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Théorisation de refus du travail : le Manifeste de Krisis

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02052009

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Théorisation de refus du travail : le Manifeste de Krisis Empty Théorisation de refus du travail : le Manifeste de Krisis




http://www.article11.info/spip/spip.php?article386

Un constat, d’abord : pour les auteurs - Krisis est un collectif allemand de militants et penseurs, auteur de plusieurs ouvrage sur le travail, dont ce Manifeste publié en 1999 - la lecture marxiste est dépassée. Le monde ne peut plus se penser en terme de lutte des classes, celle-ci n’étant qu’une prolongation de la société capitaliste. Et l’affrontement entre bourgeoisie et prolétariat ne doit plus se concevoir comme un rapport de force et d’exploitation, puisqu’il s’agit de « deux intérêts différents (quoique différemment puissants) » inhérents au capitalisme. En clair, il n’est qu’une façon de se libérer et de parvenir à une société sans classes : mettre à bas la valeur travail, totalement et sans concession.


Le discours peut paraître radical. Il l’est. Mais comment faire autrement « quand un cadavre domine la société » ? Quand « toutes les puissances du monde se sont liguées pour défendre cette institution : le pape et la Banque mondiale, Tony Blair et Jorg Haider, les syndicats et les patrons, les écologistes d’Allemagne et les socialistes de France » ? Quand « tous n’ont qu’un mot à la bouche : travail, travail, travail ! » ? Quand le travail - par le biais de ce darwinisme social qu’a instauré le néo-libéralisme - est responsable de tellement plus de détresse, de souffrance et de morts que la pire des dictatures ou le plus honteux des régimes ? Quand « il ne reste aux hommes qu’à proposer humblement leurs services comme travailleurs ultra-bon marché et esclaves démocratiques aux gagnants de la mondialisation plus fortunés » ? Quand « les porte-paroles sociaux du camp du travail, depuis les bouffeurs de caviar néo-libéraux, fous de rendement, jusqu’aux gros lards des syndicats » s’entêtent à présenter le travail comme une valeur naturelle, mais se trouvent bien en peine d’expliquer pourquoi « les trois quarts de l’humanité sombrent dans la misère parce que la société du travail n’a plus besoin de leur travail » ?

Il est malaisé de résumer l’ouvrage : se contenter de phrases piochées au hasard ne rendra pas honneur au travail et à l’audace du collectif. Le lire - par contre - est jubilatoire, tant les auteurs sont experts à renverser les perspectives, à montrer combien nos présupposés sociaux ne sont que préjugés imbéciles et idiots. Le travail ne libère pas : « Il est justement l’activité de ceux qui ont perdu la liberté ». Les hommes ne travaillent pas pour eux-mêmes : ils ont précisément dû s’y résoudre pour alimenter, par le passé, « l’État militarisé de la modernité naissante fondée sur la puissance des armes à feu, sa logistique et sa bureaucratie ». Les mouvements sociaux - enfin - font fausse route en se battant pour le droit au travail pour tous et en réclamant un labeur pour chacun : c’est ainsi que « le mouvement ouvrier est lui-même devenu un accélérateur de la société de travail capitaliste ». Las… Trois fois hélas…

Les jeux sont faits ? Même pas. Avec la troisième Révolution industrielle, celle de la micro-informatique, le miroir aux alouettes ne peut que se briser de lui-même, soulignent les auteurs : « Pour la première fois, l’innovation de procédés va plus vite que l’innovation de produits. Pour la première fois, on supprime davantage de travail qu’on ne peut en résorber par l’extension des marchés. Conséquences logiques de la rationalisation : la robotique remplace l’énergie humaine, les nouvelles techniques de communication rendent le travail superflu. » C’est ainsi que le système court à sa perte tandis que le capitalisme de casino - celui qui repose sur le marché financier spéculatif - accélère le mouvement. Et si les membres de Krisis n’ont pas été les seuls à le dire, il faut leur reconnaître une certaine prescience dans ce passage publié en 1999 et qui semble annoncer l’écroulement à venir dix ans plus tard :

Comme la hausse de la plus-value fictive des valeurs boursières ne peut être que l’anticipation de la consomption de travail réel futur (dans une mesure astronomique proportionnelle) qui ne viendra jamais, l’imposture objectivée, après un certain temps d’incubation, ne manquera pas d’éclater au grand jour. L’effondrement des marchés émergents en Asie, en Amérique Latine et en Europe de l’Est en a donné un avant-goût. Que les marchés financiers des centres capitalistes aux États-Unis, en Europe et au Japon s’écroulent aussi n’est qu’une question de temps !
(…)
Fixés sur le fantôme du travail anobli en condition d’existence positive et transhistorique, les critiques du capitalisme confondent systématiquement cause et effet. (…) Les ’méchants spéculateurs’, affirme-t-on avec plus ou moins d’affolement, seraient en train de détruire toute cette merveilleuse société de travail parce que, pour le plaisir, ils jetteraient par le fenêtre ’tout ce bon argent’, dont il y aurait ’bien assez’, au lieu de l’investir sagement et solidement dans de magnifiques ’emplois’ afin qu’une humanité ilote, obsédée de travail, puisse continuer à jouir du ’plein-emploi’.
(…)
On préfère diaboliser les ’spéculateurs’ au lieu de comprendre que, inexorablement, nous devenons tous non rentables et que c’est le critère de la rentabilité même ainsi que ses bases, qui sont celles de la société de travail, qu’il faut attaquer comme obsolètes. Cette image de l’ennemi à bon marché, tous la cultivent : les extrémistes de droite et les autonomes, les braves syndicalistes et les nostalgiques du keynésianisme, les théologiens sociaux et les animateurs de télévision, bref tous les apôtres du ’travail honnête’.

Pas mal, n’est-ce pas ? Oui : Krisis dégomme avec efficacité, trompette la charge avec talent et - surtout - sonne juste. Il reste au collectif, dans la fin de l’ouvrage, à redire combien toute critique radicale du capitalisme suppose la rupture catégorique avec l’idéologie du travail. À répéter qu’il faut « penser l’impensable », briser « le monopole de l’interprétation du travail détenu par le camp du travail ». À souligner combien il faut aussi en terminer avec l’État et la politique, tant un tel programme d’auto-organisation et d’auto-détermination des Hommes ne souffre aucun compromis, aucune concession et aucune participation au système au fallacieux prétexte d’en améliorer ses conditions. Et à terminer, sur cette très classe invite :

Prolétaires de tous les pays, finissez-en.
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Théorisation de refus du travail : le Manifeste de Krisis :: Commentaires

brusyl

Message Mer 13 Mai 2009 - 9:29 par brusyl

Le travail, c’est la précarité ?

Le sociologue Robert Castel décrypte la crise sociale

(biographie wiki de l'auteur : Robert Castel, né en 1933, est un sociologue français, formé à la fois à l'école de Pierre Bourdieu et de Michel Foucault. Il a d'abord travaillé sur la chose « psy », puis sur « la nouvelle question du social ». Il est directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales.

Robert Castel a travaillé dans les années 1960 avec Pierre Bourdieu, puis s'est intéressé à la psychanalyse et à la psychiatrie, en établissant une sociologie critique de ces questions et en se rapprochant de Michel Foucault, dont il apprécie l'approche généalogique. Enfin, il s'intéresse à l'exclusion, ou plutôt à ce qu'il appelle la désaffiliation, qui frappe les individus « par défaut ».

