouter autre chose mais d'avoir une quelconque activité. Je met au défi quiconque de rédiger le moindre texte à proximité d'un tel agitateur de neurones. Cette musique exige une disponibilité absolue de notre cerveau en lui interdisant toute activité rationnelle. Celui qui possède les potentiomètres est donc le maître du lieu et des esprits. Les politiques ne s'y sont pas trompé en soutenant cette forme d'occupation.

Or, de plus en plus, il paraît admis que pour la moindre manifestation, un mur de bruit puisse occuper la place publique. Et cela commence dès la kermesse de la maternelle. C'est donc toute une culture qui est véhiculée et qui imprègne les enfants dès leur plus tendre jeunesse, servie par leurs maîtresses et les parents, tous convaincus d'être ainsi à la pointe e la modernité. Comme une évidence et ne pouvant être discutée. Sauf à vouloir retourner à l'âge des cavernes, comme le prétend le journaliste à court d'aguments.

Cette imprégnation a des conséquences. La musique, si c'est de cela dont il s'agit, n'est pas née il y a vingt ans. Elle a des milliers d'années et a pris de multiples formes selon les instruments et les techniques. Or, jusqu'à une époque récente, elle était faite de sons, de rythmes et de silences. Elle comprenait une respiration. Depuis l'apparition de la pop et de la suite, elle recherche essentiellement une saturation continue du son avec une domination du rythme. J'en mesure les conséquences chez mes enfants. Dans les musiques qui précèdent (quelle que soit leur forme) ce sont les silences qui les dérangent le plus. Comme un vide insupportable. Parce qu'il suppose une vision exactement inverse à cette quête de saturation. Ceci n'est pas un détail car on constate que l'intensité du son ne cesse d'augmenter pour satisfaire ce besoin de saturation. Ce serait une manière comme une autre, si le "goût" que cela génère, n'en venait à exclure les autres formes. Voir le mépris non dissimulé de ce journaliste pour la musique dite classique.

Au final, il est possible que ce soit notre avenir collectif et qu'il soit inutile d'en discuter. Mais il n'est pas exclu qu'il ne fasse qu'accompagner notre suicide du même nom.

Amicalement
Franz
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La musique techno est-elle totalitaire ? :: Commentaires

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Message Sam 11 Juin 2011 - 16:25 par Invité

Désolé d'être à l'origine de ce départ pour une histoire du mur du çon. Pas grand chose à ajouter en tant que petit nouveau. Mais je parlerai volontiers musique avec Cyril.

En ce qui concerne celui qui se bannit tout seul (et n'a rien d'un forban), je remarque qu'en dehors de jouer la mouche du coche en exprimant son malaise plutôt que son ennuis j'ai rarement lu de sa part l'effort d'un argumentaire. Le rarement indiquant que j'ai pu constater qu'il en était parfaitement capable. Ce qui est encore plus désolant.

Amicalement
Franz

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Message Sam 11 Juin 2011 - 15:49 par Invité

Bon, bon, je suis venu vous dire que je m'en vais alors :)

Ce qui ravira Cyril et Donald, puisque la tolérance et l'ouverture d'esprit à tout ce qui ne leur ressemble pas est leur marque.

Fini. Plus personne pour parler autrement qu'en Noir et Blanc braillard d'entreprise, d'éducation, d'internet et des "connectés", d'organisation sociale, de privé, de réalités sur les chiffres liés syndicats et le front de gauche, de considérations démocratiques gênantes.

Plus de place pour l'intelligence brute et l'intégrisme...
Moins pour les taquins dans mon genre.

Un dernier "tuyau" sur ce sujet de la musique techno, tout particulièrement à l'attention de Franz qui le vaut bien ; ce qu'ont écrit sur ce sujet Edmond Couchot et Brian Eno est très intéressant et permet je crois une mise en perspective tout en finesse et non imprégnée de jugements à l'emporte pièce venant d'un fond idéologique qui ramène tout à ''la condamnation sans nuance de type politique et sociale".

Bye bye les... "sans projets", essayez de faire sortir autre chose que le vide et des gémissements de cet espace.

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Mister Cyril

Message Ven 10 Juin 2011 - 23:55 par Mister Cyril

"la réaction de JM n'illustre" que...sa solitude! J'adorerais parler musique avec toi Franz...mais ça m'emmerde vraiment les jugements à la con sur la valeur âgiste d'une émotion musicale...Didier Lockwood qui est un pur musicos n'est pas née de la dernière pluie...une petite pétite qui n'a que faire des déliriums d'un presque quiquagénaire qui pense incarner la source de jouvence...les faibles ne peuvent rien contre leurs vieux démons...je me joins à Bru, JM tire toi (ce qui est une première ici!)!

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Message Ven 10 Juin 2011 - 23:13 par Invité

La réaction de Jean-Marc me semble illustre mon propos. Encore une fois, je ne condamne nullement la techno. Et encore moins la musicalité de St. Germain qui me convient très bien. A priori je ne prête pas de charge politique à ces musiques. C'est l'usage qu'en fait la société qui leur confère un usage politique. Ce que je constate est que celles que je pointe sont exclusives en prétendant ringardiser ce qui a précédé (confère la référence aimable à Alzheimer). Pour ma part, j'aime (diversement car il y a du bon et du mauvais partout) toutes les musiques, des plus primitives aux plus récentes. Y compris certaines musiques électroniques.

Ce qui me pose problème avec la techno. Je parle de ces battements saccadés et violents qui tendent à reproduire les bruits de l'usine qui a été délocalisée ou de ces basses intenses. Ou de la vie in utero comme l'évoque ce psychanalyste. Elles ont une puissance qui s'impose sans parade possible dans la sphère privée. Or, sous n'importe quel prétexte, elles sont diffusées dans la sphère publique. Pour l'avoir subi pendant des soirées entières, je te garantis qu'elles entraînent un état de souffrance que l'on n'oublie plus. Il ne s'agit pas de me dire que je n'ai qu'à adhérer ou au moins supporter ou que je suis une chochotte. Je parle d'un ressenti traumatisant qui ne peut pas être nié.

D'autre part, il existe une grande diversité de goûts. Certains aiment les fanfares militaires ou l'accordéon. D'autres préfèrent la viole de gambe ou les chorales bavaroises. Certains se pâment avec le heavy métal. Tout ceci relève de la diversité à condition que l'on ne l'impose pas aux autres (en dehors de quelques évènements festifs où chacun doit faire un minimum d'efforts). Or, avec l'amplification du son, certaines musiques deviennent quelque peu totalitaires. Voir les souvenirs que laissent les raves parties dans le voisinage où elles ont eu lieu. Qui ne suscitent que quolibets vis-à-vis de ces pauvres gens qui sont censés ne rien comprendre à l'art et à la modernité.

Ce qui change avec les transes d'autrefois est qu'elles étaient codifiées, comprises et soutenue par toute la communauté. Les raves sont au contraire une forme de rassemblement identitaire qui excluent le reste de la société. Ne pas perdre de vue que, physiquement, la cohabitation n'est pas possible. A la différence des paupières pour les yeux, les oreilles n'ont pas d'occultations naturelles surtout si le son passe directement par les os du crâne. On entre dans le domaine de l'agression.

On oublie également que la perception du son n'est pas la même selon qu'il est compris ou considéré comme intempestif. Une mère peut trouver les cris de son enfant ravissants (ils est vivant le chérubin) et insupportables pour ceux qui veulent dormir ou discuter en même temps. Le groupe de boutonneux raccordé au courant électrique et installé par le patron du bar a le bruit de son tiroir caisse que l'on qualifie de culturel à l'occasion. Ce n'est pas l'avis des voisins qui habitent à côté. Le son dans la société ne peut donc pas être diffusé aussi facilement même si sa réglementation est incomprise de ceux qui ne sont pas dérangés. Quand l'après midi, mon voisin met à fond sa sono en diffusant la techno, je suis dans l'incapacité de construire une phrase (là encore, ça vous fait des vacances). J'appelle cela une gène. Cette technologie que chacun peut se procurer pose donc un problème pour le vivre ensemble. N'en déplaise aux d'jeuns.

L'autre aspect que pointe Foulque, ce sont les modes. Qui sans doute ne datent pas d'hier. Mais qui s'amplifient avec le conformisme ambiant. Qui n'a pas subi la soupe diffusée dans les supermarchés ou les centre ville avec quelques cagoles Américaines qui braillent je ne sais quelle connerie ? Ou plus insidieusement, la musique d'ascenseur. Il y a d'ailleurs une autre question, écologique, qui vient avec cela. C'est qu'à force "d'animer" notre environnement, nous en venons à ne plus supporter le silence.

Merci pour la référence à ce psychanaliste dont je partage les propos. C'est bien de cette forme de musique dont je parlais. Mais je constate que les basses amplifiées s'imposent un peu partout. J'ai été à un concert de Didier Lockwood. Son instrument n'a pas besoin d'un tel habillage. Ca me fait penser à un plateau d'huîtres servi avec du ketch-up. On a tendance à en mettre partout, de cette saloperie. N'est-ce qu'une réaction de vieux con ?

Bises
Franz

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brusyl

Message Ven 10 Juin 2011 - 21:35 par brusyl

Jean-Marc, j'ai du mal à comprendre pour quelles raisons tu traînes encore ici, chez ces patchoulis qui ne comprennent rien de rien aux d'jeuns ni à ton intelligence supérieure.

