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Au-delà de la grève, des formes de lutte insoupçonnées

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30122008

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Au-delà de la grève, des formes de lutte insoupçonnées Empty Au-delà de la grève, des formes de lutte insoupçonnées




Par Sophie Béroud, Jean-Michel Denis, Guillaume Desage, Baptiste Giraud et Jérome Pélisse

http://www.monde-diplomatique.fr/2008/10/BEROUD/16359

Ce que révèlent les données officielles sur les conflits sociaux

L’action syndicale contre la privatisation de La Poste en France a mobilisé entre un quart et la moitié des salariés, le 23 septembre. Si elle a retenu l’attention, la plupart des conflits dans l’entreprise passent inaperçus. Et pourtant ils existent. Plus nombreux, plus déterminés, plus souvent impulsés par les syndicats qu’on ne le dit généralement.

« Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit », déclarait, triomphant, le président Nicolas Sarkozy devant le conseil national de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), le 5 juillet 2008. Une fois de plus, par cette provocation délibérée à l’adresse des syndicats, le chef de l’Etat faisait de la visibilité des grèves un objet hautement polémique, saturé de sens politique. Couvrant de façon irrégulière les conflits du travail, les médias ne s’intéressent en général qu’aux mouvements qui « paralysent » les transports ou qui s’accompagnent d’actions spectaculaires. Journalistes et dirigeants contribuent ainsi à alimenter et à diffuser des clichés qui ne résistent pourtant pas à l’examen.

L’étude « Relations professionnelles et négociations d’entreprise » (Réponse) menée par le ministère du travail (lire « Le discours de la méthode ») révèle en effet un climat social bien plus agité que ne le laisseraient présager les grandes théories sur la disparition des conflits. Pour la période 2002-2004, Réponse conclut à une augmentation de ces derniers : 30 % des directions d’établissements de plus de vingt salariés du secteur marchand ont déclaré avoir connu au moins un conflit collectif entre 2002 et 2004, contre 21 % entre 1996 et 1998, date de la précédente enquête. Cette hausse, constatée à la fois auprès des dirigeants et des représentants du personnel, touche tous les secteurs d’activité. Et elle est d’autant plus significative que le nombre d’établissements de plus de vingt salariés a crû fortement (+ 20 %) au cours de la même période.

Pourquoi, alors, répète-t-on depuis des années que les conflits sociaux sont en diminution ? Cette idée reçue s’appuie sur des statistiques administratives produites, elles aussi, par le ministère du travail, qui s’est longtemps contenté de comptabiliser le nombre de journées individuelles non travaillées (JINT) pour fait de grève. On enregistrait trois millions de JINT par an à la fin de la décennie 1970 ; ensuite, ce chiffre a chuté par paliers successifs avant d’osciller, depuis le milieu des années 1990, dans une fourchette comprise entre deux cent cinquante mille et cinq cent mille.

Depuis plusieurs années, cette statistique fait l’objet de critiques importantes. Elle présente notamment l’inconvénient de réduire les conflits à la seule définition juridique de la grève, soit la « cessation collective du travail », gommant ainsi toutes les autres formes de protestation sur le lieu de l’emploi, comme la pétition ou la manifestation. D’où l’intérêt d’une nouvelle enquête qui recense les divers moyens employés par les salariés pour exprimer leurs revendications ou leur mécontentement.

Toutes ces formes d’action n’évoluent pas de façon identique. La seule à connaître un tassement est la grève de plus de deux jours. En revanche, toutes les autres modalités sont à la hausse sur la période 2002-2004 par rapport à 1996-1998 (voir graphique). Celles qui connaissent la progression la plus forte sont, dans l’ordre, le refus d’heures supplémentaires (+ 6,4 points), le débrayage (+ 2,5 points), la pétition (+ 2,1 points) et la manifestation (+ 1,8 point). Elles renvoient à des formes « avec arrêt de travail » (débrayage, grève) et « sans arrêt de travail » (grève perlée, consistant à effectuer le travail au ralenti, manifestation, pétition, refus d’heures supplémentaires). De fait, l’augmentation de la proportion d’établissements ayant connu des conflits sans arrêt de travail se révèle beaucoup plus marquée que celle des établissements ayant connu des conflits avec arrêt de travail.

Refus des heures supplémentaires
Cela signifie-t-il que l’on assiste à un effacement de la grève, du conflit ouvert, et à la montée de modes d’action moins « coûteux » pour les salariés, voire de formes de retrait comme pourrait le signaler le refus d’heures supplémentaires ? Rien ne permet d’aller aussi vite dans l’interprétation, tant les données sont entremêlées et donnent à voir à la fois des continuités et des changements.

Autre idée reçue battue en brèche par l’enquête : l’industrie demeure bien le lieu central d’éclosion des grèves, et plus généralement des conflits du travail ; 41,5 % des directions d’établissements de ce secteur ont déclaré s’être heurtées à au moins un conflit entre 2002 et 2004, contre 30,1 % des établissements de services et 18 % dans la construction et le commerce. Les bouleversements économiques intervenus dans l’industrie (filialisations, externalisations, délocalisations, restructurations), ainsi que la médiatisation de quelques luttes spectaculaires (Moulinex, Cellatex, ou Jallatte l’an dernier (1)), avaient pu laisser croire que les conflits industriels se réduisaient désormais à des actes de résistance sporadiques et désespérés pour le maintien de l’emploi : il n’en est rien.

Les occupations d’usines avec séquestration ou les menaces de destruction de biens, signes de la « désespérance » des salariés, demeurent exceptionnelles. Autrement dit, leur surexposition masque la prégnance et surtout la diversité des motifs et des pratiques d’une contestation beaucoup plus ordinaire.

Si l’on regarde du côté des revendications, l’emploi en tant que tel n’occupe « que » le troisième rang (21 % des directions d’établissements en conflit). Il se situe ainsi loin derrière les salaires, qui sont au cœur de plus de 50 % des luttes, et même derrière les questions de durée du travail (29 %). De façon plus générale, les problèmes liés au temps de travail ont crû entre les deux périodes de l’enquête, lesquelles sont bornées par la mise en œuvre des trente-cinq heures. Mais il n’est pas anodin de noter que le refus d’heures supplémentaires, forme peu organisée, à la frontière de l’individuel et du collectif, est le type de conflit qui a le plus augmenté, quel que soit le secteur d’activité (à l’exception de la banque). Rappelons d’ailleurs que ce mode de protestation peut être motif de licenciement. A l’heure des slogans du type « travailler plus pour gagner plus » et de la mise à bas des trente-cinq heures (2), les déclarations des directions d’entreprise à ce sujet — et pas seulement des syndicalistes — ne manquent pas de piquant !

Si le secteur industriel demeure le plus conflictuel, la façon dont on y proteste connaît cependant des transformations. Un bon exemple en est fourni par le recours aux débrayages, qui témoigne aussi bien des limites de la mobilisation que du renouvellement de ses techniques. Un arrêt de travail, même de très courte durée, peut avoir des répercussions importantes sur une production à flux tendu. Cette forme d’action permet de rendre un mouvement moins coûteux et de l’inscrire plus facilement dans la durée. Elle intègre aussi les difficultés objectives à entraîner dans une action longue des ouvriers dont les salaires sont très bas et le statut éventuellement précaire. Des techniques de lutte anciennes peuvent donc se révéler novatrices dans leur usage contemporain.

De plus, comme par le passé, la taille des établissements et la présence syndicale jouent un rôle décisif dans le déclenchement des mouvements. Les entreprises connaissent une situation bien plus souvent agitée quand elles sont dotées de délégués syndicaux (50 % des directions d’établissement déclarent alors au moins un conflit, contre 20 % lorsque sont seulement présents des représentants élus et 15 % lorsqu’il n’y en a aucun). Voilà qui tord le cou à l’idée que les syndicats seraient nécessairement de simples appareils bureaucratiques détachés de leur base et qui incite à mieux comprendre ce qui se joue dans le travail de « mise en mots » des mécontentements individuels réalisé par les militants.

Enfin, un dernier résultat vient contredire les grands discours sur les vertus forcément pacificatrices de la négociation et sur la nécessaire adaptation des syndicats à des pratiques plus consensuelles. Dans ses éditions de 1996-1998 et de 2002-2004, l’enquête Réponse montre au contraire qu’une forte activité de négociation va de pair avec un haut niveau de conflictualité. En réalité, il s’agit de formes sociales proches et interdépendantes : la négociation fait surgir le conflit, et, inversement, le conflit crée les conditions de la négociation. L’opposition binaire, qu’elle soit conceptuelle ou empirique, entre négociation et conflit — la première étant appelée à se substituer au second —, relève d’une vue de l’esprit et ne résiste pas à l’épreuve des faits.

Il en va de même pour les vertus supposées des différents outils de management. Ces derniers ont été employés pour, au gré des modes successives, assouplir les échelons hiérarchiques, accroître la motivation et l’initiative des salariés, ou encore renforcer la capacité de l’encadrement à identifier les attentes et les problèmes du personnel. Ils ont surtout été pensés comme des moyens de contourner les syndicats, de réduire leur influence et d’obtenir, par d’autres biais que la prescription stricte des tâches et la pression hiérarchique, des formes de consentement au travail.

Or, là encore, la réalité des relations sociales telle qu’elle est saisie par l’enquête Réponse invite à relativiser leur impact : les dispositifs visant à favoriser la « participation » des salariés ne provoquent pas une baisse de la conflictualité, au contraire — et cela est vrai indépendamment de la taille de l’entreprise, du secteur d’activité, de la présence ou de l’absence de syndicat. Les établissements où se tiennent des réunions régulières avec les salariés (dans le cadre d’ateliers, de bureaux, de groupes de qualité, etc.) et où sont mises en œuvre d’autres techniques d’expres​sion(boîtes à idées, enquêtes de satisfaction) déclarent plus de conflits, avec ou sans arrêt de travail, que ceux qui s’en abstiennent.

