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La société marchande est une religion

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04112009

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La société marchande est une religion Empty La société marchande est une religion




Article rédigé le 04 oct 2009

La consommation des ménages est le moteur de l’économie de nos sociétés occidentales depuis le triomphe du modèle capitaliste, mondialiste et libéral; ce n’est un secret pour personne. Ce qui est moins évident est que l’économie, si elle est censée être le coeur de pierre qui alimente un pays au gré des flux monétaires suivant le cours des pertes et des profits, n’influence pas moins d’une façon certaine l’éthique d’une société. Si le coeur est un organe sans morale, conscience ni intelligence propres, il est pourtant une part de l’ensemble dont il est issu et a des impacts inévitables sur la santé de celui-ci: admettons un instant que le sang qu’il véhicule contienne du poison, et c’est l’entièreté de ce qu’il sustente qui se mourra. L’analogie semble effectivement appropriée: bien que l’économie soit un des piliers indispensables à la marche d’un État, qui procède selon des lois de cause à effet purement mathématiques et donc exemptes d’une quelconque morale par nature, il n’empêche pas moins que les conséquences de mécanisme programmé puissent attenter gravement à la pureté de l’esprit d’une société et des individus qui la constituent. Un produit n’est-il pas, par définition, le résultat de tous les éléments qui le composent ? Un bâtiment n’est-il pas dépendant des fondements sur lesquels il repose ? Ainsi, une part défectueuse d’un ensemble affecte toujours la totalité et le bon fonctionnement de ce dernier.



Le mot « religion » trouve son étymologie dans le verbe latin « religere », qui signifie « relier ». La fonction première de la religion est donc de relier les êtres. Par quoi sont-ils reliés au sein de celle-ci ? Essentiellement par l’appartenance à une même doctrine. Or, la société marchande ne relie-t-elle pas ses adhérents grâce à une façon commune de penser et de percevoir le monde ? Le « mainstream », l’inconscient collectif du peuple qui fait partie d’une société donnée (littéralement « courant principal »), est formé par la somme des idées, principes, cultures et valeurs de chaque personne qui constitue ce même peuple. La grande majorité des individus ayant peu de personnalité, chacun est modelé par l’idéologie de la société une fois qu’il y est intégré. La voie de la facilité est effectivement la plus prisée par le commun des mortels, car le seul autre choix possible serait de vouloir modifier son environnement pour le faire correspondre à des idéaux que l’on juge élevés, mais encore faudrait-il avoir les capacités d’appréhender une telle possibilité; un exercice autrement plus ardu, en somme.

Il se trouve que la pensée dominante en Amérique du Nord et en Europe a décrété en ce début de 21ème siècle que l’on ne doit croire que dans ce que l’on voit et peut ressentir directement par nos sens organiques. Cela implique de collectionner un maximum de plaisirs: puisque le corps est destiné à mourir, il serait invraisemblable qu’il y ait une quelconque vie après la mort, n’est-ce pas ? L’accession à une profession aussi prestigieuse que rentable est une autre priorité, un autre élément indispensable pour être socialement reconnu, ce qui est aussi important maintenant que l’obtention de « son paradis » l’était au Moyen Âge: seuls les critères ont changé. Le système conditionne aussi chacun d’entre nous dès le plus jeune âge pour que nous acceptions de nous vendre aux employeurs les plus divers pour le servir avec fierté.

Ce qui intéresse réellement la population est de s’acquitter des tâches qu’on lui impose pour vivre une vie « normale », plate, sans risques, et ainsi donner l’apparence d’avoir réussi sa vie de sorte à avoir bonne conscience. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que chacun a une conception personnelle et intime des critères qui lui permettraient d’être satisfait de la vie qu’il mène, et qu’il n’y a aucune loi universelle de réussite qui puisse être trouvée (surtout pas par de simples humains).

C’est pourtant la conduite aveugle de principes étiquetés comme seuls valables qui prévaut, et ceux qui se targuent d’être les parfaits produits du système achètent compulsivement tout ce qui est à leur portée et pourrait leur permettre de « profiter au maximum de la vie tant qu’il en est encore temps », dans le but d’éprouver autant de plaisirs que possible. L’angoisse du néant qu’il y aurait après la mort (pour peu qu’ils se soient jamais posé ce genre de question existentielle) ne fait que renforcer cette envie de fuir en avant et de trouver des échappatoires à l’absence de réponses dans les plaisirs les plus divers.

Le statut officiellement démocratique de nos sociétés est également un atout considérable pour le mercantilisme, parce qu’aucune limite n’y entrave la consommation et que tout peut s’y vendre, parfois même des choses qui pourraient nuire au pouvoir en place, et que la population peut se fondre dans des illusions de perfection et ne plus avoir d’autre préoccupation que de se complaire dans le plaisir que les produits achetés lui procurent de sorte à renforcer la réalité de son petit paradis, entre autres raisons. La démocratie s’accompagnant du libéralisme économique (censé, comme son nom l’indique, permettre la liberté alors qu’il provoque l’inverse dans les faits), du libre-échange et du laisser-faire, le capitalisme ne peut qu’être enchanté par un tel système, surtout lorsqu’il serait en réalité digne d’être nommé démocrature en raison de la nature de son pouvoir politique.



