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Storytelling : de la théorie restreinte à la théorie générale (zaz)

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14062009

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Storytelling : de la théorie restreinte à la théorie générale (zaz)
(j'espère que vous trouverez autant de plaisir à lire ce texte que moi j'en ai eu ! certains passages sont littéralement tordants, que dis-je, hilarants, désopilants...
Mais je ne jurerais pas que cette forme d'humour plaira à tout le monde....)


L’Ocsena est un collectif critique qui, sur le plan théorique, considère l’humour comme l’arme heuristique et démocratique par excellence. Dans les faits, il peut se trouver que nous soyons très mauvais, mais tous les bons esprits reconnaissent par chance que c’est encore notre meilleur côté.

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1. Qu’est-ce que le storytelling ?

Dans un dico bilingue jaspinant classiquement l’anglais-français, le storyteller est côté langue de Molière soit le "conteur" soit le "menteur". Côté anglais aussi, sauf que chez les rosbifs ou les américano-rosbifs, il y a clairement deux concepts sur un seul identique mot. Les deux concepts certes ne se confondent pas, mais dans la réalité ils peuvent être parfois extrêmement proches comme on l’imagine tout de suite. Dés le départ, le storytelling est donc indubitablement marqué par une lourde équivoque possible.

Cette suspicion explicite ou latente demeure sans doute dans le storytelling moderne, d’origine bien entendu anglo-saxonne lui-même, qui s’entend spécifiquement comme technique(s) sophistiquée(s) de communication , de pub, de pub politique, de management, où il est question en gros de jouer sur une grosse histoire globale de positionnement séduisant, en même temps que sur des histoires plus petites d’enjolivo-accompagnement, pour autant qu’il est besoin de faire, ça et là, un petit brin de fanfare, de pétards ou de feux de bengale et de toro de fuego.

Wikipedia qui a réponse à tout nous explique que selon Steve Denning, théorisateur du storytelling, on est passé d’une méthode traditionnelle de "reconnaissance d’un problème / analyse / préconisation d’une solution". à une nouvelle formule trilogique : "capter l’attention / stimuler le désir de changement / et (dans un dernier temps seulement) emporter la conviction par l’utilisation d’arguments raisonnés".

On reconnaît tout de suite ci-dessus le pragmatisme méthodologique yankee ; comment se débrouillent les Français avec exactement la même théorie ? On sent bien que sans l’avoir voulu on va arriver probablement à parler de Sarkozy et de quelques autres.

2. Sarko d’abord dans l’hypothétique storytellisation positive du château de sa mère et de la gloire supposée de son père. Premières interrogations

Que le storytelling ait déjà été très bon chez nous dès Vercingé et Napolé, ne garantit pas que nous ayons gardé la main pour arriver à Sarkozy aujourd’hui. On ne peut pas mettre en effet le succès de Sarko à la dernière présidentielle sur le compte de l’entretien d’un mythe à propos d’un soleil sympa pris antérieurement au pont supposé d’Austerlitz.

Quand on y réfléchit, Sarko c’est objectivement très peu de choses au démarrage : c’est Neuilly, le Karcher, une femme belle et très pénible, piquée à quelqu’un d’autre, bref c’est somme toute à peu prés peanuts. Peut-être notera-t-on au passage qu’en ce vide Rachida faisait dans sa fébrilité utilement joker. L’exploit du "think-staff de caves bricoleux-cafouilleux sarkoziens", révélés essentiellement par la suite, est pourtant d’avoir tout misé sur un truc élémentaire : Sarko allait changer quelque chose à la France et votre vie, réformer quoi. Ce motto marche encore probablement à tous les coups, on l’avait déjà vu avec Henri the fourth et puis sa poule au pot, on l’a vu très simplement la semaine derniere, last but not the least, avec les galants verts, la terre et le "flim" très beau et très grandilocon de Pinault-YAB-Sarko de sauvement de la planète en trois épates.

Que les Français aient dans cette affaire sarko-globale parié nettement en mal concrètement n’a aucune espèce d’importance, les Français en vérité voulaient absolument changer sans doute. Changer pour changer ! c’est l’échec du PS de ne l’avoir pas compris complètement à temps. Pour résumer, c’était en deux mots ; "le pétrin plutôt que rien" ! Du mouvement ! et même simplement carrément du "bouvement" ! C’était en fait jogging sur place, comme dans les salles d’entrainement. Y entrer avec le sac de sport sur le dos fait illico sans plus d’effort déjà beaucoup de bien aux os.

Le jaillissement puissant du sarkozysme-UMPisme c’est de prouver par "a" plus "b" contre Parménide et toute l’Académie que du non-être peut jaillir l’être. D’un storytelling global néant, excepté que Sarko faisait des fois du vélo, ou alors c’était Rachida, les sarkozyens ont fait un storytelling en kaléidoscope agglutinant : Sarko et les infirmières bulgares, Sarko et Carla, Sarko-Carla et la reine d’Angleterre, Sarko et son ami Obama, etc. etc. on sent qu’il manque le chien Bo aux pattes blanches, mais ca ne va pas tarder évidemment.

Qu’est-ce qui n’a pas marché donc pour tous ses adversaires, c’est ici l’occasion d’examiner la question, c’est même franchement une dernière chance de le faire avant que Sarko repique du riz pour un second mandat triomphal.

On croit nous que le premier truc raté a été la critique de Sarko sur le fait assez stupide qu’il était petit. Si les Français d’aujourd’hui avaient été observateurs ils auraient noté que les chefs français sont petits et ce depuis Pépin le bref. A cet égard, Charles de Gaulle et François 1er ne sont que de passagères exceptions.

3. Sarko versus l’anti-storytellisation contre lui. Le coup fiasqué du négatif construit. Deuxièmes interrogations
Dans le storytelling, ce qu’on ne voit pas assez en creux c’est l’efficacité hypothétique, fréquemment aléatoire, du contrestorytelling, l’anti, le négatif. Y a des cas bien sûr qui ont marché, comme Néron, Arminius, Attila, Vlad Tepesh, Staline, le maréchal Pétain (Y a bien sûr Franco ou le moustachu de Berlin mais eux c’était trop facile.). Kim il Sung entre aussi dans l’antistorytelling de temps en temps réussi.

Pour Sarko, queuedalle ! le contrestorytelling n’a pas du tout performé. Sarko a été traité pourtant avec application et répétition de fasciste, nazi, scientologue, mooniste, bushiste, born-again, neo-cons, médéfiste ami-inconditionnel-suppôt-des-riches. N’ayant été traité décemment ni d’alcoolique, ni d’impuissant, ni de salace pédophile collectionneur de photos illicites, Nicolas Sarkozy a donc franchi tous les dangers. On peut même penser que beaucoup de ces malices-méchantes contre lui lui ont au fond a contrario plutôt grassement profité.

On va dire que toute la presse et la télé étaient certes scandaleusement en sa faveur mais ca ne nous suffit pas comme argument, on comprendra bientôt pourquoi.

Le contre-storytelling a été porté par des contestataires qu’avaient pas froid aux dents dans le talent. Niet ! Ils n’ont pas réussi tout simplement. Cet échec personnalisé interroge bien entendu.

On pense en premier forcément à Ségo, on ne va pas ici commencer un doctorat de 500 pages sur Ségo. Ca a raté dans le débat télévisé, ca a raté en définitive tout le temps.

On n’a pas le temps de vous dire pourquoi, mais on a certainement le temps de vous dire ce qui est le plus étonnant dans cette consternation à répétition : Ségo ressemble à Sarkozy comme deux gouttes d’eau dans son comportement. Mais holà ! n’y a pas que Ségo, dido qui vous voulez chez les socialos (Peillon, Valls, même l’admirable Hamon), dido au modulédémodulo Modem de chez Bayrou à l’exception de Sarnez que Sarkozy a voulu hier proprement débaucher.

