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Les fichiers de la détresse (pour tous bien sûr mais pour Augure en particulier)

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23062010

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Les fichiers de la détresse (pour tous bien sûr mais pour Augure en particulier) Empty Les fichiers de la détresse (pour tous bien sûr mais pour Augure en particulier)




Les fichiers de la détresse

Les services intégrés de l’accueil et de l’orientation (Siao) se mettent en place en catimini dans un silence impressionnant. La Fnars (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) a réagi plus sur la méthode que sur le fond.
La mise en place des Siao part de bons sentiments : il s’agit, en créant un guichet unique, de simplifier les démarches des personnes privées de logement. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions et ce guichet unique soulève de graves questions éthiques et juridiques .
Par application d’une circulaire interministérielle du 19 mars 2010, dans l’attente de la création de Siao, tous les centre d’hébergement, même s’ils accueillent des personnes qui disposent d’un logement, sont concernés. Les services départementaux de l’Etat mettent actuellement en place un véritable fichage des personnes accueillies dans les centre d’hébergement. Les centres qui voudraient conserver l’anonymat des personnes hébergées se verraient privées des subventions de l’Etat. Peu de centre peuvent, aujourd’hui , se priver de cette manne de l’Etat ; il ne leur reste alors que le choix entre se plier aux exigences de l’Etat ou, pour des raisons éthiques, fermer la structure d’hébergement. Le choix est cornélien et sans doute la loi du moindre mal prévaudra bien souvent.
Or la mise en place de ces guichets uniques porte atteinte à des principes fondamentaux de notre démocratie :
Les centres d’hébergement ne disposeront plus de la liberté d’accueil : le guichet unique leur indiquera quelles personnes doivent être accueillies (les Cada, centre d’accueil de demandeurs d’asile, fonctionnent déjà sous ce régime).
Il y a là une atteinte grave à la liberté des associations, qui seront obligées de renvoyer vers le guichet unique les personnes qui s’adresseraient directement à elles.
Une association sera chargée de tenir ce guichet unique. Elle aura donc tendance d’abord à remplir ses centres et ensuite à s’adresser aux autres. Comment maintenir l’impartialité du guichet unique ?
L’identité des personnes en détresse et les motifs de leur demande seront révélés à toutes les structures sociales, certes tenues au secret, mais le secret est tellement partagé qu’il n’existe plus vraiment. C’est une atteinte grave au respect de la vie privée des personnes en détresse, dont à l’article 9 du code civil.
La pauvreté ou la détresse justifient-elles de telles atteintes à la liberté et à la dignité des personnes, atteintes qui vont à l’encontre de certaines lois ou mesures mises en place par l’Etat ?
Il est évident que les victimes de violence (les femmes en particulier) n’oseront pas avoir recours au guichet unique, alors que jusqu’ici, elles peuvent secrètement se faire héberger.
La révélation de l’identité et du motif de la demande des femmes qui accoucheront sous X et ont besoin d’être hébergées, aboutira à identifier l’enfant et la mère.
Trace sera gardée de la détresse momentanée de ceux et celles qui ont besoin, à un moment de leur vie, quelle qu’en soit la raison, de faire une pause loin de leur milieu habituel. On aboutit à créer un véritable « casier social » par analogie avec le casier judiciaire.
En outre, on peut penser que ces guichets uniques sont un moyen supplémentaire d’assurer le contrôle social de l’accueil des immigrés.
Finalement, ce guichet unique risque d’avoir des conséquences opposées aux objectifs poursuivis. Parce que la relation de confiance ne s’établira pas au moment de l’entretien d’accueil, parce que le guichet unique aura toute la lourdeur d’un service administratif pour des personnes en détresse préférant rester dans l’anonymat et le nombre d’exclus sera en augmentation.
Pour l’instant, il n’y a que les notes de la direction des affaires sociales, aucun recours n’est possible. Les Siao devaient se mettre en place le 15 avril mais elle semble repoussée au 15 septembre.
Or, de manière rampante et souveraine, les services de l’Etat sont à l’œuvre. Est-ce bien conforme à la Convention Européenne des droits de l’homme ? La France pourrait, une fois encore, être condamnée par la Cour Européenne, si elle persiste dans la mise en place de ces guichets uniques. Mais le mal aura été fait et la méfiance des personnes les plus vulnérables à l’égard des structures sociales en sera de nouveau accrue.
brusyl
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Les fichiers de la détresse (pour tous bien sûr mais pour Augure en particulier) :: Commentaires

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Message Mar 29 Juin 2010 - 17:35 par Invité

Un peu hors sujet, un témoignage que j'ai recueilli aujourd'hui d'une personne que je considère comme absolument crédible.