Contestations individuelles et collectives
On notera en outre que davantage d’établissements sont concernés par des recours aux prud’hommes à l’initiative des salariés (aidés ou non des syndicats) : selon les déclarations des représentants de la direction, ils passent de 36 % pour 1996-1998 à 42 % pour 2002-2004. Les sanctions et l’absentéisme, en augmentation, témoignent également de l’âpreté des relations de travail. Selon l’étude, en 2004, 72 % des entreprises ont sanctionné un ou plusieurs salariés, tandis que l’absentéisme constitue un « problème » pour 47 % des directions (3). C’est particulièrement vrai lorsque les ouvriers ou les employés sont les plus nombreux dans l’établissement ; ce résultat n’est guère surprenant : le faible intérêt du travail, le caractère éventuellement répétitif des tâches, la pénibilité, la pression hiérarchique poussent plus facilement à mettre en œuvre cette stratégie individuelle d’évitement et de retrait.

En même temps, les formes de protestation individuelles sont loin de constituer un simple pis-aller face aux difficultés d’une action collective. Une comparaison avec la précédente enquête Réponse permet, au contraire, de repérer une association plus forte entre contestation individuelle (recours aux prud’hommes, sanctions, absentéisme posant problème aux directions) et conflits collectifs (sous forme d’arrêts de travail, de refus d’heures supplémentaires, de pétition ou de manifestation).

Une démarche individuelle peut constituer le préalable à une mobilisation collective qui prendra forme en raison d’un événement donné, ou du rôle catalyseur joué par des militants syndicaux. De même, un mécontentement individuel peut demeurer à l’état latent, sans que le conflit éclate, mais se traduire par des relations très tendues au sein de l’entreprise. Voilà qui permet de sortir du schéma dichotomique dans lequel on enferme communément les formes de protestation — soit collectives, soit individuelles —, en les replaçant au sein d’une même dynamique, dans laquelle l’importance des médiations, en particulier syndicales, se maintient.

(1) Sur Moulinex, lire Frédéric Lordon, « Comment la finance a tué Moulinex », Le Monde diplomatique, mars 2004. L’entreprise de chaussures Jallatte a fait parler d’elle quand son ancien patron Pierre Jallatte s’est suicidé en juin 2007, après avoir appris que le nouveau propriétaire allait délocaliser. L’usine textile Cellatex, à Givet, dans les Ardennes, a défrayé la chronique en 2000, quand, à la suite d’un plan de licenciement, les salariés ont menacé de déverser dans la rivière locale des produits chimiques pour obtenir des négociations.

(2) Cf. Jérôme Pélisse, « L’enterrement des 35 heures ? Récit d’un basculement du droit du travail », 5 septembre 2008, La vie des idées.

(3) Les questions concernant l’absentéisme reposent en effet sur une appréciation subjective sans que l’on puisse le quantifier ni en repérer la fréquence.
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Au-delà de la grève, des formes de lutte insoupçonnées :: Commentaires

country skinner

Message Lun 16 Mar 2009 - 11:18 par country skinner

http://www.ladepeche.fr/article/2009/03/13/572878-Consommation-ils-prennent-aux-riches-pour-donner-aux-pauvres.html

Une quarantaine de militants de l'« autoréduction » ont pris pour 4 000 € de nourriture dans un supermarché, mercredi. Une action revendiquée appelée à se renouveler.

Un chariot dans un supermarché. Photo archives DDM« Ce que le capitalisme nous vole, nous nous le réapproprions pour le redistribuer ». Après la spectaculaire razzia de ces Robin des Bois contemporains, mercredi au Supercasino de l'avenue Honoré-Serres (1) (six chariots pour un montant d'environ 4 000 €), les militants de l'« autoréduction » promettent de repasser à l'attaque en multipliant ce genre d'actions.

Hier à midi, alors que sept d'entre eux finissaient leur garde à vue, les membres de l'assemblée générale interluttes qui a revendiqué l'action campaient devant le commissariat boulevard de l'Embouchure. Dès la veille, ils exigeaient « leur libération immédiate et le retrait des charges retenues contre eux ». Ils n'ont que partiellement obtenu satisfaction : les sept ont été laissés libres vers 13 h 30, mais comparaîtront devant le tribunal correctionnel en septembre.

Le phénomène de réappropriation-redistribution s'étend. Après Paris, Grenoble ou Rennes, le voici donc en plein boom à Toulouse. « On ne peut pas parler de vol, explique un anonyme de l'assemblée générale. Ce genre d'action est tout à fait légitime : la grande distribution fait des profits énormes. »

écho plutôt favorable dans la population
Vol ou réappropriation, ces faits surgissent dans un contexte de désespérance sociale de plus en plus prégnant. Ils trouvent donc assez naturellement un écho plutôt favorable dans la population, lasse d'entendre que telle ou telle société licencie à tour de bras alors qu'elle dégage des bénéfices record. « Moi je n'oserais pas mais ils ont raison, juge Estelle, une mère de famille croisée hier à la sortie du Supercasino victime de la razzia de la veille. Les jeunes ne trouvent pas de boulot ou sont exploités, et les patrons s'en mettent plein les poches. C'est injuste ».

Contestation du système capitaliste fondé sur l'argent-roi, de l'aliénation par le travail et de l'individualisme, l'autoréduction ne date pas d'hier. Les autoréducteurs d'aujourd'hui sont les héritiers des autonomes italiens des années soixante, soixante-dix. Plus récemment et aujourd'hui encore, à Barcelone, le mouvement « Dinero Gratis » (argent gratuit) multiplie les « prélèvements » dans les supermarchés. Avant mercredi, Toulouse avait connu pareilles actions commando en 1997 et 2006. Elles sont appelées à se renouveler.


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La police sur les dents
La réponse policière à l'action des Robin des bois toulousains témoigne de l'inquiétude de l'État face à un phénomène de société dont il craint la prolifération. L'affaire de Tarnac - les sabotages de caténaires SNCF - et, plus encore, les récents mouvements de révolte sociale en Guadeloupe, inquiètent le pouvoir.

À Toulouse, l'interpellation, violente selon des témoins, des sept autoréducteurs Saint-Sernin en pleine redistrbution de victuailles dont du champagne, constitue une première. A Paris le jour du réveillon de Noël, comme lors d'actions similaires à Grenoble ou Rennes, aucune poursuite n'a été engagée. Pas plus que les précédents toulousains, en 1997 aux Galeries Lafayette, ou en 2006, au Géant Discount de Basso Cambo, en marge des manifestations anti-CPE.

Toulouse marque donc un tournant. Ces signes de durcissement sont qualifiés par l'assemblée générale interluttes de « criminalisation des mouvements sociaux ». Preuve supplémentaire que l'État ne prend pas le phénomène à la légère, le parquet n'a finalement pas opté pour la comparution immédiate des sept interpellés, initialement envisagée aujourd'hui. Par crainte de donner une trop large tribune à l'affaire, et d'une éventuelle manifestation lors de l'audience. Laissés libres à l'issue de leur garde à vue, les sept interpellés seront convoqués le 8 septembre devant le tribunal correctionnel pour répondre de faits de vol en réunion. J.-L. D.-C.


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Le FLPC offre des places pour AC/DC
Dans le genre partage des richesses, un curieux Front de libération des places de concert d'AC/DC (FLPC AC/DC) fait fureur sur le site You Tube. Ce commando a proposé de mettre à la disposition des fans du groupe australien des billets de concert pour ceux qui en étaient privés. Après un faux cambriolage au siège d'un grand distributeur de musique, pour s'emparer des places, ces dernières sont redistribuées dans plusieurs grandes ville de province, dont Toulouse.


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une action revendiquée à « La Dépêche »
« Ceci n'est pas une action isolée »
Par téléphone, mercredi soir, l'assemblée générale a revendiqué l'action menée dans le Casino de la rue Honoré-Serres : « Mercredi 11 mars, sept personnes ont été interpellées alors qu'une action collective d'autoréduction dans un supermarché de Toulouse venait d'avoir lieu. Cette action appelée par l'assemblée générale interluttes avait pour but la réappropriation et la redistribution de denrées alimentaires.

Alors que la grande distribution multiplie les profits, nous avons du mal à finir le mois ; surtout les 30 derniers jours.

Face aux attaques continuelles contre nos conditions d'existence, cette assemblée générale interluttes veut agir concrètement pour une société solidaire.

Ceci n'est pas une action isolée. Partout en France des collectifs s'organisent et multiplient blocages et autoréduction. Cette pratique de lutte existe depuis plus de 10 ans et sa criminalisation aujourd'hui participe d'une répression croissante des mouvements sociaux.

Ces sept personnes toujours en garde à vue au moment où nous écrivons ces lignes (elles ont été libérées hier, NDLR) risquent une condamnation pour vol aggravé. Nous exigeons leur libération immédiate et le retrait des charges retenues contre elles. »

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Donald11

Message Lun 9 Mar 2009 - 17:55 par Donald11

Comme quoi :
1) Les pauvres sont beaucoup moins cons que les riches car ils savent reconnaitre l'utilite des medias.
2) Ce genre d'exercice est beaucoup plus sympatique qu'une operation ratonnade dans les transfo edf du 9-3
3) ... mais beaucoup moins mediatique pour les gros porcs qui tiennent les grosses ficelles des medias ...

Pour ca, je jubile interieurement ... tandis que Borloo et Bachelot me donneraient plutot l'envie de gerber ....

J'ai beaucoup apprecie cet article.

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country skinner

Message Lun 9 Mar 2009 - 13:04 par country skinner

http://www.leplanb.org/numero-en-cours/danse-avec-les-pauvres.html

Début janvier, un collectif de chômeurs qui organise des réquisitions dans les supermarchés était assailli par une douzaine de journalistes affamés de sujets sur la « crise ». Le Plan B s’est procuré leurs courriers…Le 31 décembre, une cinquantaine de chômeurs, précaires et intermittents font irruption au Monoprix du boulevard Saint-Antoine, à Paris, et réquisitionnent treize chariots remplis de victuailles délicieuses. Cette « autoréduction », comme ils l’appellent, n’a rien de révolutionnaire : chaque année, au moment des fêtes, il est d’usage que des collectifs de galériens s’invitent dans les supermarchés et règlent leurs achats en distribuant des tracts plutôt que des euros. En général, la direction laisse faire. Du moment que l’opération se déroule vite et bien, le taulier préférera toujours, fût-ce la mort dans l’âme, sacrifier quelques chariots plutôt que de provoquer un grabuge qui porterait préjudice à la « magie des fêtes » et du chiffre d’affaires.

