cybermaquis
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

La religion du travail

Aller en bas

25112009

Message 

La religion du travail Empty La religion du travail




L’étymologie du mot « travail », « tripalium », « instrument de torture composé de trois pieux », terme qui a remplacé, à l’avènement du monde moderne, « labeur », de « laborem », « peine, effort », ne laisse guère de doute sur l’acception négative que l’on porte à l’activité de production des biens qui semble maintenant dominer, par sa colonisation de la sphère sociale, mais surtout des esprits, des habitus, la société capitaliste contemporaine.

Cependant, la « souffrance » que cette part essentielle de l’existence humaine paraît occasionner, dont les séries actuelles de suicides sont l’illustration spectaculaire, a placé au centre de l’attention publique un problème que l’on voulait occulter jusqu’à présent, car il touche de près la nature même du système.

On a souligné, au demeurant, que le taux de suicides lié à des conditions de travail intolérables ne dépassait pas celui des suicides dans l’ensemble de la société, qui est de 23 pour cent mille. La valeur qu’on leur accorde dépasse évidemment le cadre des entreprises où ils se produisent, et rencontre les attentes affectives et idéologiques de l’ensemble de la communauté, qui n’accorderait pas cette attention chargée de pathétique à ce phénomène si elle ne se sentait pas puissamment concernée. Les accidents mortels ou pathogènes liés aux accidents d’automobiles ont bien longtemps suscité un fatalisme accompagné d’indifférence, malgré quelques déplorations d’usage. Pourtant, leur coût pour la société, en termes de vies humaines brisées et financiers, était exorbitant. Les moyens pour endiguer ce processus destructeur n’ont pas été sans susciter des résistances, parce que la bagnole s’inscrit dans l’utopie capitaliste moderne, en ce qu’elle offre les moyens du nomadisme et de l’enfermement individualiste. Cependant, d’autres injonctions, fondées sur une nécessaire sauvegarde de l’intérêt commun, notamment écologique, peuvent contrebalancer, relativement, cette propension, à condition qu’elle soit elle-même remplacée par des satisfactions ou des intérêts équivalents, par exemple dans les domaines de l’économie. D’aucuns envisagent même la disparition de l’automobile, ce qui paraît pour l’heure utopique, en regard de la demande pressante des pays « émergeants ». Quoi qu’il en soit, si l’idée d’une disparition de l’automobile semble possible, il n’en est pas de même du travail, œil sombre du maelström capitaliste, vers lequel tout converge, les intérêts, les esprits et les cœurs.

Il faut donc jauger la nature d’une souffrance qui ne s’évalue pas seulement à l’aune économique et de la simple utilité.

