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Spectacle partout, justice nulle part (2)

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21112009

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Spectacle partout, justice nulle part (2) Empty Spectacle partout, justice nulle part (2)




Nicolas Sarkozy, grandiose, pitoyable et inquiétant V.R.P. du spectacle

Aux yeux des gouvernants, l’intérêt majeur du spectacle réside dans sa capacité à maintenir la foule sous hypnose et à diriger son regard prioritairement sur ce que l’on a préparé à son intension. Le spectacle est ainsi une puissante police politique préventive.

Voir plutôt que comprendre et réagir : pour les despotes libéraux, le bénéfice est inouï. Nicolas Sarkozy est de ceux qui fondent d’immenses espoirs sur le spectacle. Il consacre son énergie principalement à sa stratégie spectaculaire car il est convaincu qu’elle peut le mener à l’usurpation totale de l’oligarchie parfaite : favoriser toujours plus ses semblables en faisant accroire à ceux qu’il soumet chaque jour davantage qu’il n’a d’autre but que de les aider.

La substitution à l’agir du voir induit la prévalence du paraître sur l’être. Paraître : une des grandes obsessions de Nicolas Sarkozy. Paraître : être persuadé qu’il suffit de s’afficher aux côtés d’ouvriers menacés de licenciements massifs et d’alors proclamer sa solidarité, pour obtenir de la foule la conviction que l’on est effectivement solidaire et que l’on va réellement secourir ces personnes en difficulté. Et aussitôt diffusé le reportage bienveillant dans les journaux télévisés du soir, continuer à ne rien faire en faveur de cette « France d’en bas » pour laquelle l’ascenseur social reste désespérément en panne, sauf pour conduire au sous-sol.

Paraître : se complaire dans l’effet d’annonce pour que crépitent les flashes. Créer l’événement sans au préalable consulter les happy few de l’entourage politique et ainsi jouir solitairement du privilège de faire sans partage la couverture des journaux. Annoncer la suppression de la taxe professionnelle sans que quiconque ait été initié du fait du prince. Visiter une usine en ayant pris soin au préalable de faire en sorte que tous les figurants aient une stature au plus égale à soi-même.

L’hypnose ne peut toutefois être permanente, le spectacle a ses failles intrinsèques. Il y aura toujours un appareil photo pour montrer le président de la république sur la pointe des pieds à côté d’Obama ou pour enregistrer son navrant « Casse-toi pauvre con ! » au salon de l’agriculture. Le spectacle offre obligatoirement les outils pour le décrypter, pour débusquer l’être derrière le paraître. Pour le despote ténébreux, il convient dès lors de rassembler les conditions pour que les surgissements fortuits de l’être malgré la prévalence du paraître aient un écho inaudible dans le brouhaha permanent. Un simple murmure dans une cour de récréation.

Une des conditions à réunir était d’emblée offerte dès l’élection de Nicolas Sarkozy : de nombreux médias d’information sont détenus par des membres de l’oligarchie économique amis du président. Arnaud Lagardère possède Europe 1, le Journal du dimanche, Paris Match, Nice-Matin, La Provence… Martin Bouygues est le patron de TF1, LCI et Métro… Vincent Bolloré est propriétaire de Direct 8, Direct Soir, Matin Plus, la SFP (auxquels il convient d’ajouter un institut de sondages : CSA)… Serge Dassault a Le Figaro et Bernard Arnault Les Echos… (Remarquons au passage que les amis du président possèdent tous les journaux d’information gratuits). Quant aux autres, leur fut destiné un programme progressif d’incitation à l’allégeance.

A destination des journalistes idéalistes qui pensaient sincèrement avoir une mission d’information, une représentation claire de la menace avait été adressée dès juin 2006 avec le licenciement d’Alain Genestar, alors rédacteur en chef de Paris-Match, coupable d’avoir publié en couverture une photo de Cécilia (encore) Sarkozy avec son nouvel amant.

On confirma la menace en interpellant Vittorio de Filippis, journaliste et ancien rédacteur en chef de Libération, le 28 novembre 2008, chez lui, à l’aube, avec forces menottes et insultes en présence de ses enfants pour une simple affaire de diffamation.

Fut ainsi obtenu chez bon nombre de journalistes le réflexe de sauvegarde qui fit largement ses preuves dans les pays soviétiques : l’autocensure. Mais il fallait adjoindre à la menace une dimension économique, ce qui fut fait lors des Etats généraux de la presse, le 23 janvier 2009. Ce jour-là, « devant plus de 500 journalistes et responsables d’une presse écrite pas au mieux de sa forme, le président de la république vient annoncer que l’Etat va débourser 600 millions (surtout entre 2011 et 2012, années électorales) et doubler ses dépenses publicitaires (40 millions) dans les journaux pour les « sauver ». Et, accessoirement, pour faire basculer du côté du généreux donateur les derniers récalcitrants »(1).

Deux semaines plus tard, le 5 février, Nicolas Sarkozy garantit avec l’aplomb qu’on lui connaît, que la réforme audiovisuelle vise à « mettre fin à l’hypocrisie » et à « instaurer une transparence totale ». Adoptée le 5 mars, la loi lui donne le pouvoir de nommer et de virer à tout moment les présidents de France Télévisions et de Radio France.

A pu ainsi s’imposer une ligne éditoriale perceptible chez la grande majorité des médias d’information : plaire, ne pas déplaire, faire diversion. Exemple pour le samedi 14 novembre 2009. Plaire : insister lourdement sur le différend opposant Vincent Peillon et Ségolène Royal (car il plaît au prince qu’on relate les déboires de ses ennemis). Ne pas déplaire : ne rien dire sur la manifestation des sans-papiers qui a eu lieu l’après-midi à Paris ; ne pas mentionner la question des libertés individuelles en Syrie, dont le président a été reçu la veille par Nicolas Sarkozy. Faire diversion : revenir sur la magnifique victoire de l’équipe de France de rugby la veille face à l’Afrique du Sud ; s’appesantir sur le match de football crucial qui opposera le soir même l’équipe de France à celle d’Irlande ; annoncer que se jouera le lendemain la fantastique finale du tournoi de Bercy entre un grandiose Français et un obscur étranger. Plaire, ne pas déplaire, faire diversion : tels sont les trois critères d’évaluation de la bonne allégeance des médias d’information.

Ces derniers sont très majoritairement respectueux et aident ainsi au balayage de la scène pour que se poursuive sans interruption le spectacle qui cimente l’imposture. Les rôles sont immuablement distribués et le texte répète inlassablement les injonctions d’une stratégie guerrière qu’il convient à présent de déconstruire pour mieux la combattre.

NOTES

(1) « Je te vois ! », Les dossiers du Canard enchaîné, n°113, octobre 2009

*********************************************************

Cet article est le troisième d’une série intitulée "Ailleurs est ici". Déjà publiés :

1. Un totalitarisme respectable ?

2. Spectacle partout, justice nulle part (1) : Le spectacle comme police préventive

A paraître :

4. Spectacle partout, justice nulle part (3) : Une stratégie de guerre

5. Détruire l’Histoire (1) : Le tourbillon du présent perpétuel

6. Détruire l’Histoire (2) : Révisionnisme et censure

7. Détruire l’Histoire (3) : TINA et Nirvana aux obsèques de la dialectique

http://www.betapolitique.fr/Spectacle-partout-justice-nulle-42321.html
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Spectacle partout, justice nulle part (2) :: Commentaires

Donald11

Message Sam 19 Déc 2009 - 12:53 par Donald11

Cet article est une parfaite illustration de la saga Bessedélis-Cambesson !!!

A propos de justice, cet article du canard de mercredi dernier :

Le proc' Courroye bouffe du juge

Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, vient d'envoyer une lettre à la présidente du tribunal. Chantal Arens. Dans son courrier, ce proche de Sarko demande l'ouverture d'une procédure disciplinaire contre une magistrate qui a osé le critiquer et dont les décisions déplaisent à l'Elysée. La cible du proc' s'appelle Isabelle Prévost-Desprez, une ancienne juge d'instruction qui préside aujourd'hui la chambre correctionnelle du tribunal spécialisée dans les affaires financières.
Courroye reproche, entre autres, à la magistrate d'avoir tenu à son encontre des propos acides (reproduits par Le Canard » du 2/12) au cours d'un procès pour détournement de fonds publics au conseil général des Hauts-de-Seine. Les noms d'Isabelle Balkany et de Nicolas Sarkozy avaient alors été cités, et la présidente s'était étonnée à l'audience des « investigations limitées » menées par le procureur.
Autre crime de lèse-majesté reproché à la juge : sa décision d'attendre la fin du mandat de Sarko pour lui accorder des dommages et intérêts dans l'affaire de ses comptes bancaires piratés par des malfrats.
A la demande du procureur, Isabelle Prévost-Desprez a donc été convoquée, le 15 décembre, par la présidente, Chantal Arens, pour entendre les griefs de Courroye. Un représentant de l'Union syndicale des magistrats (USM) devait assister la magistrate au cours de ce rendez-vous. Mais, à l'heure où « Le Canard » mettait sous presse, l'entretien était toujours en cours.
La demande de sanction du procureur paraît d'autant plus incongrue que les juges du siège (ceux qui rendent les jugements) sont constitutionnellement indépendants du parquet qui engage les poursuites.
Toutes les barrières ont lâché, s'alarme Christophe Régnard, président de l'USM. Après la reprise en main du parquet, la suppression annoncée du juge d'instruction, on intimide maintenant les présidents de chambre pour être sûr qu'il n'y aura plus d'enquêtes gênantes. »
Sarko n'a jamais caché son souhait de nommer prochainement Courroye au poste stratégique de procureur de Paris. Ce serait gâcher un pareil talent : un magistrat de cette trempe devrait devenir au moins ministre de la Justice...
H. L.

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Donald11

Message Lun 23 Nov 2009 - 9:36 par Donald11

Y'aurait pas comme un complot, la ?

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