Comme prévu, l’opération au Monoprix se déroule sans incident majeur. « Lors de la négociation, le directeur du magasin a bien proposé de garnir lui-même les Caddies, qui contenaient trop de produits “festifs” à son goût. Mais, comme sa seule préoccupation était que ça ne traîne pas trop, parce qu’il était mal à l’aise devant ses employés, il a lâché le morceau », raconte au Plan B l’un des « Empêcheurs d’encaisser en rond », qu’on appellera André. « Il a donné l’ordre aux caissières de laisser passer les chariots et nous nous sommes retrouvés dans le fond du magasin à emballer la marchandise dans de grands sacs roses, ajoute Françoise,une camarade d’André. C’était assez tendu parce qu’on était entre les clients, les employés et les flics, que le directeur avait dissuadés d’intervenir alors qu’ils en avaient très envie. Les plus furieux, c’étaient les gros bras qui commandaient les vigiles. Ils n’ont pas arrêté de nous insulter. Ça leur foutait les boules de voir que leur patron avait accepté de négocier. Certains employés trouvaient ça honteux également, mais ils étaient moins vindicatifs. J’ai même vu une salariée nous souffler discrètement: “Bravo, vous avez raison.” »


Paris-Match, « un bon vecteur pour faire parler de vous »
L’affaire est pliée en une demi-heure, donnant lieu à un somptueux gueuleton savouré en compagnie des sans-papiers de la Bourse du travail et des mal-logés qui occupent un gymnase voisin. Car c’est là un autre usage bien établi : pas d’autoréduction sans redistribution.

Mais, cette année, les médias aussi réclament leur part du festin. Et leur faim est grande. Dans les jours qui suivent le réveillon, la Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France (CIP-IDF1) – soupçonnée par Monoprix d’être l’instigatrice du réveillon libre – est harcelée par une douzaine de journalistes avides de prendre leur ticket pour une prochaine sortie au supermarché. Ou, à défaut, de récolter quelques témoignages chocs pour étayer un sujet vendable sur la « crise », le « pouvoir d’achat » et le « ras-le-bol des ménages ». « C’est incroyable, soupire André. En 2003 et 2004, alors que le mouvement des intermittents était au plus haut, que presque tous les théâtres et lieux de spectacle étaient en grève, que les festivals étaient annulés, il était quasiment impossible de faire passer nos revendications dans la presse. Et aujourd’hui, pour une petite autoréduction de rien du tout, les journalistes nous font la danse du ventre! »

Conscients des limites de leur pouvoir de séduction, les chippendales du Parti de la presse et de l’argent (PPA) se dévoilent avec précaution. « J’ai cru comprendre que vous n’aviez pas une très haute opinion de Paris Match. Bon. C’est votre droit, écrit l’un d’eux. Enfin, ça peut être un bon vecteur pour faire parler de vous, expliquer vos combats, notamment à des gens qui ne partagent pas forcément vos idées. Au moins, donnez-moi ma chance et rencontrons-nous! » Vous ne nous aimez pas, mais nous allons « faire parler » de vous : c’est l’argumentaire que le PPA déroule chaque fois qu’il tente d’amadouer des contestataires. « Je m’appelle E. H. et je suis journaliste à TF1, se présente un autre. J’imagine que cette première phrase ne me vaudra pas forcément une sympathie immédiate… Néanmoins, j’aurais aimé pouvoir discuter avec vous sur les actions de votre collectif. Je souhaiterais réaliser un reportage pour le journal de 20 heures sur les nouvelles formes de militantisme et de désobéissance citoyenne. » Le type même de sujets qu’adore Nonce Paolini, le nouveau PDG du groupe TF1.

En temps normal, la presse n’aime jamais autant les pauvres que lorsqu’ils essuient une larme aux Restos du cœur. Mais la « crise » a modifié la demande journalistique. Les pauvres, désormais, c’est presque tout le monde. Et presque tout le monde peut s’identifier à des partageurs dépenaillés qui apprécient le foie gras et s’organisent pour en obtenir. Le pauvre ne constitue plus un objet de compassion, mais une menace contagieuse qu’il convient de circonscrire à des sujets spectaculaires estampillés « Nouveau ». Peu importe le fait qu’en 1998 des collectifs de chômeurs se servaient déjà en grande surface : « Une nouvelle forme d’action est née en ces temps de crise », claironne Le Journal du dimanche sous le titre « Partis sans payer ! » (4.1.09).

Pour accéder à cette nouveauté, l’envoyé spécial de Canal+ accepte de payer de sa personne. « Je trouve votre démarche, vos motivations et vos revendications très intéressantes, surtout en cette période de crise, explique-t-il. Je pourrais opérer en caméra cachée, et ensuite flouter les visages de toutes les personnes ne souhaitant pas apparaître à l’écran. » « Flouter » les motivations politiques des militants pose encore moins de problèmes. « Le 1er janvier, Rue89 avait déjà mis en ligne un papier sur notre action du réveillon, faitobserver Françoise. L’article était parsemé d’expressions comme: “radicalisation des autonomes”, “héritiers des autonomes italiens des années 1970”, “retour des pratiques largement expérimentées dans l’Italie des années de plomb”… Ce n’est pas encore “l’ultragauche à gauche de la gauche de l’extrême gauche”, mais ça crée un climat… » La « radicalisation » a beau être « nouvelle », elle puise nécessairement aux racines du terrorisme.

Comment les Empêcheurs d’encaisser en rond réagissent-ils aux sollicitations des médias ? « La réponse est à chaque fois la même, assure André. On leur dit: “On n’est pas là pour faire du spectacle pour les JT ou pour donner des images qui serviront à la police. Par contre, si vous voulez qu’on vous parle du RSA, de la convention chômage ou du nouveau modèle d’indemnisation chômage des intermittents, on vous accorde tout le temps qu’il faut.” Inutile de dire qu’à ce moment-là il n’y a plus personne. » Ou alors, des pigistes armés de leurs bonnes intentions, comme cette collaboratrice du Nouvel Observateur qui fut autorisée à suivre l’opération du réveillon. « Elle a fait un papier très complet, avec des témoignages d’employés, de clients, explique Françoise. Elle l’a proposé à son chef, qui l’a refusé. Du coup, l’article est devenu un simple commentaire sur un forum. Et après on s’étonne que tous les journaux racontent la même chose… »

L’affaire résume bien le biais de la relation entre journaliste et militant. Le premier affiche sa sympathie pour la cause du second ; jeune, précaire, sous-payé, il partage parfois ses conditions d’existence. Mais sa bonne volonté ne suffit pas. Comme celle de la caissière du supermarché, la liberté du journaliste est subordonnée au bon vouloir de son chef. Lequel ne défend pas les chômeurs et précaires : il les produit.

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country skinner

Message Jeu 12 Fév 2009 - 13:30 par country skinner

mardi 10 février 2009, par JBB

http://www.article11.info/spip/spip.php?article297

La gratuité des transports en commun ? Une revendication vieille comme le métro… Si de rares municipalités l’ont mise en place, l’écrasante majorité s’y refuse. Pas grave : mobilisés depuis 1998, les militants de la gratuité poursuivent le combat, notamment en créant des mutuelles, et luttent contre ce laboratoire répressif que sont devenus les transports. Manue et Gildas, du Réseau pour l’abolition des transports payants, l’évoquent pour Article11.

Le propre de la société en place est de nous faire croire qu’il n’existe pas d’alternative, qu’il ne serait pas possible d’aller contre un principe de réalité érigé en dogme. Une certitude si ancrée qu’elle fait passer ceux qui pensent autrement pour de doux utopistes, incapables de voir plus loin que le bout de leurs rêves enfumés. Ou - au mieux - pour de gentils agitateurs dont il serait salvateur qu’ils n’aient pas le pouvoir de mettre en place les ruptures qu’ils prônent. Tous discrédités, donc. Y compris les militants de la gratuité des transports, mot d’ordre popularisé depuis les mouvements sociaux de 1998 mais très rarement mis en application. Pourtant…

Une utopie ? Mon oeil !

La gratuité des transports publics n’est déjà plus une utopie en quelques communes privilégiées. A Châteauroux, la municipalité l’a mise en place depuis 2001, partant du constat que le paiement du ticket par les usagers ne représentait qu’un pourcentage marginal du coût total des transports :

"La billetterie rapportait (…) environ 366 000 €, ce qui ne représentait que 14 % du coût du réseau. Bien que cette somme ne soit pas négligeable, cette entrée d’argent ne représentait pas un apport significatif, ni une manne indispensable au fonctionnement de notre réseau. Dans notre réflexion sur le passage à la gratuité, des solutions alternatives permettant d’équilibrer nos comptes sans ces recettes ont été étudiées, explique ainsi Jean-François Mayet, maire de Châteauroux, en une interview donnée au Mague.

Avant le passage à la gratuité, il n’était déjà pas fait appel à la fiscalité locale. Il n’y a donc pas eu de hausse des impôts. La suppression des recettes a été compensée par une augmentation du Versement Transport de 0,55 % à 0,6 % (taxe prélevée sur la masse salariale des entreprises de plus de 9 salariés installées sur l’agglomération). Ajoutez à cela la réduction du coût des prestations, concédée par la société exploitante du réseau."

Châteauroux n’est pas seule. La ville de Compiègne pratique la gratuité des transports depuis 33 ans, celle de Vitré s’y est mise plus récemment. Enfin, la communauté d’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Etoile s’y colle en ce début d’année : « Les élus relèvent que les recettes de la billetterie représentent moins de 9 % sur un budget annuel des transports de 9 millions d’euros. Sans oublier le coût de l’émission des billets, de leur contrôle… Au final, le surcoût de la gratuité est estimé à 700 000 €, une somme que l’agglomération est prête à assumer », relève le site Carfree France..