Vous allez me dire à quoi ça sert d’énoncer ce truc si on ne l’analyse pas ? On va tout de suite vous donner plus avant notre truc et vous allez comprendre. Le complexe storytellé brownien de Sarko et des autres est un truc identitaire de toute notre société. En conclusion, vous pouvez pas pêcher Sarko, il est exactement comme un poisson trop malin dans l’eau.

Note que nous ne pensons pas aussi qu’il faille le pêcher à la grenade, faut quand même pas débloquer.

En fait et c’est cela notre thèse, ce n’est pas Sarko qui est storytellé c’est toute la société française qui l’est. Pendant trente ans et plus, des aèdes multiples nous ont homérisés.

4. La France dans son storytelling perso à elle, la guerre de Troie aura-t-elle lieu ? Troisièmes interrogations

Formés pendant deux générations par nos excellents bons profs d’économie non politique, laquelle économie est comme on sait l’art scientifique de faire du fric du point de vue incontestable et rationnel de l’entreprise, nous nous sommes raisonnablement, avec l’aide de nos grands partis, réconciliés avec l’entreprise source incontestable de la richesse nationale, certes répartie inégalement mais équitablement (L’équité : inégalité juste, principe sacré).

Nous avons été beaucoup aidés par les journaux, nous pensons avec émotion aux Echos, à la Tribune, au Figaro, mais au Monde aussi et même à Libé...

Nous avons eu les radios également s’appliquant à leur sacerdoce, on pense en particulier à BFM.

Nous avons eu les télés, même si les gars y sont notoirement un peu nuls, c’est pas la bonne volonté qui leur a manqué. (la performance, la plus-value nourricière, la VA : deuxième principe sacré).

Formés par nos azrutis de profs eux-mêmes très azrutis déjà, donc très excusés, nous avons découvert la salvatrice "excellence". Il faut devenir excellent en tout c’est extrêmement important. C’est une évidence, car on n’imagine pas une société qui veille faire des mauvais ou des médiocres, sauf bien sûr pour les sanisettes Decaux, la "technique de surface" ou dans les rames du métro (L’excellence, donc troisième principe sacro-sacré).

On va à ce point abréger un peu. Y a eu la culture de haut niveau, tu sais celle pas trop fatigante où on s’écrit à tout bout de champ : Oh que c’est beau ! Oh que c’est merveilleux ! Oh que c’est sublime ! On notera que les carnets de Picasso servent peut-être pour une fois à quelque chose auprès de fanas probables de la peinture pas du tout mercantiles. (La grande culture, quatrième principe sacré.) 100 millons d’euros rien que que pour le tas de herde culturel inutile du 19e.

Dernier mais pas le moindre, la conscientisation écologique, là c’est un gros travail en profondeur du sarkozysme. Tout le monde désormais veut, c’est si légitime, sauver notre malheureuse planète. Donc il n’est pas question ici de traiter indignement certains écolos de Mickeys politiques (Mickey Bendit, Mickey José, Mickey Joly, ça c’est proprement odieux !)

Nous avons vu incontestablement d’un très bon oeil le flim "Home" de Pinault, la création avant-hier de la très heureuse Fondation GoodPlanet d’utilité publique de YAB, nous verrions d’un très bon oeil aussi Nicolas Hulot appelé à un maroquin important s’il est biodégradable.

Bref notre conclusion est que les Français ont énormément de raison d’être très contents, que Nicolas Sarkozy épouse au mieux nos desiderata, que Darcos, Pécresse, etc. sont des gens pleins d’allant, très compétents qui préparent l’avenir comme on l’entend.

Bref, c’est tout le paradigme français d’aujourd’hui qui est du bon storytelling. Arrêtez donc de faire chier Sarkozy. Sarkozy serait pour l’autogestion libertaire si vous lui demandiez majoritairement de l’autogestion libertaire.

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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