Cette dernière approche était en fait la première. Si nous appréhendons l’idée que se faisaient les Anciens, et notoirement les Grecs de l’Antiquité, il ne fait guère de doute que la légitimité du travail, en grande partie assumé par les esclaves, consistait non seulement à pourvoir la société de biens de subsistance suffisants, mais aussi, et surtout, à permettre l’existence d’une classe de maîtres, assez disponibles pour se livrer à leur ethos, à la politique et à la guerre, et subsidiairement aux plaisirs. La dichotomie entre contemplation et action n’était qu’un faux dilemme, l’action étant en fait une déclinaison de la contemplation, matière à exempla, et la contemplation en elle-même, notamment chez les Romains, étant un complément valorisant de l’action, soit qu’on ne pût y échapper (vieillesse, maladie, régime trop malfaisant pour s’engager en restant intègre…), soit qu’on s’y livrât temporairement, pour cultiver son âme. L’essentiel était d’être dégagé, libéré de la contrainte, de cet étau de la nécessité d’ordre biologique qu’était l’activité laborieuse. Il n’est donc pas exagéré d’avancer, malgré l’hypothèse évoquée par Aristote de remplacer les esclaves par des machines, que l’esclavage était autant un besoin idéologique qu’un facteur économique : on ne pouvait être libre qu’en ayant en vis-à-vis le spectacle de la dépendance absolue. C’est pourquoi le travail « mécanique » (opposé aux arts libéraux, d’ordre intellectuel, moins dévalorisés) était entaché de mépris, fût-il assuré par des hommes « libres ». Seul le travail paysan pouvait trouver grâce, davantage chez les Romains que chez les Grecs, pour lesquels il pouvait être un fardeau. Les Géorgiques de Virgile, ou les traités agricoles, par exemple de Caton l’Ancien, bien qu’ils dussent beaucoup à des manuels hellénistiques disparus, transcrivent bien l’esprit « vieux romain », qui peut-être influença la vision chrétienne du travail, en particulier dans les monastères.
Il n’est pas inintéressant de noter que la perception du travail comme activité utilitaire offrant les moyens de la vie ou de la survie a perduré jusque dans les années trente. C’est au fond celle que sous-tend l’injonction de saint Paul (dont l’universalisation est le véritable baptême du monde moderne… et de l’idéologie communiste…) : « … si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. » Thessaloniciens, 3.10. Certains socialistes avaient cependant repris la vieille notion d’otium, de loisir, de repos, véritable utopie du syndicalisme militant, dont l’illustration la plus connue est l’ouvrage du gendre de Karl Marx, Paul Lafargue, Le Droit à la paresse (1883), qui était ni plus ni moins que l’universalisation égalitariste du principe d’autonomie et de liberté de l’Antiquité prodigué aux classes laborieuses, c’est-à-dire à presque tout le monde.

On sait ce que devint cette idée à l’ère des congés payés et des 35 heures : une occasion supplémentaire de s’intégrer à la sphère marchande, aliénante, et à la logique de la contrainte, condamnés que nous sommes à « travailler » notre corps, notre psychisme, nos relations, notre culture et notre temps, dans la terreur de « perdre » ce dernier dans un farniente désormais objet d’opprobre.

Le grand basculement en fait se produisit, pour certains, à la fin du moyen âge. En effet, la malédiction qui semblait attachée au travail, et que l’on trouve non seulement chez les Gréco-latins, mais surtout dans la Bible (« Tu travailleras à la sueur de ton front ») se retourne pour devenir une bénédiction. L’Italie, bien sûr, en avance sur le reste de l’Europe sur le plan économique, surtout en matière de commerce et de finance, propose une nouvelle morale, dont l’humaniste Leon Battista Alberti (1404 – 1472) est le thuriféraire. « … il justifie par exemple, les bénéfices commerciaux comme étant le paiement d’un travail ; il démontre l’utilité de l’industrie comme créatrice d’emplois ; il estime encore que, si les activités des hommes d’affaires ont bien le profit pour motif essentiel, elles n’en sont pas moins « honnêtes et louables » (in « L’Italie de la Renaissance », Fayard, 1990). Mais selon Max Weber, l’éthique capitaliste est née de la vision du monde protestante, notamment calviniste, pour qui le travail est une ascèse conduite pour la gloire de Dieu, et ses résultats les fruits d’une élection divine. Luther avait traduit, dans la Bible, « travail » par « Beruf » (« métier ») et non par « Arbeit », qui souligne sa pénibilité. La dimension utile pour la société, positive pour l’individu, en était valorisée. Hegel, qui reprend le terme Arbeit, va même jusqu’à y puiser une idée de salut : « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre », formule qu’on trouvait sur les frontons des camps de concentration nazis).