Juste la preuve que c’est possible. La gratuité des transports n’a rien d’une utopie, mais relève d’une simple question de priorité des collectivités. Et là où elle n’est pas mise en place, il appartient à chaque citoyen de la pratiquer. En clair : vive la fraude !


Quand l’exemple vient d’en haut…
Frauder ? Ok, mais avec une assurance…

Frauder ? C’est bien gentil… Mais encore faut-il s’en sortir gagnant, le montant des amendes n’excédant pas celui du coût des tickets qui auraient dû être réglés. Là, guère de solution, sinon compter sur la chance, sur sa capacité à courir vite pour échapper aux contrôleurs ou… sur une mutuelle. Le principe ? Contre le paiement d’un forfait mensuel par ses membres, une mutuelle de fraudeurs prend en charge les éventuelles amendes. A Paris, elles sont quatre à fonctionner sur ce modèle, la plus importante, celle du Réseau pour l’abolition des transports payants (RATP), comptant une quarantaine d’adhérents.

« Le collectif RATP a été créé en 2001 par des militants - surtout issus de la Fédération anarchiste et du groupe No Pasaran du Scalp, mais aussi d’AC, d’Alternative Libertaire et de la CNT - qui s’étaient saisis depuis les mouvements des chômeurs de 1998 de la question de la gratuité des transports en commun. Il s’agissait d’abord de revendiquer cette gratuité pour les précaires et les chômeurs, puis pour tous les usagers, explique Gildas. Histoire de faire connaître ce mot d’ordre, nous avons organisé des opérations portes ouvertes, en distribuant des faux tickets et en ouvrant les portillons aux usagers du métro. Des opérations qui ont très vite popularisé nos revendications. »


La sauce a pris, en partie relayée par les médias et par les usagers. Et n’est sans doute pas étrangère à la décision de la région Île-de-France de mettre progressivement en place - à compter de 2006 - la gratuité des transports pour les chômeurs et bénéficiaires de minimas sociaux. Pas question, par contre, d’étendre cette gratuité à tous les utilisateurs des transports en commun. Une réalité qui a poussé les militants du RATP à trouver un biais pour la mettre réellement en pratique :

« On a lancé la mutuelle en 2005, avec cette volonté de montrer qu’on pouvait mettre en place un outil permettant la gratuité, même à petite échelle. Pour nous, c’était une application concrète, histoire de montrer que notre revendication pouvait être mise en œuvre tout de suite. C’est surtout une pratique collective et solidaire, quelque chose de très important dans une société où chacun essaye de fuir et de se débrouiller dans son coin », souligne Manue.

Il s’agit « d’assumer collectivement l’illégalité, précise Gildas, et de permettre aux fraudeurs d’assumer le non-paiement du ticket en donnant un sens politique à leur geste ». Pas si anodin que ça, nombre d’usagers des transports en commun se refusant à frauder par peur des contrôles : « Savoir qu’ils ont un collectif derrière eux aide certains usagers à sauter le pas. Ce n’est pas si facile, tant certains vivent très mal la hantise des contrôles et l’humiliation de la verbalisation. » Logique.

Dans la pratique ? Le Réseau pour l’abolition des transports payants a institué un rendez-vous [1], histoire que les membres se connaissent, fassent le point sur les actions et règlent leur écot du mois à la mutuelle. Le montant ? Sept euros par mois, cotisation permettant à la structure informelle de ne pas faire de déficits et de pratiquer des tarifs réduits à l’intention de ceux qui ont des moyens limités. Une assurance risque qui couvre les contraventions émises dans les bus, métros et RER d’Île-de-France.

Facile à mettre en place, ce type de structure pourrait essaimer partout. « Il suffit d’une vingtaine de membres pour qu’une telle mutuelle fonctionne. Un réseau de potes peut suffire, comme à Montreuil où une mutuelle s’est créée entre amis, assure Manue. Notre principal objectif est que les gens s’organisent. Plus il y aura de mutuelles, plus les transports payants verront leur légitimité menacée », confirme Gildas. En un mot : bougez-vous les fesses !

Une affaire de ticket ? Pas seulement.

Pour les adhérents du RATP, le combat s’est élargi : il ne s’agit pas seulement de lutter pour la gratuité des transports, mot d’ordre social et écologique, mais de combattre un certain modèle de société, en pointe dans les couloirs du métro, les gares ou les stations de bus. « Les transports en commun sont devenus un lieu d’expérimentation des politiques répressives et comportementalistes », regrette Manue.

Un mouvement initié de longue date. Mais définitivement enclenché avec la Loi de sécurité quotidienne (LSQ), législation votée par les tartuffes de la gauche plurielle deux mois après les attentats du 11 septembre 2001. Dans ce pack tout-répressif, une augmentation du contrôle d’internet, des pouvoirs accrus aux uniformes de tous poils (agents de sécurité privés ou policiers), l’interdiction des rassemblements dans les cages d’escalier, la criminalisation ridicule des free-parties et… la création du délit de fraude par habitude dans les transports en commun, lequel punit d’un maximum de 7 500 € d’amende et de six mois de prison ceux qui se seraient fait verbaliser plus de 10 fois dans l’année pour défaut de paiement du titre de transport et n’auraient pas réglé leurs contraventions. En ligne de mire, les pauvres, les chômeurs et les fraudeurs, qui se sont retrouvés en masse au tribunal et pour certains derrière les barreaux [2].


Criminalisation des fraudeurs d’un côté, extension du contrôle de l’autre : avec leurs caméras partout et leurs armadas de gros bras, les gares et couloirs du métro sont devenus le lieu privilégié des pratiques répressives. « Il y a la police nationale, l’armée, les contrôleurs, la police ferroviaire… on assiste à une espèce de confusion des forces répressives, toutes unies pour faire la chasse aux sans-papiers ou aux fraudeurs », souligne Manue. Point d’orgue de cette surveillance constante sacrée par le plan Vigipirate, le pass Navigo, la puce RFID qui y est intégrée gardant trace de tous les déplacements de son propriétaire au détriment du droit des usagers à se mouvoir anonymement. « Il y a un certain nombre des adhérents de la mutuelle qui nous ont rejoints parce qu’ils refusaient le traçage du pass Navigo et qu’ils cherchaient un moyen de se déplacer anonymement », termine Gildas. Sans pass, pas de puce ; sans puce, pas de traçage. Simple.

Au final, un constat : puisqu’ils ont fait des transports en commun un laboratoire des politiques répressives, c’est là aussi que les mouvements sociaux doivent porter le combat. Hop : mutualisez-vous !


Notes
[1] Chaque premier mercredi du mois, à 19 h 30, au CICP 21, rue voltaire dans le XIe arrondissement. N’hésitez-pas, la réunion est ouverte à tous.

[2] Le cas de François Thonier, militant associatif et Rmiste, est resté emblématique : l’homme a eu droit à deux procès pour délit d’habitude et fut notamment condamné à 2 mois de prison ferme, 800 € d’amende et 769,40 € de dommages à la SNCF par la Cour d’Appel de Bordeaux le 4 novembre 2004.

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country skinner

Message Mer 21 Jan 2009 - 13:17 par country skinner

j'ai toujours pas compris pourquoi tu avais mis ta photo déguisé en VRP du café

Ma qué tou mé plais... désormais yé t'appellerai "Gringo"

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Mister Cyril

Message Mer 21 Jan 2009 - 12:31 par Mister Cyril

Vi j'avais compris...mais je n'aime pas trop la comparaison entre les "génisses des carpettes" grands dirigeants des années 70-80 et le couple maudit (quoi que entre Carla et Elena j'ai une petite préférence hormonale...)...mais j'ai toujours pas compris pourquoi tu avais mis ta photo déguisé en VRP du café... :scratch:

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country skinner

Message Mer 21 Jan 2009 - 6:42 par country skinner

Je parlais de Nicolas et Carla Ceaucescu bien sur.
Quant à la révolte des opprimés contre l'empire, la quatrième partie de la trilogie, c'est peut être dans une galaxie toute proche et dans très peu de temps... ?
La citation sur le chef et le café, c'est du grand penseur contemporain Dilbert...

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Mister Cyril

Message Mar 20 Jan 2009 - 21:14 par Mister Cyril

Bein dis donc ça si c'est pas une nouvelle triologie de Lucas "la guerre des anars" il y a longtemps dans une lointaine galaxie vivait un ancien Jedi répondant au nom de Country...
"les exploitée-s se préoccupent de prendre en charge leurs besoins, sans médiation, sans confiance dans les institutions, ici et maintenant"...je signe tout de suite Skin mais je n'y crois pas une seconde...
quant à
"Il y aura sans doute parmi les pendus des représentants des partis parlementaires "d'opposition" et des syndicalistes, aux côtés du couple Ceaucescu et de ses sbires..."
là tu charies, Elena et Nicolae sont 2 victimes d'une contre-révolution réactionnaire formantée par la CIA et les forces régressives de l'Est...la preuve le canard y passe la moitié du temps, si c'est pas une taupe à la solde du grand Capital le Donald???
Non sérieux ton paragraphe Skin c'est un coup de Calgon, ta boite va couler, tu veux envahir le Larzac?
Tchao mon pote, par contre t'es super sur la photo!!!

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country skinner

Message Mar 20 Jan 2009 - 15:51 par country skinner

il faut un minimum de "hiérarchie" et de "décideurs" pour coordonner ce genre de festivités
Tout dépend de ce qu'on entend par "hiérarchie" et décideurs, mais l'article le pose bien en préambule :
On parle d’un mouvement social “autonome”, car autonome des partis et des syndicats. Refusant la délégation et la représentation, les exploitée-s se préoccupent de prendre en charge leurs besoins, sans médiation, sans confiance dans les institutions, ici et maintenant
L'explosion prochaine sera celle du désespoir ET de l'auto organisation en local. Il y aura sans doute parmi les pendus des représentants des partis parlementaires "d'opposition" et des syndicalistes, aux côtés du couple Ceaucescu et de ses sbires...

