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Liberté d’expression et politiquement correct

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05022009

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Liberté d’expression et politiquement correct Empty Liberté d’expression et politiquement correct




Liberté d’expression et politiquement correct
( Un article de plus qui me réjouit dans ma détestation acharnée du politiquement correct)


Dans certaines discussions autour de la liberté d’expression, on bute souvent sur la formule "on n’a pas le droit de dire n’importe quoi, de dire des contre-vérités". Le débat public exige pourtant que l’on ne fasse pas de la vérité des propos le critère du droit à la parole.

Dans l’arrêt Orban du 15 janvier 2009, la Cour européenne des Droits de l’homme rappelle une nouvelle fois que : « la liberté d’expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de « société démocratique » »

La liberté d’expression est bridée par des plaintes d’associations communautaires accompagnant des dénonciations de journalistes (récemment Claude Askolovitch contre Siné), la promotion d’un vocabulaire orwellien. Or une telle liberté doit valoir pour tous et pour tous les sujets ; à défaut, elle se résume à un privilège. La Déclaration de 1789 affirme l’égalité comme principe d’attribution des droits de l’homme, et la liberté comme le premier de ces droits. Elle fait une place exceptionnelle aux libertés d’opinion et d’expression :


« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 10, proposé par Louis de Castellane et Jean-Baptiste Gobel.

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 11, proposé par le duc de La Rochefoucauld d’Enville.

Les polémiques sont aussi polluées par la mauvaise foi ; certains débats contemporains font penser au dialogue des « représentants de commerce du Peuple » de Prévert : « – Qu’est-ce que cela peut faire que je lutte pour la mauvaise cause puisque je suis de bonne foi ? – Et qu’est-ce que cela peut faire que je sois de mauvaise foi puisque c’est pour la bonne cause ? » (Spectacle (1949), Représentation). Il y a émancipation de ces polémistes par rapport à la morale, la probité, mais aussi par rapport à la logique.


Une série de termes ont été inventés ou détournés pour dénaturer les notions communes, orienter insidieusement le débat et déconsidérer a priori l’adversaire ; d’autres ont pris une connotation qui bloque les débats. Dans les deux cas, c’est une police de la parole qui s’instaure.

Anticommunisme : intimidation associée à la formule : La gauche s’arrête là où l’anticommunisme commence.


Antisémitisme : Si l’antisémitisme était un délit selon Jean-Paul Sartre – qui en 1941 succéda néanmoins, en tant que professeur titulaire au lycée Condorcet, à un professeur juif révoqué ..., le n° 92 de la revue Commentaire en apportait confirmation –, l’historien Jules Isaac, plus compétent en la matière, et auteur de Genèse de l’antisémitisme, le considérait comme un courant d’opinion ; ce qui ne lui donne pas de consistance logique ou morale pour autant, bien entendu, cela devrait aller sans dire.


On a rangé sous la catégorie d’antisémitisme des choses fort différentes :

un préjugé de type racial pouvant aller jusqu’à des discriminations et des persécutions

une hostilité à la politique, voire à l’existence, de l’Etat d’Israël

une hostilité au communautarisme incarné par le CRIF, qui est contraire au principe d’indivisibilité de la République française.

Dérapage : délit d’opinion à géométrie variable ; ainsi la journaliste Vanessa Schneider est épargnée pour sa formule (fausse d’ailleurs) sur le père de Nicolas Sarkozy : « Juif hongrois coureur de jupons » (Libération, 8 juillet 2004. Eric Zemmour est accablé pour son emploi du mot « race ».


Haine : on en accuse à tout bout de champ ceux dont les arguments dérangent.


Homophobie : délit d’opinion, contré tout récemment par l’arrêt Vanneste (Cour de cassation, chambre criminelle, 12 novembre 2008). « Le terme d’homophobie s’est imposé : ce mot piégé confond (volontairement) le refus de la normalisation symbolique et sociale de l’homosexualité avec l’animosité à l’égard de la personne des homosexuels. L’homophobe, c’est le fasciste d’aujourd’hui. » (Jean Sévillia, Le Terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours, Perrin, 2000). Le terme alimente un discours qui stigmatise un délit d’opinion et dissimule le fait que l’homosexualité relève bien davantage de la liberté que de l’égalité des droits sociaux.


Islamophobie : terme créé pour disqualifier la critique d’une religion sous couvert d’antiracisme, et pour assimiler cette critique à une discrimination.

D’autres termes orientent "positivement" le débat :

Citoyen (adj.) : conforme au politiquement correct.

Communauté : invoquée à tout bout de champ ; exemple : « site francophone s’adressant à la communauté bisexuelle »


Diversité : fait la promotion de la confusion entre multiracialisme et multiculturalisme.


Français d’origine française : environ un milier de références sur Google pour cette expression qui enregistre la perte de sens du terme « Français ».


Incivilités : euphémisme pour petite délinquance.


Mémoire : concept promu par Pierre Nora, dévoyé ensuite ; les mémoires communautaires sont promues en lieu et place de l’histoire objective qui devient impossible à enseigner. à la fin du deuxième millénaire, le matérialisme historique échappait aux règles de la connaissance et de la logique ordinaires ; aujourd’hui, la mémoire collective à usage politique et communautaire récuse le savoir, et plus précisément l’histoire méthodique et objective, jusque dans l’enseignement, au nom du principe « tout est politique » ; il semble que l’on suive le slogan du Parti dans 1984 de George Orwell : "Who controls the past controls the future : who controls the present controls the past". Dans ce qui est bien davantage une mutation qu’un déclin du marxisme, le sélectif "devoir de mémoire" de l’individu communautaire remplace la "prise de conscience" proposée au prolétaire ; il entraîne une surenchère permanente dans la culpabilisation collective des uni-nationaux, une dérive intolérante dans l’opinion et les médias les plus engagés. En revanche, comme remarqua Jacques Bouveresse, l’abandon du marxisme n’est l’objet d’aucun commencement de réflexion de la part de ses anciens fidèles (mais l’ont-ils véritablement abandonné ? On peut en douter).


Les restrictions actuelles à la liberté d’expression ne sont pas accidentelles ; elles participent d’une forme de lutte sociale dont les tenants considèrent que c’est l’orthodoxie qui donne le droit à la parole, orthodoxie qu’ils appellent vérité et dont ils prétendent qu’on ne peut accepter de la placer sur le même plan que l’erreur (selon eux). Le Monde des Débats de septembre 2000, page 23, le disait clairement : « Nazisme, bolchevisme, antisémitisme hantent notre histoire. Faut-il accepter de discuter le lien que l’historien allemand Ernst Nolte établit entre eux ? Ou sa thèse est-elle trop suspecte pour être prise en considération ? ». Nouvelle loi des suspects, certes plus douce, pour l’instant, que celle de la Convention en 1793.

Le terme "journalisme" désigne désormais « autant une idéologie qu’un métier », concluait, après une longue fréquentation de la presse, Paul Thibaud ; c’est l’idéologie du politiquement correct, de la soumission obligée de la compétence à la majorité, de la valeur au vedettariat, l’idéologie du primat du commun sur le savoir, du politique sur l’épistémologique, de la prétention vigilante à informer et à alerter sur la conscience du besoin de s’informer, d’étudier, de comprendre et de s’expliquer. C’est pourquoi Internet suscite autant d’inquiétude chez les journalistes et les adversaires de la liberté d’expression, liberté qui est une valeur culturelle, intellectuelle, et pas seulement une valeur politique, démocratique.

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=50556
brusyl
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