Il veut comprendre comment le salariat, qui fut d'abord une position méprisée, s'est petit à petit imposé comme modèle de référence et s'est progressivement associé à des protections sociales, et à la notion de propriété sociale, créant un statut constitutif d'une identité sociale. Il est à l'origine de la constitution du Groupe d'analyse du social et de la sociabilité (GRASS).
e



Alors que des traders français partis faire fortune à Londres reviennent au grand galop s'inscrire au chômage, à Paris, pour toucher des indemnités, la crise est vécue de plus en plus durement par les Français les plus modestes. La colère sociale monte, au même rythme que le compteur fou des licenciements collectifs.


Nombre de spécialistes ont décrit cette explosion en vol du capitalisme financier comme un tournant brutal et quasi imprévisible. Le sociologue du travail Robert Castel, au contraire, en adepte des analyses au long cours, date le changement de modèle du capitalisme et les prémisses de la domination de la finance du milieu des années 1970. Dans Les Métamorphoses de la question sociale (éd. Fayard, 1995), il avait décrit l'installation du « précariat » dans le monde du travail. Son dernier ouvrage, La Montée des incertitudes, recueil actualisé de textes écrits entre 1995 et 2008, confirme l'acuité du regard de ce septuagénaire affable qui veut bien délivrer sa science mais s'interdit de jouer les experts-prophètes. Un directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) dont le savoir est doublé d'une saine modestie qui lui permet souvent, en interview, de dire : « Je ne sais pas. »

Vous avez scruté, ces dernières années, l'effritement de notre modèle social. Quel effet d'accélérateur risque d'avoir la crise actuelle ?

Elle aura eu au moins une fonction de révélateur. Elle a ouvert les yeux de beaucoup sur la logique profonde du capitalisme d'aujourd'hui qui nous conduit droit à la catastrophe. Il y a encore quelques mois, en appeler à l'Etat, à des régulations sociales, à des protections, était considéré comme ringard. Il fallait se mettre au goût du jour, c'est-à-dire accepter l'inconditionnalité du marché et de son fonctionnement.

Le soi-disant « marché autorégulé », comme disait l'économiste Karl Polanyi (1886-1964), obéit en fait à ses propres impératifs (rentabilité, concurrence absolue...). Il nous a conduits là où nous en sommes. Et peut-être pire demain. Il faut envisager cette crise comme quelque chose de systémique ; c'est vrai que l'emballement du capital financier international a été le plus spectaculaire, le plus destructeur aussi, mais cette crise récente a été préparée, bien en amont, par des dérégulations dans l'économie réelle et les protections sociales. Elle est la pointe avancée d'un processus plus général.

Qu'entendez-vous par là ?

Nous sommes à une bifurcation – je préfère ce terme au mot « crise », trop passe-partout – dont l'origine remonte sans doute au milieu des an­nées 1970. C'est à ce moment-là que nous sommes sans doute sortis du capitalisme industriel. Celui-ci avait posé ses bases à la fin de la Seconde Guerre mondiale ; il avait été impitoyable à certains égards, mais il avait aussi accepté des formes de compromis offrant aux salariés un certain nombre de droits et de protections. Le salarié moyen des années 1960 ne roulait pas sur l'or, mais il avait acquis les conditions d'une certaine indépendance sociale, lui permettant d'être un citoyen à part entière. C'est ce socle du compromis social hérité du capitalisme industriel qui s'est fissuré et qui nous mène maintenant à un nouveau régime du capitalisme. Aujourd'hui, on assiste au retour de travailleurs pauvres ; j'ai avancé le terme « précariat » pour signaler que la précarité n'est plus un mauvais moment à passer, quelque chose de transitoire en attendant l'emploi durable. Pour beaucoup de gens, la précarité devient une condition à part entière.

Depuis la crise, beaucoup en appellent à la « moralisation » du marché. Qu'en pensez-vous ?

C'est un non-sens. Que peut-on demander au marché sinon d'être le marché ? Il fait son travail. Etre compétitif, faire le maximum de profits... Le marché fonctionne comme ça. Je ne dirai pas que c'est immoral, c'est amoral. Et donc l'idée de moraliser le capitalisme est inepte. Ce qu'il faudrait essayer de faire, c'est encadrer le marché, le domestiquer.

Par quels moyens ?
Ce n'est pas à moi de trouver les solutions politiques, mais le capita­lisme industriel avait partiellement réussi à construire un Etat social, avec un droit du travail consistant qui avait posé des limites à l'arbitraire patronal. Avec des protections sociales fortes donnant, par exemple, le droit à la retraite...

Au regard du temps long sur lequel vous travaillez, constatez-vous une radicalisation des conflits sociaux ? Les séquestrations de patrons, ces dernières semaines, sont-elles le signe précurseur d'un mouvement social de grande ampleur ?
Ce sont des réactions ponctuelles et je ne dirais pas, comme Dominique de Villepin, qu'il y a un « risque révolutionnaire » en France ! Les grands bouleversements historiques arrivent par des formes de manifestations collectives. Des actions dispersées, même significatives, ne forment pas nécessairement un mouvement collectif. Mais je suis sociologue et pas prophète. L'avenir nous le dira...


A la fin des années 1990, la France vivait au rythme du débat sur les 35 heures et le temps libre. Dix ans plus tard, nous en sommes au « travailler plus pour gagner plus » et à une régression des droits sociaux. Comment le sociologue du travail que vous êtes juge-t-il ce retournement ?
Il y a dix ans, les discours sur la fin du travail ou la fin du salariat avaient le vent en poupe, ce qui était d'ailleurs un peu stupide. Ces thèses me paraissaient insoutenables vu la centralité du travail dans nos sociétés. Maintenant, nous sommes passés, à l'inverse, à une sorte d'apologie inconditionnelle du travail. Travailler pour travailler.

Il y a des types d'emploi qui sont non seulement nécessaires mais aussi indispensables parce qu'ils assurent la dignité du travailleur. Mais il y a des formes d'activité – peut-être ne faut-il pas les appeler à proprement parler des emplois – auxquelles on vous pousse lorsque vous êtes aux abois : « Eh bien... travaille ! » enjoint la société. « Fais n'importe quoi pour ne pas être un "mauvais pauvre" !, comme on disait autrefois, c'est-à-dire quelqu'un qui vit aux crochets de la société, aux dépens de la France qui se lève tôt. Alors travaille ! Mais ne sois pas trop regardant sur les conditions. » C'est comme ça qu'on devient un travailleur pauvre. Ou peut-être pire. Prenez le RSA : le revenu de solidarité active secrète des gens qui sont pour moitié, ou pour le quart, des travailleurs, mais qui ont un salaire tellement insuffisant, une durée de travail tellement partielle, qu'ils ne peuvent pas en vivre. Ils deviennent des assistés. On n'a pas assez réfléchi à cette figure hybride qui traduit une sorte de brouillage des frontières entre travail et assistance.

Au moment des grèves en Guadeloupe et en Martinique, des intellectuels antillais, autour d'Edouard Glissant et de Patrick Chamoiseau, ont écrit un beau texte, radical et poétique, intitulé Manifeste pour les "produits" de haute nécessité. Ils y contestaient la place même du travail comme valeur dans la société d'aujourd'hui. Qu'en pensez-vous ?
C'est effectivement un beau texte, mais ça ne veut pas dire qu'il soit vrai. Les auteurs de ce manifeste pensent probablement à des formes pré-industrielles de travail. Quelque chose de gratifiant, d'inscrit dans tout un réseau de rapports sociaux et humains.

Effectivement, ils en appellent aussi au troc, à la gratuité...
C'est une conception tout à fait respectable du travail dont on peut avoir la nostalgie, mais c'est précisément cette conception-là que le capita­lisme industriel a cassée en ­arrivant.

Rappelons que l'implantation du capitalisme en Europe occidentale a été très sauvage, témoin la condition des prolétaires des débuts de l'industrialisation. Ensuite, on a pu parler de « salaire indirect », c'est-à-dire d'une part du travail qui revient au salarié pour financer sa sécurité, son droit à la retraite... Avec le statut de l'emploi, on a quand même échappé à la marchandisation complète du travail. Il est vrai que la voie que nous avons empruntée à partir des années 1970 risque d'y reconduire, au moins partiellement.


Ne serions-nous pas en train de rejoindre la face sombre du modèle américain, c'est-à-dire l'obligation pour beaucoup d'avoir deux emplois, des temps de travail plus longs, des petits boulots, y compris pour les personnes âgées, des protections sociales moins fortes ?

Incontestablement. L'expression working poors nous est d'ailleurs arrivée d'Amérique. A l'avenir, nous risquons d'avoir de plus en plus de travailleurs pauvres et de précarité permanente. Mais des signes montrent que les gens ne se résigneront pas complètement à cela. Ce n'est pas non plus l'intérêt du capitalisme que de réduire les salariés à la condition de travailleurs jetables dont on se débarrasse sans aucun scrupule. Le système, pour être performant, a besoin de « capital humain », selon la formule de l'économiste américain Gary Becker. Des travailleurs formés, capables de se recycler, de prendre des initiatives, d'être efficaces... Peuvent-ils l'être sans un minimum de sécurité et de protection ?

Mais qui financera, demain, la protection sociale ? Vous écrivez qu'« il faut repenser les solidarités » car l'essentiel ne peut plus, selon vous, être financé par les seules cotisations du travail ?
Cela ne me fait pas plaisir de parler ainsi, mais il faut être réaliste. Avec un chômage important, une précarité du travail de plus en plus grande, compte tenu aussi de l'allongement de la durée de vie, il serait idéaliste de vouloir maintenir la quasi-intégralité du financement de la protection sociale sur la base des cotisations patronales et salariales issues du travail. Si on s'acharnait dans cette direction, cela risquerait de faire craquer le système. Avoir recours à l'impôt, au moins en partie, est sans doute la solution à laquelle il faut se résigner pour garder notre système actuel de droits. Cette tendance a déjà été amorcée depuis 1990 sous le gouvernement Rocard avec la contribution sociale généralisée ; la CSG finance actuellement une partie très importante du versant santé-maladie de la Sécurité sociale. Grâce à elle, notre système a pu être préservé.

“Il faut attacher de nouveaux droits et de
nouvelles protections à la personne du travailleur
et non plus à l'emploi qu'il occupe.”

Parmi les solutions d'avenir, la CGT et le Parti socialiste ont beaucoup développé l'idée de « trajectoires sécurisées » qui permettraient de donner de nouveaux droits (formation permanente, notamment) à des salariés pendant leur période de chômage. Qu'en pensez-vous ?
C'est dans cette direction qu'il faut aller. Avec l'idée d'attacher de nouveaux droits et de nouvelles protections à la personne du travailleur et non plus à l'emploi qu'il occupe : actuellement, un salarié qui n'a plus de contrat de travail se retrouve trop démuni. Des chercheurs comme Alain Supiot ou Bernard Gazier ont beaucoup travaillé sur ces sujets.

Quelles formes prendraient ces « trajectoires sécurisées » ?


Le salarié garderait des droits dans des situations de hors travail, d'ailleurs très diverses : chômage, périodes de recyclage, etc. Alain Supiot a imaginé, par exemple, des « droits de tirage sociaux » : le travailleur qui se retrouve sans emploi pendant un an aurait le droit d'avoir une rémunération décente assortie de l'obligation de se former. Cette idée de « droits de tirage sociaux » me paraît très séduisante, même si sa mise en oeuvre pose des problèmes difficiles. Comment seraient-ils financés ? Par l'impôt ? Par l'entreprise ? Par les travailleurs eux-mêmes ?


Vous êtes un réformateur, adepte du compromis social. Qu'est-ce qu'être de gauche, pour vous, aujourd'hui ?
Quelqu'un de gauche doit, selon moi, défendre l'idée d'une « sécurité sociale minimale garantie », un peu comme on parle du smic pour le travail. Avec sept ou huit droits attachés comme le droit à la santé, au logement... C'est la moindre des choses. Nous ne sommes quand même pas dans une société pauvre.

Une partie du Parti socialiste, notamment au début des années 1980, a été complice et parfois propagatrice de cette idéologie du tout-­entreprise comme seul fondement de la richesse sociale. J'espère que le PS comprendra qu'il faut aller plus loin. Vers un véritable réformisme de gauche, en domestiquant le marché, en lui imposant des contraintes, et en défendant vraiment l'idée d'une Europe sociale.

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brusyl

Message Lun 11 Mai 2009 - 13:24 par brusyl

Hors l'échange point de salut ? partie 2


METHODOLOGIE : OUBLIER PROVISOIREMENT (mais complètement!) L'ECONOMIE

Le monde de l'échange se heurte à des obstacles face auxquels la pensée économique est mal équipée pour protéger l'humain. Cette pensée est par ailleurs mal équipée pour penser autre chose que l'échange. Pour aborder le tout sans faire obstacle à des idées neuves, nous tentons ici de produire librement une autre pensée. Il s'agit de poser à nouveau les questions relatives à l'homme comme individu parmi d'autres individus dans une société, au contact d'autres sociétés dans l'Univers. Il s'agit de poser un regard neuf sur les éléments E1, E2, E3, E4, et les questions Q°1, Q°2, comme les anatomistes de la renaissance posèrent un regard neuf sur les pièces d'anatomie qu'ils voulaient connaître, sans s'interdire de voir autre chose que ce qui était précédemment décrit dans les livres, sans s'interdire d'apporter aux questions des réponses indépendantes des réponses habituelles et routinières.

Tout ceci nous amène à nous tourner vers ce qui est appelé ici "logique de l'attribution", et à nous demander à quelles conditions une dynamique socialisante pourrait en émerger. Cette logique de l'attribution existe dans nos vies, et plus encore dans nos désirs. Qui n'a rêvé d'y voir l'embryon de processus s'épanouissant en mondes ! Et, de fait, d'autres mondes humains se sont épanouis avant que notre civilisation occidentale ne recouvre la terre. L'anthropologie du XXè siècle en a consigné des traces, et noté que certains étaient massivement constitués à partir des comportements que nous avons classés dans notre première catégorie, la logique d'attribution ayant trouvé là les conditions dans lesquelles elle est devenue source d'une dynamique socialisante. Voir les travaux de Margaret Mead et de Bronislaw Malinowski dans les îles Trobriand.

Deux niveaux dans nos travaux à venir : 1) quelles conditions sont à rechercher pour se donner des chances d'observer du nouveau dans le grand arbre de la vie de l'humanité sur terre, au niveau de ce bourgeon que nous avons nommé "attribution", pour le cas où il serait doté d'un potentiel aussi étourdissant que celui qu'a manifesté depuis longtemps le bourgeon nommé "échange" ? 2) Quels outils pour atteindre ces conditions, comment les mettre en œuvre en toute sécurité pour en éprouver la pertinence ?

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HUIT HYPOTHESES A LA SOURCE DES CAHIERS



Nous ferons comme si le but poursuivi était l'émergence d'une civilisation épanouie à partir du bon vouloir de chacun. L'exercice est conçu pour explorer la logique de l'attribution à l'état pur. Il ne faut pas confondre les protocoles de ce travail de laboratoire avec une utopie, car, si des connaissances utilisables y sont puisées, à posteriori, à l'usage de la vraie vie, leur utilisation se fera dans des mélanges imprévisibles, selon les exigences du réel, et non celles de "l'état pur". L'hypothèse explorée ici, à la phase qui s'ouvre avec ces cahiers, que l'on prévoit trimestriels, est que huit conditions doivent être réunies. C'est en quelque sorte le cahier des charges adopté pour la confection des outils. Des chantiers sont ouverts pour former ces outils, en évaluer la qualité, et les mettre au service d'une dynamique dans laquelle la motivation pour participer à la production de tout ce qui se trouve bon à faire et à l'invention du meilleur sera de la première catégorie. L'image de référence (Le Mythe?), est celle d'un monde à former au sein du monde présent, comme le monde de l'enfant à naître se forme au sein du monde maternel. Nous reviendrons en détail sur l'aspect matriciel de l'affaire et sur le danger des grossesses extra-utérines.



I La première condition concerne l'entreprise. Il faut être assuré d'un processus 1) reconnaissant toutes les contributions grâce auxquelles des objets sortent de la fabrique, 2) et reconnaissant l'entreprise comme constituée de tous les individus qui font apport de ces contributions, sans exclure ceux qui pour diverses raisons peuvent ne pas être conscients de leur apport, et pourtant prennent part à la valeur constituée,

II La deuxième condition est dans une exacte représentation de la valeur des objets fabriqués, selon le sentiment de ceux qui en font usage. Le catalogue de ces objets doit être accessible, et présenter des informations pertinentes, qui n'induisent pas une déformation de ce sentiment de valeur. La question de la possibilité d'obtenir les objets catalogués met en jeu

1) l'autorité qui décide de leur attribution,

2) l'abondance ou la rareté de ces objets. Elles ne doivent pas avoir d'influence sur la valeur dont ils vont être qualifiés (alors que l'abondance ou la rareté font la valeur quand c'est du processus d'échange qu'on en attend la mesure).

III La troisième condition est relative à l'élaboration des choix correspondant aux questions: "à qui est attribuée la production de l'entreprise?" ou "de quelle proportion de la valeur, créée par l'acceptation des objets produits et attribués, la fabrique, les diverses machines et les divers humains qui ont contribué à cette production sont-ils générateurs?" et autres du même genre. Il s'agit de mettre en place des processus qui tendent à générer des instances de décision bien proportionnées avec les décisions à prendre.

IV La quatrième condition est relative à la disposition de l'outil grâce auquel peut être dite la valeur des objets par ceux à qui ils sont attribués. La mesure de la valeur de ce que j'ai produit nourrit ma capacité de donner une mesure de la valeur de ce qui est produit pour m'être attribué. L'outil doit présenter les régulations nécessaires pour que la capacité de chacun de donner une mesure de la valeur de ce qu'il reçoit soit proportionnelle à la mesure de la valeur donnée par d'autres à ce qu'il leur attribue.

On voit que c'est à ce quatrième point que le devenir de la production tendra à être investi dans un échange (au plus offrant), si elle n'est pas menée dans un contexte d'abondance suffisante. Alors le processus qui aboutit au choix de la destination du produit s'éloigne de la volonté du producteur, attiré vers la mécanique sans âme de l'échange dont la force d'attraction est proportionnelle au degré de pénurie.



V, VI, VII, VIII

Plus qu'une question de profusion ou de rareté, l'abondance est une question de qualité du regard porté sur le réel. (Le verre à moitié plein ou à moitié vide !). C'est par le fait de la misère ou d'une régression infantile que la rareté est transformée en pénurie. En attendant une plus solide construction de cette notion d'abondance, notons seulement qu'elle peut servir d'introduction aux quatre dernières conditions pour achever le tableau de cette hypothèse en huit points : l'abondance est accentuée par 5) la stimulation des auteurs de valeur informationnelle, par la reconnaissance de la contribution de ces auteurs à toute production à laquelle leur œuvre participe, 6) la possibilité de duplication sur support matériel d'une information qui a de la valeur, 7) l'éducation et l'enseignement, 8) les services publics qui délivrent chacun du souci d'obtenir ce qui est nécessaire à tous. En conséquences, les outils qui ne favorisent pas l'essor de ces quatre derniers points ou qui au contraire exigent leur restriction sont à rejeter de l'expérimentation.

C'est pour que puisse apparaître le présent texte conformément aux conditions -5- et -6- qu'il est publié sous licence CC - paternité - pas d'utilisation commerciale - pas de modification.

Un des éléments majeurs à garder à l'esprit dans cette exploration est que la valeur d'une information est multipliée par le partage, qui au contraire divise la matière ou l'énergie. L'information ne peut être échangée : ce que je donne, je l'ai encore ! L'information est potentiellement abondante par nature, or cette abondance, pensée dans la logique de l'échange, du marché, tend à faire apparaître l'information comme une production sans valeur. En conséquence, la réaction du marché ne peut être qu’une entrave à l'abondance ... peut on mieux pointer l'évidence de l'intérêt d'une dynamique de socialisation autre que l'échange ? C'est à une (des?) expérimentation(s) que ce premier cahier invite, pour façonner les outils qui pourront peut-être faire advenir ces huit conditions dans un espace et un temps défini. La frontière du laboratoire à construire devra bien être identifiée comme passant à l'intérieur même de chacun des individus qui désirera vivre cette expérience. Il est probable en effet que les attitudes, les sentiments, qui conviennent ne soient pas les mêmes d'un côté ou de l'autre de cette frontière : l'art de profiter de l'autre (en toute justice et équité!) ou l'art de faire profiter l'autre de soi dans la société de ceux qui savent vous faire profiter d'eux (en sachant ne pas s'engager dans cette voie avec excès).

Peu de gens ont prise sur le cours des fleuves que sont nos sociétés. Mais seuls les individus, comme des gouttes autonomes, qui ont une marge de manœuvre indépendante de leurs activités marchandes de production et de consommation sont concernés ici. La conjugaison de ces autonomies peut elle être un ferment pour la constitution de ruisseaux coulant vers d’autres fleuves, dans un très lointain futur ? Et de l’idée de ces autres mondes à constituer ne peut-il venir quelques bons principes applicables au pilotage de notre monde présent ? Peut être non et non, peut être oui et oui … comme il ne peut être question de jouer avec des idées pures, mais d’abord d’acquérir une connaissance sensible, il va maintenant être question d’explorer les moyens de mise en place de structures inédites, pour relier les gouttes individuelles sur le chemin de la créativité et du désir de chacune. Notons tout de même que si comme quelques uns le craignent le monde marchand moderne s’effondrait, on pourrait se féliciter d’avoir acquis si peu d’expérience que ce soit d’une autre façon de faire sociétés.

