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Big Bauer is watching you (un criminologue bien en chaire)

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17022009

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Big Bauer is watching you (un criminologue bien en chaire) Empty Big Bauer is watching you (un criminologue bien en chaire)




16 février 2009

http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/02/16/big-bauer-is-watching-you-un-criminologue-bien-en-chaire/

On associe généralement 1984, le roman de George Orwell, au seul “Big Brother is watching you“, et à la société de surveillance sur laquelle il règne en maître.

On oublie cela dit que ses “télécrans”, système de vidéosurveillance & de télévision -qui diffusent en permanence les messages du Parti, tout en surveillant simultanément chaque geste, mot et regards échangés- sont reliés à la “Police de la Pensée”, opportunément chargée de traquer les « terroristes par la pensée ».

On oublie aussi que pour y parvenir, Big Brother organise également un appauvrissement planifié du vocabulaire, que ladite novlangue a pour objectif de rendre impossible l’expression de toutes idées subversives, et que le travail de Winston Smith, le héros du livre, consiste à supprimer & rectifier tout ce qui ne correspond pas à la ligne officielle du Parti.

En résumé : Big Brother ne cherche pas tant à surveiller (les gens) qu’à contrôler (leurs pensées).

Cette réflexion m’est venue lorsque Direct Matin Plus a récemment censuré un article écrit par un journaliste du Monde.fr au sujet du passe Navigo (la nouvelle carte à puce RFiD des abonnés de la RATP), où j’avais été interviewé (cliquez sur les pages pour les afficher au format .pdf).



Le groupe Bolloré refusant de republier l’article censuré (Le Monde n’y possède que 30% des parts), il a depuis été republié, dans Le Monde, et dans une “version enrichie“, mais expurgée des propos qui m’étaient attribués, ainsi que de ceux d’un responsable de la RATP.

« La liberté, c’est l’esclavage » (ce qu’il ne faut pas que vous sachiez du Navigo)
Je n’y disais pourtant rien de très subversif : “Quels seront les éléments que la RATP intégrera dans les puces Navigo des centaines de milliers d’usagers des transports publics ? Personne ne le sait.” Cette question ayant été censurée, peut-être faut-il la considérer comme effectivement subversive, dérangeante en tout cas. On en reparlera dans quelques années.

Patrick Docquier, responsable des systèmes d’information à la RATP, était un peu plus disert, expliquant que les données personnelles délivrées lors de l’achat du passe permettront de «faire de la relation client», et donc des offres commerciales ciblées, adaptées aux profils socioprofessionnels des usagers franciliens, en exploitant une énorme base de données : «Nous allons, par ce biais, fidéliser les clients».

Cette petite censure ordinaire (voir aussi l’Observatoire de la censure façon Nicolas Sarkozy que j’avais compilé, pour le Canard Enchaîné) m’a ouvert les yeux, sur cet pan occulté de “Big Brother“.

Parce qu’autant je suis critique envers le passe Navigo, les problèmes qu’il pose, à commencer par la banalisation de la société (et des technologies) de surveillance qu’il nous impose, autant je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse également entraîner une telle atteinte à la liberté d’expres​sion(il n’est pas fréquent de voir Le Monde censuré).

« La guerre, c’est la paix » (et la vidéosurveillance de la « vidéoprotection »)
On ne surveille pas les gens pour rien. Officiellement, il s’agit de lutter contre la délinquance. Dans les faits, on sait que ça ne sert pas à grand chose (ou que, en tout cas, ça n’en vaut pas l’investissement), mais ça rassure les gens, et ça fait du bien à l’électorat.

Mais pour que ça fasse encore plus de bien à l’électorat, il faut que les gens y croient. Ce pour quoi, & par exemple, les autorités préfèrent parler de “vidéoprotection” plutôt que de “vidéosurveillance“, d’autant que, et comme le souligne Geneviève Koubi, professeure de droit, “la « surveillance » des déplacements dans les espaces publics semblerait maintenant établie, justifiée, admise, intériorisée donc à peine vécue et ressentie“.

La société de surveillance est aussi une guerre de l’information : il faut conquérir les coeurs, et les têtes, gagner la bataille des mots, et donc faire passer les démocrates, républicains et citoyens qui, il y a quelques années, auraient probablement réussi à faire capoter ce type de mesures sécuritaires pour des “droits-de-l’hommistes” utopistes et marginaux.

“Big Bauer” is watching you (« L’ignorance, c’est la force »)
Auteur de nombreux livres, dont un “Que sais-je ?” intitulé “Vidéosurveillance et vidéoprotection“, Alain Bauer est le plus influent des théoriciens français de l’insécurité, et des politiques & technologies censées nous en protéger.

C’est aussi son métier : son cabinet de conseil, AB Associates, fait de l’”analyse de la délinquance“, des “audits de sûreté urbaine“, “diagnostics de sécurité“… Ses clients se comptent par centaines, et son site est consultable en 6 langues : “La sûreté est un métier, elle exige des professionnels” (sic).



Ancien compagnon de route du Parti socialiste, Alain Bauer fut également l’un des tous premiers intellectuels “de gauche” à entrer en Sarkozye, et bien avant Eric Besson.


Nicolas Sarkozy l’a ainsi, et successivement, nommé président de l’Observatoire de la délinquance, puis de la Commission nationale de la vidéo-surveillance (qui cherche à retirer à la CNIL le peu de pouvoir qu’elle a sur la vidéosurveillance), mais aussi de la commission sur le contrôle des fichiers de police (celle-là même qui, récemment, a “balancé” un extrait de fichier policier révélant l’identité d’un “suspect” dans un rapport expliquant… l’amélioration du contrôle des fichiers policiers).

Sur proposition de Valérie Pécresse, Alain Bauer vient d’être nommé à la tête d’une chaire de “criminologie appliquée” taillée sur mesure pour lui, au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), et quand bien même “les publications signées par M. Bauer sont contestées par tous les spécialistes reconnus, psychiatres, psychologues, juristes et sociologues de la déviance et des questions pénales“, comme le rappellent trois universitaires dans une tribune publiée dans Le Monde :

if (provenance_elt !=-1) {OAS_AD(’x40′)} else {OAS_AD(’Middle’)}

La liste des critiques est saisissante. Interprétation fantaisiste, voire tendancieuse, des statistiques ; méthodologie faible, sinon inexistante ; conception limitée et absolument pas consensuelle du champ pertinent de la criminologie ; souci explicite de travailler avant tout en tant que criminologue en faveur de la stigmatisation et de la dénonciation… Voilà qui fait beaucoup pour un “spécialiste” à qui il reviendrait de structurer la criminologie française et de porter haut ses couleurs à l’échelle internationale.

Près de 400 de ces spécialistes avaient signé une pétition dénonçant cette nomination, en vain. Comme le souligne la tribune du Monde, c’est la volonté du prince :

Loin du principe d’autonomie tant vanté pour réformer les universités, cette procédure dérogatoire, propre au CNAM, permet au ministre de tutelle de créer une nouvelle chaire ex nihilo et de proposer le nom de son premier titulaire. Dans ce cas, point de concours ouvert, comme dans la procédure ordinaire de recrutement des professeurs titulaires de chaire.

Alain Bauer a lui aussi eu droit à une tribune dans Le Monde, pour se défendre :

Au-delà du côté excessif des attaques personnelles, le sort de la criminologie m’apparaît beaucoup trop important pour que le processus lancé soit interrompu par une campagne basée sur des motifs plus militants et politiques que scientifiques.

Les multiples nominations d’Alain Bauer, par Alain Sarkozy, à la tête de nombreux observatoires ministériels chargés de produire statistiques, analyses, rapports et recommandations, et donc ce que l’on peut aussi qualifier de “corpus idéologique“, seraient donc plus mus par des intérêts “scientifiques” que “politiques“…

Faute de trouver suffisamment d’universitaires capables de justifier la politique sécuritaire du gouvernement, il suffit donc de créer une chaire, pour la valider. C’est aussi à ce genre de confusion des genres entre ce qui relève du politique et du scientifique que l’on reconnaît les prémices d’une “police de la pensée“.
country skinner
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Big Bauer is watching you (un criminologue bien en chaire) :: Commentaires

brusyl

Message Mar 17 Fév 2009 - 13:46 par brusyl

Le CNAM (repaire de francsmac) est vraiment l'endroit où l'on recase les huiles du gouvernement pour les mettre à l 'abri des intempéries : déjà, et depuis 2003, une chaire y a été créée pour B. Kouchner, de Santé et Développement (étant entendu qu'il a été mis en détachement depuis qu'il est ministre)
Espérons que la vague de protestation suscitée par cette nouvelle création va faire réfléchir la Pécresse : en ce moment il n'est nul besoin de verser encore de l'huile sur le feu.....
Quant au fond de l'article il confirme une tendance qui me panique et me hérisse depuis pas mal de temps : la novlangue et toutes ses composantes... Que "Le Monde" soit partie agissante de cette dictature des mots et donc de l'intelligence ne m'étonne guère.....

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Donald11

Message Mar 17 Fév 2009 - 11:12 par Donald11

A-t-on le droit d'ecrire que nous sommes sur la route d'une dictature ?

Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D'abord on le tue
Puis on s'habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problèmes
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.

J'affirme que l'on m'a proposé beaucoup d'argent
Pour vendre mes chances
Dans le Tour de France
Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
Et dans le spectacle
Y a pas de miracle
Le coureur a dit la vérité
Il doit être exécuté.

A Chicago un journaliste est mort dans la rue
Il fera silence
Sur tout ce qu'il pense
Pauvre Président tous tes témoins ont disparu
En choeur ils se taisent
Ils sont morts les treize
Le témoin a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Le monde doit s'enivrer de discours pas de vin
Rester dans la ligne
Suivre les consignes
A Moscou un poète à l'Union des écrivains
Souffle dans la soupe
Où mange le groupe.
Le poète a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Combien d'hommes disparus qui un jour ont dit non
Dans la mort propice
Leurs corps s'évanouissent
On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom
Leurs mots qui demeurent
Chantent "juste" à l'heure.
L'inconnu a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Etait à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C'est plus juste en somme
D'abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Ce soir avec vous j’ai enfreint la règle du jeu
J’ai enfreint la règle
Des moineaux, des aigles
Vous avez très peur pour moi car vous savez que je
Risque vos murmures
Vos tomates mûres
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m’exécuter

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