La thèse de Weber fut contestée, notamment par Werner Sombart qui, dans son essai, « Le juif et la vie économique » (1911), à l’époque perçu comme un écrit philosémite, avance la thèse que cette révolution fut la conséquence de l’influence juive. Cette idée fut ouvertement reprise par Jacques Attali dans son ouvrage « Les Juifs, le monde et l’agent », en 2002. L’interview qu’il donna à l’époque dans l’Express, et qui est reproduit sur le site www.denistouret.fr/ideologues/Attali.html, outre la grande charité pour les gentils qui s’y révèle, présente une richesse de contenu remarquable par sa franchise. Pour lui, l’épisode du désert est crucial. Le peuple hébreu, coupable d’avoir adoré le veau d’or, doit errer dans le désert du Sinaï. Il reçoit malgré tout la manne, qui est fade, sans saveur, ce qui signifie qu’il devra dorénavant travailler pour obtenir des richesses, signe d’élection (contrairement au christianisme, pour qui c’est plutôt la pauvreté). Quant à la Renaissance, une longue citation s’impose :
« Pour moi, les preuves que je recense sont tellement accablantes que la thèse de Max Weber ne tient pas la route: malgré son immense culture, il n'a rien compris, ni au judaïsme, ni au rôle que celui-ci a joué, ni aux sources de l'ordre marchand. Mais Sombart n'est pas mieux: il fait démarrer le capitalisme au XVIe siècle par l'initiative de juifs polonais immigrés en Angleterre! Il ne leur prête un rôle que dans le capitalisme de spéculation, alors que l'important est ailleurs, dans le rôle très ancien joué par les juifs dans la mise en place de l'éthique en général, dans celle de l'économie en particulier, et dans le financement de l'investissement à partir du Xe siècle. Il oublie beaucoup d'autres choses, comme le rôle de la papauté, qui préserve les banquiers juifs dont elle a besoin; l'importance des banquiers lombards, qui sont en réalité souvent des juifs plus ou moins masqués; leur rôle dans le formidable développement de l'Espagne, dans les deux berceaux majeurs du capitalisme que furent les Pays-Bas et l'Angleterre et dans les colonies. Il ne dit rien non plus de leur participation au développement industriel, au XIXe siècle, en particulier dans les industries de la communication, de l'automobile, de l'aviation. Peu de gens savent que l'agence Havas et l'agence Reuter au XIXe siècle sont des créations juives, au même titre que la Deutsche Bank, Paribas ou les principales banques d'affaires américaines. Et encore bien d'autres destins fascinants en France, en Allemagne ou en Russie. De tout cela, je donne d'innombrables et spectaculaires exemples. »

Et plus loin : « Marx, lui, avait compris que le judaïsme était à l'origine de la pensée économique moderne, mais il assimile totalement judaïsme et capitalisme, pour lui deux ennemis à combattre, et il écrit des pages clairement antisémites sur lesquelles a toujours pesé un tabou. »

Admirons donc la sincérité du pape du nomadisme et de la mondialisation.

Quoi qu’il en soit des thèses de Max Weber, elles avaient l’inestimable mérite d’appréhender le travail comme un phénomène culturel, au sens allemand, comme un phénomène impliquant une vision du monde et une généalogie. Pour lui, qui use des archétypes, c’est-à-dire de l’essentialisation de concepts diffus, dont les acteurs n’ont pas toujours une claire conscience, une « action », un comportement humain n’existe et ne se développe que si « l’agent lui communique un sens subjectif » (« Economie et société »). Il se peut même que les conséquences de cette action échappent à l’intention première. Ce fut le cas, pour lui, du calvinisme, qui refuse la jouissance des biens matériels, mais, de par l’efficacité de l’ascèse laborieuse, conduisit à la production massive de biens matériels. Ce n’était cependant là qu’un aléa historique très relatif dans la mesure où cette richesse occasionnée par l’effort devenait un signe d’élection divine !

Il faut ajouter cependant que Max Weber ne sous-estima pas l’importance de la révolution scientifique du 17ème siècle, qu’il faut justement inscrire dans un changement général de mentalité, utilitariste et hostile au vieux monde issu de l’Antiquité.