Au-delà de la grève, des formes de lutte insoupçonnées Strong10

Le chef c'est celui qui veut pouvoir prendre la dernière goutte de café sans avoir à en refaire (mais c'est pas une citation de Vaneighem)

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Mister Cyril

Message Mar 20 Jan 2009 - 15:04 par Mister Cyril

Un peu d'accord avec Brusyl (Italie des années 70);..je sais que ça va te dresser les cheveux sur la tête (s'il t'en reste?) mais il faut un minimum de "hiérarchie" et de "décideurs" pour coordonner ce genre de festivités...non pitié ne me ressort pas ta phrase de "Vaneighem"...

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brusyl

Message Mar 20 Jan 2009 - 13:36 par brusyl

eh oui,mais c'était dans les seventies, les années d'or de l'organisation du prolétariat....
Je ne vois guère quelles organisations (sauf peut-être en ce qui concerne le réquisitions de logements vacants au profit des sans abris) pourrait aujourd'hui jouer ce rôle d'organisateur de la protestation : le NPa ? le PC ? les syndicats ? j'en doute fort......

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country skinner

Message Mar 20 Jan 2009 - 13:08 par country skinner

Téléphone

Le mouvement d’auto-réduction des factures de téléphone démarre très vite : en six mois, plusieurs dizaines de milliers de foyers refusent de payer la somme que leur demande la SIP, équivalent italien de France Telecom. En 1974, 52000 foyers italiens refusent de payer leur facture de téléphone. La SIP envoie des menaces de coupure par écrit et les met en application
début octobre. Mais la riposte ne se fait pas attendre. A Rome, où la SIP a coupé plusieurs milliers de téléphone dans les banlieues prolétaires, un premier attentat, symbolique, a lieu contre un central téléphonique. Mais quelques jours plus tard, une charge de plastic fait sauter, avec le central de la via Shakespeare, 14.000 lignes de téléphone, dont ceux de tous les ministères, ainsi que de la présidence de la République. Le lendemain, l’opération se répète à Gênes, où 15.000 téléphones sont à leur tour privés de lignes. Dans chaque cas, l’opération vise des quartiers bourgeois, en représailles des coupures intervenues dans les quartiers les plus pauvres ; on comptera, dans la semaine, vingt-sept attentats contre des centraux téléphoniques dans toute l’Italie, dont quatre au moins “réussiront”. Parallèlement, des magistrats ordonnent à la SIP de rétablir les lignes aux
usagers qui auto-réduisaient, la décision de couper ayant été prise sans tenir compte de la loi, très stricte en Italie sur ce point. Pour ceux qui autoréduisaient, c’est une première victoire, non pas tant sur les augmentations, qui restent inchangées, mais c’est la première fois que des prolétaires s’emparent collectivement, et par la violence, d’un droit insupportable à toute société capitaliste : celui de ne plus rien payer du tout. A Milan, dans la première semaine d’avril 1975, un groupe d’usagers pénètre lors d’une grève syndicale dans un central téléphonique et détruit, à coups de barre de fer, les enregistreurs d’unités. Permettant ainsi à tout un quartier de téléphoner gratuitement.

Logement

C’est en 69 que se produit l’explosion résultant des tensions accumulées durant toutes les années précédentes. A Rome, 70.000 prolétaires parqués dans des ghettos et dans des conditions catastrophiques ont en face d’eux 40.000 appartements vides qui ne trouvent pas d’acquéreurs ou de locataires en raison du coût des loyers. L’Association des Entrepreneurs du bâtiment romain reconnaît elle-même qu’il s’agit là d’une « marge de manoeuvre indispensable ». Le climat politique général créé par les luttes ouvrières et étudiantes exerce alors une grande influence dans le déclenchement d’un nouveau genre d’action : il
ne s’agit plus d’une occupation symbolique servant de moyen de pression supplémentaire dans le cadre d’une négociation au sommet. Cette dernière est refusée et les occupations prennent l’allure d’une prise de possession violente qui traduit confusément la volonté des prolétaires de prendre les biens nécessaires à leurs besoins. Ces luttes vont avoir pour conséquence de démystifier l’État qui était présenté comme « médiateur » dans la prestation des services pour tous les citoyens. Elles mettent le doigt sur la nature de classe de l’État et de l’administration communale et concrétisent une extension directe de la lutte de l’usine vers la société. En juillet 1969, la commune de Nichelino (banlieue « rouge » de Turin) est occupée : aucun-e de ses habitant-e-s ne paye de loyer. En 1974, 600 familles d’ouvrier-e-s de Fiat Mirafiori (Turin toujours) se mettent à squatter des bâtiments vides. En 1976 à Milan, 5.000 familles squattent, 20.000 auto-réduisent leur loyer et 12.000 leur facture d’électricité. 100 bâtiments sont ouvertement squattés. « Les retards de paiement des loyers, habituellement de1 à 2%, ont grimpé à un niveau “politique” : 20%. » A Rome, c’est à partir du 15 janvier 1974 qu’on entre dans la phase ascendante du mouvement : en trois mois, plus de quatre mille appartements vont être successivement occupés, (...) Début septembre 1974, cela fait onze mois que 147 familles occupent des immeubles appartenant à l’IACP (Istituto Autonomo delle Case Popolari, organisme de logements sociaux). Le jeudi 5 septembre, la police intervient de manière ultra-violente pour déloger les gens qui avaient investis ces immeubles. Ils parvinrent à expulser quelques familles, mais c’était sans compter sur la détermination des personnes ni sur leur capacité à organiser la contre-attaque. Les jours suivants, des personnes affluent de tous les quartiers pour s’affronter avec la police. Un manifestant y perdra la vie. Et quand plus tard, la police sortira à nouveau ses armes à feu, elle aura la surprise de voir que le plomb ne vient pas uniquement de son côté. Huit policiers sont touchés grièvement, dont un commissaire. Le vent a tourné. L’occupation militaire, qui avait duré quatre jours, prend ainsi fin. Le lendemain, les négociations pour reloger dans les mêmes conditions les 147 familles de San Basilio, les 30 de Casal Bruciato et les 40 de Bagni di Tivoli commencent. Elles aboutiront très vite tant la détermination du quartier a fait peur.
(...) Les « accords » se multiplient. Le mouvement des occupations était déjà massif à Naples, Salerne et Turin. Le 27 novembre, les 700 à 800 familles qui occupaient gagnent : 368 familles obtiennent un appartement dans les quinze jours, 325 dans les trois mois et les 130 autres en 1975. Elles obtiennent également la garantie que le loyer ne dépassera pas 12% de leur
salaire, ce qui est très proche de la revendication initialement posée : pas de loyer au-dessus de 10% du salaire !
Ces luttes ont par ailleurs pu mettre en crise la structure du secteur du bâtiment public. Là où, en effet, la politique réformiste du PCI n’avait jamais réussi à venir à bout de la spéculation, la lutte ouverte a commencé à le faire.

Supermarché

Les auto-réductions dans les supermarchés consistent à s’y rendre en nombre et à en sortir les marchandises sans payer ou en n’en payant qu’une partie. Des noyaux d’ouvriers décidés vont choisir la seule forme de lutte capable de faire céder les supermarchés : l’appropriation collective, violente s’il le faut, remettant en cause le respect de toute propriété privée ; sans qu’il s’agisse pour les ouvriers d’un vol, comme l’affirmait un tract distribué lors d’une de ces actions : « les biens que nous avons pris sont à nous, comme est nôtre, tout ce qui existe parce que nous l’avons produit ».
Voici le récit d’une auto-réduction organisée à Milan en 1976, paru dans le journal Contro-informazione. « Ceux de l’Alfa et des petites usines du quartier Sempione avaient choisi comme objectif un quartier populaire, Quarto Oggiaro. Pourquoi Quarto Oggiaro ? Pour la composante sociale qu’on y trouve, ouvriers des grandes et petites usines et sous-prolétaires qui sont directement touchés par le problème de l’augmentation des prix. De plus, 50% des habitants y pratiquent la grève des loyers. La chose a été bien organisée, et tout à été fait pour garantir aux camarades un maximum d’impunité, ainsi qu’aux gens qui rentraient « faire des achats ». Un retraité est sorti, le chariot plein de vivres, et il a dit en milanais : « Ils ont raison ceux-là, on ne peut pas vivre avec 75.000 lires par mois », et il s’en est allé à la maison avec son chariot. Les gens n’ont même pas
respecté le mot d’ordre syndical qui voulait qu’on paye la moitié environ du prix des produits. Ils ont compris que même cette attitude n’est plus possible, et l’opinion selon laquelle il faut prendre les choses sans attendre l’intervention du syndicat est en train de prendre racine chez les prolétaires et les ménagères exploités du quartier, refusant la logique du contrat : « Je te donne une chose et tu m’en donnes une autre ».