Les expérimentations devront être conduites avec rigueur, modestie et mesure, sans précipitation, avec un début et une fin bien définis, et un équilibre interne selon lequel les satisfactions ne soient pas attendues hors des limites de l’expérimentation. L'expérience doit venir en son temps, mais hors la perspective de l'expérience, l'intérêt que l'on pourrait trouver dans ces pages a toutes chances d'être malsain. Nous voilà au moment où chaque lecteur peut se poser la question de savoir ce qu’il aurait plaisir à produire, dans une société limitée dans l’espace et dans le temps, dans une matrice où puissent croître les sentiments d’une civilité à venir.

Habiller l’autre, nourrir l’autre, loger l’autre, … le soigner, l’instruire, … est-ce impensable dans un monde où il devient urgent de ne plus trop faire d’enfants, et où cette fonction subsidiaire que nous exerçons vis à vis d’eux devient vacante ? Ce qui passe à l’ordre du jour, c’est la procréation d’une autre société, pendant qu’il faut prendre soin de la société présente, mais certes pas la reproduire. Une fois la réponse trouvée, et la production éprouvée, chaque lecteur peut reprendre sa lecture.

Quand nous aurons cessé de nous battre, bec, ongles et griffes, au hasard de la moindre miette aperçue, avec force politesses hypocrites et parades de morale dissimulant le poignard ; quand nous aurons contacté un autre ferment, en nous-mêmes, alors nous pourrons, comme humanité, mettre à notre service la puissance des machines que pour l’heure nous servons comme on sert des Idoles, échangeant des miracles spectaculaires mais sans âme contre des sacrifices humains.

Ce n’est pas pour demain. Cependant, il peut se trouver que quelques petits pas soient possibles à faire dès aujourd’hui pour quelques uns et que la perspective de la randonnée à travers les siècles enchante chacun de nos pas de promeneurs sur terre. Pour cette raison, j’essayerai d’explorer et d’expliquer quelques aspects de cette idée d’une puissance accessible à l’humanité hors du champ de l’échange, sous l’angle de l’éducation et de la pédagogie, de la santé, des tenants et aboutissants de ce qui est nommé ici "attribution", de la mesure de la valeur, et sous l’angle de chacun des outils dont il faut forger la structure et découvrir les possibilités d’emploi pour atteindre les objectifs évoqués ici.



À bientôt, Francis. (francisdidion@hotmail.fr)

------------------------------



note (1): On peut quand même dire, bien qu'une démonstration de cette proposition ne soit pressentie que pour plus tard, que dans les mutations du monde marchand et du système monétaire qui surviendront, il faudra que soient constituées des régulations telles que la marchandisation progressive de toute activité ne soit plus une nécessité pour le bon fonctionnement du système, et que les transformations entre monde marchand et non marchand puissent se faire dans les deux sens sans altérer l'harmonie de ce système. Sans cette souplesse, des "crises" continueront de survenir régulièrement. On peut rêver que les ajustements qui suivront la crise financière de cet automne 2008 soient un pas vers ces bonnes régulations.

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brusyl

Message Lun 11 Mai 2009 - 13:19 par brusyl

dans la poursuite de cette réflexion vous trouverez peut-être ce texte intéressant :


Hors l'échange point de salut ? partie 1


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C’est seulement il y a 6 mois que je me suis rendu compte que tout ce que je cherchais depuis 30 ans au moins, dans des expériences tâtonnantes dont je ne parvenais pas a définir le but, doit avant tout être caractérisé comme une logique de socialisation non fondée sur la contrainte et non fondée sur l’échange. Logique en laquelle puisse s’enraciner un processus par lequel il serait possible de satisfaire tous nos besoins et de déployer toutes nos facultés de création si d’aventure cela devenait un jour souhaitable. Un processus enraciné aussi dans l’essence profonde de notre être comme s’est enraciné en l’humain le processus fondé sur l’échange qui nous a menés en à peine 10 000 ans de la pierre polie, la graine semée et l’enclos à bêtes à la bombe atomique, l’ordinateur et la prolétarisation des loisirs. Le devenir à très long terme n’a pas d’importance en lui-même, mais le fait de pouvoir le ressentir maintenant comme bon et beau est déterminant dans notre bonheur de vivre. Dans le but de relier d’éventuelles expériences à une pensée cohérente, j’avais l’intention d’écrire tous les 3 mois une petite synthèse sur un aspect particulier de cette affaire, ce que je ne manquerai probablement pas de faire si par bonheur la moindre brise vient regonfler ma motivation. Le premier texte est une introduction à l’ensemble du sujet. Je remercie Ars Industrialis de me fournir la possibilité de le publier, protégé par une licence Créative Commons, et accessible à quiconque voudrait le chercher sur la surface de la planète.





Cahier d'euchrèsiologie - 1 -

Janvier 2009




Dans les affaires de l'humanité, la prédation a probablement été longtemps le principal facteur de satisfaction, comme elle l'est toujours dans les autres espèces animales. Et puis l'humain a inventé l'échange et l'artifice d'un certain sentiment partagé de propriété qui accompagne nécessairement l'échange.

Idée bienfaitrice! De grandes satisfactions en découlèrent. Surtout que d'autres inventions sont venues s'y conjuguer : outils, monnaies, machines, organisations diverses, science économique ... et des millions d'autres inventions, petites et grandes.

Revers de cette belle médaille : le sentiment de propriété en question n'est pas toujours partagé spontanément et le coût de ce désaccord initial est parfois exorbitant! Que l’on songe aux destructions survenues pour établir un titre de propriété, aux pertes irréparables, au long des siècles, advenues pour l'idée d'un droit sur un sol ! L’esprit d’échange ne s’accorde pas avec l’esprit de prédation brute et la propriété de ce que chacun échange est fort mal assurée quand c’est sur la base d’une prédation initiale que chacun prétend l’établir. Laissons à nos amis économistes le soin de perfectionner les techniques de l’échange, en bonne coordination avec nos amis philosophes qui ont la charge de l’hygiène des idées consubstantielles à ces techniques.

Les travaux à mener ici, et la vérification par l’expérience de leur validité, permettront peut être de suggérer des directions dans lesquelles les efforts des philosophes et des économistes seraient bienvenus (1) pour débarrasser l’échange de ses effets indésirables, démultipliant ainsi les bienfaits de cette source de satisfactions. Bien que cette question soit essentielle, urgente et vitale, elle est hors de notre sujet.

C’est à une source de satisfactions bien différente que sont consacrés les présents cahiers. Il s’agit de la satisfaction qui vient à un individu quand il la reçoit d'un autre. Quand cet autre fait usage de ce dont il dispose pour produire un don d'amitié, un signe d’adoption personnelle, quand il se fait le passeur d’un cadeau de la vie. Le lait de la mère, le tricot de la grand-mère, la table dressée pour la famille, pour les amis, la musique ou l’histoire que l’on fabrique, à partir de ce qui nous a réjoui ou tourmenté, pour en réjouir d’autres à leur tour et prendre plaisir à ce partage … les façons d’inviter l’autre chez soi sont infiniment variées.

