cybermaquis
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

Comment chercher un travail sans le trouver

Aller en bas

31082009

Message 

Comment chercher un travail sans le trouver Empty Comment chercher un travail sans le trouver




Comment chercher un travail sans le trouver
Conseils de l’ANPE
dimanche 30 août 2009 par collectif rto


Comme chaque mois, je me suis rendue à mon suivi mensuel personnalisé au Pôle Emploi de Guy Moquet. Cette fois-ci, c’est Mr J qui m’a accompagnée. Nous étions plus nombreux que la dernière fois et d’emblée, nous débarquons en distribuant nos tracts. Personne ne bronche.

La conseillère avait l’air plus aimable que la 1ère fois. Il faisait beau, la fin de la journée approchait et il faisait plus frais que les jours précédents. Elle riait avec un collègue et parlait d’un ton léger, enjoué. Je l’imagine gambadant dans la nature, vêtue d’une petite robe de mousseline printanière, accompagnée d’un satyre. On en oublierait presque l’autre visage qu’elle revêt face à ses « clients ».

Toujours de son air enjoué, elle nous regarde la suivre. « Vous venez encore à 2 ?! C’est du harcèlement, votre affaire ! »
Moi :_ Non, ce serait plutôt l’inverse. (Ne confonds pas les rôles, ma biche !)
On s’assied tous les 3. Les agents de l’accueil nous avaient avertis auparavant que les ordinateurs étaient en rade.
SL : _ Bon, nous avions fait le point la dernière fois. Sur votre CV entre autres. Vous l’avez refait ?
Moi :_ Non.
J’avais effectué maintes prestations où plus de 10 agents ANPE et autres avaient ajouté leur touche « personnelle » (voir article « Unédic : je coûte cher mais combien je rapporte »)
SL : _ Pourquoi ?
Moi :_ Parce que je le trouve mal fait. (Ah, elle a retrouvé son air de dogue)
SL : _ Et donc, le vôtre, vous le trouvez mieux.
Moi :_ Oui.
SL : _ Et pourquoi vous ne me l’avez pas dit la dernière fois ?
Moi :_ J’ai préféré vous laisser parler. Vous étiez partie sur votre lancée… ça va, là ? Je suis suffisament actrice de ma vie ? (cf. l’enfer, c’est les autres)
SL : _ Mais c’est malhonnête de votre part ! Je perds mon temps et mon énergie à me creuser intellectuellement pour vous le refaire. »
Ouh, ça a dû être dur ! Pour un peu, elle me ferait de la peine. Le chômeur est un être ingrat et sans pitié, décidément ! Mais elle reste sur son avis : son CV est le meilleur et je vais me planter avec le mien, d’après elle. « Si les gens veulent tenter de trouver du travail avec leur CV et qu’ils se plantent, c’est leur problème. Vous avez fait des recherches ? » Je lui donne ma feuille de recherches et elle la regarde à peine.
SL : _ Comment vous faites vos recherches ?
Moi :_ Avec une lampe à huile, tiens ! Je fais des fouilles archéologiques. Je me rends sur votre superbe site… (Elle me regarde d’un air suspicieux ; me payerais-je sa tête ?) Si, si il est très bien, hein ! Encore que ces derniers temps, il décline un peu.
SL : _ 3 offres en 2 mois ?!
Moi :_ Oui, je n’ai trouvé que ça.
SL : _ Mais des offres, il y en a plus !
Moi :_ Oui, il y en a plein. Mais qui me correspondent, il y en a 3.
SL : _ Vous regardez le site tous les combien ? Quelle fréquence ?
Moi :_ Tous les jours, voire 2 fois par jour au cas où des offres apparaissent en cours de route.
SL : _ Non, mais je ne demande pas d’acharnement.

"Regarder nos offres 2 fois par semaine, ça suffit."
Moi (pensant) : _ (Ah oui ? Y a des conseillers qui te radieraient pour avoir dit ça !)
Sans blague !?! C’est son concept de la recherche intensive ? À son rythme, je ne trouverais rien. Et elle me demanderait encore pourquoi.
SL : _ Et vous avez eu des réponses ?
Moi :_ Non.
SL : _ Pourquoi, à votre avis ? (Parce que vous êtes une pauvre nulle ?)
Moi :_ Parce que je suis une « vieille » chômeuse.
SL : _ Mais encore ? Allez, dis-le qu’t’es une grosse feignasse !
Moi :_ J’sais pas. Je ne vois pas. En même temps, c’est pas facile d’en trouver et ça va empirer. Les patrons débauchent de plus en plus.
SL : _ Mais je vois d’autres chômeurs repartir avec du travail.
Moi :_ Oui, c’est sûr. Mais quel travail ? Dans quelles conditions ?
SL : _On ne peut pas tout mettre sur le dos des patrons, de la société…, le contexte est difficile, mais pas impossible. Vous pensez que vous trouverez un travail, un jour ?
Moi :_ Je suis sceptique, vu les évènements.
SL : _ Il faut positiver.
Moi :_ J’suis pas Carrefour !
SL : _ Carrefour ?
Moi :_ Oui, vous savez, le magasin ! Vous vous souvenez du slogan !? »
Silence.

