http://www.libelille.fr/saberan/2010/03/bocquet-moi-pr%C3%A9sident-de-r%C3%A9gion-je-te-mets-le-branlebas-de-combat.html

RÉGIONALES - Il qualifie l'actuelle majorité PS-Verts de «gauche guimauve». A la tête du Front de Gauche, qui réunit .... partis, des Alternatifs au Parti de gauche, le député-maire communiste de Saint-Amand-les-eaux, Alain Bocquet était dans l'opposition pendant le précédent mandat. Au début de la campagne, pour réclamer l'argent qui n'a pas suivi lors des transferts de compétences de l'Etat aux régions et département, il a déposé plainte contre l'Etat.


Pourquoi cette plainte contre l'Etat?
Il est intolérable que l'Etat qui a décidé, dans la loi de décentralisation Raffarin de transférer des compétences aux départements et aux régions ne transfère pas les fonds qui vont avec. Dans les débats à l'Assemblée, Jean-François Copé avait promis que ça serait fait, «à l'euro près».

Le Préfet de région vous répond que c'est fait.
On a fait le calcul. Il manque 1,5 milliards. Les départements ont récupéré l'Allocation personnalisée d'autonomie, le Revenu de solidarité active, les routes nationales, la Région a récupéré des compétences économiques, les ports, j'en passe. L'Etat a une dette de 1,5 milliards d'euros. Les élus râlent, rédigent des communiqués, il ne se passe rien. C'est la gauche guimauve, la gestion cool. Et des communiqués de pleurnicheurs. Nous, on a pris le taureau par les cornes. On ne se plaint pas, on dépose plainte. Et on saisit la Halde, pour discrimination. Parce que notre région cumule les difficultés.

En 2004, tête de liste communiste, vous annonciez vouloir gouverner aux côtés des socialistes, et vous avez changé d'avis entre les deux tours. Vous n'avez pas participé à l'exécutif, vous n'avez pas voté le budget.
Ils se sont très bien passé de nous!

Et cette fois?
On veut bien être dans l'exécutif, mais à plusieurs conditions. D'abord, qu'on mène une véritable politique de résistance, face à l'Etat et à la commission européenne. Pas un accompagnement, une sorte de « contestation-consentement ». Ensuite, aucune alliance avec le Modem. Enfin, qu'on respecte notre liberté au sein de cet exécutif.


Alain Bocquet président de région, ce n'est pas une condition que vous posez?
Non. Mais Alain Bocquet président de région, pourquoi pas, si on me donne cette responsabilité. Les gens en ont assez, ils souhaitent une gauche de combat. Il y a deux tours. Pour que la défaite de la droite soit totale, il y a la possibilité de voter pour une gauche combative et authentique. En 2004, la droite a été largement défaite. Est-ce que ça a permis une épreuve de force? Non, on a tranféré de nouvelles compétences, sans transférer les moyens. Il faut une gauche qui résiste, au lieu d'accompagner les choix nationaux, les choix européens, et les multinationales.

Comment on lutte contre les multinationales?
Moi, président de Région, sur Total, je te mets le branle-bas de combat! Sur les suppressions de postes d'enseignant, je te mets tout le monde dans le stade Bollaert, élus, enseignants, pour organiser une vraie résistance! C'est à nous d'inventer, la vie est faite pour inventer. C'est un sens qu'on donne à la gestion. Quel outil c'est, la Région? Un outil pour une gestion technique, ou un outil pour se faire respecter? Percheron (président sortant PS de la Région, ndlr) dit «Quand l'Etat met un euro, la région met un euro». Et quand l'Etat ne met plus d'euro, qu'est-ce qu'on fait? Nous, on ne se résigne pas.

Recueilli par Haydée Sabéran