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Le capital au XXIe siècle : faites comme si vous aviez lu le best-seller de Piketty

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19082014

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Le capital au XXIe siècle : faites comme si vous aviez lu le best-seller de Piketty Empty Le capital au XXIe siècle : faites comme si vous aviez lu le best-seller de Piketty




Par Gaëlle Macke - Publié le 18-08-2014

http://www.challenges.fr/economie/20140818.CHA6780/le-capital-au-xxie-siecle-faites-comme-si-vous-alliez-lu-le-best-seller-de-piketty.html?google_editors_picks=true

Cet été vous n'avez pas osé plonger dans les 1.000 pages du best-seller de Thomas Piketty. Ce n'est pas grave. Voici ce qu'il faut en retenir pour briller dans les dîners en ville.
Thomas Piketty a fait un tabac notamment aux Etats-Unis avec son dernier ouvrage. (Sipa)

Le livre de Thomas Piketty est devenu un best-seller international : plus de 150.000 ventes en France, 450.000 aux Etats-Unis. Sa thèse a ouvert un débat brûlant des deux côtés de l’Atlantique. S’appuyant sur une énorme batterie de statistiques, l'économiste français montre que le capitalisme est, par nature, une machine à fabriquer des inégalités de richesses exponentielles.

Les conditions seraient de nouveau réunies pour ramener les sociétés occidentales là où elles étaient il y a un siècle : des ploutocraties où les héritiers l’emportent sur les entrepreneurs. Le livre, dense, fait près de 1.000 pages. Certains d'entre vous ont peut-être eu le courage de lire pendant leurs vacances. Mais pour tous ceux qui ont préféré des livres de plage moins austères, ce résumé fera très bien l'affaire... Et si vous manquez vraiment de temps, un "résumé du résumé" se trouve en tout bas de page, à la fin de l'article.
L’explosion des inégalités de revenus

1- Dans les années 10 et 20, aux débuts de la révolution industrielle, tous les pays occidentaux étaient extrêmement inégalitaires : le 1% des plus riches accaparait alors de 18 à 25% du total des revenus, c’est-à-dire étaient payés plus de 20 fois le salaire moyen (alors modique). Au contraire, dans les années 70-80, après deux guerres, la forte croissance des "Trente Glorieuses" et l’instauration de salaires minimum, la part du "centile d’or" (les 1% des contribuables déclarant les plus hauts revenus) avait dégringolé, oscillant entre 4 et 9%.

2- Aujourd’hui, aux Etats-Unis, les sommes déclarées par ces mêmes "privilégiés" est passée de 9% à plus de 20% du total des revenus de la population mondiale, proche du record d’il y a un siècle (p. 472). Depuis trente ans, ce "centile d’or" a absorbé près de 60% de la croissance totale des revenus alors que 90% des Américains ont vu leur salaire stagner. Piketty en attribue la cause majeure à la flambée des "super-salaires", bonus, stock-options des hauts cadres de grands groupes et dans la finance.

3- En Europe, la progression des inégalités est moins spectaculaire mais cependant réelle (p. 501, 503, 505). Au Royaume-Uni, le 1% les plus riches accapare 15% du revenu national (plus bas à 6%). En Suède, pays de tradition égalitaire, la part de rémunération du 1% a également doublé… mais reste à "seulement" 8%. La France et l’Allemagne sont restées plus sages. Dans l’Hexagone, le gâteau des 1% a crû de 2 points (à 9%) et, outre-Rhin, de 3 points (à 12%).

4- Les inégalités de propriété sont bien plus extrêmes que les inégalités de revenus (par exemple, en France, après impôts, les 1% de salariés les plus riches gagnent 4 fois plus que le salaire moyen, mais les 1% de détenteurs des plus gros patrimoines possèdent un capital 205 fois supérieur au patrimoine moyen). Dans l’histoire, l’hyperconcentration des patrimoines était plus forte en Europe, où les fortunes sont plus anciennes, que dans le Nouveau Monde. A la Belle Epoque (dans les années 10), les 1% détenteurs des plus gros patrimoines possédaient ainsi plus de 60% du capital privé national en Europe, contre 45% aux Etats-Unis. A cette époque, 90% de la population ne possédait pratiquement rien (p. 556).

5- En Europe, les deux guerres mondiales ont pratiquement annihilé les grands patrimoines et, pendant les Trente Glorieuses a émergé une "classe moyenne patrimoniale" : près de la moitié de la population accède à la propriété (c’est-à-dire, essentiellement, qu’elle achète son logement), aidée par l’inflation qui amoindrit le fardeau du crédit. Résultat, dans les années 70, le patrimoine du 1% les mieux dotés ne représente plus que 20% du total.

6- Aux Etats-Unis, les destructions des guerres ont été moins massives, la chute des inégalités moins prononcées même si la classe moyenne possédante s’est aussi élargie. Au plus bas, dans les années 70, le 1% des plus fortunés conservait 30% de l’ensemble du patrimoine privé.

7- Depuis trente ans, un phénomène de reconcentration des patrimoines dans les mains des plus fortunés est à l’œuvre, même s’il est nettement plus lent que le creusement des écarts de revenus. Le 1% des mieux dotés détient aujourd’hui 25% du total du capital en France (p. 542), 30% au Royaume-Uni (p. 548), 34% aux Etats-Unis (p. 555).
L'inexorable mécanique inégalitaire

8- La thèse centrale du livre repose sur une "loi fondamentale du capitalisme": r>g, où r est le taux de rendement du capital (intérêts, dividendes, royalties, loyers, plus-values financières et immobilières…) et g la croissance économique, dont dépend la progression des revenus du travail. Traduction concrète: les revenus des placements croissent plus vite que les salaires. Donc il est plus facile d’épargner pour le capitaliste afin de faire grossir son patrimoine que pour le travailleur qui doit s’en constituer un. Cette loi s’est vérifiée dans toute l’histoire depuis l’Antiquité pour le taux de rendement avant impôts (p. 562).

9- En prenant les impôts en compte, le rendement net du capital est resté en-dessous de la croissance pendant quasi tout le XXe siècle (p. 565) grâce à la vigueur exceptionnelle de la croissance tirée par la révolution industrielle puis par la reconstruction d’après-guerre des Trente Glorieuses. Mais cette parenthèse serait l’exception, et le rendement du capital se requinque alors que la croissance s’amollit.

10- Or ce régime de croissance faible va redevenir l’ordinaire des pays développés, tel qu’il l’était avant 1913 (p. 127), d’abord parce que l’Occident ne connait plus de dynamisme démographique (p 129) et ensuite parce que la mondialisation a transféré une partie de la production vers les pays émergents, la Chine notamment (p. 106, 107, 109). Piketty estime donc que la croissance dans les pays avancés devrait plafonner autour de 1% par an pour le siècle à venir.

11- En parallèle, la rentabilité du capital s’est regonflée ces dernières années. Le taux de rendement s’était écroulé à 1% par an dans les années 50 suite aux destructions des patrimoines par les guerres, à l’instauration de politiques fiscales volontaristes frappant haut la hiérarchie des revenus et transmissions, et à la forte inflation. Mais depuis, les patrimoines se reconstituent, la fiscalité s’est un peu amoindrie, et Piketty estime que le rendement devrait se maintenir autour de 4% dans le siècle à venir.

12- Du coup, la loi d’airain de r>g s’impose désormais. De ce fait, le capital privé s’accumule, se valorise et pèse de plus en plus dans l’économie des pays riches. Le maintien d’une épargne élevée dans un contexte de croissance ralentie accentue cette montée en puissance (p. 275) dont Piketty prédit qu’elle va inexorablement se poursuivre (p. 309). Ainsi, la valeur totale des patrimoines privés représente aujourd’hui 4 années de revenu national (total annuel des revenus du travail et du capital) aux Etats-Unis contre un plus-bas de 3 années en 1970 ; le phénomène est accentué en Europe où sa valeur équivaut à 5,5 années de revenus (moins de 2,5 années, au plus bas, en 1950) (p. 261).

13- La supériorité des gains de revenus du capital par rapport aux gains de revenus du travail (r>g) profite plus aux plus riches pour la simple raison que, vu l’importance massive des disparités de patrimoine (voir plus haut au "chapitre" 4), ce sont eux qui touchent le plus de revenus du capital. Plus on monte dans la hiérarchie des riches et plus leurs revenus sont composés de revenus du capital, au point que la rémunération de leur travail devient un revenu d’appoint. Ainsi, en France les revenus du capital représentent, pour le 1% les plus riches, 35% du total de leurs revenus totaux mais plus de 60% pour le 0,01% les plus riches (très majoritairement des dividendes venant de la propriété d’un bloc d’actions d’une entreprise) (p. 436). La part de la rente du capital dans les revenus des plus fortunés est même un peu plus large aux Etats-Unis (p. 476).

14- La dynamique inégalitaire d’accroissement du capital est renforcée par la divergence des rendements du capital entre les très riches et les autres. Les détenteurs d’un petit patrimoine épargnent petitement et réalisent des placements standards (logement d’habitation, livret A, Sicav obligataires…). Les grandes fortunes, elles, perçoivent proportionnellement de bien plus importants revenus de leur capital et ont donc les moyens de réinvestir plus, malgré un train de vie plus fastueux. Surtout, elles réalisent des placements bien plus rentables, inaccessibles au commun des mortels, car elles sont bien conseillées par des gérants de fortune, peuvent placer de gros tickets, sont en capacité de prendre plus de risques et d’être plus patientes. Selon Piketty, le rendement net peut atteindre 6% l’an pour les millionnaires (r>>g).

15- Au niveau des milliardaires, ça va plus vite encore: à partir du classement Forbes, on peut voir que, au sommet de la pyramide, les grandes fortunes (constituées quasi exclusivement de parts du capital de grandes entreprises) grossissent de 6,4% par an depuis une trentaine d’années, contre 2,1% par an pour le patrimoine moyen par adulte (p. 691, 693). Au-delà d’une certaine taille, la fortune se reproduit toute seule car le rendement est tellement élevé qu’elle peut se recapitaliser presque intégralement même avec un train de vie fastueux. -
La victoire des héritiers sur les travailleurs

16- La valorisation croissante des patrimoines (voir plus haut "chapitre" 10) consacre le retour d’importance de l’héritage. En effet, un individu qui part de rien doit travailler de plus en plus longtemps pour épargner assez et espérer se constituer un patrimoine (exemple, acquérir son logement) ; il est de plus en plus désavantagé vis-à-vis de celui qui bénéficie déjà d’actifs transmis par sa famille, qui ont besoin de moins d’épargne comparativement pour prendre de la valeur (ce qui lui permet, par exemple, d’accéder plus vite à la propriété dans l’immobilier d’habitation). C’est ainsi, pour Piketty, que le "passé dévore l’avenir": dès lors que le rendement du capital est fortement et durablement plus élevé que la croissance économique, il est inévitable que l’héritage, c’est-à-dire les patrimoines issus de l’accumulation de l’épargne du passé, domine l’épargne actuelle issue des revenus du présent. Ainsi, les patrimoines hérités, qui représentaient 45% du total de la valeur des patrimoines en 1970 en France, pèsent pour près de 70% aujourd’hui et possiblement 80% à partir de 2050 (p. 638).

17- Sur la durée, la loi r>g donne donc un poids croissant à l’héritage qui va déséquilibrer le rapport entre les générations, contribuant au sentiment de déclassement. En France, la part de l’héritage dans l’ensemble des ressources (héritage et travail) de la génération née en 1910, représente pour elle, arrivée à l’âge de 50 ans (soit en 1950) à peine 10%, mais l’héritage devrait peser pour près de 25% des ressources totales que la génération née en 2010 aura à disposition (p. 643).

18- Dit autrement, en France, seulement 2% des individus nés entre 1910 et 1930 ont reçu en héritage l’équivalent d’une vie de travail (des 50% des salariés les moins bien payés) mais 13% des membres de la génération née en 1970-1980 seront en mesure de recevoir un héritage de cette taille. Et parmi eux, plus de 1 personne sur 10 héritera d'un patrimoine au oins équivalent à ce que la moitié de la population gagne avec son travail tout au long d’une vie... Et qui, pour une large part, est la même moitié que celle qui n'héritera de rien ou presque (p. 671).

19- Pourtant, au niveau des grandes fortunes listées par les classements de Forbes ou Challenges, les héritiers semblent cependant bien moins présents que les entrepreneurs, qui ont bâti eux-mêmes leur fortune. Selon Piketty, cette présentation est trompeuse et sous-estime significativement l’importance des fortunes héritées. En effet, les fortunes des entrepreneurs, constituées essentiellement d’une part du capital de leur société (le plus souvent cotée en Bourse) sont aisément repérables et évaluables. Mais celles de leurs enfants et petits-enfants disparaît des radars si, au fil des générations, ils se délestent petit à petit de leur participation dans l’entreprise familiale pour diversifier leur portefeuille d’actifs. Les fortunes sont alors constituées alors d’actifs immobiliers, de lignes d’actions de sociétés cotées à Hong-Kong, Francfort ou New-York, de parts dans des sociétés non cotées, d’obligations de divers Etats, voire de devises et de produits dérivés de matières premières, etc. En bref, les fortunes des héritiers peuvent devenir impossibles à appréhender et donc ne figurent plus dans ces classements alors qu’elles seraient de taille à y être.
La solution ? un ISF mondial

20- Après le krach de 1929 et encore plus après la deuxième guerre mondiale, les Etats ont instauré des impôts progressifs avec des taux délibérément confiscatoires passé un niveau de richesses jugé excessif. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont allés le plus loin avec des tranches supérieures punitives d’impôt sur les revenus (plus de 90% au Royaume-Uni, plus de 70% aux Etats-Unis des années 30 aux années 80) et sur les successions (autour de 80% sur la même période). Ce sont ces pays aussi qui, sous l’influence de Reagan et Thatcher les ont fait chuter le plus brutalement par la suite (40% aujourd’hui pour les gros revenus et successions). En France, en Allemagne, ces taux supérieurs sont montés moins haut mais ont moins reculé (p. 805, 811). Aujourd’hui, le taux moyen d’imposition moyen du patrimoine en Occident est passé un peu en-dessous de 30%. Or une taxation de 30% (appliquée à toutes les formes de capital) permet de réduire le rendement du capital d’un niveau de 5% à 3,5% net. C’était suffisant jusqu’ici pour au moins brider la logique multiplicative de concentration des patrimoines. Mais, par temps de croissance morose (vers 1%), le différentiel en faveur de la rente s’accroît.

21- D’où la solution de Piketty d’accroître la pression fiscale sur les grandes fortunes pour forcer ce différentiel à se resserrer. Il préconise d’instaurer une sorte d'impôt de solidarité sur la fortune au niveau mondial ou au moins européen (pour éviter la concurrence fiscale entre pays et donc l’exil des riches) qui tiendrait compte de la valeur de marché de l’ensemble des actifs financiers, professionnels (dépôts bancaires, actions, obligations, participations dans des sociétés cotées ou non) et immobiliers, nets de dettes. Sur cette base, il propose de taxer la valeur totale du patrimoine chaque année à hauteur de 1% à partir de 1 million d’euros, de 2% au-delà de 5 millions et 5 ou 10% au-dessus de 1 milliard. Il qualifie cet impôt d’ "utopie utile", qui serait aussi un exercice de transparence financière permettant d’établir un cadastre financier du monde car les données sur les patrimoines et les fortunes, largement non soumis à des obligations déclaratives, sont aujourd’hui très lacunaires. Une opacité qui arrange bien les grandes fortunes.


Résumé du résumé...

1- Dans les années 10 et 20, aux débuts de la révolution industrielle, tous les pays occidentaux étaient extrêmement inégalitaires

2- Aujourd’hui, aux Etats-Unis, les sommes déclarées par ces mêmes "privilégiés" est passée de 9% à plus de 20% du total des revenus.

3- En Europe, la progression des inégalités est moins spectaculaire mais cependant réelle.

4- Les inégalités de propriété sont bien plus extrêmes que les inégalités de revenus.

5- En Europe, les deux guerres mondiales ont pratiquement annihilé les grands patrimoines.

6- Aux Etats-Unis, les destructions des guerres ont été moins massives.

7- Depuis trente ans, un phénomène de reconcentration des patrimoines dans les mains des plus fortunés est à l’œuvre.

8- La thèse centrale du livre repose sur une "loi fondamentale du capitalisme": r>g, où r est le taux de rendement du capital (intérêts, dividendes, royalties, loyers, plus-values financières et immobilières…) et g la croissance économique.

9- En prenant les impôts en compte, le rendement net du capital est resté en-dessous de la croissance.

10- Or ce régime de croissance faible va redevenir l’ordinaire des pays développés.

11- En parallèle, la rentabilité du capital s’est regonflée ces dernières années.

12- Du coup, la loi d’airain de r>g s’impose désormais.

13- La supériorité des gains de revenus du capital par rapport aux gains de revenus du travail (r>g) profite plus aux plus riches.

14- La dynamique inégalitaire d’accroissement du capital est renforcée par la divergence des rendements du capital entre les très riches et les autres.

15- Au niveau des milliardaires, ça va plus vite encore.

16- La valorisation croissante des patrimoines (voir plus haut "chapitre" 10) consacre le retour d’importance de l’héritage.

17- Sur la durée, la loi r>g donne donc un poids croissant à l’héritage.

18- Dit autrement, en France, seulement 2% des individus nés entre 1910 et 1930 ont reçu en héritage l’équivalent d’une vie de travail.

19- Pourtant, au niveau des grandes fortunes listées par les classements de Forbes ou Challenges, les héritiers semblent cependant bien moins présents que les entrepreneurs.

20- Après le krach de 1929 et encore plus après la deuxième guerre mondiale, les Etats ont instauré des impôts progressifs avec des taux délibérément confiscatoires passé un niveau de richesses jugé excessif.

21- D’où la solution de Piketty d’accroître la pression fiscale sur les grandes fortunes pour forcer ce différentiel à se resserrer. Il préconise d’instaurer une sorte d'impôt de solidarité sur la fortune au niveau mondial ou au moins européen.
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