J'ai eu de la patience,vis à vis de toi, beaucoup plus que d'autres qui se sont posé bien avant moi la question de savoir ce que tu apportais à la discussion à part ton agressivité et ta haine. J'ai espéré que tu comprendrais en quoi ton attitude pouvait fermer le débat.
Mais tu restes désespérément dans le même type de discours : MOI je sais, VOUS n'êtes que de minables imbéciles.

Je n'en peux plus... nous n'en pouvons plus. S'il te plait, tire toi

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Message Ven 10 Juin 2011 - 21:26 par Invité

Ce n'est pas un maquis, mais une maison de retraite pour alzheimers ici... :)

Vive demain, sans les morts-vivants!

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Message Ven 10 Juin 2011 - 21:04 par Invité

Je me classe dans les ceusses n'ayant pas l'oreille musicale. Je suis donc un juge très externe aux styles musicaux. La techno,c'est pas trop ma tasse de thé, le rap encore moins. Je constate seulement que chaque génération reste marquée par le style en vogue au moment de sa puberté qui concrétise sa prise d'indépendance par rapport à la génération précédente qqsoit la valeur musicale du nouveau style. Toutefois les grands classiques de chaque style restent des valeurs sûres grâce à leur valeur intrinsèque. D'après la remarque de j-M, j'en déduis sans connaître son âge qu'il n'est pas sorti de la puberté, l'adolescence peut-être. La conscience politique n'a à mon humble avis que peu à voir avec le style musical si ce n'est qu'à chaque époque il y a simultanément un style musical à la mode et un conformisme politique associé, du type musique techno- skin-head, cet ensemble étant caractérisé par une expression de violence, la pop par le coté hyper-cool.
Tout cela est tout de même bien relatif!

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Message Ven 10 Juin 2011 - 20:33 par Invité

Nul besoin d"argumentation sophistiquée.
Le 20e nous a appris que les nouvelles formes musicales (jazz, rock, pop) sont la cible des ''vieux", qui travestissent leur ressenti et leur imperméabilité auditive par des argumentations tarabisquotées.
Il en est de même pour la techno, ou le rap.

Quelquechose d"intellectuellement créatif émergera t'il jamais de ce cybermaquis???!!!!

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brusyl

Message Ven 10 Juin 2011 - 19:53 par brusyl

Pffff... beaucoup beaucoup travail de commenter ton message : aller m'informer sur ce qu'est vraiment la techno pour la relier au peu que je connais de l'électro : le dub et les représentants de la « French touch » en house : Daft Punk et Saint Germain, que j'aime bien écouter de temps en temps.
Et puis lire l'article de Pièce et main-d'œuvre, lire la réponse de Politis.
L'article de wiki sur la techno est bien fait , mais je n'ai pas de formation assez poussée en harmonie pour tout comprendre...

Faut il comme tu le fais, ou comme l'a fait PMO donner une signification politique à ce style musical ? Je n'en suis pas si sûre.
Je suis d'accord avec toi, la réponse de Politis est idiotement agressive et me fait penser aux stupidités que peuvent raconter les adversaires de la décroissance comme quoi être décroissant serait revenir à l'âge des cavernes ou à l'éclairage à la bougie. Mais peut-être le livre de PMO était -il aussi sans nuances ? : musique ordinateur, musique pas bien !
C'est vrai qu'aller se lamenter sur la disparition des instruments de musique que signifierait la musique electro me semble tenir d'un discours un peu réactionnaire : un parce que l'un n'entraîne pas forcément l'autre (la télévision n'a pas tué la radio ou le livre) deux parce que ce n'est pas parce qu'on change d'outil que la fonction disparaît : je t'écris en ce moment sur mon clavier, j'ai pourtant le sentiment d'exercer exactement la même fonction que si j'avais un stylo.

Musique typique de l'ère industrielle décadente ? Intéressant par exemple de voir que la techno vient de Detroit , la ville de la technologie, de l'automobile, ville symbole du rêve américain au début du XX°, maintenant totalement sinistrée, devenue sinistre, ville fantôme, symbole du chômage et de la pauvreté.

Récupération par le capitalisme : là aussi on peut voir le même phénomène dans tous les styles musicaux . J'ai suivi d'assez près la naissance du rock alternatif aux USA dans les années 80 : ce style qui se voulait underground et qui déclarait vouloir le rester, ce style qui avait son idéologie, son style, son habillement propres (refus du capitalisme, refus des circuits normaux de distribution) a fini lui aussi par être récupéré par les grosses boîtes de production

PMO ne veut pas faire dire à la techno plus qu'elle n'en dit ? La saturation par le bruit ferait de la techno une musique totalitaire ?
N'assistons-nous pas à cette même évolution dans les autres styles musicaux : Pour le rock, le heavy metal me fait exactement l'impression que te fait la techno.

Alors il y a bien sûr le phénomène de société qui accompagne la techno : les raves. Mais cela n'est pas nouveau non plus : toutes les sociétés organisent ces moments défoulatoires, exutoires : regarde par exemple la fête des fous autrefois ou la Saint Jean ou le Carnaval chez nous, les transes dans les religions chamaniques, les festoches hippies . La seule différence est que l'ectasy y remplace l'alcool ou les plantes hallucinogènes ou le shit.
Les raves sont, je suis d'accord avec toi un signe fort des temps, d'un temps où le stress est si important que de plus en plus de jeunes recherchent cette évasion. Et le pouvoir, faute d'avoir pu les interdire, les favorise maintenant, les récupère : vaut mieux un jeune qui va se foutre tous les samedi la tête à l'envers qu'une jeune militant révolutionnaire.

Voici l'analyse qu'en fait un psychanalyste que j'ai trouvé assez intéressante.

Selon vous qu'est-ce qui est spécifique à la techno ?
Philippe Grimbert : Elle se caractérise par un rythme semblable aux pulsation cardiaques. Celui-ci nous semble étrangement familier car il nous renvoie à notre vie intra-utérine, celle que nous avons vécue dans le ventre maternel, et donc à la relation mère-enfant la plus primitive, la plus fusionnelle qui soit. Il faut savoir que le foetus se règle sur le rythme des battements du coeur de sa mère.

F.A. : Est-ce pour cette raison que les adeptes de la techno parlent de fusion lors de leurs rassemblements ?

P.G. : Ce qui est paradoxal dans ces fêtes que l'on appelle "raves" - en anglais "to rave" signifie divaguer, délirer -, c'est que les individus semblent ne faire qu'un (ils sont tous ensemble à danser sur la même musique) alors qu'il reste protéger chacun dans leur bulle. La musique ne s'arrête jamais, elle s'éternise dans une juxtaposition de boucles répétitives. Ce phénomène génère un retour sur soi-même : chacun est centré sur ses sensations, déclenchées par la musique. L'autre, en tant que tel, n'existe plus. Il ne devient, à travers un regard ou un sourire, que la projection de soi. C'est cette fusion imaginaire, d'où l'autre est en réalité absent, qui procure ce sentiment de "paix" et cette désérotisation des relations dont parlent les fous de techno.

F.A. : Mais comment peut-on expliquer ce mouvement qui prône une certaine évasion ?
P.G. : Plus une époque est difficile à vivre, plus on a tendance à se réfugier dans le rêve, une sorte de fuite procurant un sentiment de sécurité absolu, de refuge comme l'était le ventre maternel. La techno invite à plonger dans le rêve, mais le retour à la réalité peut aussi être difficile. Le paradoxe des raves - rechercher de la sécurité dans une bulle mais d'une manière très violente - reproduit ceux de notre société actuelle où l'on constate un contraste saisissant entre l'opulence et la misère, le confort et l'insécurité. La rave est peut-être l'expression d'une énorme angoisse des jeunes face à l'avenir. Pour eux, c'est à chaque fois comme une renaissance, une nouvelle découverte, aussi bien sensorielle que physique.

F.A. : On associe très souvent la drogue, et en particulier l'ecstasy, à la techno, quelle est votre opinion ?
P.G. : Il est évident que de nombreux genres musicaux sont associés à des drogues puisque, pour la plupart, ils représentent des formes de contestation. A l'époque de Woodstock, les jeunes fumaient du haschisch, prenaient du LSD ... Aujourd'hui, d'autres drogues sont apparues. En ce qui concerne l'ecstasy, elle est certainement extrêmement prisée dans les raves, mais il ne faut pas en déduire pour autant que tous les fans de techno se droguent ! D'autant que cette musique permet à certains d'atteindre un état de transe de façon naturelle du fait de la répétitivité des sons diffusés à très haute intensité. Mais alors que dans les années 60, on contestait pour pouvoir prendre sa place - et naître au monde adulte - aujourd'hui, on déserte et on refuse la place du parent, du responsable. La rave n'est au fond qu'une parenthèse : on s'échappe pour un temps de la réalité mais on y retourne, quoi qu'il arrive. La musique techno ne propose rien : elle se passe de mots. Seules quelques bribes de paroles sont utilisées, non pour leur signification, mais pour leur unique valeur rythmique. Elle ne véhicule aucun message.

tiens cadeau pour terminer ce message : un morceau de Saint Germain . Je suis sûre que tu vas détester. Moi j'aime ! et j'arrive très bien à travailler avec Saint Germain en fond !







Dernière édition par brusyl le Ven 10 Juin 2011 - 21:39, édité 1 fois

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