Qu'est-ce qui manque à ce mode de production pour satisfaire tous nos besoins, pour actualiser tous nos potentiels de créativité? (L’intention de la question est d'ouvrir un angle de vue, non de combler le manque! On peut poser la même question à propos du mode de production conjugué à l’échange. Les réponses seront tentées plus tard, proposons seulement cette remarque au passage : tout besoin est un besoin de sécurité et de paix, quant à nos potentiels de créativité, ils peuvent aller bien au-delà.)

Faire la vaisselle, tondre la pelouse, sont des actes de production issus de la volonté de faire famille, des travaux qui ne débouchent pas sur un échange, mais sur l'association à une production commune, durable dans le cas d'une famille, plus éphémère quand il s'agit de la société que représente une sphère d'amitiés mais, dans tous les cas, il est ici question de produire ce que l'on veut, non de produire pour obtenir autre chose en échange.

La définition de notre sujet n'est pas aisée, puisqu'elle est orientée vers des virtualités non encore réalisées. Disons: faire usage de ce dont on dispose pour produire ... et attribuer ce qui est ainsi produit à l'usage de ceux qui produisent d'autres choses, dans l'intention de s'associer à eux pour faire avec eux société, c'est à dire une production commune qui s'offre à tous et à chacun mais ne s'échange pas. Les idées en œuvre ici, et dont on verra plus loin de quel étrange cheminement elles semblent sortir, sont comme des graines dont on ne sait à quels arbres elles correspondent, et on n'a, pour le savoir, pas d'autre possibilité que de tâcher de leur trouver une terre.

Une société commence à se constituer quand des humains fabriquent des objets pour d'autres humains. Deux appétits sont en cause: le désir d'obtenir ces objets, que l'autre sait faire, et le désir de réaliser cette aptitude sentie en soi de faire société avec d'autres du fait de ce que l'on sait faire soi-même. L'histoire de l'échange, qui est peut-être aussi l'histoire de l'humanité depuis le néolithique, semble avoir privilégié l'appétit pour les fruits de l'industrie de l'autre; le fait de faire société avec lui et avec tous ceux qui lui sont connectés par le réseau d'autres échanges est un bénéfice secondaire, mécaniquement généré par le processus de l'échange dans le milieu culturel et politique environnant. C'est l'idée d'un processus exactement symétrique par rapport à ces deux appétits que nous avons le projet d'étudier, non seulement dans les limites où il se manifeste à présent, mais aussi dans les domaines où une volonté délibérée pourrait le faire s'exercer. Ainsi, le titre de ces pages pourrait être : "plan des travaux nécessaires pour fonder une histoire ayant à sa source en chacun l'appétit de faire société avec la communauté de ceux qui pourraient bénéficier d'une de ses compétences, tout en recevant les fruits de l'industrie des autres comme des bénéfices secondaires tout à fait bienvenus". Trop long pour un titre.

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POUR COMMENCER, LE PALEOLITHIQUE

(que Germaine Tillion proposait avec esprit de renommer le "paléopolitique", ce qui nous autoriserait à baptiser notre étude prospective du nom de "néopolitique", pour la situer dans la continuité de cette époque d'avant l'échange, et lui imaginer un autre rameau que ce néolithique qui en est issu jusqu'à notre présent.)

Au commencement, les seuls outils dont dispose l'humain sont ceux que lui offre son corps. En cela, il partage la condition animale qui fournit la patte ou la jambe pour le déplacement, la gueule ou la main pour la préhension, la peau pour délimiter ce qui est lui de ce qui est le monde extérieur, la dent pour ... bref un ensemble d'outils qu'il a reçus et adoptés pour accomplir l'ensemble des volontés qui le constitue.

Puis apparaît la volonté de produire un outil autre : le feu, la pierre, dont les potentiels dépassent la fonction pour laquelle ils ont été imaginés puis réalisés, et dont l'emploi ouvre des volontés nouvelles. Les volontés nouvelles suggèrent d'autres productions d'outils, puis de machines, puis de fabriques où les individus humains sont reliés en entreprises constituées par une volonté commune de produire des instruments de satisfaction et d'accomplissement de volontés sans cesse renouvelées par la dynamique de toute cette industrie humaine.

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NOYAU LOGIQUE POUR UNE PENSEE DE LA PRODUCTION

Pour mettre en forme la problématique de notre affaire, nous distinguons dans tout cela quatre éléments de base, et deux questions existentielles.

I Quatre éléments:

E1 un humain

E2 une machine : qui est par elle même un objet produit et dont le fonctionnement contribue à la valeur de l'objet fabriqué ;

E3 une entreprise : ensemble d'humains associés en vue d'une production définie;

E4 une fabrique : ensemble des outils, des locaux des machines et du matériel nécessaires à une entreprise



II Nous tentons de caractériser les logiques de composition de ces éléments de base, en espérant dégager une perspective pour décrire les civilisations passées présentes et à naître, par les réponses à deux questions:

Q°1 à qui est destiné l'objet fabriqué par l'entreprise ?

Q°2 qu'est-ce qui motive la participation de l'humain à l'entreprise ?

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LOGIQUE DE L'ATTRIBUTION - LOGIQUE DE L'ECHANGE

Des encyclopédies gigantesques peuvent prendre ces deux questions pour centre. Notre propos est plus modeste, et vise à distinguer deux catégories de comportements humains spontanés qui leur font écho :

Dans la première catégorie, les réponses sont inspirées par la volonté de faire jouir l'autre de ce que l'on fait. Nous avons ici la base d'une logique que nous appellerons, faute d'un meilleur mot, logique d'attribution. C'est dans l'intention d'attribuer l'objet fabriqué, à quelqu'un, pour qu'il en jouisse, que l'action est menée (par exemple, le repas préparé).

Dans la deuxième catégorie, c'est la volonté de jouir de ce que l'autre nous donne en échange de ce que l'on a fait qui inspire les réponses. Logique d'échange, donc, moins immédiate que la précédente, puisqu'elle fait intervenir une Idée de ce que l'autre fait, qui est aussi la recherche d'un pouvoir sur ce que l'autre fait. L'échange étant monétisé, c'est un assez fort degré d'abstraction qui est en jeu : ce qui est acquis en échange est comme une substance que l'on pourrait appeler du Pouvoir à l'état pur, un absolu non conditionné à quelque contingence matérielle que ce soit, et pouvant se relier à toutes. Idée redoutable !

Il est probable que, dans la plupart de nos activités, une superposition de ces deux logiques opère, en proportions variables. C'est donc tout à fait artificiellement qu'elles vont être appliquées aux deux questions initiales, dans un but d'analyse.

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PREMIERE CATEGORIE : LOGIQUE DE L'ATTRIBUTION



Q°1 L'objet fabriqué est destiné à qui est connu pour en avoir l'usage et faire partie d'une société potentielle (virtuelle), plus ou moins actualisée, celle qui naît ou peut naître de son existence et de son ouvrage à lui, conjugué avec le nôtre.

Q°2 Le motif de la participation à l'entreprise est alors, au delà du bien immédiat que son produit manifeste, le perfectionnement de cette société, le désir de l'affermir.

De la première catégorie est issu le bonheur de vivre en famille, dans un cercle d'amis et dans une sphère de générosité, pour ceux qui ont su défendre ces terres d'humanité vraie dans notre monde.

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DEUXIEME CATEGORIE : LOGIQUE DE L'ECHANGE



Q°1 L'objet fabriqué est destiné à qui saura donner ce qui est attendu en échange.

Q°2 Le motif de la participation est la rétribution qu'on en attend : travail échangé contre un salaire, ou obtention d'une portion du bénéfice.

De la deuxième catégorie a jailli une dynamique qui a fait les sociétés et les civilisations occidentales, depuis le début du néolithique jusqu'à nos jours. C'est la logique de l'échange qui a rencontré des conditions telles qu'elle s'est trouvée génératrice de notre civilisation occidentale. Cette dynamique se heurte à présent à des limitations :

- Les objets de l'échange sont de moins en moins sources de satisfactions.

- Leur production et leur consommation s'accompagne d'une dégradation environnementale.

- La contrainte liée au travail de production sature la vie de besoins où les besoins et désirs personnels se perdent.

- Une masse d'énergie est détournée vers la tâche d'entretenir la dynamique de l'échange pour elle-même et non seulement pour ce qu'elle offre aux humains ou même malgré ce dont elle les prive. (C'est un phénomène de cette nature que je perçois dans l'étrange culte de "la croissance" qui laisse sous-entendus les paramètres économiques concernés par cette croissance. Le sous-entendu me semble dissimuler un malentendu dont la nature m'échappe : qu’est-ce qui doit croître, qui serait en peine, et pourquoi, si cela ne croissait pas ? ... à suivre ...).

Les modalités de l'échange sont sans doute perfectibles, il est probablement possible d'inventer des régulations pour se protéger des dangers et dépasser les limitations.

Mais la logique de l'échange, dans le monde occidental, a structuré la pensée économique, de telle sorte que cette science oblitère, sous des noms tels que "secteur non marchand", ce qui ressort d'autres logiques, comme lui étant implicitement étranger, voire dérangeant. Ce défaut de pensée a des conséquences présentes, dramatiques, qu'on peut illustrer avec le rapport que Luc Ferry a rendu en 2008 sur la faisabilité d'un service civil jugé par tous les sages très souhaitable, et même socialement nécessaire : impossible de l'envisager car cela aurait des conséquences négatives sur l'économie marchande ! Peut-on ouvrir des voies autres que celle de l'échange pour participer à la constitution des sociétés qui sont en potentiel dans les cœurs des humains du temps présent et de leurs descendants ?

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brusyl

Message Sam 9 Mai 2009 - 18:25 par brusyl

je me suis plongée sérieusement dans la lecture de ces articles, ce que je n'avais pu faire durant la semaine...

Intéressants et séduisants thème et théories

Rien à redire à l'appel travail et démocratie

Il semble effectivement nécessaire et logique que les règles de démocratie aient à s’appliquer non seulement à la sphère politique mais aussi à la vie sociale : dans nos sociétés « modernes » (disons républicaines et démocratiques) les relations à autrui sont juridiquement régulées par trois types de codes : les relations à l’état par la constitution (ou la loi coutumière), les relations entre individus par le code civil (ou droit coutumier et jurisprudence dans les pays anglo-saxons)et les relations dans le monde du travail par le code du travail (ou jurisprudence toujours dans ces pays anglo-saxons) : Ces trois documents de références devraient normalement se référer à des principes identiques, exprimés dans les différentes déclarations des droits de l’homme, ce qui est somme toute la définition de tout état de droit…

Or depuis quelques années on se rend bien compte que le contrat de travail conçu à l’origine comme un contrat entre deux personnes libres et égales en droits et en devoirs, se transforme actuellement en un contrat léonin imposé par l’entreprise à ses salariés, qui se dispense de plus en plus des règles « du bien vivre ensemble » de la société (et se rapproche de plus en plus de la relation maitre/esclave) :
Non sanctions d’actes de violence (physique ou morale), de dol et fraude (mensonges, fausses promesses, escroqueries), non respect du principe d’égalité de tous (discriminations sociales ou raciales), de liberté (pressions insupportables pour respecter les quotas, pour effectuer des heures supplémentaires) de sécurité voire même menaces à l'intégrité physique (conditions de travail insalubres et dangereuses etc) , violations de la liberté d’expres​sion( droits d’association et de grève) ….et j’en passe.

Peut-être donc plus qu’un manifeste pour une démocratie, qui caractérise fondamentalement le fonctionnement des institutions publiques, je plaiderais pour une obligation impérative du respect des droits fondamentaux de l’homme, dans tous les domaines de sa vie en société……


Le manisfeste de Krisis est beaucoup plus radical dans sa revendication : il condamne toute valeur travail.
Cela m’a laissé dubitative et pour creuser le sujet, j’ai fait une petite recherche historique de la notion de travail

Celle ci commence avec l’invention de l’agriculture au néolithique, et sa conséquence : le regroupement des clans en villages…
Puis, dans les cités antiques, c’est l’esclavagisme qui introduisit la notion de travail comme « activité dominée productive ». Celui-ci se place dans un mode de production nouveau où le maître représente la tête qui commande , l’esclave les mains, qui exécutent…
Le Moyen-Age qui correspond, après la chute de Rome à toute la période de la destruction de la structure étatique jusqu'à sa reconstruction va, dans sa structure féodale revenir aux structures « néolithiques » de production où, disons, existe un équilibre relatif, presque familial dans l’organisation du travail : les agriculteurs travaillent indépendamment, les artisans sont organisés en corporations et guildes qui sont autant d’intermédiaires par rapport au pouvoir politique.

L ‘ancien régime n’aura de cesse de supprimer cet équilibre et ces corps intermédiaires (Depuis Colbert jusqu’à la révolution ) pour pouvoir adapter la structure sociale au capitalisme naissant : c’est cette destruction que va entériner la révolution française qui délivre l’individu, mis en concurrence avec tous, de ses anciens liens de dépendance mais l’isole de ses communautés de rattachement traditionnelles. Le rapport salarial se transforme, par la fiction du Droit (du contrat de travail prétendu égalitaire) en simple rapport marchand, d'objet à objet, de force de travail à salaire sans autres engagements personnels…
Je vous passe tous les abus de pouvoir de cette économie capitaliste sur les ouvriers considérés comme taillables et corvéables à merci : toute l’histoire du XIX° et du XX° est l’histoire de la lutte de la classe ouvrière pour conquérir leurs droits sociaux : protection des plus « faibles » (femmes et enfants) réduction du temps de travail, reconnaissance du droit à l’existence du salarié (congés hebdomadaires), abaissement de l’âge de la retraite etc....
Depuis ces 20 dernières années, la mutation du droit social est ahurissante ! celui-ci ne cesse d’accorder aux employeurs de nouvelles dérogations à ces principes acquis, de détricoter loi après loi ce code du travail construit par 130 années de luttes et de sang....


Autant je crois qu’il faut dénoncer les conditions de travail actuelles , autant j’ai du mal à comprendre Krisis lorsqu’il condamne aussi radicalement toute idée de travail « Il est justement l’activité de ceux qui ont perdu la liberté »
Ce jugement est extrêmement autoritaire, dogmatique : comme il est nécessaire reconnaître l’aliénation du travail dominé, il faut aussi reconnaître les formidables possibilités du travail humain (et non seulement de l’œuvre individuelle) sa capacité de réunir les hommes autour d’un projet, le lien social qu’il constitue.
Ou, lorsqu’il affirme que « les mouvement sociaux font fausse route en se battant pour le droit au travail »: voici rapidement balayé en trois mots ce droit, inscrit dans la constitution de 1793, dans la constitution de 1848, dans le projet de la commune, dans la déclaration universelle des droits de l’homme ; comment ne pas penser au travail des femmes qui fut clairement une revendication pour leur autonomie financière et juridique ?
Les millions de chômeurs ne considèrent –il pas le travail comme un pouvoir et non un devoir ou une aliénation ? L’homme ne trouve-t’il pas son épanouissement dans l’activité ?

« c’est le critère de la rentabilité même ainsi que ses bases, qui sont celles de la société de travail, qu’il faut attaquer comme obsolètes »
je suis par contre tout à fait d’accord avec cette idée dans laquelle je reconnais l’influence de certains de mes penseurs favoris….
Subsituer à l’aliénation la liberté et au critère de rentabilité celui de la responsabilité : magnifique programme… mais il y a du pain sur la planche !! : Pour passer de cette économie de l’utilitarisme à une économie qui vise à l’épanouissement humain il sera nécessaire au préalable de :
1) fiche en l’air le système capitaliste financier qui dirige actuellement le monde
2) Renoncer à la religion du PIB et de la croissance
3) Renoncer au consumérisme effréné ce qui implique une véritable révolution culturelle

La probabilité que rien ne change est malheureusement toujours la plus forte ! espérons que les bouleversements actuels seront assez déstabilisants pour pousser chacun de nous à imaginer cette nouvelle société, libérée de la fringale de la consommation et centrée sur le bien vivre. A lire la multitudes de blogs qui l'évoquent, qui la rêvent, on peut espérer que cette révolution se met en marche....

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country skinner

Message Sam 2 Mai 2009 - 16:53 par country skinner

Jeudi, 19 Mars 2009 Author: Gabriele |

http://travail-democratie.net/jml/index.php?option=com_content&view=article&id=48&Itemid=57

Depuis une trentaine d’années, le chômage, l’emploi et la montée de la précarité occupent presque exclusivement les salariés, les organisations syndicales et les comités d’entreprises… Cependant, de nombreux ergonomes, chercheurs et chercheuses n’ont jamais abandonné la volonté de mettre le travail au cœur de leur activité. Par ailleurs, depuis les années 90, les organisations de chômeurs ont reposé avec force, mais trop confidentiellement, une question politique, anthropologique même : pourquoi travailler ? Dans quelles conditions le faire ? Pour quelle finalité ?
La pression inouïe à l’augmentation exclusive et sans limite des profits et de la productivité, a creusé un fossé gigantesque entre ce que nous vivons au travail et la parole publique sur le travail.

La multiplication des suicides sur les lieux de travail a résonné comme un coup de tonnerre : en 2008, en France comme un peu partout en Europe, on peut mourir au travail, on peut mourir de son travail, on peut mourir de ne pas avoir de travail…

Paradoxe absolu de cette réalité humaine : sans travail on a l’impression de ne plus exister, au travail on peut se sentir nié, insulté, rabaissé, épuisé… Le travail nous construit et peut nous détruire ! Paradoxe dont les cyniques en tous genres jouent avec virtuosité pour faire accepter quelques heures plutôt que rien, pour imposer une organisation du travail qui rend fou à coups d’injonctions contradictoires. Se cumulent ainsi la pauvreté ET l’exploitation, la soumission ET l’exclusion.

Mais aujourd’hui, "le roi est nu" : l’absurdité d’une organisation du monde dictée par la recherche effrénée de richesses pour une minorité apparaît en toute clarté.




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N’est-il pas temps de poser publiquement quelques questions fondamentales ?

Nous ne voulons plus perdre notre vie à la gagner, nous voulons que notre travail soit utile, et non destructeur de la planète et des liens sociaux.

Nous voulons que le travail reprenne sa place, toute sa place, mais seulement sa place. Sans travail nous sommes exclus de l’échange : échange des compétences, des intelligences, de l’action. Mais nous ne voulons plus que le travail prenne toute notre vie, que la richesse que nous produisons nous soit de plus en plus volée et disparaisse en fumée. Nous voulons reprendre la main, décider ensemble de ce qui est bon pour chacun de nous et pour les autres…

Nous voulons que de nouveau, le travail et celle de sa transformation soit une question politique.

Pourquoi laisser au vestiaire les principes démocratiques au motif que l’entreprise serait un lieu "privé"?

Derrière la question du travail, il y a des enjeux démocratiques fondamentaux, particulièrement à notre époque d’ultra compétitivité : l’enjeu d’être citoyen à part entière et non un quelconque "sous citoyen" ou "sous travailleur" ; mais aussi l’enjeu de l’exercice du pouvoir à l’intérieur des entreprises.

Aujourd'hui, 90% des actifs sont des salariés, un salariat porteur de protections grâce à des décennies de luttes, mais un salariat qui reste un lien de subordination…




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D’autres horizons ne sont-ils pas à redessiner ?
L’autogestion, le secteur de l’économie sociale et solidaire, le fonctionnement des coopératives, les spécificités des services publics, nous disent que la bataille n’est pas perdue pour tous ceux qui font de leur lieu et de leurs conditions de travail des enjeux démocratiques au quotidien.

C’est à partir de ces quelques questions qu’un groupe de syndicalistes, d’ergonomes, de consultants, d’enseignants, de militants de l’insertion, d’élus, d’artistes, d’associatifs, travaille en Île-de-France depuis un an et demi.

L'enjeu pour nous peut se définir ainsi : comment rendre lisible et visible ce que les mille et une réalités du "travail" nous racontent de notre société, de ses vrais besoins, de ses faux manques, de l'entretien des toxicomanies, du mal-vivre, de la culpabilité, de la peur constante de ne pas être "au niveau" ? Comment mieux relier les expertises citoyennes, comment transmettre et additionner les savoirs sur ce sujet ? Comment faire force en face de géants financiers qui semblaient hier inébranlables et qui, aujourd’hui, recourent aux contribuables avec des SOS aussi pathétiques qu’indéfendables?

Nous avons besoin d’espaces où témoigner, échanger, débattre du travail afin que les individus, salariés ou non, puissent reprendre la main sur leur travail. Des espaces à réinventer au sein des lieux de travail ou en dehors.

Notre souhait est de stimuler, à travers une large dynamique, des éléments de réponse émanant des diverses composantes du monde du travail et de la société tout entière.

Nous nous adressons à tous ceux et toutes celles qui veulent remédier au déficit de démocratie dans le travail et remettre le travail eu cœur de la démocratie.

Nous envisageons ensemble une série d’initiatives dans un esprit multidisciplinaire : débats publics, journées d’études régulières, réalisation et diffusion d’un manifeste, interventions artistiques spécifiques, récolte de témoignages, mobilisation de réseaux, repérage d’initiatives en cours ou toute autre forme de mobilisation sur la question du travail. Rejoignons-nous pour œuvrer à la convergence et la multiplication de ces initiatives!

Il y a urgence !

Le collectif Travail et démocratie

October 2008



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