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PINCES SANS RIRE

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30012009

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Siné Hebdo du 28 janvier 2009

On oublie trop souvent que nos meilleurs médecins ont soutenu une vision élitiste et raciste du monde, très éloignée du serment d'Hippocrate.

Le 9 janvier, Nicolas Sarkozy inaugurait le nouvel hôpital civil de Strasbourg, soutenu par le très mé-
diatique téléchirurgien Jacques Marescaux, son chargé de mission pour la réorganisation des CHU. À cette occasion, il affirmait cyniquement que le défi de l'hôpital était de mieux s'organiser... tout en dénonçant les 35 heures mais aussi son manque d'adaptabilité et de vision. Des missions dévolues dorénavant à un grand patron chargé de réformer — à moyens constants — et de transformer l'hôpital public en «hôpital-entreprise» en forçant la marche vers la privatisation !
Ce jour-là, le chef de l'État a officié à quelques métres d'au moins quatre lieux consacrés à René Leriche : un pavillon, l'amphithéâtre de la clinique chirurgicale et une salle de l'institut avant-gardiste du professeur Marescaux, l'Ircad. Son portrait trône aussi à l'Institut d'anatomie, dans les caves duquel, entre août 1943 et décembre 1944, les médecins nazis ont laissé reposer dans des cuves les restes des 86 victimes juives d'expérimentations sur l'homme (17 sujets entiers et 166 segments de corps).
Nous connaissons le rôle que joue l'histoire pour Nicolas Sarkozy. Il est donc bon de lui rappeler celui qu'a tenu le professeur René Leriche (1879-1955), un de nos plus illustres chirurgiens, précurseur du traitement de la douleur et qui prônait une chirurgie de la douceur non traumatique.
En 1913, René Leriche (des pinces encore utilisées en chirurgie portent son nom) part se former aux États-Unis sur les conseils de son ami Alexis Carrel*, originaire de Lyon comme lui et tout juste lauréat du prix Nobel. En 1924, il devient titulaire d'une chaire de chirurgie à Strasbourg et, en 1952, il est nommé président de l'Académie de chirurgie. Mais le grand praticien devient aussi le premier président du Conseil supérieur de l'ordre
des médecins à sa création par Vichy, en 1940, fonction qu'il occupera jusqu'en décembre 1942. Il s'en justifiera en affirmant que le Conseil de l'ordre, à l'instar du gouvernement de Vichy (que rejoindra aussi Carrel), a servi de bouclier face à l'occupant nazi.
Rappelons que l'Ordre a été institué par la loi du 16 août 1940 et que c'est à partir de l'automne 1940 que le gouvernement de Vichy lança une offensive d'ordre législatif contre les Juifs résidant en France. Rappelons également que l'opération policière «Vent printanier» , plus connue sous le nom de «rafle du Vél' d'Hiv'», eut lieu les 16 et 17 juillet 1942. Rappelons enfin que la «Solution finale» date du début 1942.
Le Conseil de l'ordre, de son côté, a participé au recensement des médecins juifs et à leur exclusion, a adopté une politique de répression vis-à-vis d'eux et a participé à la spoliation de leurs cabinets.
Ces pages sombres de l'histoire récente doivent étre transmises aux étudiants en médecine car le silence des enseignants contribue à entretenir l'idée que Vichy a été un accident, et que la médecine ne peut servir que le bien qu'elle incarne forcément.
Georges Yoram Federmann

* Auteur de l'eugéniste L'Homme, cet inconnu, publié en 1935.
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