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Les Riches Heures De L’Impertinence

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02072009

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Les Riches Heures De L’Impertinence : « Dans Un Entretien Exclusif », Kozy « Répond Aux Questions » De Heckle & Jeckle
par Sébastien Fontenelle
Les hommes naissent égaux : on est tou(te)s d’accord là-dessus [1].

Mais nous devons aussi convenir que certains viennent au monde avec, don du ciel, des compétences un peu rares, et des talents innés : Alain Finkielkraut, par exemple, a précocement développé un admirable don pour le commentaire footbalistique, et un gars comme Philippe Val donne très fort l’impression d’avoir su, dès l’âge de cinq heures, détecter dans son entourage l’antisémite infiltré.

Denis Olivennes, patron de gauche formé à la rude école du pinaultprintempsredoutisme et big boss du Nouvel Observateur, excelle, quant à lui, dans l’impertinente effronterie : c’est ce que montre l’« interview exclusive », mise en ligne ici tout à l’heure, où le chef de l’État français « répond aux questions », incroyablement culottées, « de Denis Olivennes et Michel Labro ».

Les Riches Heures De L’Impertinence Heckle10


Si j’en crois (et j’en crois) ce qu’en dit Bakchich : Denis et Michel, qui de mon point de vue sont un peu comme les Heckle & Jeckle (photo) du journalisme corrosif, ont négligé d’informer la rédaction du « Nouvel Observateur » (et jusqu’à son légendaire supreme commander Jean Daniel, me précise ma taupe à l’Obs, dont naturellement je dois taire le patronyme, je suis pas de ces tristes salauds qui sacrifient leurs agents de terrain au nom de la nécessité du service, mais dont le nom de code est « Jean-Marcel ») qu’ils étaient attendus chez Nini.

Résultat : leur Société des rédacteurs, qui n’est pas exactement un repaire de rosaluxembourgeois, et qui sait que la fréquentation du chef de l’État est à ses bosses (entre ici, Jacques Julliard) ce que la bêtise est à Cambrai - leur SDR, disais-je, s’est fendue, vite fait, d’un communiqué interne où elle dit « craindre une dérive sarkophile » qui d’après elle ne cadrerait « guère avec l’engagement du Nouvel Observateur ».

C’est, en soi, très injuste, car, ainsi que me disait l’autre jour ma taupe « Jean-Marcel » : « Ce n’est pas du tout parce que tu passes ton temps à te laisser convier à de somptueux déjeuners aux frais du contribuable, n’est-ce pas, que tu vas mettre un mouchoir en pilou sur tes convictions progressistes, et d’ailleurs, t’as qu’à voir : Julliard est toujours d’extrême gauche ».

(Sacré « Jean-Marcel ».

Gros déconneur.)

Mais force est de constater que nos amis Heckle & Jeckle se montrent assez patelins, dans leur confrontation avec le chef de l’État, et lui posent finalement des questions qui, pour être exclusives, n’en prennent pas moins la forme, souventes fois, de grosses perches tendues au chef-de-l’exécutif (dont chacun(e) sait qu’il a cette grosse envie de soigner sa com).

Ainsi de cette question-ci : « On se souvient encore de l’échange plutôt vif que vous aviez eu avec Laurent Joffrin, le patron de Libération - il vous reprochait d’avoir « instauré une forme de pouvoir personnel, voire de monarchie élective » -, lors de votre conférence de presse de janvier 2008... »

C’est, tu l’auras noté, une vraie-fausse question, sans point d’interrogation à la fin : presque une suggestion, qui offre au chef de l’État français l’occasion de préciser que si que Laurent Barbiche lui redisait la même chose, il ne lui répondrait plus si roidement, parce que bon, un, il a « de la considération pour l’intéressé » (aimes-tu, Lolo, quand une langue passe juste sous tes poils du menton), et, deux, il se fait quand même une plus haute « idée » de sa propre « fonction ».

Maintenant que j’y pense : Heckle & Jeckle auraient mieux fait de lui demander s’il compte avoir d’autres échanges un peu vifs avec les dizaines de millions de Françai(se)s qui endurent, quotidiennement, les violences que leur inflige la droite patrono-régimaire.

Mais bon : ne leur jetons pas la pierre, ils avaient d’autres questions (exclusives), non moins corrosives, à lui poser, au Nini.

Genre : « Lorsque vous vous attaquez à un humoriste comme Stéphane Guillon sur France Inter parce qu’il prend pour cible DSK, Martine Aubry ou vous-même d’ailleurs, vous sortez de votre rôle ».

Ça, tu avoueras : c’est de la grosse question bien méchante - même sans point d’interrogation.

(Le patronat fait comme jamais du hachis de salariés, mais on ne va pas non plus se laisser bêtement détourner des vrais enjeux du quinquennat.)

D’ailleurs Kozy, manifestement déstabilisé par la brutalité de l’assaut, répond : « Je ne m’attaque à personne ».

Et là, évidemment, Heckle & Jeckle, positivement ravis de l’avoir ainsi acculé, lui balancent dans les gencives : attends, coco, tu rigoles, quand tu dis que tu n’attaques personne, ou si tu serais en train de nous prendre pour des benêts mal informés, qui ne sauraient pas que les tribunaux sont remplis de rappeurs de La Rumeur contre qui tu lanças une plainte quand tu faisais ministre des keufs - liste non exhaustive ?

Je rigole, bien sûr : Denis et Michel ne disent pas du tout ça.

Faut pas non plus déconner : en face d’eux, c’est le chef de l’État français, et ce n’est pas comme s’ils allaient se comporter avec lui comme des punks.

Denis et Michel observent plutôt, du ton que tu prends généralement pour annoncer à tes enfants qu’après l’hiver vient le printemps (ou que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse), que : « Le prince doit laisser le bouffon faire son métier ».

Nicolas Kozy, naturellement, est d’accord avec eux (et d’autant plus enthousiaste qu’il a bien compris que ni Heckle, ni Jeckle ne va trop longuement lui prendre le chou avec la pénible manie que son gouvernement a de malmener les dissidences) : « Je le pense tellement que c’est ce qui m’avait conduit en pleine campagne présidentielle à soutenir Charlie Hebdo dans son procès à propos des caricatures du prophète ».

Répond sans se marrer le chef de l’État français (qui ajoute, in petto, comment va mon Philippe, est-ce qu’il est bien, à France Inter ?)

Heckle et Jeckle, courageusement, lui font remarquer alors que « ce Marseillais convoqué devant un tribunal pour avoir dit : « Sarkozy, je te vois » (...), c’est inquiétant pour nos libertés ».

Kozy répond : « Je suis désolé de cette affaire que j’ai apprise par la presse. (...) Je n’ai porté plainte en aucune manière ».

Et, derechef : Denis et Michel, au lieu d’exiger de leur interlocuteur un minimum de sérieux, passent à autre chose.

Les hommes naissent égaux, d’accord : mais il y en a décidément qui arrivent avec, en plus, une large soupière, et un tablier de service.

Notes
[1] Enfin, quand je dis « tou(te)s » : je me comprends.

http://www.politis.fr/article7578.htm
brusyl
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