Pire, le domaine du matériel finit par être la seule dimension d’existence de l’individu, ce qui implique qu’il adopte toutes sortes de comportements d’un niveau de sophistication digne de ce qui est matériel; autrement dit, le plus bas qui puisse exister. La société marchande contribue donc fortement à déconnecter l’homme de ses facultés spirituelles et à le pousser dans un égoïsme et une médiocrité toujours plus patentes. Il est vrai qu’un nombre conséquent de personnes est de toute manière incapable d’envisager quoi que ce soit de plus évolué que ce qui est purement tangible, visible, et cultiverait donc une grande proximité avec le côté animal, primitif et instinctif du genre humain, qu’il vive dans une société marchande ou non. Le problème est que l’inconscient collectif empoisonné par les valeurs inversées d’aujourd’hui peut conduire dès le plus jeune âge des gens intelligents et de bonne foi à un mode de vie qui ne correspond pas à leurs aspirations naturelles, ou les rendre malheureux parce qu’ils refusent ce système dans lequel ils ne trouvent pas une place qui leur est appropriée. Le système ne proposant pas vraiment d’alternatives à sa politique de conditionnement et de mise au travail qui oblige presque tout un chacun à se plier aux exigences de la société et qui laisse peu de temps et d’énergie à ceux qui désirent se développer intellectuellement et spirituellement par eux-mêmes, il est clair que le gâchis de génie et d’imagination qui pourrait contribuer à améliorer l’ordre des choses est énorme.

D’autre part, il est difficile d’imaginer que plusieurs religions dominantes puissent cohabiter; la vocation d’une religion est aussi d’éliminer ses concurrents. Ainsi, le matérialisme qui pourrait être qualifié de religion sataniste et voleuse d’âmes, éclipse toute autre religion de la scène principale, et les relègue au second plan. On érige désormais le matériel comme dieu unique, et on rend des cultes à un florilège de divinités secondaires, telles des vedettes de cinéma ou de sport, toutes aussi creuses les unes que les autres. Cela se constate nettement avec le recul incontestable de l’importance du christianisme depuis l’avènement de la société marchande. L’amoindrissement de l’influence d’une Église qui s’était depuis longtemps décrédibilisée n’est certes pas d’une réelle gravité, mais la perte de vue de l’idée même d’un Dieu a grandement renforcé l’ignorance de l’Homme de sa dimension spirituelle. Si je ne considère personnellement pas comme particulièrement positif d’être théiste, je pense qu’être déiste peut difficilement avoir des conséquences négatives, tant sur soi que sur les autres personnes.

Le système économique occidental lui-même fonctionne d’une façon tout à fait égoïste et psychopathe, en ne se contentant pas de spolier la richesse des citoyens de son pays, mais en volant aussi celle des nations dans lesquelles il a une emprise sur la scène internationale. Ce modèle, comme le reste de la société dont il est issu, privilégie la pensée et l’action à court terme, ce qui est plutôt logique lorsque l’on est basé sur le matériel. Le matériel est effectivement l’incarnation même de ce qui est temporaire, et miser là-dessus revient à se baser sur ce qui est évanescent et ne peut que disparaître. Comment penser qu’un pays qui, comme les États-Unis, affecte 651,2 milliards de dollars à la Défense nationale, quand 330 milliards sont versés à la Recherche et au Développement, 64 milliards pour l’éducation, et 18,1 pour la Nasa, pendant que des coupes dans les services sociaux et la santé sont faites, puisse être en phase avec les réalités de son temps ? Alors qu’investir dans les sciences paraîtrait le moyen le plus probable d’aboutir, entre autres perspectives alléchantes, à l’autonomie et à l’abondance énergétique, ce qui serait très utile et rentable sur le long terme, mais coûteux pendant la période de recherche qui précède la découverte, le gouvernement des États-Unis préfère, lui, investir prioritairement dans l’industrie de l’armement, y ajoutant une subvention de 100 milliards de dollars entre 2008 et 2009 malgré la crise économique, parce que ce secteur est immédiatement rentable et que seul le profit est recherché. Certains diront qu’il s’agit d’une mesure de protection nécessaire pour garder un poids dissuasif sur la scène internationale. Mais contre qui les États-Unis devraient-ils se protéger avec une velle véhémence, au juste ? Même la Chine, pourtant versée dans l’art de la brutalité et deuxième puissance militaire mondiale, n’affecte que 56 milliards à son budget militaire. La mort est tout simplement une affaire florissante. (Pour les intéressés, voir la répartition des dépenses du gouvernement américain, en anglais)