Ce monde ancien, enraciné dans des archétypes immémoriaux qui n’avaient guère changé, dont le plus opératoire était le concept de trifonctionnalité (avant que ne se glisse le quatrième état, les marchands…), concevait le travail comme partie intégrante de l’Ordo, d’une logique cosmique qui mettait chacun à sa place : les prêtres pour prier, les guerriers pour combattre, et les humbles pour nourrir les premiers. Chacun avait son rôle légitimé par Dieu (ou les dieux), et à ce titre protégé. Ainsi, au 12ème siècle, par exemple, âge où triomphe la scolastique, les corporations sont-elles soumises à des règlements stricts en matière de limitation du temps de travail. Le décompte mécanique du temps n’ayant pas triomphé, avec sa réduction à l’argent (« Time is money »), c’est le temps naturel qui rythme le temps de travail. Les durées varient selon que l’on soit en hiver ou en été : 8h. 30 en hiver, 16 h. en été (mais il faut y inclure deux heures consacrées au repas). Le travail de nuit est très rare, et surtout l’année est rythmée par d’innombrables journées chômées consacrées au repos et au culte religieux. Non seulement les dimanches ne sont pas ouvrables, mais on a calculé qu’il existait 80 ou 85 jours où le travail était suspendu. Sans compter les réductions de temps de travail, environ 70 (en plus des samedis), nécessaires pour préparer les veilles et les vigiles. On voit que la société pensait l’otium comme une préparation à l’exercice religieux, comme moyen de souder la collectivité et d’assurer son salut. Cependant, il faut rappeler que la production n’était pas conditionnée par le diktat du marché ou par la spéculation, et la régularité de la demande, la qualité des produits, tout aussi bien que la santé et l’intégrité physique des membres des corporations, assuraient un certain équilibre dans le monde du travail, gage de paix sociale au demeurant.

L’un des signes probants de la déliquescence du vieux monde et de l’émergence d’un nouveau est la pression exercée par les métiers pour « libéraliser » cet état fixe des choses de l’économie. Par exemple, en 1514, les cordonniers parisiens requièrent toute liberté de travailler de nuit comme de jour, et le samedi après vêpres. Car l’inconvénient du type de société limitant la production est évidemment la raréfaction des produits de masse. A ce titre, les revendications des classes populaires, désirant au 17ème siècle réduire le trop grand nombre de jours chômés, rencontrèrent les besoins d’une bourgeoisie conquérantes. Les travailleurs n’avaient pas conscience qu’une telle logique les conduirait aux bagnes industriels du 19ème siècle et à la religion actuelle du travail.

A partir des années 70, une nouvelle logique s’est imposée en effet dans l’organisation du travail. Le vieux taylorisme, avec la crise, sembla obsolète. Des pratiques plus souples de management apparurent, incluant la flexibilité, la variabilité des horaires, le recours au temps partiel et à l’outsourcing (en québécois – qui est encore du français ! « impartition ») à savoir l’externalisation de la production et des services par l’usage des sous-traitants etc.

Ce nouveau mode de gestion des ressources humaines est la conséquence d’une prégnance plus impérative de la rationalité marchande, qui s’est emparée de la sphère privée et publique et impose sa logique de façon totalitaire. Weber avait insisté sur le rapport étroitement utilitaire, rationaliste, fondé sur l’efficacité, qui caractérisait l’entreprise capitaliste, en soulignant combien cette approche pratique, pragmatique, tendait à envahir tous les aspects de la vie sociale, affective et relationnelle, au point de désenchanter complètement le monde, le vidant de toute vision magique et sacrée. La déperdition de sens qu’a connue la société occidentale depuis quelques dizaines d’année, dont même les utopies socialistes ont fait les frais, dépeint bien ce déficit imaginaire qui occasionne un désespoir récurrent sans espoir de retrouver un projet politique pour en sortir. La solution semble être les deux mamelles de la société américaine, le travail et la consommation, mais on voit par là combien c’est une fausse solution, un accroissement plutôt du problème.