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country skinner

Message Mar 20 Jan 2009 - 13:08 par country skinner

Contexte politique

On parle d’un mouvement social “autonome”, car autonome des partis et des syndicats. Refusant la délégation et la représentation, les exploitée-s se préoccupent de prendre en charge leurs besoins, sans médiation, sans confiance dans les institutions, ici et maintenant, sans attendre une hypothétique et lointaine révolution préparée par des élites.
En 1973, la crise apparaît en Italie comme dans les autres pays occidentaux. Le Parti communiste (PCI) et les syndicats appellent la population à se serrer la ceinture, mais les comités autonomes répondent que les prolétaires n’ont pas à se sacrifier pour la bonne marche de l’économie, et défendent plutôt le vol et l’auto-réduction. L’auto-réduction, ça consiste à refuser ensemble de payer le prix demandé pour différents services, l’électricité, le téléphone, les transports, les loyers, et même la nourriture et les autres biens de consommation. On paye soit l’ancien prix (lorsqu’il augmente), soit moitié prix, soit rien du tout. Cette forme de désobéissance va se répandre comme une traînée de poudre dans tout le pays, souvent soutenue par les ouvriers des services concernés.
Si le mouvement des auto-réductions a pu se développer à une échelle de masse, c’est qu’il existait en Italie des luttes d’usines particulièrement fortes et permanentes. Mais c’est aussi parce qu’à la différence de l’Angleterre, où les ouvriers restent souvent enfermés au seul niveau de l’entreprise, ici les conflits sortent de l’usine. Le capitalisme casse le modèle de l’usine, où les ouvrier-e-s sont rassemblé- e-s et relativement puissant-e-s. Il délocalise, sous-traite, disperse et réduit les unités de production. La lutte des classes est toujours moins centralisée dans l’habituelle usine, entre l’ouvrier-e et le patron, et se dilue de plus en plus dans beaucoup d’aspects de la vie quotidienne, et touche d’autres personnes. Les autonomes remarquent ce glissement, et se mettent à lutter sur tous les domaines de la vie : logement, accès aux fluides, information parallèle, patriarcat... Ils analysent la situation en parlant « d’usine diffuse », concept qui justifiait la sortie de l’usine au nom du fait que tout, en définitive, de la consommation de marchandises culturelles au travail domestique, contribuait désormais à la reproduction de la société capitaliste, et que donc l’usine était désormais partout. Le mouvement révolutionnaire n’appartient plus à la classe ouvrière en tant que telle, mais à « l’ouvrier social » : une catégorie suffisamment élastique pour intégrer les femmes, les chômeurs, les artistes, les marginaux, les jeunes révoltés de toutes sortes. Cette évolution contenait en soi, à plus ou moins brève échéance, la rupture avec le socialisme et avec ceux qui, comme les Brigades Rouges et
certains collectifs de l’autonomie ouvrière, voulaient croire que « la classe ouvrière reste de toutes façons le noyau central et dirigeant de la révolution communiste ».

Électricité

Auto-réduire ses factures d’électricité, ça veut dire refuser unilatéralement de payer le prix demandé, par conscience et par refus du système de profit qui tourne autour des fluides. Les factures sont payées soit à l’ancien prix (après une augmentation), soit à moitié prix, soit au prix que paient les entreprises, soit pas du tout. Parfois elles sont ornées du tampon du comité d’usine. Ces auto-réductions prennent beaucoup d’ampleur. Ainsi le 12 novembre 1974 à Turin, par exemple, 80.000 personnes manifesteront et brûleront la lettre que l’ENEL (équivalent italien d’EDF) leur a envoyé pour les menacer poliment de poursuites judiciaires s’ils et elles continuent à auto- réduire leur facture. Parfois, les habitant-e-s d’un quartier s’organisent
pour faire des « piquets » devant les compteurs de leurs immeubles, et empêcher ainsi que les employé- e-s de l’ENEL puissent les relever. Parfois, ce sont les employé-e-s mêmes qui refusent de relever les compteurs ou de couper l’électricité : les mouvements d’auto-réduction de l’électricité sont, pour beaucoup, lancés et appuyés par les comités d’ouvriers de l’ENEL, bien placés pour connaître et diffuser les détails des finances de l’ENEL... En 1974, on peut estimer à 280.000 les foyers qui recourent dans toute l’Italie à l’auto-réduction. Devant l’ampleur de la catastrophe, l’ENEL et le gouvernement se dépêchent de négocier. Ils trouvent d’ailleurs des syndicats assez contents de s’asseoir autour du tapis vert. La gauche syndicale a été débordée et partout, sauf à Turin, les luttes les plus importantes sont menées par des collectifs ou des groupes autonomes, dans un cadre résolument extra-syndical. D’autant qu’immanquablement, autour des auto-réductions des notes d’électricité, surgissent les problèmes du gaz de chauffage, du téléphone, des charges locatives, de la redevance de la télévision, etc. La lutte risque alors d’échapper aux limites précises d’une négociation et sur l’exercice du pouvoir des prolétaires dans la société.
Ainsi le PCI, face à l’émergence de ce mouvement, restera indifférent, se limitera à lancer des pétitions contre l’augmentation des tarifs de l’électricité, ou encore sabotera directement les luttes, en s’en dissociant publiquement, en arrachant les affiches, etc. tract édité à Rome en 1973 par un comité d’ouvriers de l’ENEL : « Tout a augmenté, et l’argent on en a de moins en moins. Nous devons aller nous faire exploiter à l’usine pour rapporter un salaire de misère. Il nous faut des mois de lutte pour
arracher une augmentation. Tandis que pour les patrons et le gouvernement, un simple trait de plume suffit pour augmenter les prix. Les prix, les impôts, les loyers et les tarifs. Organisons-nous pour reprendre le salaire qu’ils nous volent tous les jours. Notre "non aux licenciements", ce sera le salaire garanti, que nous travaillions ou pas, notre "non à la vie chère" consistera à reprendre notre argent : en ne payant pas le loyer des patrons, en décidant nous-mêmes du prix des loyers, en occupant les maisons vides. Nous voulons des transports gratuits payés par les patrons. Ne payons plus les notes astronomiques l’électricité,
de gaz, de téléphone : décidons de payer ce que nous voulons en auto-réduisant. Organisons-nous pour payer un prix qui corresponde à nos revenus en ce qui concerne les produits alimentaires de première nécessité.
Pour l’électricité, les prolétaires payent 45 lires. Agnelli, le patron de la Fiat, paye 10 lires. Les prolétaires de certains quartiers de Rome, de Turin et de Milan ont répondu à la cherté de l’électricité et aux notes astronomiques en auto-réduisant : payons tous comme Agnelli. L’auto-réduction se fait en expédiant un mandat postal en indiquant le relevé de la consommation
: nombre de kWh x 10 lires = tant de lires.
PAYONS L’ELECTRICITE CE QU’ELLE COUTE
ET NON CE QU’ILS VEULENT NOUS LA FAIRE PAYER ! »

Transport

Sur le plan des transports en commun, les luttes autonomes revendiquent la nationalisation des transports en commun, la baisse des tarifs, voire la gratuité. L’auto-réduction s’exprime alors par le paiement collectif de l’ancien prix du billet quand celui-ci vient d’augmenter. Des comités naissent un peu partout en Italie et mènent des actions comme le blocage des routes ou des voies ferrées. Le 19 Août 1974, à peine rentrés des vacances, les ouvriers de la Fiat Rivalta (seconde usine Fiat après Mirafiori) ont la bonne surprise d’apprendre que les tarifs des bus qui les conduisent de Turin ou de sa banlieue à l’usine ont augmenté de 25% à 30%. Proposées en leur absence par le gouvernement à la région, ces augmentations ont été votées, fin juillet, par des organismes régionaux trop heureux de faire une fleur aux entreprises de transports qui prospèrent sur le dos des ouvriers. Pris de court, les ouvriers commencent par payer, mais, le 24 août, le mécontentement est si grand que la décision d’auto-réduire est prise à l’unanimité. Sur les bus de la SIPAV qui les transportent de Pinerolo (grande banlieue de Turin) aux départements de Rivalta, la lutte s’organise rapidement : les ouvriers élisent des délégués de car et adoptent une attitude que la Stampa qualifie pour la première fois de « désobéissance civile ». A Pinerolo, le 26 Août, d’importants barrages empêchent les bus de partir ; la compagnie est alors contrainte de revenir à l’ancien tarif. Mais, même de celui-ci, les ouvriers ne veulent plus. De ce moment, la FLM (Federazione di Lavoratori Metalmeccanichi) de Turin entre à son tour dans la lutte : elle a fait distribuer sur toute la ligne des abonnements auto-réduits qui portent son cachet.
Le 2 septembre, les ouvriers empêchent de nouveau les bus de partir de Pinerolo. Et la FLM peut bien distribuer ses abonnements auto-réduits, les ouvriers préfèrent ce jour-là exhiber leur force de classe et voyager gratuitement.
Le 3 septembre, les barrages se multiplient dans la banlieue de Turin, impliquant un nombre grandissant de gens. L’ampleur de la « désobéissance » contraint alors les autorités à négocier directement avec les comités pour l’auto-réduction, qui imposent le retour aux vieux tarifs. La lutte sur les transports cesse à Turin aussi soudainement qu’elle avait commencé, mais l’exemple a été compris. Et, tandis qu’à Turin se préparent les premières auto-réductions de l’électricité, autour de tous les grands centres industriels italiens, la lutte pour des transports meilleurs, moins chers ou gratuits, va prendre une forme nouvelle. C’est ainsi qu’à Salmone, dans la grande banlieue milanaise, la compagnie était revenue aux anciens tarifs deux heures seulement après l’annonce des premières auto-réductions. L’ampleur du mouvement surprend tellement les autorités que, le 27 septembre,
le préfet de Milan convoque une série de journalistes, téléphone aux principaux directeurs des quotidiens milanais et leur déclare : « Je ne veux pas vous enseigner votre métier, mais vous ne traitez pas de la bonne manière un sujet aussi délicat que celui-là... Si vous écrivez, par exemple, sur le journal que deux cents personnes n’ont pas payé hier le billet de tram, alors demain il y en aura deux mille pour ne pas le faire : et c’est comme ça que la désobéissance marche à toute vapeur ! ». Tout
un programme. Mais le préfet de Milan n’est pas le seul à s’inquiéter. Dans un communiqué rendu public le même jour, la FIOM déclare : « Le mouvement ouvrier a dépassé le stade de la lutte passive, (...). »

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country skinner

Message Ven 2 Jan 2009 - 10:06 par country skinner

Par David Servenay | Rue89 | 01/01/2009 | 19H00

http://www.rue89.com/2009/01/01/autoreduction-au-monoprix-pour-redistribuer-partir-sans-payer

Scène surréaliste, mercredi après-midi au magasin Monoprix de la rue du Faubourg Saint-Antoine: à l'heure des dernières emplettes pour le réveillon, une cinquantaine de personnes bloquent les caisses.

Leurs chariots sont plein à craquer de victuailles: saumons, foie gras, mais aussi pâtes, huile et pommes de terre. Ils refusent de payer en se justifiant ainsi, comme le raconte Le Parisien :

"C'est une autoréquisition qui est juste en ces temps de crise et qui permet aux précaires de fêter aussi le Nouvel An dignement."

Discussions avec les vigiles, négociation avec le directeur du magasin qui finit par les laisser partir avec la marchandise. Sans payer, comme ces militants (chômeurs, précaires et soutiens aux sans-papiers) le relatent dans un communiqué circulant sur le Net:

"Treize chariots pleins sont sortis du magasin après des négociations tendues avec une direction qui a logiquement choisi de ne pas prolonger le blocage des caisses (perte de chiffre d’affaires) ou prendre le risque d’une intervention policière dans les rayons."

Monoprix a prévu de tenir une réunion de crise vendredi matin pour décider des suites judiciaires à donner à cette affaire, parlant d'un "pillage inacceptable et regrettable". Le groupe de distribution a des raisons de s'inquiéter. En dix jours, il a été la cible de deux "autoréductions".

Des actions similaires à Rennes, Grenoble, Paris...

L'autoréduction, définition
La notice Wikipedia, consacrée au mouvement autonome, définit l'autoréduction comme une pratique "qui consiste pour un groupe d’usagers à imposer par la force une baisse du prix d’un produit ou d’un service. Elle peut aller jusqu’à la gratuité et prendre la forme de véritables pillages de supermarchés. Les autonomes, comme les anarchistes, parlent alors de 'communisme immédiat', c'est à dire sans phase de transition."

En Italie, dans les années 70, elle prenait parfois la forme de mouvements de masse où les abonnés à l'électricité refusaient de payer leur facture, pour obtenir des ristournes équivalentes à celle de l'industrie.


A chaque fois, ces militants adoptent le même mode opératoire :

Une trentaine de militants entrent dans le supermarché en petits groupes, avec paniers ou chariot
Ils les remplissent de nourritures, arrivent aux caisses simultanément et au moment de régler leurs "achats", refusent de payer
La sécurité intervient, puis les négociations commencent avec la direction du magasin
Parallèlement, les militants sans paniers distribuent des tracts justifiant l'action et déploient une banderole avec leur slogan ("Face à la crise, nous réquisitionnons, nous partageons", à Grenoble)
Au bout de trente minutes à une heure, le magasin cède à la revendication, à la fois pour éviter que la situation ne s'envenime et en raison du manque à gagner
Le groupe des militants redistribue la nourriture devant une agence de l'ANPE ou à leur réseau (sans-papiers, précaires)
Le samedi 20 décembre, une première action a été menée aux Galeries Lafayette de Rennes, puis le samedi suivant au Monoprix de Grenoble et enfin, mercredi 31 décembre, à Paris.

Effet de la crise? Retour aux années 70? Radicalisation des "autonomes"?

Comme Robin des Bois en son temps, ces héritiers des autonomes italiens des années 70 s'appuient sur la popularité de leur action. D'ailleurs, les clients témoins de ces scènes n'ont pas l'air d'avoir à leur encontre une attitude hostile.

Tout comme les policiers qui ne sont pas intervenus, alors qu'ils étaient présents (en Bretagne, le récit du Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes (MCPL) mentionne la présence de "deux nationaux à l’extérieur et un RG en fin d’action").

En cas d'intervention, les forces de l'ordre laissent toujours les activistes repartir librement. De même, à ce jour, aucune plainte ne semble avoir été déposée par les responsables des enseignes concernées. Comment expliquer le retour de ce phénomène? Effet de la crise économique Retour des pratiques largement expérimentées dans l'Italie des années de plomb? Radicalisation des groupes se revendiquant "autonomes"? En tout cas, si la crise persiste en 2009, l'autoréduction a sans doute de l'avenir.

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brusyl

Message Mar 30 Déc 2008 - 14:33 par brusyl

excellente analyse de fond...

l’illégalité devient une nécessité

oui, on le sait tous ici mais chuuuuuuuuuuuuuut !

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country skinner

Message Mar 30 Déc 2008 - 13:14 par country skinner

dimanche 23 novembre 2008 par des précaires

http://www.collectif-rto.org/spip.php?article717

[Extrait]

Tout salari(é)e doué d’un minimum de bon sens sait désormais que se mettre en grève classique et se contenter d’une éventuelle manifestation n’a aucune utilité, d’où le faible taux de grévistes qui répondent aux appels nationaux des grandes centrales.

Les permanents l’oublient souvent, mais la grève coûte cher au salarié, par conséquent le caractère souvent minime des revendications (augmentations de salaire, grèves défensives contre les restructurations et la réorganisation de l’emploi dans le sens de l’aggravation des conditions de travail) n’empêche pas que les gens soient suffisamment intelligents et rôdés pour savoir qu’en face le patron utilisera tout l’arsenal de la criminalisation et du contournement ( embauche de précaires, lock out ) avant de céder.

Dans ce contexte, l’illégalité devient une nécessité , d’une part parce que l’arsenal législatif anti-grèves se durcit, d’autre part parce que celle-ci ne suffit plus, dans ses modalités encore légales à toucher le portefeuille de ceux d’en face. Même si elle reste dans tous les cas la manifestation d’une conscience collective et d’une volonté d’en découdre et de sortir de la passivité individuelle.

La grève, souvent illégale s’accompagne donc de méthodes diverses et variées pour que l’outil de travail ne fonctionne plus, mais aussi de résistance physique à l’évacuation des piquets de grève et des blocages

De même l’indifférence grandissante envers le « respect de l’outil de travail », autrefois bien ancré notamment dans le secteur des chemins de fer , ne s’explique nullement par la lecture de textes sur l’aliénation salariale. Simplement, l’ex service public des transports n’existe plus. Les cheminots voient au quotidien la dégradation réelle de l’outil de travail, le réseau de moins en moins dense, la fermeture des gares au nom de la rentabilité. Mais aussi l’état des voies « secondaires », la dégradation de la sécurité du trafic due à l’intensification de la charge de travail, aux économies partout. L’ « outil de travail » de fait est dégradé quotidiennement par la direction, et en ce sens, qu’importe une dégradation de plus si cela peut paradoxalement stopper la destruction totale ?

Quant au service rendu aux usagers devenus clients, là aussi, ceux qui ne sont pas aveuglés par les discours sécuritaires voient bien que le « service public » ne profite plus qu’à ceux qui en ont les moyens. Et chez beaucoup, lorsque le « travail » autrefois perçu comme utile malgré sa dureté est de plus en plus parasité par les tâches de contrôle imposées, par exemple pour les chauffeurs de bus, il devient de toute façon un objet de répulsion.

D’ailleurs du côté « clients », le tapage médiatique autour des caténaires sabotés doit en faire ricaner plus d’un, comme le discours de Pépy qui pleure sur les horribles sévices infligés. En effet, les retards sont chose fréquente depuis longtemps et d’ailleurs le client roi n’est remboursé qu’au-delà de quatre heures d’attente. Donc nombre des « victimes » caressées dans le sens du poil devront se contenter de la matraque publiquement infligée aux auteurs présumés, à part ça ils n’auront pas un rond.

Masquer l’état réel des luttes dans ce secteur, l’incapacité grandissante des directions syndicales de museler les grèves locales, voilà donc un objectif évident de la propagande de ces derniers jours. La grève plon plon ou l’isolement et la répression, tel est le message que le pouvoir veut faire passer, et les directions syndicales et politiques aussi, qui mettent en avant la « vraie » mobilisation » entamée le 12 novembre contre la réorganisation du fret : « vraie mobilisation », « vraie action syndicale », qui n’aura guère mobilisé, qui aura été quasi invisible et évidemment sans aucun résultat revendicatif, pour s’achever sur le triste spectacle de directions syndicales qui se divisent, et sont capables de retirer leur préavis deux fois en trois jours, au cas ou la démotivation des salari(é)es ne serait pas encore acquise.

Mais ces formes de luttes, ce dépassement localisé des consignes syndicales évoqué plus haut n’aurait pas de quoi faire paniquer le camp patronal et son appendice étatique à eux tout seuls. Le fait est que les dommages objectifs au profit causés par ces conflits parfois simultanés, s’accompagnent d’une absence quasi-totale de la conscience des coups globalement portés. Là-dessus, le jeu médiatique et l’absence de véritables liaisons entre les salari(é)es jouent un rôle bien plus important que la confiance dans les dirigeants syndicaux, de moins en moins répandue hors et au-dedans des syndicats. Ce manque d’espaces concrets de liaison, de réflexion et de coordinations, voire même d’information sur les autres luttes en cours empêche pour l’instant toute réappropriation de la lutte à un niveau plus large. Ceci explique notamment que des conflits très durs dans les pratiques ne remettent que très rarement en cause les revendications minimales voire nuisibles des directions syndicales. Mais aussi le fait que certaines grèves s’arrêtent dès que l’employeur accepte d’ouvrir les négociations ou dès que des concessions minimes sont faites, alors qu’un observateur extérieur, informé de l’état global des luttes voit immédiatement le gâchis du potentiel réel ouvert par un rapport de forces qui existe mais n’en est pas moins invisible aux yeux des concerné(e)s.

Un potentiel qui vient aussi de ce que l’immobilisation des circulations de biens et de passagers est une pratique qui dépasse les cheminots ou les chauffeurs.

Car les salari(é)es du secteur ne sont pas les seuls à avoir saisi les enjeux du blocage des transports de marchandise comme des personnes . Pour chaque mouvement salarial ou non, la question se pose, et devient plus aigue au fur et à mesure que la lutte s’étend.

Au départ, dans la mémoire collective récente, il y a vraisemblablement une victoire, même partielle, décembre 95 et une défaite d’autant plus rageante qu’elle ne tenait pas au nombre de grévistes mais au degré de perturbation trop faible du processus économique dans son ensemble, mai juin 2003 et le conflit sur la réforme des retraites.