Cette personne connait la rue depuis de très nombreuses années. Elle a parcouru la France et l'Europe notamment. De passage sur Limoges, elle a tenu à venir m'apporter ce témoignage...

Le mois dernier, dans différents villages de France (entre 1500 et 3000 habitants), en "faisant les poubelles", elle a trouvé des personnes âgées cherchant à manger tout comme elle dans ces même poubelles. Cela lui était arrivé dans des grandes voire très grandes villes de voir cela, mais jamais dans des campagnes. Ces personnes âgées avaient simplement faim... vivant avec le minimum vieillesse, ayant eu un hiver difficile et une lourde facture énergétique, elles ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins. Cette personne qui pourtant est endurcie par des années de rue, a décidé de leur laisser ce qu'elle avait trouvé, jugeant qu'elle avait des ressources que n'avaient pas ces "vieux" pour trouver de quoi manger.

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brusyl

Message Mar 29 Juin 2010 - 17:00 par brusyl

oui, cela serait sans doute intéressant d'envoyer le dossier au canard (meuh non pas toi duck, mais le ligoté !)
Augure, j'ai tout de même mis un post sur JFK parlant de l'affaire (c'est je crois le post 100 de l'article de ce jour) : en faisant un résumé de l'article de mon pote juriste... quelques réactions scandalisées d'internautes mais peu...
Ce serait pourtant un sujet qu'il faudrait suggérer à Marianne (meuh non pas le site mais le canard !) de traiter, c'est le genre de reportages dans la France profonde qu'ils font bien en général

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Donald11

Message Mar 29 Juin 2010 - 11:34 par Donald11

brusyl a écrit:@ duck
cela ne me semble pas très juste ce que tu dis : quelle que soit en effet ton opinion sur M2 ou le blog de JFK et sur les egos qui l'animent il se trouve que ces blogs sont lus par beaucoup de monde... l'important étant non "de trouver un écho" mais de faire savoir, de dénoncer la réalité de flicage de notre gouvernement
C'est comme si tu disais qu'il ne faudrait discuter qu'avec les gens qui sont d'accord avec vous.
Salut la belle.
Concernant M2, c'est devenu selon moi un torchon comme les autres, avec pub a toutes les pages ... Quant au blog de JFK, il est sans doute lu par beaucoup de monde, mais sans doute pas par autant que veut le faire accroire le chef. Le probleme, c'est que ce sont des lecteurs, mais que depuis trois ans d'existence de Marianne2007 a JFK, je ne vois aucun resultat tangible, palpable, reel, pas le moindre flechissement dans la vie politique de tous les jours. A ce train la, dans quelques annees, les bloggueurs de JFK lui auront servi la soupe et apres ? En fait, tout ca n'est que du blablabla ... du moins c'est ce que j'en pense. Certes, denoncer, c'est un bon commencement. Mais agir ... Entre nous soit dit, je prefere les denonciations et le style du Canard enchaine.
De ces discussions (M2, JFK), nulle lumiere n'a surgi ...
Le problème plus important je crois, concernant les inquiétudes d'Augure est que cette mesure, cette création des Siao a été faite de la façon la plus dissimulée possible, par circulaire inter-ministérielle.. Et que sans une connaissance aigue de ce milieu associatif, il est difficile de réaliser les implications liberticides et les contre-effets sociaux qu'aura cette mesure à savoir qu'à terme, moins de gens seront secourus car ils fuiront ce fichage. Cela doit être explicité...
Tout a fait d'accord avec toi. Mais j'ai cru comprendre que Pierre s'etait servi du blog de JFK comme tribune ... D'ou ma reponse ... d'une tribune sans issue ...

Je terminerai par une citation de La Fontaine, dans "Conseil tenu par les rats :
Ne faut-il que délibérer,
La Cour en conseillers foisonne ;
Est-il besoin d'exécuter,
L'on ne rencontre plus personne.

Bonne semaine.

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brusyl

Message Lun 28 Juin 2010 - 16:27 par brusyl

@ duck
cela ne me semble pas très juste ce que tu dis : quelle que soit en effet ton opinion sur M2 ou le blog de JFK et sur les egos qui l'animent il se trouve que ces blogs sont lus par beaucoup de monde... l'important étant non "de trouver un écho" mais de faire savoir, de dénoncer la réalité de flicage de notre gouvernement
C'est comme si tu disais qu'il ne faudrait discuter qu'avec les gens qui sont d'accord avec vous.

Le problème plus important je crois, concernant les inquiétudes d'Augure est que cette mesure, cette création des Siao a été faite de la façon la plus dissimulée possible, par circulaire inter-ministérielle.. Et que sans une connaissance aigue de ce milieu associatif, il est difficile de réaliser les implications liberticides et les contre-effets sociaux qu'aura cette mesure à savoir qu'à terme, moins de gens seront secourus car ils fuiront ce fichage. Cela doit être explicité...

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Donald11

Message Lun 28 Juin 2010 - 15:17 par Donald11

Salut Pierre,

A mon avis, JFK et son blog ne sont la que pour faire valoir l'existence de JFK et de quelques bloggueurs a l'ego surdimensionne. Tout y est lisse et intellectuellement parfume ... et enferme dans un monde "d'intellectuels" a la petite semaine.
Je voudrais me tromper, mais ce n'est pas a Marianne ni chez JFK que tes remarques pourront, helas, trouver le moindre echo.

Avec tous mes encouragements pour ce que tu realises chaque jour.

Salut l'artiste.

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Message Dim 27 Juin 2010 - 13:03 par Invité

J'ajouterai :

Il y a là une atteinte grave à la liberté des associations, qui seront obligées de renvoyer vers le guichet unique les personnes qui s’adresseraient directement à elles.
Une association sera chargée de tenir ce guichet unique. Elle aura donc tendance d’abord à remplir ses centres et ensuite à s’adresser aux autres. Comment maintenir l’impartialité du guichet unique ?
L’identité des personnes en détresse et les motifs de leur demande seront révélés à toutes les structures sociales, certes tenues au secret, mais le secret est tellement partagé qu’il n’existe plus vraiment. C’est une atteinte grave au respect de la vie privée des personnes en détresse, dont à l’article 9 du code civil.


C'est totalement évident. L'association en charge orientera en priorité vers ses propres structures pour justifier de l'octroi de subventions même si le public n'est pas adapté à son offre, et effectivement, au vu des items des formulaires, tout le monde sera au courant de la demande, de son origine, de la situation, et comme il y a aussi des fiches de suivis, des échecs dans l'évolution des dossiers pourraient très bien les renvoyer au bas de la pile puisque nous sommes entrés dans la culture du résultat. Les cas difficiles risquent d'être purement et simplement délaissés pour des profils offrant plus de possibilité de réussite.

De plus, pour les personnes en situation irrégulière, la crainte d'être arrêtées, fera qu'elles n'oseront plus demander de l'aide dans des situations d'urgence médicale par exemple, puisque là encore, la précision des formulaires s'agissant des personnes et des actions entreprises sera connu par l'ensemble des acteurs, et qu'il est très improbable que la police ou la gendarmerie n'y auraient pas accès par un moyen légal ou non (dénonciation, transmission frauduleuse des données par des responsables d'associations ou des travailleurs sociaux etc).

Ce sont les joies de la modernité, qui permettent des créations artistiques inattendues, et qui relégueront d'ici peu quelques romans de science fiction particulièrement perspicaces au titre de témoignage historique pour les chercheurs des siècles à venir (dans l'éventualité où nous survivrions à tout ceci).

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Message Dim 27 Juin 2010 - 12:41 par Invité

Bonjour à tous, et à Brusyl en particulier.

J'ai effectivement participé ( et suis sensé participer encore) au Plan Départemental de l'Accueil de l'Hébergement et de l'Insertion (PDAHI). Pour l'anecdote, il a été lancé un appel d'offre clôt le 15 mars pour une mise en place effective au 15 avril, le tout sans aucune directive. Ce qui revient à dire, que dans la théorie, l'adjudicataire avait donc un mois pour être fonctionnel, alors que le principe du SIAO démantèle totalement l'organisation en place. Inutile de préciser que cela était simplement impossible. La première réunion informative avait eu lieu début Janvier, et la première réunion de travail en fin de mois. Je pense qu'au moment où commence la réunion... personne ne voulait y croire.

Sur le procédé même.

Dans ma ville, une seule structure aurait pu mettre en place un semblant de quelque chose dans le délai imparti. En conséquence, une seule structure a répondu à l'appel d'offre, c'est à dire, l'association en charge du SAO (Service d'Accueil et d'Orientation). Donc en définitive, on ne peut parler de "pluralité d'offre".

Sur le principe.

L'article dit : La mise en place des Siao part de bons sentiments : il s’agit, en créant un guichet unique, de simplifier les démarches des personnes privées de logement.

Je ne pense pas qu'il s'agisse de bons sentiments, mais pour le moins d'une totale méconnaissance (voire un mépris) des publics accueillis et des difficultés d'établissement de la communication entre travailleurs sociaux et usagers, associée à une volonté de centraliser les informations les concernant. Cela met en évidence la volonté d'uniformiser "l'offre", quand par ailleurs, vous avez face à vous, un jeune en errance depuis plusieurs années, un toxicomane (sens large toutes substances confondues), une personne qui sort de prison, une femme avec son enfant qui a du quitter le domicile conjugale pour échapper à des violences, un couple, ou des personnes âgées qui par ignorance des processus d'aide sociale se retrouve à la rue, des travailleurs sans domicile, qu'ils soient étrangers ou français, des personnes étrangères avec ou sans papier. Chacun de ces publics nécessite une approche particulière, et dans ma ville, les différents CHRS présentent des particularités adaptées à tel ou tel type de personnes. Ainsi l'usager, au gré de ses démarches, pouvait, soit choisir d'aller vers la structure ou le travailleur social qui lui était adapté, soit être choisi par la structure la plus adaptée pour sa situation (le plus souvent dans un commun accord).

Ce qu'il en est.

Il a notamment été demandé à tous les organismes participant à la veille sociale d'uniformiser les items de leurs formulaires concernant les usagers. Nom, Prénom, Age, sexe, origine, situation, localisation etc. etc. etc.

Je n'aurai pas les mots pour décrire l'impact de cette demande, il est difficile de restituer le silence... Des personnes, ayant l'habitude de parler, qui se connaissent, dont le travail est d'établir la communication, qui se trouvent dans l'impossibilité de communiquer de commenter, de débattre, qui reçoivent les quelques directives inéluctables comme des coups de boutoir d'une violence inouïe. Parfois, c'est le travail d'une vie, qui se trouve brisé sous la volonté gouvernementale. Une seule personne a fait remarquer que chaque formulaire devait avoir l'aval de la CNIL, mais l'argument n'a même pas soulevé de réaction de la part des autorités. Une seule autre personne a fait remarqué, que plutôt que de rendre un organisme acteur unique de la vie d'autrui, il aurait été préférable de rendre l'usager acteur de sa propre vie. Mais ce n'était qu'un appel, qui pour être pertinent, a été balayé d'un revers : "ce n'est plus l'ordre des choses, nous avons des directives que nous devons appliquer". Au bout d'un moment, certains responsables ont essayé de rappeler leurs diversités de fonctionnement, la nécessité de garder une pluralité d'interlocuteurs pour laisser un semblant de choix à l'usager, mais ce n'était déjà plus qu'une salve d'honneur, chacun étant conscient qu'il n'y avait plus rien à dire ni à faire.

Ces personnes ont donc envisagé le fonctionnement potentiel d'un guichet unique, qui pourrait restituer les différentes "sensibilités" et "approches", tel qu'une commission où serait présent un représentant de chaque structure pour valider l'orientation. Mais déjà pour la plupart d'entre eux, les réunions de travail (au sein de leurs structures) se font au titre du bénévolat, tant il est à faire, et cette commission serait une charge supplémentaire non rémunérée. Pourquoi non rémunérée ? Parce que parmi les directives, il en est une qui est prégnante, l'objectif du guichet unique est aussi de diminuer les coûts de fonctionnement, il ne sera accordé aucune aide supplémentaire, et il faut faire avec les moyens existants alors que le nombre de demandes est en croissance constante.

Maintenant, il convient d'ajouter ceci. Nous avons deux choses, le Comité de Pilotage Départemental de la Veille Sociale (auquel je participe également) et le PDAHI, qui sont imbriqués l'un dans l'autre, puisqu'ils concernent les même organismes. Il faut savoir, que la police et la gendarmerie participent au Comité de Pilotage. Comme dans le cadre du Comité de Pilotage, nous sommes obligés de transmettre les informations pour pouvoir mettre en face les moyens nécessaires en réponse à l'urgence, police et gendarmerie ont bien sûr accès à ces informations. Cet hiver, un des centres d'hébergement d'urgence de la région a vu la gendarmerie intervenir dans ses locaux et venir arrêter des personnes sans papiers. Dans le même ordre d'idée, au moins lors d'une de nos maraudes, nous avons été suivi par la police dans un véhicule banalisé et lors d'une maraude d'un autre organisme, la police a arrêté les personnes que venaient "d'aider" les "maraudeurs" (sans qu'il soit certain qu'il y ait un lien de cause à effet dans ce cas).

Enfin, pour bien mesurer la situation dans ma ville... le responsable du SAO a changé l'année dernière me semble t-il. Succédant à un travailleur social, dont la réputation au sein des différents publics et organismes était sans tâche, un ancien directeur commercial de la CE a été choisi pour reprendre en main le SAO. Les conséquences ne se sont pas faites attendre. Fermeture de la consigne (pour les bagages encombrants des sans abris), limitation de l'accès aux douches (pour les seules personnes nécessitant des soins), retrait des machines à laver le linge etc etc etc. Cet organisme, dont les travailleurs sont tous salariés, a donc délégué une partie de ses prestations aux organismes fonctionnant par le bénévolat, générant des flux et des tensions dans la gestion au quotidien.

Lors de la seconde réunion de travail, le responsable du SAO, a fourni un formulaire "type". Là, on s'aperçoit que cette personne demande jusqu'à la localisation précise de l'ensemble des squats (ceci sur une fiche nominative bien évidement). Le responsable de l'urgence au sein de la DDCSPP (anciennement la DDASS), outré, fait remarqué qu'il n'a pas été demandé d'aller aussi loin, les travailleurs de rue présents à la réunion, font remarquer qu'ils n'ont normalement même pas le droit d'entrer dans un squat et qu'en conséquence, il ne saurait être question de leur demander de localiser ceux ci. Cet item sera donc retiré. Mais d'ors et déjà, les items principaux des travailleurs sociaux ont été abandonnés au profit d'items voulant clairement identifier, cibler, localiser, et FICHER chaque individu en demande et notamment : Nom, âge, sexe, date de naissance, nom de rue (où la personne a été abordée... dans l'idée de localiser un squat ?), origine géographique (comme il n'est pas possible de faire des stats ethniques l'origine géographique concernerait la ville d'où ils viennent), origine socio-professionnelle... et oui on ne sait jamais des fois que la pauvreté et l'indigence seraient génétiques ou transmissibles de père en fils... Par la suite, chaque organisme n'a fait qu'obtempérer, et ce jour là, j'ai compris que ces personnes ne feraient rien. Toutes, ne voyaient plus qu'une chose, la survie de leur organisme, l'abandon de la plus grande part des subventions met les associations en danger, et chacune d'elle espère avoir les aides leur permettant de continuer d'être, sachant qu'il n'y en aura pas pour tout le monde. L'intérêt devient donc de mettre en avant sa bonne volonté dans l'application des directives gouvernementales.

Pour finir, il a également été clairement dit, que plus aucune aide ne serait donnée aux personnes étrangères sans papiers non hébergées. Donc, si vous n'êtes pas en CADA, sachant qu'il y a très peu de place, vous n'avez plus droit à l'aide alimentaire dans notre pays, l'argument étant, que puisque ces personnes sont en situation irrégulière (donc dans l'illégalité), elles ne peuvent prétendre aux aides légales.

Donc aujourd'hui, en France, un couple d'étrangers, avec des enfants en bas âge, à la rue, n'a pas droit à l'aide alimentaire d'urgence.

Enfin, j'ajouterai que sonne le glas des colis alimentaires d'urgence au sens large (c'est à dire destinés également aux français). Nous n'en proposerons plus, et apparemment, les autres organismes non plus, simplement parce que nous n'avons plus les moyens de le faire.

Ils sont gentils dans leurs salons parisiens, de décider pour les autres ce qu'ils doivent faire. Ce ne sont pas eux qui se retrouvent face aux personnes qui n'ont rien à manger. Et je vous livre ici, partie d'un texte que j'ai écris il y a peu de temps et que j'ai posté sur le blog de JFK avant de savoir que l'abandon des colis d'urgence était définitive (mais ne croyez pas qu'on ne va pas se battre pour cela, ni trouver des options).

............/...

Aujourd'hui, dans notre pays, des centaines de milliers de personnes n'arrivent plus à satisfaire leurs besoins essentiels. Les associations caritatives sont dépassées par la situation.

Aujourd'hui, dans notre pays, des travailleurs sociaux se trouvent dans une situation ingérable. Comment faire, lorsque, ayant 3 euros de budget, je dois nourrir 50 personnes dont la moitié d'origine étrangère (toutes générations confondues avec enfants ou même parents nés en France) ?

Si vous traitez le problème en fonction de la nature de l'urgence, et que par exemple, vous décidez que les enfants en bas âge doivent être les premiers aidés de part leur fragilité. En supposant qu'il y aurait 4 familles avec deux enfants et que le reste soit des célibataires :

3 euros... 4 kilos de pâtes, pour 4 familles ayant deux enfants... soit 16 personnes.

En admettant qu'une famille sur deux soit d'origine étrangère... 17 "français" n'ont rien eu.

Que répondre, lorsqu'une personne interpelle en disant : moi je suis français, né en France, et je n'ai pas droit à l'aide ?

Si vous répondez : quand bien même on aurait donné l'intégralité à des français (franco-français, gaulois pur souche), il en serait resté 9 qui n'auraient rien eu, et nous avons choisi de répondre aux urgences les plus graves, celles concernant les enfants en bas âge en particulier.

On vous répond : Si il n'y avait pas tant d'immigrés en France et si on ne leur donnait pas tant avec leurs familles nombreuses, le regroupement familiale, le polygamisme et j'en passe, il resterait suffisamment pour nourrir les français !

A partir de là... vous pouvez toujours essayer d'argumenter, mais cela ne sert à rien. La personne en face n'est plus réceptive. Elle est CONVAINCUE d'être victime du système (ce qui est vrai) et que ce sont les étrangers qui sont la cause de tout (ce qui ne l'est pas).

Le problème ce ne sont pas les multimilliardaires, les élus avec leurs rémunérations pharaoniques, les financiers qui ruinent les états avec leurs valeurs virtuelles, ni même le néolibéralisme, la dérégulation, la privatisation ni quoi que ce soit d'autre. Le problème ... c'est l'étranger !

Quand des gens ont faim... on ne peut attendre d'eux qu'ils soient raisonnés et tolérants mais par contre on peut s'attendre à ce qu'ils rejettent ce qui leur semblent dissemblables.

Mais j'aurai pu illustrer mon exemple autrement et de manière beaucoup plus réaliste...

3 euros de budget, 50 personnes : 8 familles ayant 2 enfants, et 1 parent isolé avec 3 enfants, 4 parents isolés avec 2 enfants et un parent isolé avec un enfant.

Les personnes que vous laissez sur le carreau sont des familles. Et ce sont des enfants qui ont faim !

Si c'était vous le parent... vous penseriez quoi ? vous feriez quoi ?

Vous pensez que j'en fais trop ?

C'est pourtant ce que nous vivons depuis plusieurs mois. Les associations se renvoient entre elles, les personnes qu'elles ne peuvent aider. Toutes sont en déficit, toutes ne peuvent plus faire face à la demande, et toutes se renvoient ceux ci ou ceux là. Et quand vous êtes la dernière association que la famille vient voir, et que vous avez devant vous une femme, avec ses deux enfants sous le bras, que vous savez qu'ils n'ont rien à manger, et qu'ils n'auront aucune ressource financière pendant les jours qui viennent... que faites vous ? Vous accroissez votre déficit... vous transgressez, vous allez au delà des consignes reçues parce que vous ne voulez pas être celui qui sera responsable de la faim de ces enfants. Parce que vous ne voulez pas être la personne que cette famille gardera en souvenir, pour ne pas leur avoir donner à manger quand ils avaient faim, parce que simplement, cela vous est insupportable, de laisser cette famille, qui n'est pas une statistique, qui n'est pas un numéro, qui n'est plus un inconnu, rester dans le dénuement le plus total.

Évidement nous sommes loin des salons mondains, nous sommes loin également des cités, il s'agit juste de l'exemple d'une petite ville de province connue pour avoir une des plus faibles représentations du FN.

Pourtant... ici aussi, dans les esprits s'impose une idée... : c'est la faute aux étrangers !



Bienvenue dans ma réalité...

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brusyl

Message Mer 23 Juin 2010 - 22:27 par brusyl

Je vous ai recopié un article qu'a écrit un ami à moi professeur de la fac de droit à Poitiers pour "La Croix" du 13 mai dernier

Il est très inquiet de voir que toutes les structures sociales (celles de notre ville résistent mais normal, elles sont conseillées par lui) sont en train de constituer ces fichiers.
Cet homme est pourtant tout ce qu'il y a de plus modéré. Augure, tu peux me dire comment cela se passe chez toi ?

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