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Qu’y a-t-il de commun entre Tamerlan, Oradour et le Prince Noir ?

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03032009

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Qu’y a-t-il de commun entre Tamerlan, Oradour et le Prince Noir ? Empty Qu’y a-t-il de commun entre Tamerlan, Oradour et le Prince Noir ?




Aux Amériques, guerre bactériologique du premier type : variole, rougeole, typhus...

Même les armes dites « de destruction massive » — chimiques, bactériologiques, à l’exception de l’arme atomique — ne sont pas l’apanage du XXe siècle. L’empoisonnement des puits et des réserves d’eau a toujours été une pratique des plus communes, et les conquérants savaient pouvoir compter sur les épidémies pour décimer les populations affaiblies par la faim des villes longuement assiégées. Quant à la destruction des Indiens d’Amérique, génocide sans équivalent dans l’histoire, on sait qu’elle résulte moins des massacres perpétrés et de la brutalité du régime d’exploitation colonial que du « choc microbien » provoqué par les envahisseurs européens.

En un siècle et demi, de 1492 à 1650, 90 % de la population du Nouveau Monde disparaît, tombant de cinquante-soixante millions à cinq-six millions d’habitants, ravagée par les maladies infectieuses mortelles importées : variole, rougeole, grippe, tuberculose, diphtérie, typhus, fièvre jaune, malaria... La population du Mexique passe de quinze-vingt millions à un million ; celle du Pérou, de six-neuf millions à six cent mille ; celle des Caraïbes, de trois millions à... zéro.

D’abord épargnés, les Indiens d’Amérique du Nord subiront plus tard la même catastrophe, passant de quatre millions à quatre cent mille à la fin du XIXe siècle, rapporte Bouda Etemad, dans Crimes et réparations. L’Occident face à son passé colonial. On dira que cette guerre bactériologique ne fut ni préméditée ni entretenue. Encore que les colonisateurs se soient vite aperçus que les ravages qu’elle provoquait facilitaient grandement leurs conquêtes et qu’ils n’aient pas hésité, à l’occasion, à l’utiliser. En tout état de cause, cela ne changeait en rien le sort des victimes. Seuls les Indiens qui « découvrirent » Christophe Colomb et ses successeurs n’avaient pas prémédité la catastrophe qui allait les anéantir.

La sélection des massacres n’est pas seulement historique, elle est aussi géographique, politique et culturelle. On s’explique.

Depuis des siècles, sinon des millénaires, les deux tiers de l’humanité vivent en Asie. Il y a tout lieu de présumer que s’y concentre une proportion équivalente de massacres. Le peu que l’on sache, sur la Chine, le sous-continent indien, la péninsule indochinoise et l’Insulinde, l’Asie centrale, le Proche et le Moyen-Orient, semble le confirmer. Ils ont été le lieu d’une succession ininterrompue de tueries perpétrées au cours de guerres dynastiques, de conquête, de religion, de guerres civiles et de révoltes populaires. Au siècle dernier, le conflit sino-japonais a fait en Chine plus de vingt millions de victimes, civiles et militaires. Oubliées, ignorées, elles n’apparaissent qu’à la marge, avec par exemple le massacre de Nankin, auquel Michaël Prazan consacre un ouvrage portant comme sous-titre Entre mémoire, oubli et négation. Les témoins disparus, où sont les chercheurs, chinois ou autres, si peu nombreux ?

Au cours des dernières décennies, d’importants travaux inspirés par des écrivains africains, afro-américains et des Caraïbes, des universitaires et historiens occidentaux ont permis de mettre au jour l’un des aspects les plus terrifiants de la « férocité blanche (5) » des colonisateurs européens : la traite des Noirs d’Afrique. Aussi incertaines que soient les évaluations, on estime qu’au moins onze-douze millions d’Africains sont déportés par la traite atlantique, entre le milieu du XIVe siècle et la fin du XIXe, dont les deux tiers au XVIIIe. Environ un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants disparaissent durant la traversée et sont jetés par-dessus bord. Sur les dix millions qui débarquent, 30 % meurent durant les premiers mois.

Sachant que, sur cent Noirs capturés, cinquante périssent au moment de la capture, durant la marche vers la côte et la détention dans les ports d’exportation, la traite a fait au moins vingt-quatre millions de victimes. Tous ces chiffres ont été précisés par de nombreuses études commencées dès le XIXe siècle et qui se sont multipliées au cours des trente dernières années.

En revanche, on demeure presque ignorant sur la traite arabe, toujours occultée. Commencée dès le VIIe siècle, elle aurait déporté environ quinze millions de Noirs : dix millions à travers le Sahara, vers l’Afrique du Nord puis l’Empire ottoman ; cinq millions par l’océan Indien, vers le golfe arabo-Persique, l’Inde, la Malaisie, l’Insulinde. Avec des pertes comparables à la traite atlantique, lors de la capture, des marches, en particulier dans le désert, la traite arabe aurait fait pour sa part de vingt-cinq à trente millions de victimes.

Resterait à se pencher sur la traite africaine interne, où le système esclavagiste, en place depuis longtemps sur le continent noir, gonflé par les traites d’exportation, aurait fait au cours de la période quelque quinze millions de victimes. Où sont les chercheurs arabes et africains, mais aussi les autres, travaillant sur un sujet où s’opère une fois de plus la sélection des crimes et des massacres, comme celle des victimes et des bourreaux ?

Plus près de nous, on ne peut manquer de s’interroger sur d’autres formes de sélection. Ainsi, pour deux des conflits les plus meurtriers de la seconde moitié du XXe siècle, ceux de Corée et du Vietnam, qui ont fait chacun de deux à trois millions de victimes, en très grande majorité civiles, on connaît à l’unité près les pertes américaines et l’on ignore, presque au million près, le nombre des victimes coréennes et vietnamiennes. Au cours de ces conflits, d’effroyables massacres ont été perpétrés, en particulier par les « bains de sang constructifs » et bombardements massifs (bombes au napalm, au phosphore, à fragmentation, mines antipersonnel...) de l’armée américaine (le seul Vietnam subissant un tonnage de bombes supérieur à celui déversé durant toute la seconde guerre mondiale), toutes destinées à tuer ou à handicaper le maximum de personnes. Aucun inventaire ni étude détaillée de ces crimes, aucune mise en cause de la responsabilité des bourreaux ; oubliées, les victimes. Un constat semblable pourrait être fait pour les guerres d’Irak.

Un récit idéologiquement construit
pour protéger la démocratie libérale
Préalable nécessaire à légitimer leur extermination ou leur soumission, les Occidentaux avaient su développer une idéologie raciste basée sur l’infériorité biologique des Indiens, Noirs, Aborigènes, Juifs, l’arriération des Arabes et des Jaunes. S’ils n’ont pas été les seuls, il n’est pas sûr qu‘ils s’en soient libérés au vu de leur comportement à l’égard des victimes comme des bourreaux suivant qu’ils sont ou non occidentaux.

Dernière tentation, enfin, des travaux et recherches historiques sur les massacres : celle de les déconnecter des réalités socio-économiques en en faisant un champ d’études spécifique, comme isolé du reste de l’histoire dont ils constitueraient une sorte d’anomalie, d’avatar monstrueux qui doit être traité à part. Non qu’on ignore le contexte dans lequel ces massacres se produisent et qui permet de les analyser et de les expliciter ; mais on entend marquer la rupture qu’ils constituent par rapport à un continuum historique normalisé.

On peut penser, au contraire, qu’ils ne sont que des prolongements épisodiques d’un processus de persécutions permanentes des forts sur les faibles, des riches sur les pauvres, des dominants sur les dominés, d’une infime minorité sur l’immense majorité, qui est la trame de l’histoire des sociétés humaines, hier comme aujourd’hui. En prendre conscience obligerait à sortir d’un cadre d’études utiles à la poursuite et à la répression pénale des bourreaux, mais qui laisse de côté les victimes d’hier et d’aujourd’hui, leurs droits à réparation, morale et matérielle.

S’il est difficile de déterminer où commence le massacre, la frontière qui sépare la violence de masse de la violence quotidienne subie par tous ceux qui survivent, brutalement exploités et soumis, dans des conditions infra-humaines — misère, insécurité, humiliation —, est ténue et facilement franchie. La situation subie par les Palestiniens depuis des décennies en est un exemple, parmi tant d’autres, devenu emblématique. On n’a pas encore trouvé de manière douce de déposséder les hommes de leur aspiration à la dignité et à la justice.

Hiérarchisation, sélection, déconnexion concourent à faire de l’histoire des « violences de masse » une odyssée, un récit idéologiquement construit à partir de situations choisies délivrant un message assez clair : seuls la démocratie libérale et le marché sont en mesure de nous prémunir contre les génocides et autres massacres. Le doute serait-il permis (6) ?

Christian de Brie.
Colonialisme, Génocide, Seconde guerre mondiale, Esclavage, Afrique, Asie Centrale, Caraïbes, Palestine, Rwanda, Amérique du nord

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Christian de Brie
Journaliste.
(1) Stéphane Courtois (sous la dir. de), Le Livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Robert Laffont, Paris, 1997.

(2) Jacques Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Seuil, Paris, 2005. Par ailleurs, Sémelin publie (avec Claire Andrieu et Sarah Gensburger) La Résistance aux génocides. De la pluralité des actes de sauvetage, à paraître en décembre aux Presses de Sciences Po, Paris.

(3) Avec le lancement de cette encyclopédie traitant des massacres et génocides du XXe siècle, le Centre d’études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po entend se placer sur un terrain jusque-là dominé par les Etats-Unis, justifiant le choix de l’anglais comme langue de référence. D’accès gratuit, destiné aux chercheurs, experts, organisations non gouvernementales (ONG) et susceptible d’aider à la prévention des massacres de masse, le projet est ambitieux. Il est surtout risqué tant le sujet paraît chargé de lourds enjeux idéologiques dont il sera bien difficile de se libérer.

(4) [Eric J. Hobsbawn, L’Age des extrêmes, Complexe - Le Monde diplomatique, Paris, 1999.

(5) Rosa Amelia Plumelle-Uribe, La Férocité blanche. Des non-Blancs aux non-aryens. Génocides occultés de 1492 à nos jours, Albin Michel, Paris, 2001.

(6) Voir sur le sujet : Manière de voir, nº 58, « Polémiques sur l’histoire coloniale », juillet-août 2001 ; Manière de voir, nº 76, « Les génocides dans l’histoire », août-septembre 2004 ; Manière de voir, nº 82, « Pages d’histoire occultées », août-septembre 2005.
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Qu’y a-t-il de commun entre Tamerlan, Oradour et le Prince Noir ? :: Commentaires

Donald11

Message Jeu 5 Mar 2009 - 12:27 par Donald11

country skinner a écrit:Oui mais t'as pas connecté la partie dénonciation de la partie explication.
La démocratie libérale et le marché n'ont pas su eradiquer la famine et l'oppression parce que ce n'est pas leur but, leur but c'est précisément ce processus de persécutions permanentes des forts sur les faibles, des riches sur les pauvres, des dominants sur les dominés, d’une infime minorité sur l’immense majorité.
Une precision : tu affirmes que leur but c'est precisemment ce processus de persecutions , etc... Et si plus simplement, ces forts n'en avait rien a cirer des faibles, ne les voyaient meme pas, tout juste bon qu'ils sont (les faibles) a servir en cas de besoin, trop occupes qu'ils sont (les forts) a se mesurer entre eux, pour tenter de devenir ... le seul maitre du monde, par tous les moyens !!! Orgueil et vanite ...
S'ils pouvaient voir et savoir ce qu'ils sont devenus aujourd'hui, ces grands pharaons d'Egypte !!! Et faire le bilan de ce qu'ils ont laisse derriere eux !!!

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Donald11

Message Jeu 5 Mar 2009 - 12:07 par Donald11

country skinner a écrit:Oui mais t'as pas deconnecté la partie dénonciation de la partie explication.
La démocratie libérale et le marché n'ont pas su eradiquer la famine et l'oppression parce que ce n'est pas leur but, leur but c'est précisément ce processus de persécutions permanentes des forts sur les faibles, des riches sur les pauvres, des dominants sur les dominés, d’une infime minorité sur l’immense majorité.
Mais dit comme ça personne ne soutiendrait un tel projet. Alors intervient l'idéologie libérale, et ce jeu de faux nez qui consiste à hiérarchiser les horreurs pour
1/ Déconnecter les massacres "inexplicables" de l'oppression permanente (ce que dénonce présicément ce texte)
2/ Laisser croire (c'est le propre des idéologies) que c'est justement l'initiateur de l'oppression (le libéralisme et le marché libre) qui pourrait être le meilleur rempart contre cette même oppression, présentée bien sur sous ses aspects (choisis) les plus inexcusables mais aussi les plus visibles (renversement des perspectives et des valeurs)
On est bien dans l'histoire de la grenouille qu'on fait cuire tres lentement ...
Excuse moi, mais dieu et le marche, je n'y crois pas plus l'un que l'autre ... et je ne me souviens pas y avoir cru un jour ... C'est pas dans mes genes ... mais c'est aussi pour avoir fait mes propres experiences et avoir ete confronte avec la realite du terrain.
Tu penses vraiment que de hierarchiser les horreurs, ca peut servir a masquer une ideologie ? Pour ca, il y a plus simple il me semble ... La desinformation ... l'endoctrinement ... l'evangelisation ... l'inculture ... la famine ...
Un massacre tenu secret, par exemple en Chine ou en Coree du Nord, ca va pas beaucoup reveiller les consciences endormies, non ? Et je me suis pose la question de pourquoi ce battage mediatique realise lors des massacres au Rwanda ... Hutus contre Tutsis ... ou l'inverse je ne sais plus ... Pense donc, des noirs contre des noirs, qu'est ce que ca peut (nous) faire ? Mais la, le "marche" n'etait pas responsable, sans doute ... C'etait juste un peu de barbarie entre voisins ...?
Signe : baba cool ...

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Donald11

Message Jeu 5 Mar 2009 - 11:40 par Donald11

country skinner a écrit:On n’a pas encore trouvé de manière douce de déposséder les hommes de leur aspiration à la dignité et à la justice.
A mon avis, on s'en approche beaucoup en les affamant !!!! Et quel que soit l'affameur .... Bien sur, tout comme moi, tu n'as jamais connu la faim ... Par contre, je pense que Coluche l'avait fort bien compris quand il a cree ses restos du coeur dans notre beau pays de France ou tout le monde ne mange pas a sa faim, justement ... Mais la, pour l'instant, pas de soucis a se faire, c'est la grande distribution qui est a la manoeuvre ... Alors analyser et hierarchiser le massacre des habitants de Beziers en mille deux cents et quelques, c'est certainement passionnant pour quelques intellos, mais la fragilisation de tout un peuple ici et maintenant, avec tous les degats collateraux que ca induit, ca ne devrait interpeler personne ?
Dont acte.

Et avec mes salutations respectueuses ...

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country skinner

Message Jeu 5 Mar 2009 - 11:38 par country skinner

Oui mais t'as pas connecté la partie dénonciation de la partie explication.
La démocratie libérale et le marché n'ont pas su eradiquer la famine et l'oppression parce que ce n'est pas leur but, leur but c'est précisément ce processus de persécutions permanentes des forts sur les faibles, des riches sur les pauvres, des dominants sur les dominés, d’une infime minorité sur l’immense majorité.

Mais dit comme ça personne ne soutiendrait un tel projet. Alors intervient l'idéologie libérale, et ce jeu de faux nez qui consiste à hiérarchiser les horreurs pour
1/ Déconnecter les massacres "inexplicables" de l'oppression permanente (ce que dénonce présicément ce texte)
2/ Laisser croire (c'est le propre des idéologies) que c'est justement l'initiateur de l'oppression (le libéralisme et le marché libre) qui pourrait être le meilleur rempart contre cette même oppression, présentée bien sur sous ses aspects (choisis) les plus inexcusables mais aussi les plus visibles (renversement des perspectives et des valeurs)

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Donald11

Message Jeu 5 Mar 2009 - 11:24 par Donald11

country skinner a écrit:Dommage, tu as raté le plus intéressant de l'article :
Nan mon ratounet. J'ai seulement repondu a ce qui m'a interpele personnellement ... Quant à "Les massacres, il faut les hiérarchiser si on veut les analyser", ca permet seulement de faire du pesage ... Ah ! mais Monsieur, mon massacre etait plus beau et plus violent que le votre, enfin !!!, avant de les fondre dans l'oubli du temps (l'anale-Lyse). Pour la hierarchisation, je propose de demander l'avis des massacres ... Pour ca y'a qu'a telephoner a un dieu quelconque ...

Ca ca doit être la réponse à la question "Les massacres c'est une chose, mais tous ceux qu'on fait mourir de faim en douce ?"
Oui mais la, "on" ne parle plus de massacre et c'est ca que j'ai voulu rappeler.

Ca, c'est surement pour les babas cool qui se demandent pourquoi tant de haine dans la nature humaine.
J'avoue humblement que j'ai du mal a comprendre qu'on puisse tuer sans vergogne et en masse, sans se poser la moindre question. Mais c'est vraisemblablement parce que je suis un baba cool !!!

Conclusion ? Hiérarchisation, sélection, déconnexion concourent à faire de l’histoire des « violences de masse » une odyssée, un récit idéologiquement construit à partir de situations choisies délivrant un message assez clair : seuls la démocratie libérale et le marché sont en mesure de nous prémunir contre les génocides et autres massacres.
Ben non parce que la démocratie libérale et le marché n'ont pas su eradiquer la famine et l'oppression, qu'elles soient dirigees contre des individus ou contre des peuples tout entier ...
Et je redis que tant que des humains auront faim, ils seront "esclavagisables" et ils n'auront qu'une seule obsession : se nourrir pour survivre. Mais, tout va bien, Monsanto s'occupe du probleme ....

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country skinner

Message Mer 4 Mar 2009 - 19:23 par country skinner

Dommage, tu as raté le plus intéressant de l'article :

On peut penser, au contraire, qu’ils ne sont que des prolongements épisodiques d’un processus de persécutions permanentes des forts sur les faibles, des riches sur les pauvres, des dominants sur les dominés, d’une infime minorité sur l’immense majorité, qui est la trame de l’histoire des sociétés humaines, hier comme aujourd’hui.
Ca c'est la réponse à "Les massacres, il faut les hiérarchiser si on veut les analyser"

S’il est difficile de déterminer où commence le massacre, la frontière qui sépare la violence de masse de la violence quotidienne subie par tous ceux qui survivent, brutalement exploités et soumis, dans des conditions infra-humaines — misère, insécurité, humiliation —, est ténue et facilement franchie.
Ca ca doit être la réponse à la question "Les massacres c'est une chose, mais tous ceux qu'on fait mourir de faim en douce ?"

On n’a pas encore trouvé de manière douce de déposséder les hommes de leur aspiration à la dignité et à la justice.
Ca, c'est surement pour les babas cool qui se demandent pourquoi tant de haine dans la nature humaine.

Conclusion ?

Hiérarchisation, sélection, déconnexion concourent à faire de l’histoire des « violences de masse » une odyssée, un récit idéologiquement construit à partir de situations choisies délivrant un message assez clair : seuls la démocratie libérale et le marché sont en mesure de nous prémunir contre les génocides et autres massacres.

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Donald11

Message Mer 4 Mar 2009 - 17:53 par Donald11

En un siècle et demi, de 1492 à 1650, 90 % de la population du Nouveau Monde disparaît, tombant de cinquante-soixante millions à cinq-six millions d’habitants, ravagée par les maladies infectieuses mortelles importées : variole, rougeole, grippe, tuberculose, diphtérie, typhus, fièvre jaune, malaria... La population du Mexique passe de quinze-vingt millions à un million ; celle du Pérou, de six-neuf millions à six cent mille ; celle des Caraïbes, de trois millions à... zéro..
Que voila une etude a mener et des solutions a mettre en oeuvre tres rapidement .... Imaginons avec la Chine, si 90 % de la population disparaissait, ce serait 1,200 milliards de gagner d'un seul coup ... Bon d'accord, ceux qui restent seraient encore deux fois plus nombreux que nous, mais quand meme, quel ballon d'oxygene pour notre belle planete bleue !!! Une meme operation avec l'Inde, et nous voila reparti pour un siecle ou deux ... Elle ne serait pas belle la vie ?
Bon d'accord, c'est un peu inhumain. Je ne sais pas vous, mais moi, je ne les connais pas du tout ces gens la !!!

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Donald11

Message Mer 4 Mar 2009 - 17:41 par Donald11

Environ deux cents millions de victimes : une estimation très approximative des massacres commis sur la planète au cours du XXe siècle.
Pour 6 milliards et demi d'individu, dont la moitie qui vivent aujourd’hui avec moins de deux dollars par jour, c'est vraiment marginal !!! Si nous voulons nous en sortir tous, enfin les futurs survivants, il va falloir accelerer le processus, rechauffement de la planete et grenelle de l'environnement obligent. D'ailleurs, si j'ai bien compris, on ne tient compte ici que des massacres directs, pas des 800 millions qu'on assassine en douceur en les privant de nourriture !!!

Terrifiant bilan qu’il faut bien tenter d’analyser et de comprendre. Les historiens, mais aussi des juristes, des sociologues et des politologues, n’ont pas attendu la fin du millénaire pour s’y employer.
Analyser et comprendre ... Ben voyons ! Quand ils auront fini d'analyser et de comprendre, on devrait avoir doubler la mise ... Pourquoi pas avec une petite bombinette jolie ? D'ailleurs, on a change de siecle depuis plus de 9 ans ... Peut-etre qu'il faudrait leur rappeler a ces fins analystes.

La première tentation, presque irrésistible, est de hiérarchiser l’horreur ; en fonction du but poursuivi par les bourreaux, du nombre de morts, des méthodes d’extermination et des circonstances historiques : génocides, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et autres « massacres de masse ».
Tout le monde sait pertinemment que l'horreur est proportionnelle aux nombres de victimes et inversement proportionnelle a la distance qui nous separe de ces memes victimes.

Bon allez, rendez-vous en 2109 pour les suites de l'analyse ....

Enfin, c'est du serieux, c'est paru dans le monde diplomatique ... Combien de lecteurs en moyenne par numero pour ce canard ?

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country skinner

Message Mar 3 Mar 2009 - 11:44 par country skinner

http://www.monde-diplomatique.fr/2008/12/DE_BRIE/16602

Environ deux cents millions de victimes : une estimation très approximative des massacres commis sur la planète au cours du XXe siècle. Terrifiant bilan qu’il faut bien tenter d’analyser et de comprendre. Les historiens, mais aussi des juristes, des sociologues et des politologues, n’ont pas attendu la fin du millénaire pour s’y employer.

La première tentation, presque irrésistible, est de hiérarchiser l’horreur ; en fonction du but poursuivi par les bourreaux, du nombre de morts, des méthodes d’extermination et des circonstances historiques : génocides, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et autres « massacres de masse ».

De ce point de vue, la destruction de six des onze millions de Juifs d’Europe, entre 1941 et 1945, perpétrée par l’Allemagne nazie, avec la complicité de ses alliés, est presque unanimement considérée, du moins en Occident, comme le « crime des crimes », indépassable et sans équivalent dans l’histoire de l’humanité. Une certitude confortée, surtout depuis les années 1960, par la multitude de témoignages, de films et d’études qui, par dizaines, par centaines, continuent, année après année, d’occuper le devant de la scène. Au risque de saturer l’espace des recherches au détriment de tous les autres « crimes » ?

Bouda Etemad, Crimes et réparations. L’Occident face à son passé colonial, André Versaille éditeur, Bruxelles, 2008, 208 pages, 19,90 euros.

Michaël Prazan, Le massacre de Nankin 1937. Entre mémoire, oubli et négation, Denoël, Paris, 2007, 304 pages, 20 euros.

Encyclopédie électronique sur les violences de masse (http://www.massviolence.org)

Mais au nom de quoi pourrait-on reprocher à ceux qui s’y consacrent de poursuivre les études et d’entretenir la mémoire de l’anéantissement des Juifs d’Europe ? La question serait plutôt de savoir pourquoi les historiens n’ont pas montré et ne montrent toujours pas autant d’assiduité à l’égard des victimes et des bourreaux d’une multitude de massacres oubliés, méconnus, occultés, voire niés ou justifiés.

Quand ils tentent de le faire, c’est rarement sans intentions politiques et idéologiques. Devenu la référence suprême de l’horreur humaine, le label « génocide » est instrumentalisé pour toutes sortes de causes. Affirmer ou démentir la volonté génocidaire des massacres exécutés par tel ou tel régime suffit à le condamner sans rémission ou à lui accorder des circonstances atténuantes, à entretenir la mémoire des victimes et leur donner droit à réparation ou à les laisser dans l’oubli. Mais le sort d’une famille juive de Hambourg gazée dans les chambres puis brûlée dans les fours d’Auschwitz serait-il plus atroce que celui d’une famille allemande voisine qui a péri asphyxiée par le souffle brûlant des bombes au phosphore lâchées par les Anglo-Américains avant d’être carbonisée dans l’abri où elle s’était réfugiée ? Dira-t-on que celle-ci a eu la « chance » (ou le « malheur ») d’échapper à un génocide ? Si l’on doit traiter différemment les responsables, peut-on hiérarchiser l’horreur subie par les victimes ?

On sait que l’épithète a beaucoup servi, en particulier pour jeter un discrédit définitif sur l’Union soviétique — renvoyant dos à dos nazisme et stalinisme — comme sur la Chine maoïste (1). Dans la foulée, certains sont allés jusqu’à accréditer l’idée que tout mouvement révolutionnaire remettant en cause radicalement l’ordre établi conduisait inévitablement au totalitarisme et portait en germe des pratiques génocidaires. On devine à qui peut bien profiter le travail de ces historiens. En définitive, l’instrumentalisation du label « génocide » aura conduit à la banalisation du crime qu’il qualifie, y compris celui subi par le peuple juif. On devine aussi bien qui peut se satisfaire de cette dérive.

Pour tenter d’échapper à l’enfermement juridique et aux pièges de l’instrumentalisation politique et idéologique, on a recherché un concept sociologique, neutre et globalisant. A l’instar de Jacques Sémelin qui, au terme d’une analyse minutieuse, propose de se référer à la notion de « massacres de masse », caractérisés par un « processus organisé de destruction des civils visant à la fois les personnes et leurs biens », avec pour objectif la soumission ou l’éradication du groupe visé (2). Comme l’auteur est aussi le fondateur de l’Encyclopédie électronique sur les violences de masse, on peut penser que celle-ci échappera aux pièges et ambiguïtés qu’il dénonce. Il est moins sûr que sa proposition ne pose pas plus de problèmes qu’elle ne tente d’en résoudre (3).

19 septembre 1370, les soldats anglais exterminent la population de Limoges

Seconde tentation à laquelle les historiens cèdent bien volontiers : sélectionner les massacres, et donc les bourreaux comme les victimes. Tout d’abord en se focalisant sur le XXe siècle au détriment des précédents. Avec l’idée qu’il est l’« âge des extrêmes (4) », des Etats totalitaires, des moyens technologiques et bureaucratiques de destruction massive qui ont rendu possible la perpétration de destructions sans précédent. Or rien n’est moins sûr. On sait que le dernier génocide du XXe siècle, celui des Tutsis du Rwanda, s’est déroulé dans un pays rural, très christianisé, sans moyens technologiques. Il a fait, en trois mois, d’avril à juin 1994, près de neuf cent mille victimes, les « machettes » se révélant aussi expéditives que les chambres à gaz ou les vagues de superbombardiers. Quant aux deux cents millions de victimes de massacres du siècle dernier, elles représentent environ 2 % des populations ayant vécu au cours de cette période. Sans doute retrouverait-on un pourcentage comparable pour nombre de siècles précédents.

En réalité, les massacres ont ensanglanté le monde, à toutes les époques et en tout lieu. Bourreaux et victimes sont presque toujours et partout les mêmes. Un exemple suffira.

Limoges-cité, 19 septembre 1370, 6 heures du matin. Par la large brèche ouverte dans la muraille qui protège la petite ville de trois mille cinq cents âmes, les soldats du Prince Noir se ruent à l’assaut. Le fils du roi d’Angleterre Edouard III a donné l’ordre de tuer toute la population, hommes, femmes et enfants. En représailles de la trahison de son protégé, Jean de Cros, évêque de la ville, passé dans le camp du roi de France Charles V, à qui il promet de faire « tranchiez la teste ».

La piétaille de soudards, archers, couteliers, égorgeurs et pillards, anglais, picards, bretons, bientôt rejoints par la chevauchée des lanciers, des seigneurs de guerre et de leur escorte, se répand dans la ville où s’entasse le menu peuple sans défense, méthodiquement massacré dans une orgie de sang et de violences. Malgré les suppliques, le Prince Noir laisse le carnage se poursuivre dans la cathédrale où se sont réfugiées quelque trois cents personnes. Vient le temps du pillage et de la mise à sac menés avec une âpreté et une cupidité professionnelles. Puis la destruction de la ville par le feu tandis que le jour s’achève. Ironie et dérision : l’évêque félon sera l’un des rares rescapés et mourra dans son lit avec le chapeau de cardinal que lui octroie son cousin limousin Roger de Beaufort, élu pape avant même d’être prêtre, sous le nom de Grégoire XI. Quant au Prince Noir, grand massacreur de cette guerre de Cent Ans, c’est un des tueurs les plus honorés de l’histoire anglaise.

A vingt kilomètres de Limoges, Oradour-sur-Glane, 10 juin 1944, vers 14 heures. Des éléments de la Panzer division SS Das Reich du général Heinz Bernard Lammerding encerclent le village et bloquent les voies d’accès. C’est samedi, jour de marché et de distribution de tabac. Les villageois, qui n’ont pas souvent vu d’Allemands, commencent à s’angoisser quand les SS fouillent les maisons, chassant à coups de crosse et de botte les habitants rassemblés sur le champ de foire, puis séparent les femmes et les enfants, conduits vers l’église où on les enferme.

Les hommes sont divisés en cinq groupes de trente à soixante-dix personnes, dirigés vers les bâtiments les plus vastes du village qu’ils sont contraints de vider avant de s’y entasser. Les SS alignent des mitrailleuses devant chaque entrée, fauchent les otages jusqu’à ce que tous les corps tombent et s’entassent, puis achèvent les blessés, répandent des matières inflammables et de la poudre incendiaire avant d’y mettre le feu, enfin s’éloignent pour déboucher quelques bouteilles et écouter la radio. Vers 18 h 30, les rares survivants qui ont réussi à s’enfuir dans les bois entendent, provenant de l’église, les cris des femmes et enfants suppliciés. Les SS y ont fait exploser des fumigènes, jeté des grenades par les vitraux avant de pénétrer dans l’édifice, tirant sur tout ce qui bouge.

Jetant sur les corps des deux cent quarante femmes et deux cent deux enfants paille, fagots, bancs et chaises, ils y mettent le feu. Commence un pillage systématique au cours duquel sont débusqués et abattus ceux qui s’étaient cachés ainsi que les malades et les vieux restés alités. Vers 19 h 30, tout le village est en flammes tandis que la soldatesque s’éloigne pour boire et bâfrer, laissant derrière elle au moins six cent cinquante victimes.

Autres ironies du sort : le général SS Lammerding, criminel de guerre qui s’était déjà illustré tout au long de la remontée de sa division vers la Normandie, en particulier à Tulle, où il fit pendre quatre-vingt-dix-neuf otages, et bien plus encore en Union soviétique, à Kharkov et à Kiev, mourra dans un lit d’hôpital, vingt-cinq ans plus tard, sans même avoir été jugé. Parmi les victimes, un bon nombre, dont quarante-deux enfants, sont des réfugiés lorrains, et bien des bourreaux SS sont de tout jeunes Alsaciens engagés « malgré eux », tous français, venus de deux provinces annexées par le Reich. Traduits en justice, dix ans après les faits, ils seront finalement amnistiés.

Quand le seigneur de Balkh bâtissait des pyramides... de crânes humains

Ainsi, à près de six siècles d’intervalle, à vingt kilomètres de distance, au cœur de la France profonde, deux massacres ont été perpétrés dans des circonstances étonnamment semblables. Mêmes bourreaux, mêmes victimes, mêmes techniques de persécution. Une population civile sans défense est encerclée, puis systématiquement massacrée, femmes et enfants brûlés dans une église, par des troupes d’élite étrangères, partiellement constituées de nationaux, qui pillent, incendient et ripaillent, en toute impunité. Dans les deux cas, les responsables ne sont pas sanctionnés.

Loin d’être des bavures historiques, ces deux exemples sont d’une consternante banalité, reproduits à des milliers d’exemplaires, à travers les âges sur toute la planète. Ils ne sont bien évidemment pas l’apanage du XXe siècle, qui s’inscrit dans une continuité. Quant au pire ? On connaît celui que subissaient, au jour même d’Oradour, les Juifs hongrois assassinés à un rythme effréné à Auschwitz II-Birkenau. Mais, en 1370 toujours, en Asie, Tamerlan, devenu seigneur de Balkh, grand bâtisseur de pyramides de dizaines de milliers de crânes humains, se lançait dans une des plus terrifiantes accumulations de destructions ; durant trente interminables années, elles allaient faire des millions de victimes civiles, massacrées, déportées dans de longues marches de la mort, réduire en cendres des dizaines de villes et des milliers de villages, ravager toutes les cultures, en Perse, en Inde, en Asie mineure et centrale, jusqu’en Chine.

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