Un autre méfait de la société marchande telle qu’elle est organisée est qu’elle oblige le citoyen à oeuvrer à sa propre auto-destruction. Du fait qu’elle lui impose de penser sur le court terme et ne lui fait savoir que ce qu’elle estime qu’il doit savoir, elle l’habitue à acheter sans se demander qui il contribue à financer de la sorte. En effet, bien qu’il soit tout à fait normal que le groupe assez volumineux des citoyens qui gagnent tout juste assez d’argent pour survivre minimise ses dépenses au maximum et achète donc là où les prix sont les moins élevés, d’autres personnes plus aisées pourraient faire passer les justes valeurs avant la cupidité, ne serait-ce que par principe. En effet, en achetant là où les prix sont les moins élevés, donc dans la grande distribution, on enrichit forcément les multinationales qui pourrissent le monde du fait des conséquences de leurs actions, de même que tant d’autres entreprises dont l’éthique est discutable mais auxquelles le système force souvent bon nombre de gens à avoir recours par la simple et logique motivation de la survie. De toute manière, peu d’entreprises peuvent encore se vanter d’être exemptes de reproches. Mais en favorisant la grande distribution, on accentue aussi quelque chose qui nous touche plus directement, à savoir la destruction des classes moyennes, qui sont un pilier indispensable à la démocratie. Réduire la classe moyenne dans des proportions incongrues, cela signifie diviser la société entre une classe aisée, dans laquelle les richesses et le pouvoir sont centralisés, et une classe pauvre, qui est si préoccupée par sa survie qu’elle a peu d’occasions de se soucier de quoi que ce soit d’autre et dont les moyens ne permettraient de toute manière pas de causer la moindre incidence. Ce schéma illustre de manière éloquente la disparition progressive de la classe moyenne depuis les 30 dernières années:



Le pire est que les citoyens sont contraints par le système de disloquer cette petite bourgeoisie. Qui plus est, la société marchande a permis au secteur privé des entreprises de s’approprier une telle quantité de richesses qu’elles se sont non seulement substituées aux États, mais les tiennent désormais sous leur coupe grâce à leur monopole de l’argent, et y trouvent un sympathique réservoir de subsides dans lequel elles peuvent se servir aux détriments du contribuable.



Bien que tous les systèmes, même ceux qui incluent les valeurs les plus nobles, sont détournés par les dirigeants à des fins qui leur sont avantageuses, et que ce qui se fait sur le reste du globe peut difficilement être considéré comme plus appréciable que ce qui existe en Occident, le nôtre a ceci de particulièrement pervers qu’il essaie de revenir sur des droits durement acquis et veut se faire passer pour une démocratie humaniste alors qu’il est une démocrature qui penche de plus en plus vers la dictature. Prisonniers de leur propre logique, nos dirigeants nord-américains et européens multiplient les mesures et les astuces extraordinaires pour conserver leur emprise hégémonique sur le globe qui leur permet de faire prévaloir leurs ambitions, obsédés à l’idée de maintenir le système tel qu’il est pour sauvegarder leurs privilèges, alors que leurs « blocs » déclinent inexorablement et pourraient se retrouver balayés d’ici une quarantaine d’années par le pôle Russe, Indien et Chinois, même si ceux-ci sont actuellement encore loin d’être réellement menaçants économiquement parlant, à moins d’un éventuel effondrement brusque de l’Occident, quoiqu’il les emporterait probablement dans le même gouffre. L’Union Européenne des 27, les États-Unis et le Japon comptent effectivement pour un PIB d’environ 36 000 milliards sur un total de 54 000 pour l’ensemble du globe, tandis que la Chine atteint les 5 000 milliards et que la Russie et l’Inde tournent autour des 2000. Pourtant, ces derniers pays sont partisans d’un système capitaliste tout aussi immoral que celui du monde occidental (même s’ils partagent aussi de nombreux différends avec ce dernier) que la Chine couple d’une ignoble politique communiste, et les droits des citoyens y stagnent à un niveau auquel nos élites auraient toutes les peines du monde à nous ramener, malgré leurs brillants efforts en ce sens.

Bien mieux qu’un effondrement du monde occidental, donc, il faudrait tout simplement espérer que l’issue des événements à venir débouche sur un changement de pouvoir vers un gouvernement plus éclairé, ou permettent au minimum un retour à une situation plus acceptable. Malheureusement, une amélioration de la vie au sein d’une société ne dépend que de la bonne volonté de personnes hauts-placées, et peut brutalement disparaître d’un jour à l’autre avec ces mêmes dirigeants bien intentionnés. Mais puisque la nature du genre humain est par nature imparfaite, l’être humain ne peut créer que des sociétés imparfaites, et c’est pourquoi attendre la perfection dans ce domaine ne pourrait que décevoir tant que l’Homme sera tel qu’il est. Cependant, il nous est tout à fait légitime d’exiger une société aussi parfaite que possible, en ayant à l’esprit que cette entité est le reflet de l’ensemble de ses constituants et que nous sommes par conséquent les garants de son bon fonctionnement.
http://www.mecanopolis.org/?p=9836
brusyl
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La société marchande est une religion :: Commentaires

brusyl

Message Mer 4 Nov 2009 - 14:51 par brusyl

Je ne garantis pas le site d'origine de cet article. Vous le connaissez peut-être déjà ? qu'en pensez-vous ?
quant à l'article en question, il ne travaille pas toujours dans la dentelle mais pose quelques bons diagnostics....

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