Lors de la première lutte, le pays est de fait paralysé. Les métropoles prennent un visage inédit, les rapports sociaux, notamment de solidarité se transforment au quotidien. La pression économique est immense. En 2003, les contre feux sont là. Les syndicats des transports parviennent à empêcher une extension de la grève aux salari(é)es de la SNCF et de la RATP, et même si le nombre de grévistes dans les autres catégories du secteur public est très élevé, en face, on peut se montrer ferme, la rue a une apparence de normalité, ça roule.

Les enseignements de cette défaite, ce sont les jeunes mobilisés pendant la tentative d’imposition du CPE qui la tirent de manière massive : la libre circulation des biens et des personnes pendant un mouvement de masse entrave celui-ci. En effet, un des seuls effets négatifs de la grève de 95 était la difficulté à se déplacer, notamment pour se rendre aux manifs. Mais cette difficulté est tout aussi grande pendant le CPE : car les déplacements sont soumis à un contrôle permanent, l’enjeu est d’empêcher les jeunes, notamment ceux « des banlieues » de venir dans la capitale. Barrages au départ des gares de RER , nouveaux barrages filtrants et nombreuses arrestations préventives dans les gares parisiennes, et même, l’occasion fait le larron, blocages de trains ou de RER mais à l’initiative…de la police et de la SNCF.

Par contre, ce que comprennent rapidement les jeunes en lutte, c’est que le blocage est une arme alternative aux manifs de rue. Les gares sont investies, les affrontements sont parfois violents et nombreux sont les endroits où les gares ou les moyens de transport sont mis hors d’état de rouler, notamment par d’anonymes sabotages . Encore une fois l’illégalisme de masse ne se théorise pas, il se pratique et il n’est en rien incompatible, chez certains participants, avec une revendication somme toute très raisonnable, le retrait d’un contrat de travail précaire parmi tant d’autres.

Déjà, l’épouvantail du groupuscule radicalo-gauchiste / anarcho-autonome est agité. Mais l’anarchisme, en tant que volonté de transformation radicale de la société, pas plus que l’autonomie, c’est-à-dire la prise en main par les premiers concernés, sans soutien ni médiation, de leurs problèmes, n’étaient malheureusement au rendez-vous, en tout cas par sur la durée. Toutes les thèses policières sur la manipulation du mouvement par des éléments « radicaux », comme d’ailleurs leur pendant militant, l’exaltation optimiste de la nature révolutionnaire du mouvement aboutissent à un non sens : le mouvement s’arrête dès lors que le CPE est retiré.

Reste l’importance généralisée sur l’ensemble du territoire d’actions publiquement revendiquées ou pas qui ont visé à paralyser le trafic ferroviaire et routier.

Lorsque le mouvement contre les suppressions de poste dans les lycées éclate en région parisienne, un an et demi plus tard, cet acquis est immédiatement présent, et c’est là qu’on voit à quel point sa transmission dépend finalement très peu d’une quelconque organisation d’extrême gauche : le mouvement d’abord lycéen, puis presque immédiatement élargi aux personnels de l’Education Nationale et aux parents d’élèves se diffuse essentiellement en grande banlieue dès la fin de l’hiver 2007, il a un caractère spontané, très loin des AG interminables des facs de la capitale et ne soucie que fort peu d’exprimer par écrit sa révolte. Les syndicats de leur côté se contentent d’appels à des journées d’action au niveau régional, puis national, mais ils ne contrôlent rien sur le terrain et de fait, à nouveau l’attention se tourne vers des stratégies de blocage des transports ferroviaires et routiers. Localement cette stratégie paiera au niveau de revendications, alors même que les grandes manifestations organisées à Paris deux mois plus tard ne donneront pas grand-chose. Mais celles-ci seront très médiatisées, notamment dans la traque par les médias du moindre acte de « violence », alors que le mouvement en grande banlieue massif et long de plusieurs mois ne donnera lieu qu’à une couverture dans la presse locale, malgré l’usage de méthodes qui vont de la pétition à l’affrontement direct avec la police lors des blocages de voies ou de routes, sans qu’aucune trace de division n’apparaisse à propos de l’usage de telle ou telle de ces méthodes. ( pour de nombreux exemples d’actions de ce type voir une chronologie non exhaustive ici ).

Encore une fois, ces actions témoignent avant tout de la recherche de pratiques efficaces, d’un pragmatisme où l’illégalisme n’est ni une frontière infranchissable, ni une position de principe.

On fait tout simplement ce qui dérange le plus ceux d’en face, dans le cadre d’un mouvement multiforme où ce type d’actions cohabite avec les pétitions, les occupations d’écoles et les éventuelles négociations. Encore une fois, la véritable dangerosité de ces pratiques ne se lit que dans leur contexte : la totale indifférence d’un mouvement encore globalement réformiste et revendicatif aux consignes de respect de la loi et des « usagers » données par les organisations de la gauche officielle.

Et l’identification du blocage des moyens de transport comme un des enjeux majeurs de n’importe quelle lutte se vérifie aussi dans les mobilisations récentes contre le nucléaire, dans le blocage des voies d’accès à Quimper lors des affrontements contre la fermeture de l’hôpital de Carhaix, dans les luttes de solidarité avec les sans papiers.

Et dans toutes ces luttes, ce que ne peut masquer le pouvoir, c’est l’efficacité immédiate du blocage des transports quel que soit le moyen : à Carhaix et Quimper, par exemple, ce sont aussi les cris d’alarme des syndicats de gros commerçants qui vont déterminer le recul , même temporaire sur la fermeture.

Au regard de ce qui précède, la baudruche médiatique et policière du « terrorisme » anti catenaires apparaît pour ce qu’elle est : un vaste écran de fumée, un scénario pré-établi où chacun serait prié de s’insérer.

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country skinner

Message Mar 30 Déc 2008 - 13:01 par country skinner

lundi 29 décembre 2008 par des précaires

http://www.collectif-rto.org/spip.php?article734

Une autoréduction, c’est quoi ?

Ce mot sert à qualifier, en France, des pratiques diverses, mais qui ont un point commun : satisfaire nos besoins de manière gratuite ou moins chère, dans une démarche collective. S’y rattachent donc les actions, parfois nommées réquisitions, que les collectifs de précaires mènent souvent avant les fêtes de fin d’année pour obtenir de quoi alimenter leur réveillon sans débourser l’argent qu’ils n’ont pas (voir ci-dessous le récit des actions à Rennes et Buenos Aires en décembre 2008), les grèves de loyer utilisées par les locataires de logements sociaux ou les résidents de foyers, les luttes pour obtenir des réductions ou la gratuité pour les transports en commun, l’électricité et le gaz, la culture et les loisirs...

Cette forme de lutte est aussi vieille que le mouvement ouvrier : les "déménagements à la cloche de bois" pratiqués à la fin du 19ème siècle (quitter son logement sans payer son loyer et avant que le propriétaire fasse saisir les meubles) en sont un exemple.

Les autoréductions ont connu un développement important dans l’Italie des années 1960-70, périodes d’intenses luttes sociales qui ont largement débordées le strict cadre du lieu de travail. Des quartiers entiers de Rome ou Milan étaient squattés, des dizaines de milliers de personnes recalculaient leurs factures de gaz et d’électricité en s’appliquant le tarif réservé aux grosses entreprises, et ceux qui ne payaient pas du tout ne risquaient guère la coupure, cette opération était devenue impossible en raison de la réactivité des voisins et de la solidarité collective. Les salariés italiens se sont mobilisés également sur le coût des transports, en partant du principe que s’ils prenaient le train tous les jours, c’était pour bosser, pour le bénéfice de leur patron et que donc ce coût-là ne devait plus leur incomber...

Ces formes de lutte ont l’intérêt de partir d’une autre base que la défense d’intérêts catégoriels (que les catégories se nomment "chômeurs", "salariés" ou autres), et de se pratiquer sur d’autres lieux que ceux de l’exploitation et du contrôle social quotidiens : le supermarché ou l’agence EDF, où tout un chacun est susceptible de passer, et non plus uniquement l’espace insertion réservé aux Rmistes, l’Assedic pour les chômeurs ou l’entreprise pour les salariés... D’autant plus que ces lieux-là ne suffisent pas pour se retrouver (ce qui ne veut pas dire qu’il est inutile de s’y organiser) : horaires décalés au boulot, contrats précaires trop courts pour tisser des liens, éparpillement des structures destinés à suivre qui ne sont pas ou pas assez dans l’emploi...

Mais aussi, tout simplement, les autoréductions sont une forme de lutte qui fait du bien, parce qu’il s’agit d’une pratique offensive et pas seulement défensive. Nous avons besoin, ne serait-ce que pour survivre (et en réalité, pour beaucoup plus : mettre un frein à la culpabilisation, à l’infantilisation et à ces micro-humiliations qui pourrissent la vie), de faire annuler une radiation ou un trop perçu, de résister à une modification des conditions de travail ou de gratter un peu plus de fric lors d’un licenciement économique.
Mais les autoréductions ouvrent des perspectives plus larges. Nous partons de nous, en tant que classe sociale, de nos besoins, de nos désirs. Nous nous réapproprions, ou nous cherchons à le faire, une bonne partie de ce que le capitalisme nous vole ou nous refuse : le fric qui part dans des tickets ou de l’essence pour nous rendre à un rendez-vous ANPE ou aller au boulot, la bouffe de qualité devenue inaccessible, le temps libre, quand il y en a, dont on ne peut pas faire grand chose, tellement le cinéma ou les voyages sont chers, et on ne parle même pas des activités pour les gamins...

Les autoréductions ne sont pas une solution miracle. Comme toute forme de lutte, la manière de les organiser, la façon de poser les problèmes et de les relier aux autres, les rapports collectifs qui se mettent en place peuvent les orienter différemment. Mais quand même, à lire les textes ci-dessous, ça ne vous donne pas envie ?

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brusyl

Message Mar 30 Déc 2008 - 12:07 par brusyl

dommage que l'enquête s'arrête en 2004 !

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