Ce n’est pas un hasard que le mot work possède la même racine indo-européenne que le grec ergon (œuvre). Par là, l’acception négative du travail comme source de souffrance est supprimée. La société américaine, dont l’esprit pionnier n’a jamais disparu, s’est donné pour tâche de bâtir un nouveau paradis, un nouveau royaume de Dieu. Il est vrai que dans la vision judéo-chrétienne, le travail en soi n’a jamais été condamné. Dans l’Eden, Adam et Eve travaillaient, géraient le jardin originel. C’est seulement leur faute, la désobéissance à l’injonction divine, qui leur valu peine et malheur. En revenant à une sorte d’innocence, en recourant à la déculpabilisation propre au peuple élu, les Américains ont donné sa pleine valeur à la notion calviniste de travail. Leur hégémonie présente les conforte en ce sens, car l’ultima ratio d’une telle idéologie est la force mécanique brute, un matérialisme arrogant, conquérant et sûr de lui.
On s’accorde à constater une dilution des repères politiques, moraux, idéologiques dans une sorte de magma égotiste, émotionnel, irrationnel, dont le fondement philosophique est une sorte d’épicurisme de supermarché admirablement illustré par Michel Onfray. Mais, comme le faisait remarquer Gilles Lipovetsky dans « L’ère du vide », au début des années 80, si l’ensemble de la société se targue d’être « soft », le monde du travail, lui, reste « hard ». Car le premier étant lié à la logique consumériste, donc de désirs, le second ne peut échapper à la contrainte.

Même si certains ont pu espérer en une responsabilisation des employés, il s’avère que l’organisation de la production ou des services par des objectifs (évidemment inatteignables) est d’autant plus violente qu’elle est intériorisée par les acteurs et conduit à leur culpabilisation. L’avènement de la « Société de services » (70% des emplois salariés, en Occident, concernent le secteur tertiaire), l’allongement de la formation, les progrès techniques dans les communications et l’informatique, ont conduit à l’individualisation des tâches et des relations au travail. Cependant, les pathologies dues à une pression plus importante, qui instaure la suppression des temps morts au sein de l’activité de travail, présentent d’autres sources, plus subjectives. D’abord, la flexibilité, les innovations managériales, induisent à se repenser dans le groupe et par rapport à la hiérarchie, et engendrent un fort sentiment de dévalorisation et d’injustice. D’autre part, l’immixtion, dans une logique marchande envahissante, du client dans la relation intersubjective, conduit, si l’on prend en compte l’esprit démocratique et égalitaire que survalorisent nos sociétés libérales, une tendance à considérer l’employé comme un vis-à-vis par rapport auquel la distance ancienne entre domestiques et hiérarchie s’estompe. La démocratie contemporaine encourage la muflerie, la vulgarité, l’irrespect des personnes. Enfin, l’intrusion des outils de communication avancés efface les frontières entre sphère privée et vie publique, ce qui aboutit à une fragilisation des salariés, lesquels sont par ailleurs angoissés par la perspective de perdre leur emploi (le travail étant pensé comme variable d’ajustement).

Si l’on abandonne la vieille utopie marxienne de la suppression de l’esclavage salarié (ce qui n’est pas annoncer l’abolition du travail !), qu’a-t-on comme ressource pour éviter la neurasthénie généralisée.

La fuite en avant est en fait programmée. Ainsi la réforme par petites touches conduite dans l’Education nationale vise-t-elle à programmer de futurs employés malléables, dociles et heureux de se plier aux contraintes du management. Une autre forme en somme du Meilleur des mondes.

On a tenté aussi d’intérioriser l’éthique du travail en la connectant à d’autres religions que la religion chrétienne. L’Islam, par exemple, considère le travail, ainsi que le commerce, comme une valeur sacrée au même titre que le jeûne et la mendicité licite. Mais ce qui est nouveau, c’est l’apport des philosophies orientales. Le confucianisme, qui valorise l’éthique du travail, revient en force dans l’Empire chinois. Le bouddhisme zen permet de gérer son stress et d’aborder le travail en souriant, dans un état de vide positif. Certains ont même invoquer l’art du bushido, le fameux traité du samouraï, le Hagakuré ! En quelque sorte, devenons les chevaliers du travail !

La vérité est que le travail est devenu la religion d’un monde sans religion. Sans lui, point de salut ! L’utilitarisme, la rationalité productiviste et marchande, sont emparés complètement de nos vies, au point d’en constituer une seconde nature. De là vient la souffrance. Nous sommes des crucifiés !

http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EkVylAlyEuBaKFnEhE.shtml
brusyl
brusyl
Admin

Nombre de messages : 3110
Date d'inscription : 17/07/2008

Revenir en haut Aller en bas

Partager cet article sur : reddit

La religion du travail :: Commentaires

brusyl

Message Ven 27 Nov 2009 - 0:14 par brusyl

@country : et quand le travail EST salarié cela donne quoi ?
ou c'est moi qui suis bouchée à l'émeri ou c'est toi qui pinailles...

je connais à peu près la théorie de la valeur marxiste, valeur d'usage valeur d'échange (j'ai lu Roubine) je connais aussi un peu sa théorie du travail, travail concret et abstrait mais je ne comprends pas la portée de ton distingo car il me semble évident que l'auteur de l'article parle du travail salarié....

tiens à propos peux-tu me dire ce que tu penses de cet article et de sa critique de la valeur ?
http://www.decroissance.info/Le-capitalisme-a-echoue-
et pis si t'es courageux celui-là aussi est très intéressant : http://www.exit-online.org/textanz1.php?tabelle=transnationales&index=3&posnr=151&backtext1=text1.php

@mon beauf préféré :
t'as pas eu ta ration quotidienne de lexomil et de calva pour être si agressif ?? car pour toi deux posts dans la journée cela veut dire passer son temps sur le clavier ... très bien, tu veux le détail de ma journée ??? je suis partie travailler ce matin bien qu'en congé maladie (et paaaffff !!!!) et cet après-midi, je passai une scintigraphie du coeur......tu vois comment je me suis éclatée !!!

Revenir en haut Aller en bas

Mister Cyril

Message Jeu 26 Nov 2009 - 21:23 par Mister Cyril

Toute la journée sur le clavier...vous êtes pas très pratiquant vous! La religion du travail 987242

Revenir en haut Aller en bas

country skinner

Message Jeu 26 Nov 2009 - 19:33 par country skinner

Le travail est la fonction par laquelle l'homme transforme le réel
Le salariat est le moyen par lequel le possesseur des moyens de production asservit le producteur

La vérité est que le travail est devenu la religion d’un monde sans religion. Sans lui, point de salut ! L’utilitarisme, la rationalité productiviste et marchande, sont emparés complètement de nos vies, au point d’en constituer une seconde nature. De là vient la souffrance. Nous sommes des crucifiés !

C'est bien la conclusion de l'article ?

Revenir en haut Aller en bas

brusyl

Message Jeu 26 Nov 2009 - 18:35 par brusyl

L'article pour moi semble confondre travail et salariat


Nan décidément je ne comprends pas ce que tu veux dire : il me paraît évident que, du moins dans sa deuxième partie, ce texte ne parle effectivement du travail salarié... et non des propriétaires d'entreprises comme tu en donnes l'exemple...ceux-ci étant plus des rentiers selon la terminologie marxiste que des travailleurs.

Explique-moi encore !!!

quant à ceux que tu qualifies "d'humanistes déclinologues" plus que de regretter la soutane et de jouer les madame Michu, ils m'ont semblé très lucides sur cette nouvelle religion du marché et la déconstruction sociale consciemment entreprise et développée par elle.....

je te recopie quelques phrases glanées sur Karl Polanyi (la grande transformation) : tu vois que cela ne date pas d'hier !

"la véritable critique que l'on peut faire à la société de marché n'est pas qu'elle est fondée sur l'économique (....) mais que son économie soit fondée sur l'intérêt personnel. Une telle organisation de la vie économique est complètement non naturelle, ce qui est à comprendre dans le sens strictement empirique d'exceptionnelle (...) Séparer le travail des autres activités de la vie et le soumettre aux lois du marché, c'était anéantir toutes les autres formes organiques de l'existence et les remplacer par un type d'organisation différent, atomisé et individuel. Ce plan de destruction a été fort bien servi par l'application du principe de liberté de contrat. Il revenait à dire en pratique que les organisations non contractuelles, fondées sur la parenté, le voisinage, le métier, la religion devaient être liquidées puisqu'elle exigeaient l'allégeance de l'individu et limitaient ainsi sa liberté. Présenter ce principe comme un principe de non-ingérence, ainsi que les tenants de l'économie libérale avaient coutume de le faire, c'est exprimer purement et simplement un préjugé enraciné en faveur d'un type déterminé d'ingérence, à savoir celle qui détruit les relations non-contractuelles entre individus et les empêche de se reformer spontanément"

Revenir en haut Aller en bas

country skinner

Message Jeu 26 Nov 2009 - 13:02 par country skinner

Relis mieux mon post... L'article pour moi semble confondre travail et salariat (sauf dans la phrase - ambigue - "Si l'on abandonne la vieille utopie marxienne.."), ce qui peut expliquer cette présentation finale discutable du "travail" comme une religion... "Par contre" (les articulations logiques ne servent pas qu'à faire joli) il reprend à juste titre ce que Gorz appelle les "métamorphoses du travail" qui isolent l'individu dans son activité de production. Ta citation ne concerne donc que ceux que j'appelle les déclinologues humanistes qui "oublient" dans leurs analyses cette origine de la montée de l'individualisme égoiste qu'ils dénoncent...

Revenir en haut Aller en bas

brusyl

Message Jeu 26 Nov 2009 - 10:23 par brusyl

En oubliant surtout comment le capitalisme a organisé la vie sociale sur le salariat (la concurrence entre tous les producteurs), avec toutes les modifications organisationnelles de la production (individualisation des tâches et des relations au travail, flexibilité, innovations managériales) visant à faire du salarié un acteur économique isolé..

Je ne sais pas si nous avons lu le même texte ou avec quelles lunettes nous l'avons lu mais j'ai eu le sentiment que ce texte parle au contraire que de cela : après un rappel historique et la présentation des deux thèses (Weber et Attali-ou Sombart devrais-je plutôt dire, car Attali, c'est une pratique courante chez lui, ne fait que pomper sa thèse) l'article détaille le processus que tu décris...
Bien sûr l'analyse n'est pas marxienne pur jus mais il me semble que capitalisme et "rationnalité marchande" recouvrent les mêmes réalités sociales non ?

Revenir en haut Aller en bas

country skinner

Message Jeu 26 Nov 2009 - 9:27 par country skinner

Et si l'article confondait simplement dans son analyse de l'état moderne du travail comme "religion" les notions de travail et de salariat (y a-t-il un seul propriétaire d'entreprise qui ne considère que discuter avec ses égaux est un "travail")? On adhère à une religion (re-ligere), mais on subit un mode d'organisation sociale dans lequel le revenu est distribué par le propriétaire des moyens de production en organisant la concurrence généralisée des producteurs. Avec si possible quelques intellectuels pour nous convaincre que si nous subissons le travail, c'est parce que nous le voulons bien (le travail comme opium du peuple. Salaires ? Quels salaires ? Qui vous a parlé d'argent ?)

Par contre cet article donne quelques pistes de réflexions contradictoires aux "déclinologues humanistes" qui déplorent la montée de l'individualisme égoiste comme une sorte de malédiction intellectuelle de notre époque (Faut croire qu'on était ben plus solidaires quand il y avait encore not' bon maitre et pi m'sieur l'maire et m'sieur l'curé). Qui focalisent sur la montée de l'individualisme égoiste de ces quelques trente dernières années en oubliant que le siècle dernier a vu majoritairement la libération de l'individu ET le développement d'une solidarité sociale majeure parce qu'inscrite dans la loi et non dépendante des initiatives des bonnes volontés. En oubliant surtout comment le capitalisme a organisé la vie sociale sur le salariat (la concurrence entre tous les producteurs), avec toutes les modifications organisationnelles de la production (individualisation des tâches et des relations au travail, flexibilité, innovations managériales) visant à faire du salarié un acteur économique isolé.

Revenir en haut Aller en bas

Message  par Contenu sponsorisé

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum