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«L’émancipation dans l’histoire »

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01082009

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En kiosques — August 2009
Une nouvelle livraison de «Manière de voir» (août-septembre 2009, 7 euros, en vente chez votre marchand de journaux)

Gestes libératrices

«L’émancipation dans l’histoire » : tel est le thème du dernier numéro de Manière de voir . Comme l’écrit Dominique Vidal dans sa présentation, «peu de mots résument aussi bien des siècles de combats qu’“émancipation”. (...) Il recouvre toutes les formes d’affranchissement — esclaves, masses exploitées, femmes dominées, minorités opprimées, peuples colonisés» pour «libérer l’être humain de ce qui l’empêche de s’épanouir».
C’est dire que la fresque brossée est aussi immense qu’édifiante : de Spartacus à Ernesto «Che» Guevara, du jacobinisme montagnard à la révolution nassérienne, de la guerre civile espagnole à la guerre du Vietnam, de la Commune au Front populaire, de Bandung à Mai 68, du combat pour la laïcité au tournant de Vatican II, de l’entrée des antifascistes espagnols dans la Résistance française aux «porteurs de valises» du réseau Jeanson pendant la guerre d’Algérie, de Socrate à Olympe de Gouges, de Gracchus Babeuf à Harriet Tubman ou Mongo Beti, les articles abordent, sous des angles originaux, quelques-uns des épisodes les plus significatifs et des figures les plus emblématiques de l’inlassable rébellion humaine contre l’oppression.

Il est probable que le rappel de différentes péripéties de cette lutte séculaire sera pour la plupart des lecteurs une source d’exaltation autant que d’abattement. Que tant d’hommes et de femmes aient fait preuve, tout au long de l’histoire, de tant d’héroïsme, d’abnégation, d’intelligence, voilà qui ne peut qu’inspirer, même aux plus sceptiques, un sentiment d’admiration et de gratitude, avec le désir de rester dignes de celles et ceux dont les peuples d’aujourd’hui sont à jamais débiteurs. Mais que tant d’efforts, de souffrances et de sacrifices aient abouti, sinon toujours à des échecs patents, du moins trop souvent à des victoires perverties, dévoyées, voire annulées sitôt que remportées, par de nouveaux déferlements de bêtise, de haine et de barbarie, voilà qui incite à penser que les héritiers ont bien du mal à se montrer à la hauteur de leurs prédécesseurs, comme si les sociétés humaines étaient vouées au calvaire de Sisyphe, faute de savoir/vouloir/pouvoir tirer vraiment toutes les conséquences de leurs expériences.

Aussi peut-on être tenté de souscrire à ce que Jacques Bouveresse écrit dans son article «Les Lumières et la raison» : «Non seulement l’idée de s’en remettre essentiellement aux lumières de la raison pour décider les questions cruciales, aussi bien dans le domaine de la morale que dans celui de la connaissance, est loin de s’être imposée dans les faits, mais elle est même, d’une certaine façon, devenue tout à fait incongrue et presque incompréhensible.»

Ce constat, difficilement récusable, peut paraître désespérant. Mais il peut et même doit être entendu comme une invitation à faire pénétrer davantage ces lumières de la raison là où la réalité est encore plus opaque et hermétique que partout ailleurs, dans cette ultime mais combien solide forteresse de l’obscurantisme que sont les structures internes de la personnalité et plus précisément les rapports dialectiques constitutifs qu’elles entretiennent avec les conditions objectives externes.
L’apparemment incurable bégaiement de l’histoire ne serait-il pas en effet l’indice qu’il manque une dimension au difficile combat que l’humanité ne cesse de mener pour son émancipation, et qu’à se focaliser d’abord et parfois exclusivement sur la destruction des causes extérieures d’oppression, celles qui tiennent à la violence de l’oppresseur raciste, machiste, impérialiste, ou autre, les dominés oublient de travailler aux nécessaires changements subjectifs, à cette conversion de la sensibilité et de l’entendement sans laquelle le changement des structures objectives risque d’être stérilisé ?
La lutte pour l’émancipation n’aurait-elle pas tendance à ignorer ou minorer une forme d’oppression d’autant plus difficile à éradiquer qu’elle est davantage intériorisée et s’exerce avec le consentement même de l’opprimé(e) ? Comment expliquer autrement que par cette discordance persistante entre le forum extérieur et le for intérieur de chaque individu que, même dans un monde où les droits de l’homme ont été expressément reconnus, ils soient chaque jour foulés aux pieds, dans l’indifférence générale, ou avec la complicité du plus grand nombre, y compris là où ils font l’objet de la plus grande révérence proclamée ?
Alain Accardo.
http://www.monde-diplomatique.fr/2009/08/ACCARDO/17699

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Manière de voir — L’émancipation dans l’histoire

I. Mouvements d’idées

Depuis que l’homme peuple cette Terre, un rêve de liberté le porte, de génération en génération. Cet espoir fou le pousse à résister à toute forme de domination. Une volonté d’émancipation qui a mobilisé des esclaves comme des serfs, le Tiers-Etat comme les prolétaires modernes.
A chaque période, il s’est trouvé des intellectuels pour accompagner ces luttes et leur offrir un fondement philosophique. Cette élaboration a convergé au XVIIIe siècle pour donner les Lumières, dont l’héritage marie raison et liberté.
Ces idées humanistes serviront de terreau à la Révolution française, qui les diffusera à travers l’Europe. Elles se réincarneront dans la seconde Révolution française : la Commune de Paris. Elles inspireront aussi les auteurs de la loi de 1905, qui organisera la laïcité de la République. Elles trouveront enfin leur pendant oriental dans la « nahda », la renaissance arabe.
De toutes les formes d’exploitation de l’homme par l’homme, la pire réside sans doute dans l’asservissement. Plus de vingt siècles après la révolte conduite par Spartacus, le monde compte encore des esclaves. Entre-temps, les trois traites — intra-africaine, arabe et coloniale — qui décimèrent l’Afrique firent des millions de victimes...


Les Lumières et la raison
Jacques Bouveresse
Le libéralisme égalitaire des Jacobins
Jean-Pierre Gross
Vaincue, la Commune est devenue un symbole
Georges Haupt
Etapes et conséquences des traites négrières
Marcel Dorigny
Un siècle plus tard, la laïcité fait encore débat
Alain Gresh
Nahda, la renaissance arabe
Anne-Laure Dupont

II. Libérations

Au fil du XXe siècle, le combat pour l’émancipation s’est incarné dans de belles pages d’histoire.
Avec la révolution d’octobre 1917 commence une aventure inachevée : celle du « socialisme réel », porteuse d’acquis populaires, mais aussi d’échecs, parfois sanglants, et d’abord en matière de libertés.
Répétition du second conflit mondial, la guerre d’Espagne (1936-1939) a mobilisé les Européens antifascistes — pas assez toutefois pour vaincre les troupes franquistes appuyées par Hitler et Mussolini.
En France aussi, le Front populaire l’avait emporté en 1936 : il restera dans les mémoires pour les conquêtes de la grève, des 40 heures aux congés payés.
Actrice majeure de cette épopée, la classe ouvrière jouera un rôle central dans la Résistance et la Libération, où Français et étrangers se mêleront.
Avec la victoire des partisans de Tito (1945), un autre modèle de socialisme s’impose : l’autogestion, anticapitaliste et antistalinienne.
Mais la victoire sur le nazisme donnera le signal d’une émancipation plus décisive encore, celle des peuples du tiers-monde.

Octobre 1917 à l’épreuve de l’histoire
Moshe Lewin
Des romans contre l’oubli de la guerre d’Espagne
Anne Mathieu
1936, le Front populaire de l’espoir à l’échec
René Bayssière
La révolution yougoslave et l’autogestion
Catherine Samary
Ces Espagnols qui ont libéré Paris
Denis Fernandez Recatala
Regards sur l’histoire coloniale en Inde
Partha Chatterjee

III. Espoirs d’après-guerre

La défaite des puissances de l’Axe a profondément modifié la carte du monde. Ces bouleversements vont, malgré la guerre froide, créer les conditions d’avancées sans précédent de l’émancipation humaine au cours des décennies qui suivent, en commençant par le Sud.
Avec la conférence de Bandung (1955), les « non-alignés » font entendre leur voix contre la domination coloniale, et face aux deux blocs. Certains peuples obtiendront pacifiquement leur indépendance, d’autres devront se battre pour l’arracher.
L’exemple des Algériens, victorieux après huit années d’un terrible conflit (1954-1962), rayonnera d’un bout à l’autre du tiers-monde. Dans le monde arabo-musulman, la Nakba palestinienne (1948) et la révolution égyptienne (1952) ont stimulé un puissant mouvement national. A son tour, la révolution cubaine (1959) déclenche un élan libérateur, qu’Ernesto Che Guevara tente d’étendre en Amérique latine. Comme en écho, Salvador Allende invente, avec l’Unité populaire, de 1971 à 1973, le socialisme à la chilienne, qu’écrasera le putsch de Pinochet. Le Vietnam, lui, l’emporte définitivement (1975), après plus de dix ans de guerre américaine.
Mais l’émancipation s’appelle aussi Mai 68, pour le mouvement ouvrier et celui de la jeunesse, Vatican II, pour l’Eglise catholique, et féminisme, pour la moitié de l’humanité...

Bandung ou l’irruption du tiers-monde
Jean Lacouture
Des « traîtres » qui sauvèrent l’honneur...
D.V.
Controverses autour du bilan du nassérisme
Kamel Labidi
Ainsi était le « Che »
Ahmed Ben Bella
Vatican II, tournant pour l’Eglise
Michel Cool
Mai 68 au miroir du cinéma
Jean-Louis Comolli
Quang Tri ou la dynamique de la victoire
Gabriel Kolko
« Une midinette aux ongles laqués »
Sylvie Tissot
Le rêve brisé de Salvador Allende
Tomás Moulian

http://www.monde-diplomatique.fr/mav/106/

Voir aussi : http://www.monde-diplomatique.fr/mav/106/VIDAL/17668
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