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Une journaliste avertie pour avoir rapporté des propos racistes

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26012009

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Une journaliste avertie pour avoir rapporté des propos racistes Empty Une journaliste avertie pour avoir rapporté des propos racistes




http://libelyon.blogs.liberation.fr/info/2009/01/mdias-peut-on-r.html

MÉDIAS – Peut-on raconter le racisme dans un journal ? Peut-on reproduire dans un article de presse les propos de personnes tenant des propos racistes ? Comment le faire ? Chaque journaliste se retrouve un jour confronté à cette question. Pour avoir relaté, dans un reportage sur un rassemblement de soutien à Israël, les propos racistes de certains participants, une journaliste du Progrès de Lyon a été menacée de sanctions par sa hiérarchie. La société des journalistes du journal se dit très « inquiète », et demande à sa direction « l’instauration d’un débat ouvert sur la manière de traiter ces sujets d’actualité délicats »…

Retour sur les faits

Le dimanche 11 janvier dernier, Muriel Florin, journaliste au Progrès, est envoyée par sa rédaction couvrir un rassemblement organisé à Lyon au parc de la tête d’Or par le CRIF (conseil représentatif de la communauté juive de France). Objet de cette manifestation : à la fois dénoncer la recrudescence des actes antisémites en France depuis la reprise du conflit au Proche-Orient, mais aussi réaffirmer la solidarité de la communauté juive avec la politique d’Israël. Muriel Florin prend en note les interventions officielles, mais va aussi prendre la température dans la foule et interviewer des participants. Il y a ce jour-là près d’un millier de personnes. La tension est palpable. LibéLyon était aussi présent à ce rassemblement. Comme Muriel Florin, nous avons pu constater qu’à côté des discours officiels apaisants, il y avait une peur et une méfiance visible et exprimée de la part de certains participants vis-à-vis de la communauté musulmane française. Sentiments qui parfois, se traduisaient par l’expression de propos racistes. Muriel Florin interviewe un groupe de quelques personnes. Elle rapporte, entre autres, les propos d’un dénommé Roland.

Extrait de l’article paru le 12 janvier dans Le Progrès :

« Ils n'ont qu'à partir. S'ils restent, c'est qu'ils veulent mourir. Les arabes sont des menteurs et des voleurs et la presse française les soutient ». «Ils sont violents, brutes et haineux », ajoute sa voisine. Qui ça ? «Les arabes » souffle-t-elle. Un jeune homme proteste. « Ne dites pas cela. Nous voulons tous la paix...»

Muriel Florin relate aussi d’autres propos qui témoignent de la diversité de points de vue des participants à ce rassemblement. Son article, comme n’importe quel article au Progrès, est relu par un responsable d’édition, corrigé par un secrétaire de rédaction. Il est censé être validé par le rédacteur en chef de permanence. En rentrant de son reportage, la journaliste avait prévenu de la dureté de la scène à laquelle elle avait assisté et expliqué qu’elle souhaitait rendre compte de cette réalité. Sans que personne n’y trouve alors à redire.

Réactions du CRIF


Ce n’est que le lundi, lorsque le papier paraît que les premières réactions tombent. En interne d’abord. « On n’est pas habitué à voir des propos aussi violents dans nos colonnes. Ils y avaient les pour, les contre mais en tout cas, ça a fait débat », raconte un journaliste. Il explique : "On passe souvent sous silence des trucs sous prétexte de ne pas raviver les tensions entre communautés. mais je ne sais pas si c'est une bonne chose". Un autre rappelle qu'il y a quelques mois, le journal avait pourtant reproduit tels quels les propos de Siné, qui valent aujourd'hui au dessinateur de passer devant les tribunaux. Sur le reportage de Muriel Florin, il y a eu les réactions externes. Selon plusieurs journalistes de la rédaction, des représentants de la communauté juive ont appelé au journal pour faire part de leur mécontentement suite à l’article.

Dès le mardi, Le Progrès publie une interview de Marcel Amsellem, le président du CRIF Rhône-Alpes, qui se plaint de la façon dont Le Progrès a relaté le rassemblement au parc de la tête d’or. «Les propos isolés tels qu'ils ont été rapportés d'une personne sur les 1 000 présentes ne peuvent en rien refléter l'esprit de concorde de ce rassemblement. Relater de tels propos a pour conséquence d'attiser la haine et d'exacerber les tensions intercommunautaires, ce qui n'est pas bon pour notre démocratie», explique Marcel Amsellem. Qui explique également que «les médias», comme les associations ou les pouvoirs publics, «ont une responsabilité» dans la préservation du «vivre-ensemble» entre communautés.

Menace de sanction de la direction


A son retour de trois jours de congé, Muriel Florin est convoquée par son rédacteur en chef, Xavier Antoyé. L’entretien prend la forme d’une remontrance sèche. Xavier Antoyé lui explique qu’elle n’avait pas à reproduire des propos incitant à la haine raciale. Il lui explique que c’est « irresponsable ». Et lui annonce qu’elle va recevoir un «avertissement». Les syndicats et la société des journalistes (SDJ) réagissent. Les premiers pour dénoncer le comportement autoritariste de la direction. Muriel Florin est en effet la troisième journaliste en trois jours à être sanctionnée. Les seconds, pour demander à ce qu’un débat de fond soient enfin ouvert sur le traitement des sujets complexes comme celui-ci. Syndicats et Société des journalistes dénoncent par ailleurs ensemble «l’injustice» d’une décision qui tombe sur une journaliste sans prendre en compte la chaîne responsabilités qui s’applique dans une rédaction. Le jour où Muriel Florin a écrit son article, il y avait un rédacteur en chef de permanence. C’était justement Xavier Antoyé, qui l’a convoquée trois jours plus tard. Interrogé par Libération, il n’a pas souhaité répondre à nos questions, estimant qu’il s’agit là « d’une affaire interne ». Il a cependant tenu à rappeler qu’un journaliste ne pouvait écrire des propos « tombant sous le coup de la loi », en l’occurrence incitant à la haine raciale.

Réaction de la Société des journalistes


Pour la société des journalistes (SDJ) du Progrès, la question est un peu plus complexe et mériterait une réflexion particulière de la part d’une rédaction et de sa hiérarchie. « Ce type de propos peut choquer, mais ils témoignent d’une réalité. Faut-il ou pas les retranscrire ? Ce n’est pas à une journaliste seule de répondre », estime Richard Schittly, président de la SDJ. D’autant, rappelle-t-il, que « dans un contexte où l’on nous demande de privilégier de plus en plus la parole directe et le micro-trottoir, ces questions se posent de façon plus en plus aigües dans notre travail. Pas seulement sur le problème du racisme ou de l’antisémitisme ». Sur ces sujets particuliers, dans une période de tensions comme c'est le cas depuis le conflit à Gaza, le président de la SDJ se demande : « Quelles sont nos responsabilités ? C’est un vrai sujet. Auquel on ne peut répondre par des sanctions, mais par un débat ouvert ». Suite à la mobilisation de sa rédaction, Muriel Florin devrait échapper à l'avertissement, et se contenter d'une "simple" lettre d'observation.

Alice GERAUD
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Une journaliste avertie pour avoir rapporté des propos racistes :: Commentaires

brusyl

Message Lun 26 Jan 2009 - 15:08 par brusyl

POLICE DE LA PAROLE, POLICE DE LA PENSEE


Dans le « novlangue » de 1984, « l’expression des pensées non orthodoxes était presque impossible ». « Une personne dont l’éducation aurait été faite en novlangue seulement ne saurait pas davantage que égal avait un moment eu le sens secondaire de politiquement égal ou que libre avait un moment signifié libre politiquement que, par exemple, une personne qui n’aurait jamais entendu parler d’échecs ne connaîtrait le sens spécial attaché à reine et à tour. »

Le « politiquement correct » a d’abord été imposé en partant de la gauche et des États-Unis. Les « minorités » opprimées ou victimes d’une injustice massive réclament la considération et les mots sont perçus comme autant de manière d’ignorer cette injustice ou de mépriser ce handicap. Rien de plus compréhensible : la violence sociale s’exprime aussi dans la langue. Être un Africain Américain, c’est évidemment autre chose qu’être un nègre et il vaut sûrement mieux être gay que pédé. À travers la bataille de la langue, c’est sûrement de la reconnaissance qu’il s’agit.

Reconnaissance : voilà un thème devenu central dans les revendications politiques et sociales et dans la philosophie morale. Axel Honneth, philosophe allemand qui a mis ce concept au centre de sa réflexion : partant de Hegel et de sa « dialectique du maître et de l’esclave », Axel Honneth fait du conflit social un conflit qui a pour enjeu la reconnaissance : en affrontant celui qui veut me dominer, je veux qu’il reconnaisse ma valeur et ma dignité. Pour Honneth, continuateur de l’école de Francfort, la reconnaissance, cependant, ne peut être purement verbale ; elle est liée et donne sa justification au radicalisme social. Dans cette approche, il y a quelque chose de profondément juste : même dans les revendications sociales les plus élémentaires, il y a toujours quelque chose qui a à voir avec la reconnaissance. Quand les ouvriers se mettent en grève pour des augmentations de salaire, il est bien rare que les résultats matériels de la grève soient à la hauteur des coûts. Sur un plan strictement utilitariste, la grève est rarement un bon calcul. Et encore, nous parlons d’un pays et d’une époque où la grève est généralement pacifique et où le droit de grève est protégé, car perdre sa vie pour quelques centimes d’augmentation, c’est le plus mauvais des calculs. C’est donc que, dans la grève, il y a un autre ressort, moral, cette revendication de la reconnaissance : « nous sommes des hommes et non des chiens », dit une vieille chanson révolutionnaire.

On comprend donc parfaitement pourquoi la reconnaissance est au cœur des revendications de ceux qui, à tort ou à raison, se considèrent comme des groupes victimes de la domination et de l’oppression. Où les choses se gâtent c’est quand la reconnaissance devient une abstraction, érigée en absolu indépendamment des conditions sociales et politiques du moment et tend à se substituer à la justice. Sans doute est-il absurde d’opposer justice sociale et lutte pour la reconnaissance ainsi que le montre de manière assez pertinente Nancy Fraser. Il reste que c’est bien ce qui se passe en fait. D’une part la reconnaissance se substitue à la revendication sociale et, d’autre part, les groupes opprimés ou se pensant comme tels sont engagés dans la compétition pour la reconnaissance.

Dans la lutte sociale, les dominants savent, de longue expérience, que payer de mots les dominés en lutte, c’est ce qui coûte le moins cher. La reconnaissance est ce qu’on octroie le plus aisément. Les Noirs américains continuent de battre tous les records de pauvreté, de chômage, de manque d’instruction et peuplent massivement les prisons … mais ils ont la satisfaction de ne plus être méprisés … dans le langage officiel du moins. Les ouvriers sont rebaptisés « collaborateurs » : ça ne coûte pas un centime d’augmentation. Les « collaborateurs » de Wal-Mart – pour ne prendre que cet exemple – sont devenus emblématiques de la nouvelle surexploitation ouvrière (certains auteurs parlent de la « wal-martisation » des entreprises) et n’ont qu’à se préparer à chercher du travail ailleurs si, d’aventure, ils avaient envie de collaborer avec leurs collègues de travail en vue de créer des syndicats…

Exemples caricaturaux ? Peut-être. Mais il n’est pas difficile de montrer que toute la « political correctness » fonctionne sur le même modèle. Pendant qu’on feint de reconnaître la valeur de tel groupe, on le dévalorise pratiquement. Les politiques de « discrimination positive », ou « affirmative action » selon l’expression américaine, ne reconnaissent l’injustice faite à un groupe pour l’y mieux enfermer. En France, la ZEP reconnaît les difficultés d’origine « socioculturelle » des enfants des quartiers pauvres … pour mieux leur donner un enseignement pour pauvres, un enseignement qui parfois n’a plus grand-chose à voir avec celui dont peuvent encore bénéficier les enfants des bourgeois et petits-bourgeois des quartiers aisés. Un enfant fréquentant un de ces collèges de ZEP avec trouvé la bonne explication : ZEP veut dire « zone d’éducation péjorative ». La vérité sort de la bouche des enfants… Ainsi la reconnaissance octroyée par les dominants se révèle-t-elle une nouvelle forme, plus hypocrite et plus répugnante du mépris social.

Mais les bénéfices secondaires que les classes dominantes tirent de la reconnaissance octroyée ne s’arrêtent pas là. Non seulement la paix sociale est achetée à très bon marché, mais encore on va utiliser la reconnaissance pour légitimer une mise en coupe réglée de la liberté d’expression. Incapables d’obtenir la fin des discriminations raciales à l’embauche – car il faudrait, dans ce dessein, empiéter sur la liberté des capitalistes d’embaucher qui leur convient – les antiracistes moralisants se concentrent sur les discours racistes qu’ils veulent interdire. Les injures à caractère raciste sont punissables par la loi. Et de fil en aiguille, le vocabulaire machiste ou les insultes à connotation homophobe sont dans le collimateur. Le chauffeur irascible qui a coutume d’envoyer les autres automobilistes à Sodome et Gomorrhe ne risquera plus seulement des amendes pour infraction au code de la route mais pourrait passer en correctionnelle pour injures homophobes. Mais il n’y a aucune raison de s’arrêter aux injures. Même un discours formellement très poli peut être assimilé à du mépris à l’endroit d’un groupe. Ainsi un député a-t-il été condamné à une amende assez lourde pour propos homophobes, au motif qu’il avait considéré que l’homosexualité n’était pas un comportement moral normal.

Les gens de gauche et d’extrême gauche, qui ont renoncé de longtemps à toute tentative sérieuse de transformation sociale, se sont engouffrés dans la brèche : faire condamner par la justice « bourgeoise » les mots et les propos qui expriment l’idéologie conservatrice et même réactionnaire des classes dominantes, c’était là une compensation symbolique inespérée pour des décennies de défaite et une décomposition lente mais certaine des organisations politiques qui avaient traditionnellement pour fonction d’exprimer la révolte sociale.

......La suite est à lire sur :http://denis-collin.viabloga.com/news/police-de-la-parole-police-de-la-pensee

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brusyl

Message Lun 26 Jan 2009 - 10:50 par brusyl

Relater de tels propos a pour conséquence d'attiser la haine et d'exacerber les tensions intercommunautaires, ce qui n'est pas bon pour notre démocratie»explique Marcel Amsellem.

Je pense exactement le contraire !!! c'est en couvrant de telles réactions de la chape de plomb du politiquement correct et de l'interdit que l'on développe les ressentiments, la frustration et donc la haine.
Jouer la politique de l'autruche n'a jamais éliminé le problème et nier le racisme ne l'a malheureusement jamais empêché d'exister...
Les arabes sont des menteurs et des voleurs et la presse française les soutient ». «Ils sont violents, brutes et haineux »
de tels propos sont d'ailleurs tellement stupides que par réaction à leur bêtise, beaucoup de lecteurs ont du se sentir soudainement plus de sympathie pour les arabes (pardon ! pour la "communauté musulmane française" comme on doit dire selon le nouvel évangile)

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