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Plus égaux que les autres

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06022009

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Par Petaramesh le jeudi 5 février 2009

http://petaramesh.org/post/2009/02/05/Plus-egaux-que-les-autres

Si vous n'avez pas encore lu ce remarquable article du Monde.fr : La France gardée à vue, allez-y maintenant, puis revenez ensuite.

Remarquable, cet article l'est réellement.

Non pas parce qu'il nous apprend que nous vivons désormais dans un état fasciste, ce que nous savions hélas depuis longtemps, à moins d'avoir les yeux et les oreilles cousus du fait d'une surexposition aux journaux télévisés ou à la presse nationale.

Et pas non plus parce qu'il nous apprend que les gardes à vue se déroulent au pays des Droits de l'Homme dans des conditions indignes et dégradantes où l'arbitraire et la pression règnent en maîtres.

Non, cet article est remarquable par ce qu'il nous révèle en filigrane de la pensée de notre bonne élite journalistique du quotidien de déférence, et de ses braves lecteurs de la gôôôôche qui mange à sa faim et pas chez Lidl.

Car ce qui choque nos braves journalistes du Monde, Yves Bordenave, Isabelle Mandraud, Alain Salles et Laetitia Van Eeckhout, la goutte d'eau qui met le feu aux poudres de leur article, ce n'est pas vraiment que le nombre de gardes à vue ait explosé de 55% sur les 8 dernières années, ce qui les révolte, ce n'est pas qu'1% de la population y ait eu droit au cours de l'année passée, ce qui pue à leurs narines, ce n'est même pas les traces de merde sur les couvertures ni l'odeur de pisse et de vomi des cellules.

Non, ce qui troue vraiment le cul de nos braves journalistes, c'est que d'aussi cruelles mésaventures soient arrivées à Jean L., polytechnicien de 56 ans résidant dans le 16e arrondissement de Paris, consultant en management, ainsi qu'à Jean-Claude Lenoir, 57 ans, vice-président de Salam, une association venant en aide aux migrants, et encore à Pierre Lauret, 51 ans professeur de philosophie, et aussi à Joëlle Béchar, 58 ans, esthéticienne à Beaumont, Puy-de-Dôme, et encore à Pascal Besuelle, professeur d'histoire à Cherbourg et bien entendu à Vittorio de Filippis, ancien directeur de Libération tout comme à Guillaume Dasquié, journaliste. Et puis aussi à Philippe Raphaël, énarque, chargé de mission au Conseil d'Etat.

Dites, vous avez vu la liste des victimes ? Tous ceux dont l'âge est cité sont quinquagénaires ! On ne risque pourtant pas de les prendre pour des d'jeunz, classe dangereuse !

Les professions ? Un "polytechnicien consultant en manadjeumant", un honorable citoyen Président d'association, un prof de philo, un prof d'histoire, une dangereuse esthéticienne, un patron de presse, un journaliste, et un énarque, du Conseil d'État s'il-vous-plaît ! Que du gratin dites ! De ceux que l'inconscient social assimile aux notables, respectables, honnêtes citoyens, des gens à qui on confie les destinées du pays, l'éducation de nos enfants, ou l'éradication des pilosités disgracieuses de nos dames ! De la belle bourgeoisie de ville, de la petite de province, et de la profession enseignante qui fut respectée au temps de Jules Ferry, quand l'instituteur (Monsieur le Maire), le curé, le notaire, le médecin et le pharmacien étaient le gotha du bourg.

C'est quand même pas des gens qu'on pourrait confondre, même dans l'obscurité, avec des chômeurs, des RMIstes, des travailleurs non déclarés, des contrats de professionnalisation ou autre lie de la terre !

Et les lieux de résidence cités ? Paris XVIe, Beaumont, Puy-de-Dôme, Cherbourg. C'est pas vraiment le 9-3, ça ! Ni Vaulx-en-Velin, ni les quartiers nord de Marseille, pas de la banlieue pouraxe où la délinquance d'immigrés pousse comme du chiendent, ma brave dame !

Non, franchement, pour nos journaliste du Monde, là où ça devient vraiment n'importe quoi, vraiment intolérable, quelque chose qu'il faut dénoncer avec force, c'est quand la police se met à arrêter des honnêtes gens ! Oh mais ça va pas non ? Des gens de notre monde ! Des gens très bien ! Et on te les colle sans autre forme de procès dans une cellule qui schlingue le vomi et on te leur donne des couvertures merdeuses ! Scandale !

Qu'on te colle dans une cellule puante Kamel, 17 ans, de Saint-Denis, dealer de chichon soupçonné de sympathies islamistes, ou des décroissants autonomes (ultra-)gauchistes saboteurs (soupconnés sans preuve) de lignes TGV, ou des profiteurs de RMIstes et autres cossards de chômeurs, ça, ce n'était pas bien grave, c'était normal quoi, on n'aurait pas pondu un article indigné pour si peu.

Parce que dans la tête des braves journalistes de notre journal de gôôôche, faut pas déconner, y'a quand même deux mondes, le monde des gens très bien, comme il faut, et le monde des autres crapules, ce monde qu'on ne fréquente pas trop, pas du tout même, mais ce qui est sûr, c'est que les Droits de l'Homme, ils sont là pour protéger les bons citoyens et les honnêtes gens comme il faut, et que la police, ben vous voyez, elle pète carrément les plombs quand elle fout ces gens-là au violon pour le compte... parce que son rôle, à la police, c'est quand même bien de les protéger, ces gens-là, contre tous ceux de l'autre monde, que normalement c'est ceux-là qu'il faut foutre au bloc à la moindre incartade sans que ça émeuve grand-monde dans les dîners en ville ni ne chatouille la moindre plume journalistique.

Mais là, quand même, vous en conviendrez, c'est le monde à l'envers ! Le chien qui mord son maître !

Alors à ces braves journalistes du Monde, je veux dédier ces quelques mots du pasteur Martin Niemöller, écrits à Dachau en 1942 :

Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les Juifs,
je n'ai rien dit, je n'étais pas Juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour dire quelque chose.

Quand ils sont venus chercher les sans-papiers,
je n'ai rien dit, j'avais mes papiers.
Quand ils sont venus chercher les chômeurs et les RMIstes,
je n'ai rien dit, j'avais mon C.D.I.
Quand ils sont venus chercher les reubeus du 9-3,
je n'ai rien dit, j'étais français de souche et pas dans le 9-3.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, j'étais à la CFDT.
Quand ils sont venus chercher les gauchistes,
je n'ai rien dit, j'étais au Parti Socialiste...
Quand ils sont venus chercher les énarques et les polytechniciens,
j'ai écrit un article dans Le Monde.
Et quand ils sont venus chercher les journalistes,
personne ne lisait plus la presse depuis longtemps.
country skinner
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