Puis elle recommence sa leçon sur les chômeurs profiteurs, me demandant au passage si je touche des allocations. J’acquiesce. « Bon, vous êtes au chômage depuis 13 ans… » Déclare t-elle.
Moi :_ Non, 2 ans.
SL : _ De toutes façons, je vais vous diriger vers des prestataires privés… »
Moi :_ Oh non, pas encore !
Mr J :_ T’en es à ta combientième de prestation ?
Moi :_ Oh, je ne compte même plus. 5 ou 6.
SL : _ Vous dites que l’ANPE, c’est du caca, donc je vous envoie vers des prestataires privés.
"Vous savez, les gens qui se foutent de nous, je les expédie. »
Intéressant ! Et où ? Elle prend les chômeurs pour des courriers postaux ?
Moi :_ Ah non ! Ils sont pires ! Et puis je n’ai pas exactement dit ça pour l’ANPE.
SL : _ C’est déjà bien que vous ayez l’ASS.

"Vu que vous ne travaillez pas, vous pourriez refuser de les toucher."
C’est ce qu’elle appelle sans doute de l’honnêteté intellectuelle : crever la gueule ouverte parce qu’on ne produit pas, pour refuser de jouer les « parasites », même si c’est les patrons qui vous ont collé dans cette situation après avoir empoché des aides de l’état pour avoir le droit de vous exploiter en contrat d’avenir (par exemple). Pas de travail, pas d’argent ! Bon, alors je propose qu’on vire tous les PDG qui font bosser les autres pendant qu’ils se contentent de commander et ramasser les bénéfices, OK ? Empocher le fric, tout le monde sait faire ! Un apôtre de Jésus avait déclaré que celui qui ne travaille pas, n’a pas droit de récolter les fruits du labeur. Comme quoi, ce n’est pas récent, cette idée de priver les exclus de ressources. L’UMP et le capitalisme n’ont rien inventé. Et merci la religion !
SL : _ Y a des pays où ils n’ont rien. Ici, par contre…
Moi :_ C’est vrai. On pourrait se faire fouetter.
Mr J :_ L’ASS, c’est de la foutaise. Ça ne devrait pas exister. Un chômeur a droit à un salaire différé. »

Il commence à lui expliquer ce qu’il entend par là, mais cette révélation parait insupportable à cette dame qui l’interrompt aussitôt :
SL : _ Ah, mais y en a qui sont bien contents de l’avoir !
Mr J :_ Non, mais attendez, vous savez à qui vous parlez ? (Silence) Vous avez déjà essayé de vivre avec 450 € par mois à Paris ?
SL : _ Non, mais c’est quoi que vous me faites, là ? C’est un accompagnement ? C’est de la protestation sociale ?! (Il la regarde sans ciller : elle a enfin compris quelque chose) C’est bien beau de critiquer, mais il faut proposer aussi.
Moi (pensant) :_ Promis ! Dès que je vois Charpy, je lui en cause.
SL : _ Je n’ai pas à vous recevoir, Monsieur. J’aurais pu refuser de vous accueillir.
Moi :_ Non, c’est un droit, l’accompagnement.
Mr J :_ Un droit, vous savez ce que c’est ?!
SL : _ Mais vous n’avez pas à me dire ça ! C’est quoi, d’abord ? C’est un suivi, votre accompagnement ? Vous n’êtes même pas fichu de me dire de quoi il s’agit ! Il n’a pas d’intérêt, votre accompagnement !
Moi :_ Ah si, pour moi, y en a un. Ça m’évite certains problèmes.
SL : _ Ah oui ? Lesquels ?
Moi (air las) :_ Celui d’être harcelée ou radiée abusivement par Pôle Emploi. Encore que vous étiez presque sage, aujourd’hui.
SL : _ Ah oui, alors je vous harcèle ?! Je note !
Moi (pensant) :_ Note, note, c’est tout ce que tu sais faire ! Ça et nous resservir ton couplet pro medef !
SL : _ Bon, je vous convoquerai pour le mois prochain. Je ne vous retiens pas.
Moi :_ Entre nous, difficile de produire quand il n’y a pas de travail. Enfin ! J’ai été ravie de vous voir !
SL (hargneuse) : _ Au plaisir ! »

Là, je lui ai plombé sa soirée ! Je suis ressortie de là, l’imaginant se plaindre à sa direction. « Ouiin, Madame ! Elle a dit que je la harcelais ! »
Mais je ne fais qu’énoncer une réalité.

Enfin, il faudrait que certains arrêtent de se dire qu’ils n’ont pas à se plaindre sous prétexte que d’autres pays sont en guerre et que les civils se prennent des bombes sur la gueule, tous les jours, et qu’ils n’ont plus rien à bouffer. Mais ce n’est pas parce qu’il y a plus malheureux que nous, qu’on ne doit pas aspirer à mieux. Se battre pour avoir des droits ou les garder, c’est autrement plus constructif. Et ce n’est pas se plaindre, que de lutter pour vivre mieux. Courber l’échine en se résignant sagement pour s’éviter les ennuis, c’est se retrouver à terme, dans les ennuis. Donc, avant de se retrouver trop enfoncé dans la misère ou la dépression, luttons tant qu’on en a la force. (Et là, on met le disque des chants révolutionnaires et on chante en chœur !)

Conclusion : « Qui se bat, peut perdre. Qui ne se bat pas, a déjà tout perdu. » Bertolt Brecht
brusyl
brusyl
Admin

Nombre de messages : 3110
Date d'inscription : 17/07/2008

Revenir en haut Aller en bas

Partager cet article sur : reddit
- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum