cybermaquis
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

démondialisation ou alter- mondialisation ?

Page 1 sur 3 1, 2, 3  Suivant

Aller en bas

13062011

Message 

démondialisation ou alter- mondialisation ? Empty démondialisation ou alter- mondialisation ?




La démondialisation, un concept superficiel et simpliste

Edition : Les invités de Mediapart

Geneviève Azam, Jacques Cossart, Thomas Coutrot, Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Pierre Khalfa, Dominique Plihon, Catherine Samary et Aurélie Trouvé, membres du Conseil scientifique d'Attac, s'inquiètent de la fortune rencontrée par la «démondialisation», qui induirait la suspension des logiques de coopération nécessaires au progrès des droits sociaux sans résoudre aucune des crises actuelles.

---------------

puceinvite.jpgLa violence de la crise mondiale et l'échec des politiques néolibérales aggravées font fuser de partout des propositions en apparence iconoclastes. La mondialisation néolibérale reposant sur la libre circulation des capitaux et la financiarisation du monde, les désastres provoqués par ces politiques ont suscité l'émergence à la fin des années 1990 d'un mouvement initialement qualifié par les médias d'«antimondialiste», qui, en mûrissant, s'est lui-même rebaptisé «altermondialiste». Mais l'apparition récente de la thématique de la «démondialisation» risque de nous ramener beaucoup plus de dix ans en arrière.

La «démondialisation» est un concept à la fois superficiel et simpliste. Superficiel parce que, à la racine de la financiarisation mondialisée, il y a les décisions de forces sociales et de gouvernements nationaux, décidés à remettre en cause partout les droits sociaux. L'oligarchie n'est pas étrangère, l'ennemi n'est pas le travailleur chinois. Simpliste car les réponses à la crise nécessitent «plus de mondialisation» dans certains domaines et «moins de mondialisation» dans d'autres, mais exigent surtout une mutation radicale de la logique même de la mondialisation (alter-mondialisation)...

D'un côté, il faut évidemment réduire les flux de marchandises et de capitaux, et relocaliser les systèmes productifs. Pour des motifs sociaux: stopper la concurrence entre travailleurs et paysans du monde, valoriser la diversité des savoirs et des pratiques sociales, nourrir les populations et assurer la souveraineté alimentaire. Pour des motifs écologiques: réduire les émissions de CO2, diminuer la pression sur les ressources naturelles et leur pillage. Pour des motifs politiques: retrouver des formes de démocratie proche des citoyens.

Mais, de l'autre, il faut plus de coopération européenne et mondiale dans bien des domaines à mutualiser: sauvegarde des écosystèmes, gestion et répartition des ressources rares qui font partie des biens communs (eau, terre, énergie, alimentation, savoirs, techniques, médicaments...), mondialisation des droits sociaux par l'application des conventions de l'Organisation internationale du travail... Les révolutions arabes, leur écho en Europe et ailleurs, montrent à nouveau la nécessité de l'internationalisation des luttes, portées partout par les mêmes aspirations à la justice et à la démocratie. Ce n'est pas «la mondialisation» que nous rejetons, mais la mondialisation néolibérale et capitaliste, telle qu'elle est organisée par les intérêts des firmes multinationales, les «marchés» et les grandes puissances.

Nous affirmons qu'il faut en finir avec cette idée absurde selon laquelle le FN poserait les bonnes questions (contre le «mondialisme») mais n'apporterait pas les bonnes réponses. Le FN ne propose pas les bonnes réponses parce qu'il ne pose pas les bonnes questions. Le retour à des régulations essentiellement nationales ne résoudrait aucun des problèmes qui se posent aujourd'hui à nous.

La crise sociale? Le chômage incompressible, la précarité généralisée, la destruction progressive du droit du travail, de la protection sociale et des services publics au sein des pays développés, ne sont pas d'abord imputables aux pays émergents mais aux politiques systématiques amorcées à la fin des années 1970 lorsque les classes dominantes ont entrepris de rétablir la rentabilité des capitaux. L'effondrement de la part salariale dans la valeur ajoutée s'est produit pendant la décennie 1980, bien avant que la Chine devienne l'atelier du monde. On ne renversera pas le dogme de la «création de valeur pour l'actionnaire» en commençant par des droits de douane contre la Chine mais par une redistribution des richesses dans nos pays et entre pays. La réduction des inégalités passe au plan mondial par l'annulation des dettes des pays pauvres et la reconnaissance de la dette écologique; à l'échelle européenne, par l'instauration de véritables transferts budgétaires vers les pays moins développés; au plan national, par une réforme fiscale instaurant un revenu maximum et une forte progressivité de l'impôt. La «démondialisation» n'apporterait rien à l'affaire.

La crise européenne? Certains économistes de gauche pensent que la solution passe par une sortie de l'euro et une dévaluation du franc retrouvé. Le FN rebondit sur ces propositions, adoptant le scénario et même le tempo proposés. Nous pensons que ces projets ne peuvent qu'accentuer les difficultés au lieu de les résoudre. Une monnaie nationale ne protège ni du néolibéralisme, ni de la spéculation, ni du productivisme: a-t-on vu quelque gouvernement britannique s'opposer au néolibéralisme du fait qu'il disposait de la livre sterling? Le franc, la livre ou la lire étaient-ils des boucliers contre les attaques spéculatives? Et le capitalisme appuyé sur les «États souverains» n'a-t-il pas produit un modèle de consommation destructeur, pillé les pays du Sud et creusé la dette écologique du Nord? La Banque de France, qui ne fait plus d'avances au Trésor public depuis 1973, mènerait-elle par nature une politique plus sociale que la Banque centrale européenne?

Surtout, à l'heure d'une crise aussi grave, le déferlement de politiques unilatérales tournerait le dos définitivement à une coopération entre les peuples. Une dévaluation unilatérale ne ferait qu'enclencher des mesures de rétorsion et une aggravation de la guerre économique entre pays européens. Au moment où les convergences des résistances et des initiatives populaires mettent au contraire en évidence la nécessité de décisions européennes fortes en matière de fonds tournés vers la recherche, l'éducation, la santé de base, les grandes infrastructures de transports publics, la transition énergétique...

Les partisans de la démondialisation présentent celle-ci comme la condition d'une réindustrialisation. Mais un véritable projet émancipateur ne peut se contenter de vouloir réindustrialiser sans examiner le contenu des projets industriels pour qu'ils s'insèrent dans une reconversion d'ensemble du modèle de développement. Il est impossible de revenir au capitalisme d'après-guerre, fondé sur des gains de productivité très élevés désormais hors d'atteinte et sur le pillage des ressources non renouvelables, surtout dans le Tiers-monde.

Nous ne croyons pas que le retour au national résoudrait la crise de la démocratie car celle-ci est profondément enracinée dans des mécanismes qui, y compris au niveau national, écartent les citoyens des décisions qui les concernent. La démocratie doit se construire partout où les pouvoirs de décisions déterminent notre existence, c'est-à-dire du local au mondial, même si évidemment le niveau national garde toute son importance.

S'il est urgent de «révolutionner» la maison Europe, il faut commencer par le commencement: s'attaquer au pouvoir du capital en restreignant sa liberté de mouvement, refonder la fiscalité, les services publics, la protection sociale, le travail décent; s'attaquer au productivisme et à ses variantes. Les mobilisations sociales contre l'austérité qui montent en Europe sont un levier pour engager une véritable transformation de la société. Il sera alors nécessaire, pour le ou les gouvernements voulant rompre avec le néolibéralisme, de briser le carcan des traités européens, au besoin en menaçant de faire voler en éclats cet euro-là, de manière concertée avec d'autres peuples et mouvements sociaux. Mais cela n'aura aucunement le même sens que le repli national qui se profile derrière la notion de démondialisation.

Nous tirons la sonnette d'alarme parce que les politiques d'austérité, aggravant la crise, mènent les sociétés au bord de l'explosion: Grèce, Portugal, Espagne, Irlande. Demain, Belgique, Italie, France? C'est dans ces moments d'extrême tension que les politiques brunes se fraient un chemin sous les déguisements les plus divers. La guerre commerciale et monétaire aggraverait la concurrence entre les États et détruirait l'idéal de solidarité que doit porter tout projet progressiste. Qui osera proposer la démondialisation et le repli national aux participants du Forum social mondial, aux jeunes en lutte sur la Place Tahrir ou à la Puerta del Sol? Bien au contraire, la conquête nécessaire de la souveraineté démocratique au plan national doit s'articuler à la construction de mouvements sociaux et citoyens européens et internationaux, qui seuls permettront d'éviter que les conflits sociaux ne soient détournés vers des logiques de rivalités nationales et identitaires.


http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/060611/la-demondialisation-un-concept-superficiel-et-s


Dernière édition par brusyl le Jeu 27 Oct 2011 - 2:00, édité 1 fois
brusyl
brusyl
Admin

Nombre de messages : 3110
Date d'inscription : 17/07/2008

Revenir en haut Aller en bas

Partager cet article sur : reddit

démondialisation ou alter- mondialisation ? :: Commentaires

avatar

Message Jeu 6 Oct 2011 - 21:55 par Invité

Je partage en tous points cette analyse. Et encore une fois, seul Montebourg ose se réclamer de l'héritage de 2005 (parce qu'il est le seul à pouvoir se le permettre). Les autre scandidats se gardent bien d'en parler. Comme si cette histoire était soldée. Comme si, dissoudre le vote d'un peuple souverain était un détail insignifiant.

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

brusyl

Message Jeu 6 Oct 2011 - 11:45 par brusyl


Michel ROGALSKI


L’ampleur du tir de barrage opposé au terme de démondialisation donne la juste mesure de son côté insupportable pour tous ceux qui avaient vanté depuis des décennies la mondialisation heureuse, alors même que les faits accumulaient jours après jours les symptômes de son échec. Qu’on en juge par les quolibets et noms d’oiseaux : tour à tour absurde, irréaliste, réactionnaire, subalterne, accusée de propager illusion démagogique, d’être un concept superficiel et simpliste, une fable, un thème provocateur, d’encourager un repli national ne pouvant conduire qu’au modèle de la Corée du Nord. Rien ne fut épargné.

La mobilisation des think tanks et des politiciens émargeant au « Cercle de la raison » ne doit pas étonner. Ils sont dans leur rôle en agissant en sorte que l’alternance reste bien une alternance et ne soit surtout pas une alternative. Les forces qui concourent à ce Cercle, tel un disque rayé, ressassent en boucle, malgré la réalité, les bienfaits de la mondialisation. Par contre, on ne peut qu’être surpris que d’autres, au nom de l’idéologie altermondialiste dont le bilan des avancées depuis dix ans confine à l’évanescence, viennent, dans la crainte de perdre le peu qu’il reste de leur fond de commerce, joindre leurs voix aux premiers avec tout autant de mauvaise foi. Mais le débat n’est plus confiné à la gauche de la gauche puisqu’il s’est invité dans la bataille présidentielle. Et c’est bien normal car il porte en lui l’analyse nécessaire du bilan des trente dernières années. Vouloir étouffer un tel débat serait une faute politique majeure. Ce serait occulter la richesse potentielle inhérente à tout débat sur la sortie maîtrisée du tunnel de l’austérité fabriqué à coup de déflation salariale, de délocalisations, d’invention de « contraintes extérieures » recherchées par nos élites et reposant sur une soi-disante rationalité supérieure d’essence mondiale, de construction européenne important les formes les plus exacerbées de la mondialisation, souvent au prétexte d’y résister et bien sûr se mettant dans l’incapacité de protéger, de promouvoir le social ou de contrôler la finance.

Ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est de reprendre et d’approfondir l’opposition à la bifurcation de 1983 qui sacrifia les avancées sociales sur l’autel de la construction européenne, en prenant appui sur l’acquis de la confrontation d’idées qui vit le jour en 2005 à l’occasion du referendum constitutionnel européen. Magnifique débat dont l’enjeu ne portait ni sur des personnes ou des postes et qui est relancé aujourd’hui par la crise de 2008 et son contrecoup actuel alimenté par les dettes souveraines, l’incertitude sur l’euro et les interrogations sur la façon de penser la construction européenne. Et si la démondialisation interpelle fortement l’Europe c’est parce que cette région du monde est devenue un concentré -un laboratoire- de la mondialisation et que, loin d’y être douce, elle y concentre tous ses excès. Il n’y a pas lieu de s’en étonner. C’est dans cet espace que le commerce de proximité s’est le plus développé, que l’interdépendance y est la plus forte, que des pans entiers de souveraineté nationale ont été transférés, qu’une majorité de pays ont décidé de se doter d’une même monnaie et d’une Banque centrale indépendante des gouvernements et enfin que des éléments de constitutions économiques se sont successivement empilés (Acte unique, Traité de Maastricht, Pacte de stabilité, etc.) pour être repris dans le corset du Traité de Lisbonne. En s’élargissant à 27 pays, l’Europe a brutalement modifié les conditions de la concurrence, y a importé brutalement la diversité de mondialisation et s’est mise hors d’état de pouvoir assurer la moindre protection à ses populations sur lesquelles plane l’ombre de l’austérité.

C’est pourquoi les débats que suscite le thème de la démondialisation sont essentiels. Ils touchent tout simplement aux conditions nécessaires à la réalisation d’une rupture avec trente années de néolibéralisme mondialisé qui tel un rouleau compresseur écrase tout sur son passage. Car peut-on supporter plus longtemps la stratégie délibérément mise en place par le capital pour se rapprocher d’un travail précaire et non protégé et fuir celui qui avait su lui imposer la « contrainte » des acquis sociaux. Tout fut tenté avec les conséquences que l’on sait, des délocalisations massives à l’organisation de flux migratoires en passant par libre circulation des capitaux spéculatifs et déstabilisants, le libre-échange généralisé des marchandises, la déflation salariale et son corollaire l’endettement des ménages, la soumission aux signaux des marchés, internationaux de préférence. Quelques questions centrales émergent avec force de ce débat dont on voudrait étouffer la richesse :

• On nous explique qu’il faudrait être patient et que nos maux proviendraient de la situation d’entre deux dans laquelle nous serions entrés. L’État-Nation est blessé, mais il bouge encore, alors que l’économie mondiale ne serait pas encore instaurée et peinerait à se doter d’une gouvernance globale (ou européenne). Ainsi nous cumulerions les défauts de l’érosion des frontières sans être encore en mesure de bénéficier des avantages de leur dépassement. Cette « transition », qui se déroule depuis une trentaine d’années, n’a pour l’instant accouché que de la crise et se trouve de moins en moins en mesure de prouver que l’expansion du néolibéralisme à l’échelle du monde serait salvatrice. L’attente d’un gouvernement mondial pour résoudre les problèmes engendrés par sa recherche risque fort de s’enliser dans le sable. Elle est évidemment insupportable pour les peuples. Se sortir de cette ornière en proposant une véritable issue, c’est, pour tout pays, nécessairement entrer dans un processus de démondialisation. Faut-il attendre que ça change en Europe ou dans le monde pour que cela puisse changer chez nous ? Ou bien, faut-il engager l’action de façon unilatérale en mesurant sa portée conflictuelle et s’y préparer ? N’oublions pas que l’Europe qui s’est construite a toujours servi de gangue gluante pour réduire l’amplitude de l’oscillation du balancier de l’alternance et jouer ainsi le rôle de Sainte Alliance, remplaçant le Mur d’argent des années 20. Ainsi refuser l’antimondialisation reviendrait à subordonner tout changement en France à d’éventuelles et bien improbables évolutions européennes ou mondiales. Ce constat conduit à poser la question incontournable de l’exercice de la souveraineté, c’est-à-dire de la nécessaire superposition entre le périmètre où se joue la démocratie et celui de la maîtrise de la régulation des flux économiques et financiers. Le cadre national s’impose. Pourquoi la « relocalisation » sur la région serait à la limite acceptable, l’Europe fédérale souhaitée et la souveraineté nationale vilipendée ? Pourquoi cette haine de l’état-Nation qu’il faudrait prendre en tenaille par le bas et par le haut ? Les gauches latino-américaines ont montré que le cadre national pouvait permettre des avancées sociales substantielles, faire tache d’huile et rendre possible des coopérations.

• La soumission à une rationalité dite supérieure parce que mondiale crée ce que nos élites appellent la « contrainte extérieure ». Celle-ci n’est que le retour de ce qui a été voulu et recherché. La mondialisation qui nous retombe sur la tête c’est celle que l’on a envoyée en l’air à coups de dérégulation, de libre-échange forcené, de privatisations, de délocalisations, de circulation incontrôlée de capitaux et de marchandises, de financiarisation, d’endettement de peuples et d’états. Elle se heurte aux acquis sociaux historiquement constitués qui deviennent ainsi pour nos mondialisateurs des « contraintes internes » qui freinent leurs objectifs et dont ils doivent se débarrasser pour obtempérer aux ordres des marchés. La compétition internationale devient l’arme de l’antisocial et dévaste les territoires. Le mérite du débat sur la démondialisation est de bien montrer l’affrontement des logiques des deux contraintes, l’une fabriquée pour mieux combattre l’autre [1] et d’identifier les gagnants (les facteur mobiles : capital et finance, grandes firmes, maffias) et les perdants (les facteurs fixes : peuples et territoires).

• Les conséquences sur les politiques économiques à adopter reviennent au cœur du débat. La demande de protection qui monte concerne prioritairement l’ensemble des acquis sociaux engrangés pendant les Trente Glorieuses, annexement ceux du capital national malmené par la concurrence sauvage. Cette période a connu les protections tarifaires, quelques contrôles de change, nombre de dévaluations qui n’ont pas signifié pour autant repli national, fermeture ou adoption d’un modèle nord-coréen. Croissance, élévation du niveau de vie, plein-emploi ont bien été au cœur de ce qu’on voudrait nous faire regarder aujourd’hui comme une horreur « national-protectionniste ». La crise actuelle appelle au retour de l’état comme acteur économique majeur. Il n’y a pas de protection possible sans qu’un rôle accru lui soit confié, aussi bien en termes de périmètre d’action que dans la nature de ses interventions. Enfin, faut-il se tourner vers la satisfaction des besoins du marché intérieur ou vers ceux, erratiques, du marché mondial ? Où sont situées les sources de croissance de notre pays ? Dans notre territoire où à l’export ? Un pays peut le tenter, mais si tous font de même l’avantage disparaît. C’est cette stratégie non généralisable qui fut proposée au Tiers monde dans les années 70 et provoqua la crise de la dette et les politiques d’austérité qui s’ensuivirent.

On allèguera qu’il existe une forme de mondialisation désirable, celle des échanges culturels, du tourisme, de la connaissance et des savoirs, de la coopération entre les peuples, de tout ce qui fait la densité de la vie internationale ou d’un espace public en construction à ce niveau. Mais ne la mélangeons pas avec celle qui fait l’objet du débat d’aujourd’hui à savoir le nécessaire blocage de l’expansion du néolibéralisme à l’espace mondial. Ne fusillons pas les messagers qui apportent la mauvaise nouvelle mais regardons plutôt les signaux divers qui attestent des limites de la phase en cours, à commencer par l’annonce faite par la Cnuced de la réduction du commerce mondial de 8 % au premier trimestre 2011.

Michel Rogalski
économiste, CNRS, directeur de la revue Recherches internationales

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays

Revenir en haut Aller en bas

Donald11

Message Jeu 8 Sep 2011 - 21:50 par Donald11

Alors le "C" d'ATTAC, c'est pour chapelle ?

démondialisation ou alter- mondialisation ? 99936

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Jeu 8 Sep 2011 - 16:30 par Invité

Attac s'est replié autour d'un cercle d'appartchik de l'université et du syndicalisme qui se fout pas mal de son audience pourvu que ce mouvement soit reconnu entre eux. Et que chacun y occupe une place respectable.

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

Donald11

Message Mer 7 Sep 2011 - 23:29 par Donald11

Avaaz, c'est ici ...

En fait rien à voir à priori avec ATTAC. Mais alors qu'est devenue ATTAC ? et où s'est perdu son mouvement ? Que sont devenus ses militants ?

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Mer 7 Sep 2011 - 23:18 par Invité

Pas grand chose à ajouter. Reste à traduire cela dans le concret.

Si les décisions d'urbanisme prennent des années pour s'appliquer et si leurs effets sont parfois mesurables sur plusieurs milliers d'années, les décisions économiques ont des effets à très court terme. Même si celles-ci peuvent avoir aussi des conséquences à long terme. De telle sorte que ce qui est vrai un jour peut devenir dépassé le lendemain. Que ce qui est une réussite peut se retourner contre ses bénéficiaires peu de temps après.

Aussi, prétendre que la mondialisation finira bien par avoir des effets heureux pour tout le monde, alors qu'une partie grandissante de la population en est victime depuis trente ans n'est que la preuve de son incapacité à répondre à ces prétentions.

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

brusyl

Message Mer 7 Sep 2011 - 22:29 par brusyl

La démondisalisation inquiète les partisans d'un libéralisme aux abois

par Aquilino Morelle, professeur associé à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, directeur de la campagne d'Arnaud Montebourg




La "démondialisation" est au cœur des primaires de la gauche et sera au centre de la prochaine élection présidentielle.. La convergence et la virulence des attaques dont ce projet politique fait l'objet, en particulier les points de vue critiques publiés récemment dans ces colonnes par Zaki Laïdi, Pascal Lamy et Pierre Lellouche, est un indice de l'inquiétude qu'il suscite chez les tenants du libéralisme.


Leur thèse est connue : la mondialisation serait un phénomène inéluctable, parce que provoqué par des mutations technologiques irréversibles – "le porte-conteneurs et Internet", pour reprendre les mots de Pascal Lamy. De surcroît, l'économie mondiale aurait atteint un tel degré d'intrication que les notions d'exportation et d'importations en seraient devenues caduques. Considérée comme l'horizon indépassable de l'Humanité, la mondialisation impliquerait "l'adaptation" des économies et des sociétés nationales. Seule la "régulation" permettrait de "maîtriser" ses "excès".

Quant aux millions de femmes et d'hommes que la mondialisation désespère – chômeurs au Nord, esclaves au Sud et à l'Est - ils n'auraient qu'à prendre leur mal en patience, ses bienfaits supposés devant nécessairement se faire sentir "à long terme". Sacralisée à l'instar d'une loi de la Nature, la mondialisation s'imposerait donc aux hommes. Proposer un autre modèle de développement déclenche aussitôt une classique entreprise de disqualification : la démondialisation serait une absurdité" (Zaki Laïdi), une "illusion démagogique", "une fable" (Pierre Lellouche), un "concept réactionnaire" (Pascal Lamy).

Bref, un véritable péché de l'esprit car, pour ses zélateurs, la mondialisation est une visée à la fois téléologique et théologique. Alors rappelons à ces esprits religieux que la loi de la gravitation n'a pas empêché les hommes de construire des avions ni les avions de voler. Les seules lois qui s'imposent à l'homme sont celles de sa raison et de sa volonté. Ce qui a été fait par des hommes peut être corrigé -et pourquoi pas défait ?- par d'autres hommes.

Surtout, si elle tire effectivement une part de sa force de données techniques, la mondialisation est avant tout un projet idéologique pensé, voulu et mis en œuvre avec opiniâtreté par des intellectuels et des responsables politiques, de gauche qui plus est. Le rôle central d'une certaine élite de la gauche française, incarnée par Jacques Delors, Pascal Lamy et Michel Camdessus, dans la conception et la promotion de la mondialisation, a été décortiqué par Rawi Abdelal, professeur à la Harvard Business School, dans Capital Rules : The Construction of Global Finance, (Harvard University Press, 2007). Un livre qu'il serait de salubrité publique de traduire enfin en français et de faire lire au plus grand nombre.

Pénétrés de la supériorité du libre-échange, ces hommes se sont toujours considérés comme des progressistes en lutte conte les conservateurs du "vieux socialisme" dirigiste ; ils persistent dans cette vision des choses : c'est ce qui donne son sens au mot " réactionnaire " dans la bouche de Pascal Lamy. Pour eux, en 1983, le choc de la "contrainte extérieure" (c'est ainsi que l'on désignait alors la mondialisation) a été un événement providentiel, l'occasion de faire valoir leurs conceptions en jouant du traumatisme politique qu'a représenté sur le moment cette "fin des illusions".

Ils ont alors convaincu François Mitterrand de libéraliser la finance. L'année 1983 n'a pas été l'année de la capitulation de la gauche française devant la finance, mais celle de son ralliement à celle-ci ! Un ralliement dont les mots d'ordre auront été "maîtrise" et "régulation". A partir de 1985, ayant pris la tête de la Commission européenne (Delors et Lamy) et du FMI (Camdessus), ils ont diffusé cette politique de libéralisation financière à l'ensemble de la planète. Par leur habileté politique et leur persévérance, ces "socialistes" français ont réussi à établir ce qu'il est convenu d'appeler le "consensus de Paris".

C'est ce consensus et non celui de Washington, si souvent décrié, qui a donné l'impulsion à la libéralisation mondiale des mouvements de capitaux. Ces hommes de gauche français ont ainsi créé un nouveau Moloch libéral, qui a dévoré toute la gauche européenne et ouvert à Tony Blair le chemin de sa "Troisième voie". Voilà ce que nous confirme l'historien américain dans son travail édifiant -quand la recherche universitaire conforte l'analyse politique.

La mondialisation a d'abord été financière : en 1983, Internet n'existait pas et les porte-conteneurs n'encombraient pas les océans. Elle le reste encore aujourd'hui que les flux financiers commandent l'économie. Voir les financiers et leurs complices invoquer le bonheur des peuples du Sud et de l'Est – c'est le rôle du mythe de "l'énorme classe moyenne chinoise" - pour justifier un système qui sert avant tout à les enrichir est un des spectacles les plus obscènes auxquels il nous a été donné d'assister. C'est " le triomphe de la cupidité " dénoncé par le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz. Un triomphe rendu possible non par la démission des hommes politiques de gauche, comme on le croit encore trop souvent, mais par leur consentement !

Financière, la mondialisation, au gré des accords successifs de libre-échange imposés aux peuples à leur insu par cette élite agissante de la gauche libérale, est devenue aussi la mise en concurrence des économies, des salaires, des fiscalités, des protections sociales, des peuples, des hommes, de leurs vies. Quel aveuglement idéologique que d'avoir accepté l'entrée de la Chine au sein de l'OMC en 2001 sans aucune contrepartie ! "Les idées, la connaissance, l'art, l'hospitalité, les voyages : ce sont là des choses qui, par nature, doivent être internationales. Mais produisons les marchandises chez nous chaque fois que c'est raisonnablement et pratiquement possible". Ce sont cette raison et ce sens des réalités humaines soulignés par Keynes que les partisans de la mondialisation ont voulu nous faire perdre. C'est le retour à cette sagesse qui est au cœur du projet de démondialisation.

Pour ses promoteurs, la mondialisation a toujours été un projet idéologique, le rêve d'un monde enfin débarrassé de la politique, où l'homo oeconomicus aurait définitivement supplanté l'homo sapiens, ce que Jürgen Habermas a résumé par la formule : "La mondialisation, c'est l'effondrement du pouvoir d'achat des bulletins de vote". Quant à la "mondialisation heureuse", rarement une mystification aussi cynique aura été tentée.

Ce projet a été démasqué et cette mystification dissipée. Les peuples ont compris la véritable nature de la mondialisation et ils retirent leur confiance aux gouvernements –droite et gauche confondues- qui leur ont imposé chômage et austérité en leur promettant des jours meilleurs.

Cette défiance s'exprime dans les taux record d'abstention, dans la poussée de l'extrême droite, dans la colère des paysans brésiliens sans terre ou celle des ouvriers de Continental Clairoix, licenciés pour motif économique et qui ont reçu en 2010 une proposition de reclassement à Bizerte, en Tunisie, pour un salaire mensuel de 260 dinars, soit 137 euros. Les peuples refusent dorénavant d'attendre le "long terme" pour profiter des prétendus bienfaits de la mondialisation, parce qu'ils savent avec Keynes qu'" à long terme, nous serons tous morts ".

Soit nous conduisons une stratégie de protectionnisme raisonné, européen, social et écologique, soit les peuples cèderont aux sirènes perverses des droites extrêmes. La démondialisation s'oppose ainsi autant au délire de l'ouverture infinie des marchés détruisant les protections sociales, les industries et les modes de vie, qu'au repli nationaliste et haineux de Marine Le Pen.

Démondialiser, ce n'est pas se retirer du monde, au contraire ; c'est vouloir l'habiter dans la solidarité et l'harmonie. La démondialisation est un projet de modération d'un système financier et économique mondial devenu extrémiste. La démondialisation, c'est la définanciarisation, la démarchandisation et la réorganisation du monde. C'est le projet de construire, avec les pays du Sud et de l'Est, un nouveau système de Bretton-Woods. C'est le keynésianisme du XXIe siècle. Voilà pourquoi la démondialisation est un projet né au Sud et que le mot même a été forgé par le sociologue philippin Walden Bello.

C'est de France que sont nés et partis le tsunami financier et la vague de mondialisation libérale ; et c'est donc de France que le coup d'arrêt devra leur être donné. Pour la gauche, le temps de la confrontation avec la finance, frappée d'hubris, est venu. L'heure de rendre la République plus forte que l'économie a sonné. La démondialisation est une remise à l'endroit de la gauche, cul par-dessus tête depuis la victoire des idées libérales en 1983.

Face à la crise de la mondialisation, le socialisme redistributif, arc-bouté sur l'Etat-providence, est une impasse ; le socialisme de l'accompagnement, infirmier de l'économie libérale, est une imposture ; le socialisme de la transformation, celui qui veut changer les règles de la finance et de l'économie, est désormais un impératif.
"Tout au long des années 2000, les profits de l'économie réelle ont été confisqués par le système financier qui s'est mis à travailler pour son propre compte et celui de ses dirigeants, dans des conditions extravagantes(...) Il va falloir revenir à un concept de mondialisation plus sain et plus réfléchi. La mondialisation des transports, des communications, de l'information est légitime. Mais le risque financier doit rester contrôlé. Il faut en avoir conscience : si l'on ne fait rien, il y aura d'autres crises, sans doute plus graves (…) Le retour au protectionnisme, ce ne sera pas pour cette fois, mais lors de la prochaine crise. D'un seul coup, la logique de la mondialisation apparaîtra alors comme inadaptée. " De qui sont ces propos sans appel ? D'Emmanuel Todd ? D'Arnaud Montebourg ? Non, de Valéry Giscard d'Estaing.

La gauche a le choix : continuer à ânonner le même bréviaire libéral et libre-échangiste –la mondialisation - et alors l'histoire la balaiera ; comprendre ce qui s'est joué à partir de 1983 et faire face à la réalité du monde : elle serait alors fidèle à sa vocation historique et l'avenir pourrait lui sourire à nouveau.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/09/07/la-demondisalisation-inquiete-les-partisans-d-un-liberalisme-aux-abois_1568675_3232.html

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Jeu 1 Sep 2011 - 22:53 par Invité


Pas la moindre idée de la réalité de ces liens. Il faudrait connaître au moins les noms du staff de Avaaz. Ca donnerait peut-être des indications.

J'ai adhéré à Attac dès l'origine, avant la création de l'association nationale. En fait les comités locaux se sont constitués spontanément pour la plupart dans une grande ambiguïté. Mais au local comme au national, les syndicats érigés en membres fondateurs ont pris les choses en mains. Le plus souvent en s'opposant à la création d'associations locales affiliées au mouvement national. Il a fallu passer outre ce qui a créer un vide juridique puisque les comités locaux n'étaient pas prévus dans les statuts d'Attac.

La première année a été formidable compte tenu de la dynamique et de l'étendue du paysage politique que le mouvement réunissait. Syndicalistes, fonctionnaires, employés, professions libérales, chômeurs, cadres, le tout en allant de l'extrême gauche au centre droit. Au fur et à mesure que l'association s'est resserrée autour de la deuxième gauche, comme on dit, les adhérents ont lâché. Il y a quand même eu un fort renouvellement. De telle sorte que vers 2004, on été 45 000 environ. Mais en dix ans, plus de 120 000 personnes ont adhéré à un moment ou un autre.

Ce qui a signé la mort de l'association, c'est cette force, sa capacité à peser sur le "non" qui a fait craindre aux partis de gauche comme aux syndicats de perdre la main sur les mouvements sociaux et de voir émerger une nouvelle force politique renouvelant le paysage de gauche si ce n'est en sortant clairement du clivage droite gauche.

Quand Cassen a créé Attac, il redoutait le noyautage et l'entrisme des gauchistes. Pour cela il a institué un collège des fondateurs. Il y avait un certain nombre de journaux (poçlitis par exemple), quelques figures (Suzan George ou Lilian Forester) et des syndicats. Si les adhérents pouvaient voter pour quelques représentants, c'est le collège des membres fondateurs qui en désignait la majorité et le président était obligatoirement issu de ce collège. De telle sorte que, quand il a fallu désigner Nikonoff, il a été coopté en tant que membre fondateur. C'est donc le collège des fondateurs qui présentait et désignait le président. Bonjour la démocratie. Ce que n'a pas vu Cassen, c'est qu'au lieu d'empêcher l'entrisme, il a installé les prédateurs à l'intérieur du système. Et dès que notre homme a déplu, il a été viré comme un malpropre.

Et quand les comités ont tenté d'enlever ces prérogatives aux fondateurs en tentant de modifier les statuts, ils se sont heurtés à un mur. Au final, tout le monde est perdant puisque c'est une coquille vide; Mais les tenanciers n'en ont rien à foutre pourvu qu'ils aient une tribune réputée honorable.

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

Donald11

Message Jeu 1 Sep 2011 - 20:09 par Donald11

Salut Franz,
Attac est reste longtemps pour moi un modèle. Je recevais les newsletters que je lisais attentivement pour les idées qu'elles véhiculaient qui allait a contre-courant de la pensée libérale omniprésente. Puis Attac a cesse d'emettre. J'avais bien compris que ça ne se passait pas très bien au sommet. Depuis quelque temps, je reçois des mail de Avaaz. Sais-tu quel lien uni Attac et Avaaz ?
Pour le reste, je ne vais pas être très original en plagiant Mister alias Poussinet. Je ne suis pas suffisamment au courant pour pouvoir apporter de l'info sur les aventures d'Attac et consorts. C'est la raison pour laquelle je n'interviens pas dans ce débat. Je me contente de lire avec intérêt.
Amicalement.

Revenir en haut Aller en bas

Mister Cyril

Message Jeu 1 Sep 2011 - 18:14 par Mister Cyril

Comme les débats philosophiques entre Bru et Country, je ne participe pas, faute de billes à vous donner, mais je lis cette rubrique avec intérêt (sujet, ancien militant d'ATTAC....)...
Salutations!

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Jeu 1 Sep 2011 - 16:53 par Invité

Bien content que tu sois réceptive à sa manière de voir. Ne pas perdre de vue que les signataires du texte de Mediapart (Geneviève Azam, Jacques Cossart, Thomas Coutrot, Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Pierre Khalfa, Dominique Plihon, Catherine Samary et Aurélie Trouvé,) sont précisément ceux qui ont flingué Cassen.

On voit ici que ce qui les sépare n'est pas seulement une petite magouille électorale. Ce sont deux visions profondément opposées. Pour résumer l'affaire, les premiers ont accusé Nikonoff et Cassen d'avoir échangé durant une nuit un paquet de bulletins de vote contre un autre paquet trafiqué. Ce qu'ils ont démontré par un calcul statistique hyper sophistiqué. Science dans laquelle sont experts Coutrot, Harribey et Husson.

Mais une analyse fine a montré que la manipulation a justement été de d'introduire un biais statistique douteux. En modifant les règles de dépouillement sans en tenir compte dans le calcul ensuite. Ainsi, il était prévu un certain classement des bulletins afin de pouvoir mener une vérification statistique. Le problème est que Khalfa à favorisé un étonnant désordre (en mélangeant un certain nombre de paquets), qui n'a pas été pris en compte dans les vérifications. Il est facile ensuite, si on ne tient pas compte de ce désordre, de démontrer qu'il y a une anomalie.

Là où Casesn n'a pas pu s'en sortir c'est qu'il a effectivement tenu réunion dans les bureaux la nuit durant la période de dépouillement. Dans l'ambiance délétère qui régnait entre les deux clans, il a voulu vérifier.... s'il n'y avait pas de triche et a donc touché aux liasses de bulletins. Lui, a laissé des traces. Pas les autres.

A noter que Cassen a été un temps conseiller de Chevènnement.

Bises
Franz

Dernière édition par Franz le Jeu 1 Sep 2011 - 19:19, édité 1 fois

Revenir en haut Aller en bas

brusyl

Message Mer 31 Aoû 2011 - 1:08 par brusyl

Bonsoir François, contente de te relire ici !

Merci de ce voile que tu lèves un peu sur Cassen... Lorsque je t'ai envoyé l'article, j'avais fait quelques recherches sur le personnage et j'ai en effet lu qu'il était désigné comme responsable des magouilles de vote lors du renouvellement du CA d'Attac en 2006 (sur un différend au sujet de la représentation des membres fondateurs par rapport aux membres individuels, si j'ai bien compris). Tu lui laisses le bénéfice du doute (il fut manipulé plus qu'acteur dis-tu) et je te tire mon chapeau pour cela car cela prouve une énorme distanciation de ta part à l'égard d'événements dans lesquels tu fus très impliqué et la terrible désillusion que cela a du provoquer.

N'empêche que j'ai trouvé cet article très intelligent...
Intelligent car il part du réel, du concret, des faits : il n'oppose rien, il met en relation, Intelligent car il offre une prospective, un terrain de combat (le passage où il démontre comment les instances libérales internationales évitent tout dialogue avec le niveau national ou régional pour éviter tout rapport de force égalitaire fut une révélation pour moi), intelligent car il fait du territoire national mais aussi européen non le synonyme d'un repli conservateur et nostalgique sur un passé à jamais révolu mais la base de la reconquête des droits des faibles sur les forts. Intelligent enfin car il montre comment agir ici et maintenant contre la mondialisation capitaliste au lieu d'attendre l'hypothétique réveil des peuples à l'échelon européen ou mondial, ce (la même réaction qui a fait dire à Lordon en réponse à Attali que c'était la meilleure façon de renvoyer toute possibilité de réaction aux calendes grecques)

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Mar 30 Aoû 2011 - 12:34 par Invité

Bonjour Sylvie

Merci de m'avoir transmis ce texte (que je remet à la suite) qui relance le débat que nous avions eu. Je me permet également de mettre ma réponse sur le forum.

Cassen est un personnage assez imbuvable. Hautain, ne recherchant aucune empathie, enfermé dans une posture intellectuelle et son statut d'universitaire qui le rendent difficile d'approche. Mais c'est un esprit rigoureux et qui pense souvent juste. A Attac, on s'est largement foutu sur la gueule au sujet des méthodes utilisées pour faire fonctionner cette association. Il y a un océan entre ce qu'il disait de la démocratie et sa mise en oeuvre. Mais ce qu'il dit et pense a l'intérêt d'être souvent lumineux. En cela il fut un excellent président de l'association en concernant la ligne de pensée et le choix de ses objectifs. La fameuse affaire de l'élection a casés l'association. Je n'ai jamais pu savoir, malgré la proximité avec certains acteurs (et notamment ceux qui ont participé au dépouillement des votes), s'il était responsable de cette tricherie. Après avoir longuement enquêté et examiné tous les échanges (je te fais grâce d'un long rapport que j'ai pondu et qui a pesé dans le débat), je pense qu'il a agi avec suffisamment de légèreté pour ne plus pouvoir se défendre. Il a été piégé par plus experts que lui en ce domaine et n'a jamais pu s'en sortir.

En effet, l'angle pris par Cassen est très intéressant. Car, en refusant d'opposer Altermondialisme et démondialisation il met en évidence l'intérêt mais aussi les limites du premier terme. Qui consiste à mettre en oeuvre des luttes pour défendre des droits réputés universels. Ce faisant, malgré l'intérêt si ce n'est la nécessité d'une telle démarche est mis en évidence l'impossibilité intrinsèque de construire un quelconque projet politique.

En revanche, la démondialisation, en se posant comme stratégie, implique la nécessité d'un projet politique. Et on comprend que le monde syndical, se prétendant propriétaire du mouvement social, s'oppose frontalement à toute proposition concrète. Pourquoi ? Parce que, comme le pompier vit du feu, le syndicalisme se nourrit de son opposition aux possédants. Idée difficile à admettre mais qui se vérifie quand on constate qu'il existe bien un partage des rôles entre les partis de gauche (dont on connaît le courage politique) et les syndicats.

Autre mise en évidence lumineuse : la réappropriation des choix économiques par les citoyens implique qu'il existe un espace concret d'intervention afin qu'ils y soient correctement représentés. Un fonctionnement démocratique acceptable à court ou moyen terme qui rejette de facto dans l'utopie la gouvernance mondiale. Aussi nécessaire soit-elle.

Et là encore s'invite la notion de nation. D'espace national. De nationalisme. Trois termes que je sépare car ils permettent de se débarrasser du fardeau extrémiste de droite. On va y revenir. Au passage, Cassen relie tout cela au "non" de 2005 qui fut l'expression éclatante du peuple souverain face à sa dépossession du pouvoir. On sait ce que Sarko en a fait.

Quand on veut sortir des beaux discours vient le moment de définir l'espace d'intervention. Je ne sais si l'image de guerre de tranchée et de guerre de mouvement est la bonne. Mais il est clair que c'est bien dans la proximité que la population pourra se réapproprier l'économie qui la concerne en premier lieu. Plus l'organisation est vaste, sa prise de décision lointaine, ses rouages difficiles à identifier et à contrôler et plus elle échappe au contrôle des citoyens et au pouvoir des peuples.

J'adhère encore plus à la notion de contagion. Elle s'illustre avec éclat dans le printemps Arabe. Ce qui se passe dans un pays est loin e l'isoler. Et les conquêtes servent d'exemple aux autres. C'est bien pour cela que l'on perd son temps à exiger un préalable pour pouvoir agir. Il faut le faire partout où c'est possible. Mais en même temps, on voit bien que, située dans un espace trop restreint, une action peut être étouffée faute de relais dans l'information. Là encore, on constate que l'échelon national est celui qui a le plus d'impact. Le "non" Français avait déclenché une panique épouvantable dans les instances Européenne qui, un moment, se sont avouée vaincues. Sur ce coup, Sarko leur a sauvé la mise. Et notre gauche lui a servi de paillasson en ne s'opposant pas au vote de Versailles. Elle n'a pas fini de le payer.

Il reste que la démarche de Cassen trouve ses limites dans les échelons inférieurs à la nation. Il n'a jamais compris qu'une nation est la réunion de sous ensembles qui sont nécessaires à son bon fonctionnements. Sous ensembles qui permettent une meilleure réactivité, une plus grande capacité d'initiative et que sont directement accessibles aux citoyens. Certes, il faut travailler à construire les échelons supérieurs (Européen notamment) mais à condition de ne pas sacrifier les échelons inférieurs. Le national se situe à l'articulation de tout ces échelons. En aucun cas, il ne doit les éliminer. Cassen parle d'évidence pour la place du national. L'évidence locale ne lui est toujours pas apparue. Ce n'est pas un procès d'intention. C'est pour avoir négligé cette composante locale, pour avoir tenté de l'étouffer en la tenant à courte bride qu'Attac en est mort.

Amicalement
Franz

L’heure de la démondialisation est venue
Auteur : Bernard Cassen - Source : Mémoire des luttes
Mémoire des luttes est l’un des partenaires de la rencontre « Remue-méninges à gauche » [http://www.remue-meninges-a-gauche.fr/index.html" name="nh1">1] qui a lieu à Grenoble les 26, 27 et 28 août. L’association y organise un débat sur la démondialisation auquel ce texte se veut une contribution.

Face à un phénomène nouveau, les mots se bousculent pour le désigner jusqu’à ce que l’un d’entre eux finisse par s’imposer. C’est ce qui est arrivé, en français, avec le terme « altermondialisme ». Il est entré dans le champ politique en 2001-2002. Il désigne la nébuleuse mondiale d’organisations et de réseaux qui se sont reconnus peu ou prou dans le slogan des Forums sociaux mondiaux, « Un autre monde est possible », repris de l’association Attac (créée en juin 1998) qui l’avait elle-même emprunté au titre d’un article d’Ignacio Ramonet dans Le Monde diplomatique de mai 1998. Il est intimement lié aux moments de haute visibilité médiatique qu’ont été les Forums, depuis celui de Porto Alegre de 2001, et les grandes manifestations contre l’OMC, le FMI, la Banque mondiale, etc., depuis Seattle en décembre 1999.

« Altermondialisme » a succédé à « anti-mondialisme », concrétisant le passage d’une posture de simple refus de la mondialisation libérale à la mise en avant de politiques alternatives. Une façon de démentir le fameux TINA ( There is no alternative) de Margaret Thatcher.

En janvier 2008, la revue Utopie critique et Mémoire des luttes ont proposé le concept de « post-altermondialisme » [http://www.medelu.org/spip.php ?article7" name="nh2">2] pour désigner les articulations possibles entre mouvements sociaux, partis et gouvernements progressistes sur des objectifs précis, comme la lutte contre le changement climatique. Le Sommet de Cochabamba, convoqué par le président bolivien Evo Morales en 2010, en a constitué un bon exemple. Le post-altermondialisme ne s’oppose pas à l’altermondialisme : il en est seulement un des prolongements possibles.

Un concept nouveau, et qui dérange

Et voilà qu’un nouveau concept de la même lignée vient de faire irruption dans le lexique politique français : celui de « démondialisation ». Il est développé dans au moins trois livres récents : celui de Georges Corm, Le Nouveau Gouvernement du monde (La Découverte, 2010) ; celui de Jacques Sapir, La Démondialisation (Seuil, 2011) ; et celui d’Arnaud Montebourg, Votez pour la démondialisation, préfacé par Emmanuel Todd (Flammarion, 2011). Ces deux derniers auteurs font remonter le concept au Philippin Walden Bello, figure de proue des Forums sociaux mondiaux, dans son livre publié en 2002 Deglobalization : Ideas for a New World Economy.

En fait, il avait déjà été proposé par l’auteur de ces lignes dans un article publié en novembre 1996 « Et maintenant… démondialiser pour internationaliser », publié dans le n° 32 (novembre 1996) de Manière de voir, publication bimestrielle du Monde diplomatique. A l’époque, il n’avait pas pris pied dans le débat public [http://www.medelu.org/spip.php ?article688&var_recherche=démondialisatio" name="nh3">3]. Les mots aussi doivent attendre leur heure… Et celle de la démondialisation semble venue…

Si l’on en doutait, il suffit de voir la virulence des réactions que ce concept a suscitées dans des secteurs que l’on attendait (les libéraux de toute obédience), mais aussi dans d’autres que l’on n’attendait pas (certains altermondialistes d’Attac). La raison est la même dans les deux cas : dans la mesure où Arnaud Montebourg en a fait l’un des mots d’ordre de sa campagne des « primaires » du Parti socialiste en vue de la désignation de son candidat à l’Elysée, le thème de la démondialisation cesse d’être confiné aux débats au sein de la gauche critique pour s’installer dans le panorama électoral national et acquérir ainsi une légitimité et une « respectabilité » politiques dépassant le cercle des convaincus.

On peut se demander si ce n’est pas la raison pour laquelle, dans une tribune publiée le 6 juin 2011 sur le site Médiapart et intitulée « Démondialisation et altermondialisme sont deux projets antagoniques », neuf membres du Conseil scientifique d’Attac - en fait les principales figures de la direction de l’association -, ont cru pouvoir affirmer, sur un ton polémique et sentencieux, que la démondialisation était « un concept superficiel et simpliste ». En n’hésitant pas, au passage, à mettre en scène la grosse – et scandaleuse - ficelle d’une prétendue convergence avec les thèses du Front national.

Sans jamais les nommer ou les citer, ils s’en prenaient, en les travestissant, aux thèses de Jacques Sapir, Arnaud Montebourg et Emmanuel Todd. Ce qui leur a valu deux répliques d’un nouvel intervenant dans le débat, Frédéric Lordon : l’une dans son blog du Monde diplomatique, « Qui a peur de la démondialisation » [http://blog.mondediplo.net/2011-06-13-Qui-a-peur-de-la-demondialisation" name="nh4">4] ; l’autre dans le numéro d’août 2011 du mensuel : « La démondialisation et ses ennemis ».

Derrière un mot, une orientation stratégique

Contrairement à ce qu’affirment les dirigeants d’Attac, altermondialisme et démondialisation ne sont pas des concepts antagoniques, mais appartiennent à la même famille. Dans le premier cas, il s’agit d’un faisceau de revendications et de propositions très diverses (en raison même de l’hétérogénéité des protagonistes) et dont le principal dénominateur commun, tel qu’on peut le reconstituer de l’extérieur, est l’impératif de l’accès universel aux droits [5].

La démondialisation, elle, est une orientation stratégique visant, par l’action aussi bien politique (élections, institutions et gouvernements) que citoyenne (luttes des mouvements sociaux notamment), à reprendre concrètement à la sphère économique et financière les énormes pouvoirs que l’instance politique lui a délibérément abandonnés, et qui sont à la source de la crise systémique actuelle du capitalisme. Sans cette orientation, pratiquement aucune des propositions altermondialistes n’a la moindre chance d’aboutir.

L’objectif de la démondialisation est simple à formuler, mais autrement difficile à atteindre : tendre à ce que le périmètre de la prise de décision démocratique coïncide le plus possible avec celui de la capacité de régulation des flux économiques et financiers. Ce qui pose la question du statut de l’espace national.

Le national : un levier et pas un « repli »

Même s’il faut s’efforcer de se donner des objectifs convergents pour des mobilisations sociales à l’échelle régionale (européenne pour nous) et mondiale, ce périmètre est seulement national pour l’instant. Il faut en exploiter toutes les potentialités en utilisant les failles ou les faiblesses de l’adversaire. Et cela sans se laisser impressionner par la dénonciation de l’ « unilatéralisme », poncif d’une partie de l’extrême-gauche et du mouvement altermondialiste, et qui revient à reporter tout changement de cap en France aux calendes européennes ou mondiales, c’est-à-dire à un futur dont on sait qu’il n’adviendra pas. Après tout, le 29 mai 2005, les citoyens français n’ont pas attendu que les autres le fassent pour voter « non ».

Toutes les expériences de rupture concrètes de ces dernières années ont montré que ce n’est pas aux niveaux mondial ou régional, mais bien au niveau national, qu’il a été possible de faire bouger les lignes et même de remporter des victoires. Cela, soit par les actions de gouvernements soutenus par les mouvements sociaux (comme en Amérique latine), soit par la pression sur des Etats de mouvements populaires capables de mobiliser les populations (comme dans le monde arabe).

Les trois moteurs de la mondialisation libérale – également promus par les traités européens au statut de « libertés fondamentales » - sont la liberté de circulation des capitaux, la liberté des investissements et la le libre-échange des biens et des marchandises. Et cela non seulement au sein de l’UE, mais aussi entre l’UE et le reste du monde. Ce sont donc ces trois moteurs qu’il faut brider et soumettre au contrôle démocratique.

Le néolibéralisme a défini son terrain d’intervention : c’est la planète tout entière, sans frontières d’aucune sorte. La question est de savoir si, pour le combattre, il convient de se placer sur ce même terrain ou s’il faut en choisir d’autres et, au lieu d’une guerre de tranchées au niveau mondial, mener une guerre de mouvement, voire une guérilla aux échelons inférieurs. Tout dépend du rapport de forces.

C’est précisément pour le verrouiller à leur avantage que les organisations multilatérales comme la Banque mondiale, le FMI, l’OMC, l’OCDE, ainsi que les institutions européennes, sans oublier les G7, 8 ou 20, ont été créés. Elles savent n’avoir strictement rien à craindre d’une confrontation avec leurs adversaires à ce niveau. Elles peuvent même se payer le luxe de « dialoguer » publiquement avec eux, comme certains de leurs membres l’on fait lors de la téléconférence-débat « Porto Alegre contre Davos » organisée lors du premier Forum social mondial en 2001, et à laquelle participa notamment le méga-spéculateur George Soros en personne.

En revanche, les habitués de Davos ne prendront jamais ce risque au niveau « régional », par exemple européen – imagine-t-on un dialogue télévisé entre Carlos Ghosn et le comité d’entreprise européen de Renault ?- et encore moins au niveau national, c’est-à-dire là où des capacités militantes peuvent être réellement mises en mouvement [6]. Les forces du capital ont parfaitement compris qu’une contestation sociale dans un Forum mondial perdait rapidement de sa puissance au fur et à mesure qu’elle d’éloignait de son « épicentre », jusqu’à n’avoir pratiquement plus d’existence lorsqu’elle arrivait au niveau national.

A l’inverse, l’expérience nous enseigne que des luttes sociales et politiques dans un pays donné peuvent avoir un effet de « contagion » dans d’autres, et ainsi se régionaliser et s’internationaliser. C’est ce que montrent les soulèvements arabes partis de la situation en Tunisie, et les manifestations de masse contre les inégalités en Israël qui s’inspirent directement de l’expérience des Indignés de la Puerta del Sol, eux-mêmes – et la boucle est bouclée – réplique des occupations de places publiques à Tunis et au Caire…

Le « national » n’est donc en aucune manière un substitut de l’ « international » ou de l’ « européen ». Loin de constituer un « repli », il en est au contraire la condition préalable dans une stratégie du faible au fort. On ne comprend pas que de telles évidences, par ailleurs validées par les faits, échappent à l’entendement des « anti-démondialisation » se réclamant de la gauche critique, en particulier au sein d’une partie de l’altermondialisme.

La démondialisation n’est nullement un concept figé, mais dynamique, pouvant se traduire par une série de mesures politiques pratiques, telles, entre autres, celles proposées par les auteurs cités plus haut [7], et qui ne se réduisent pas à la nécessité d’un protectionnisme européen. Son « carburant » est l’exigence démocratique visant à récupérer la souveraineté populaire dans le périmètre où elle peut s’exercer réellement pour réguler les flux économiques et financiers.

En théorie, deux solutions extrêmes sont possibles : ou bien « renationaliser » ces flux, afin qu’ils répondent à une volonté politique nationale exprimée par le suffrage universel - lorsqu’il existe -, ou bien élargir à la totalité de la planète l’espace public démocratique, afin d’exercer un contrôle effectif sur ce qui est déjà mondialisé. On voit bien qu’aucune de ces positions n’est tenable dans son intégralité. D’un côté, en effet, il existe nombre de domaines - ne serait-ce que celui de la lutte contre le changement climatique - qui échappent par nature au bornage des frontières, et, de l’autre, un gouvernement mondial doté de toutes les compétences d’un actuel exécutif national n’est pas envisageable à terme historique prévisible. C’est donc sur l’ensemble des solutions, extrêmes et intermédiaires, qu’il convient, au cas par cas, de jouer.

Ces solutions intermédiaires peuvent prendre deux formes. On peut, à partir des Etats constitués, construire de l’international, c’est-à-dire mettre en commun, graduellement, des fragments de souverainetés nationales sur des questions faisant l’objet d’une délégation librement décidée, limitée, contrôlée - et révocable dans des conditions fixées à l’avance.

L’autre terme de l’alternative consiste à faire évoluer les cadres étatiques vers des ensembles de souveraineté populaire plus vastes. Il ne faut cependant pas confondre cette idée avec celle de regroupements régionaux fondés sur le libre-échange et la « concurrence libre et non faussée ». Ce qui fait la différence, c’est l’existence ou non de mécanismes de régulation politique à fondements démocratiques, susceptibles de faire contrepoids au marché.

L’Union européenne (UE), qui aurait théoriquement pu entrer dans cette catégorie, est au contraire un agent actif de la mondialisation libérale, une véritable machine à libéraliser. Donc un terrain majeur pour une contre-offensive démondialisatrice.

Un « Grenelle » de l’UE pour faire sauter le verrou européen
Dans la mesure où les décisions européennes surplombent et encadrent toutes les autres, et que 75 % des textes qui nous régissent ne sont que des transpositions d’actes législatifs décidés par les instances de l’Union, la question européenne se situe en première ligne de toute démarche de démondialisation.

Dans la perspective des élections présidentielle et législatives, le citoyen doit savoir quelles marges d’action tel parti ou tel candidat voudront bien se donner pour mettre en œuvre un véritable programme de transformation sociale, donc incompatible avec le traité de Lisbonne.

En cas de verrouillage par les institutions européennes, sont-ils oui ou non disposés à prendre des décisions unilatérales de rupture [8] ou au moins, afin d’imposer une négociation, à menacer de les prendre à une date proche et annoncée à l’avance ? Le tollé à attendre de la Commission, de la Cour de justice et de la plupart des dirigeants de l’UE pourrait être rapidement compensé, et au-delà, par le ralliement de nombreux mouvements sociaux d’autres pays, qui feraient à leur tour pression sur leurs gouvernements.

Tout ce qui fait de l’UE un agent actif de la mondialisation libérale devrait être mis sur la table : liberté de circulation des capitaux ; libre-échange ; appartenance à la zone euro, plans de « sauvetage » ; pouvoirs de la Commission et de la Cour de justice de Luxembourg ; statut de la Banque centrale européenne ; dumping social, fiscal et écologique ; primauté de la concurrence, etc. Pour aller, vers une sorte de « Grenelle » (version 1968) au niveau européen.

On objectera, non sans raison, que cela ferait entrer l’UE dans une zone de turbulences sans précédent, et dont les débouchés ne sont pas garantis à l’avance. Ce qui, en revanche, est garanti à l’avance en l’absence de correction de trajectoire à 180 degrés de la construction européenne, c’est l’austérité à perpétuité, l’explosion des inégalités et de la précarité, la dislocation accélérée du tissu social, la poussée de l’extrême-droite et de la xénophobie.

Les libéraux n’ont aucun état d’âme à ce sujet et ils ont déjà fait leur choix, avec comme seul garde-fou la crainte de troubles sociaux majeurs. Par pusillanimité, par confusion mentale entre nation et nationalisme et par européisme béat, la majorité de la gauche social-démocrate et une partie de la gauche critique semblent bien parties pour faire le même, mais par défaut. Elles libèrent ainsi un vaste espace pour les forces qui refusent de se laisser enfermer dans le piège d’une alternance factice.


Revenir en haut Aller en bas

brusyl

Message Mer 22 Juin 2011 - 21:08 par brusyl

De : Jean-Marie Harribey

Le débat sur la démondialisation couvait depuis quelque temps. La marche, peut-être inexorable, vers une crise sans précédent en Europe, notamment à cause des défauts probables des dettes publiques, soulève des interrogations sur les parades à apporter pour éviter que le chaos s’ajoute au chaos. Ainsi, beaucoup de questions concernant la démondialisation rejoignent-elles celles soulevées à propos d’une éventuelle sortie de l’euro. Ce blog et plusieurs autres lieux s’en étaient fait l’écho.

Au mois de mai 2011, deux journalistes de Médiapart avaient publié des articles de presse présentant les principaux thèmes abordés par les partisans de la démondialisation et la récupération dont ils sont l’objet par le Front national.[1] Suite à ces publications, quelques membres du Conseil scientifique d’Attac – dont je faisais partie – proposaient un article bref, pour rester dans le format des tribunes de presse, à Médiapart. Simultanément, je publiais en mon nom seul un article sur ce blog. La discussion était lancée. Aussitôt, Jacques Sapir[2] d’un côté et Frédéric Lordon[3] de l’autre répondaient longuement, leurs écrits étant très vite répercutés par leurs admirateurs. Avant d’aborder la discussion de fond, je souhaite faire quelques remarques préliminaires.



Remarques préliminaires

- Sur la forme de la discussion : je préfère de loin le persiflage élégant d’un Lordon aux insultes grossières d’un Sapir et je ne mets pas les deux formes sur le même plan. Cependant, ou bien notre article collectif ne vaut rien et alors l’énergie qu’ils ont déployée est inutilement gaspillée, ou bien il mérite discussion et alors il faut que nos contradicteurs et ceux qui les approuvent débarrassent leurs commentaires, quand c’est le cas, des propos indignes quand ils visent non les idées mais les personnes. Ils y gagneront en courtoisie, en concision et peut-être en pertinence. Et, s’il faut faire amende honorable sur quelque point, je dirais, en ce qui me concerne, que le titre imposé par Médiapart, reprenant une phrase du texte qui n’aurait pas dû figurer, ne peut constituer une problématique. C’est la raison pour laquelle j’en ai proposé une autre sur mon blog.

- Sur le rapport entre le texte que j’ai signé seul sur ce blog et celui, collectif, publié dans Médiapart : le lecteur reconnaîtra facilement une proximité entre les deux textes. J’avais écrit la première version du texte collectif, mais, pour des raisons d’élaboration collective, il a vu son ton, sa forme et la structure de son argumentation être profondément modifiés. Je ne renie pas ma signature, mais je vais discuter ici sur la base de ma propre argumentation.

- Sur la construction progressive d’une position politique : pour tous ceux qui s’intéressent à ces questions politico-socio-économiques complexes, il est évident que l’adoption d’une position ne peut être que progressive, tâtonnante, parfois avec des avancées, parfois avec des reculs, souvent avec des infléchissements. Ainsi, ma propre position est toujours en construction. Sans remonter trop loin, j’ai participé à l’élaboration collective des livres d’Attac L’Europe à quitte ou double et Le piège de la dette publique,[4] et j’ai proposé en mon nom propre quelques éléments au cours des mois précédents en essayant de les rendre cohérents. Le lecteur intéressé en trouvera facilement la trace[5] pour que je ne sois pas tenu de les répéter intégralement dans ce texte, et je le prie de me pardonner de m’en tenir aux points les plus saillants du débat actuel. Je me limiterai à en aborder ici trois : le problème politique sous-jacent au débat, les définitions des mondialisation/démondialisation, la stratégie de sortie de crise. Comme le texte de Frédéric Lordon est rédigé dans des termes qui ne sortent pas du cadre de la courtoisie la plus élémentaire, j’examinerai en priorité ses arguments, ayant déjà répondu à ceux de Jacques Sapir sur le fond.



Un problème avant tout politique

En fait, je pense que le problème politique est double, mais ses deux aspects ont quelque chose à voir l’un avec l’autre. Le premier aspect est le plus immédiat : c’est celui posé par la récupération par le Front national de thèmes qui sont totalement étrangers à son idéologie mais qui lui permettent de la déguiser en profitant de la désespérance sociale engendrée par la crise et par les recettes néolibérales pour faire payer celle-ci aux peuples. Frédéric Lordon propose « un préalable de bonne méthode, décider d’ignorer les gesticulations récupératrices du FN, de cesser d’en faire l’arbitre intempestif et pollueur de nos débats, et de continuer de discuter des sujets qui nous intéressent. » Je dis à Frédéric Lordon, au nom de l’estime et de l’amitié dont il nous honore et que je lui rends, mon désaccord total. Parce que la violence de la crise crée une situation dans laquelle le pire peut survenir sur le plan politique. Ce n’est pas anecdotique de constater que, partout en Europe, la poussée des mouvements d’extrême droite constitue un danger face auquel on ne peut rester de marbre et se contenter de se retrouver entre soi pour parler de ce qui « nous intéresse ». Éviter le pire est ainsi du plus haut intérêt. Sauf à penser que, retiré dans sa tour d’ivoire, l’intellectuel de gauche critique est exempté de la nécessité de participer à la bataille sociale et politique et aux mouvements sociaux qui la rythment. Le renoncement à la bataille politique contre les idées d’extrême droite nous préparerait à quelque « Munich » du XXIe siècle, les temps de crise majeure en créent malheureusement souvent les conditions.

Le second aspect politique ne se situe pas dans la même temporalité, mais il en est d’autant plus important. C’est la question, dite par Frédéric Lordon à juste titre « décisive de la souveraineté ». Je dis d’emblée que je suis d’accord avec la formulation suivante qu’il propose : « le problème « souveraineté-peuple » […] pose alors la question des facteurs historiques qui peuvent déterminer une telle déclaration de souveraineté collective et sa circonscription originale. La réponse est : des choses en commun. Plus exactement des manières communes. Manières politiques bien sûr, de penser et de juger, d’envisager la vie matérielle collective notamment. Ce sont des manières communes qui rendent possible la déclaration d’un commun politique – d’une souveraineté. » Mais, une fois cette déclaration de principe prononcée, ce qui n’est pas le plus difficile on en conviendra, reste le hic : la définition du « périmètre » – pour reprendre le mot de Frédéric Lordon – de mise en action du principe. Et c’est là que les difficultés commencent. Que dit Frédéric Lordon ? « Quoi qu’on en pense, la solution de la reconstitution nationale de souveraineté impose son évidence parce qu’elle a sur toutes les autres l’immense mérite pratique d’être là, immédiatement disponible – moyennant évidemment les transformations structurelles qui la rendent économiquement viable : protectionnisme sélectif, contrôle des capitaux, arraisonnement politique des banques, autant de choses parfaitement réalisables pourvu qu’on le veuille. » Qu’est ce qui est critiquable dans cette citation ? Pas le moins du monde les trois niveaux de transformations structurelles proposées. Ce qui fait problème, c’est « l’évidence », l’« immédiatement disponible », le « déjà là », c’est-à-dire supposer le problème résolu puisque l’auteur a affirmé auparavant que la mondialisation avait construit un « univers libre de toute force politique souveraine » dans lequel régnait le « surtout pas d’État ». Le « moyennant évidemment » les transformations structurelles apparaît au mieux comme une litote.

Et il y aurait quelque inconséquence à se « désintéresser » de cette question d’ordre politique tout en affirmant avec raison que le processus de mondialisation a eu pour conséquence majeure d’enlever aux citoyens toute capacité de peser sur les décisions d’organisation de la société, en un mot de vider la démocratie de sa substance, pour confier les clés de la maison commune aux marchés financiers.

Aussi, l’extrême difficulté que les peuples ont à surmonter aujourd’hui est précisément de reconstruire totalement leur souveraineté et non pas simplement de raviver une souveraineté mise en sommeil. En effet, tout ou presque est par terre, en termes de souveraineté démocratique. Et nous en savons quelque chose en France, où une victoire référendaire sans conteste en 2005 fut confisquée quelques mois plus tard sans coup férir. La reconstruction-construction de la souveraineté est à accomplir tant au niveau national que, pour ce qui concerne les Européens, au niveau régional, car l’affrontement avec les forces du capital ne se joue plus uniquement au niveau national, ni même peut-être essentiellement. Et ce n’est pas haïr la nation que d’avoir une approche du « peuple » non essentialiste mais comme le fruit d’une construction sociale historique (ce en quoi il me semble que Frédéric Lordon sera d’accord). Ce n’est pas non plus nier la nation que de mettre en doute l’identité plusieurs fois répétée par Frédéric Lordon entre nation et peuple puisqu’il existe des nations formées de plusieurs peuples.[6]

Je ne soupçonne pas une seconde Frédéric Lordon de refuser l’idée du possible élargissement de l’espace de construction du « commun », il affirme d’ailleurs à plusieurs reprises cette hypothèse. Seulement, il ne lui voit aucun avenir proche. Si ce pessimisme a quelque fondement, alors cela signifie qu’il faut regarder de plus près dans quel état le capitalisme nous laisse le monde « mondialisé » et la stratégie pour en sortir.



Qu’est-ce que la mondialisation ?


L’un des premiers reproches que nous adresse Frédéric Lordon est de ne pas avoir pris la peine, dit-il, de définir rigoureusement la mondialisation. Là, Frédéric Lordon a sans doute été emporté par son élan, car il n’ignore pas que, dans le passé, nous avons écrit et proposé un certain nombre de choses sur les transformations du capitalisme que celui-ci a connues depuis quarante ans.[7] Donc, qu’il nous pardonne de ne pas tout redire à chaque fois, et surtout dans une petite tribune de presse. Néanmoins, il pourra vérifier, dans l’article « Démondialisation ou altermondialisme ? », que j’ai écrit, lapidairement j’en conviens, mais nettement : « La mondialisation fut celle du capital et il est à craindre que la démondialisation ne profiterait pas au travail. »[8] Je disais ainsi de manière ramassée ma vision de la nature de la mondialisation.



Deux définitions de la mondialisation méthodologiquement erronées

Mais, dans le reproche de Frédéric Lordon, le plus important à discuter est ici : il pense qu’il y a « deux définitions possibles de la mondialisation ». La première est « par les externalités », c’est-à-dire « la mondialisation désigne un état du monde où les externalités ont atteint de telles portées et de telles intensités qu’elles rendent nécessaires des formes de gestion supranationales ». Et il donne deux exemples, le dérèglement climatique et le nucléaire. Mais Frédéric Lordon commet à mon sens une erreur méthodologique : il définit la mondialisation par ses conséquences. Cette définition de la mondialisation n’en est donc pas une, et elle n’est pas de nature à rendre compte du phénomène dans son origine, sa logique, sa dynamique et les rapports sociaux qui la sous-tendent.

La seconde définition de la mondialisation proposée par Frédéric Lordon est « par la libéralisation des marchés », c’est-à-dire « la mondialisation est à entendre comme le processus de déréglementation du plus grand nombre de marchés possibles sur la base internationale de plus grande extension possible ». Cette définition est aussi fragile méthodologiquement que la précédente. Non pas qu’il n’y ait pas eu de libéralisation des marchés, évidemment, mais parce que les causes en sont oubliées : pourquoi les marchés ont-ils été libéralisés ? pourquoi la libre circulation des capitaux a-t-elle été instaurée au tournant des années 1970-1980 ? La définition de Frédéric Lordon ne le laisse pas voir ni soupçonner.

Puisque nous sommes attendus au coin du bois de la théorie, et que certains vont jusqu’à nous (m’) accuser d’amateurisme ou d’imposture en ce domaine[9], allons-y. Est-on fondé à considérer le réchauffement climatique, l’épuisement et la dégradation de la planète, en bref la dimension écologique de la crise mondiale, comme relevant de la problématique des externalités des marchés, ces derniers fussent-ils libéralisés à outrance ? Ma réponse est non, car la cause profonde de la crise écologique n’est pas l’absence de prix de marché pour l’environnement, comme le stipule la vision orthodoxe libérale. Elle réside dans la dynamique intrinsèque de l’accumulation dont l’extension à une échelle toujours plus grande se heurte aux limites de la planète.



La mondialisation du capital

Je reviens donc sur la formule lapidaire que j’ai rappelée ci-dessus : la définition « rigoureuse » qu’appelle de ses vœux Frédéric Lordon doit relier la mondialisation à la dynamique de l’accumulation du capital indissociable de la violence de classe de ceux qui possèdent ce capital. Cette dynamique a connu depuis le début du capitalisme plusieurs phases, notamment une première vague de mondialisation à la fin du XIXe siècle, une autre, que nous connaissons, à la fin du XXe. Celle-ci est le résultat des grandes manœuvres de la bourgeoisie financière et de ses bras armés politiques pour restaurer une rentabilité du capital en chute libre à la fin des années 1960-début des années 1970 dans les pays capitalistes développés. Cette restauration de la rentabilité prit les voies de la circulation sans entraves des capitaux, de la rupture de l’évolution parallèle de la productivité et des salaires et de la marchandisation accélérée de pans entiers des sociétés. Autrement dit, ce qui a été caractérisé depuis quarante ans bientôt d’un euphémisme cache-sexe « mondialisation » est un processus d’intégration des systèmes productifs et d’échange du monde entier sous l’égide des grands groupes financiers. Ladite mondialisation n’est donc pas seulement l’abaissement des barrières douanières et la libéralisation des marchés, comme le laissent entendre nombre de commentateurs. Jacques Sapir débute son dernier livre La démondialisation en disant que « la mondialisation que nous avons connue depuis près de quarante ans a résulté de la combinaison de la globalisation financière, qui s’est mise en place avec le détricotage du système hérité des accords de Bretton Woods en 1973, et de la globalisation marchande, qui s’est incarnée dans le libre-échange »[10]. Il ajoute : « La mondialisation a commencé par la globalisation marchande. C’est bien l’ouverture importante du commerce international depuis les années 1970 et 1980 qui a marqué les esprits. […] Mais ce large développement du commerce international, qu’il soit réel ou supposé, s’est aussi accompagné de l’accélération brutale de la transformation de l’ensemble de notre cadre de vie en marchandise. Telle est la logique immanente du système capitaliste. Elle fut décrite par Karl Marx et Friedrich Engels dans leur Manifeste du parti communiste dès 1848. Cette double transformation, à la fois quantitative et qualitative de la circulation des marchandises, est bien la première chose qui frappe l’imagination. »[11] Je serais prêt à accepter cette définition si, immédiatement après avoir relié la mondialisation au processus de marchandisation de la vie, Jacques Sapir ne la réduisait à la circulation des marchandises, alors qu’il s’agit indissociablement du processus de production et de réalisation de la valeur.[12]

Evidemment, tout cela est archi-connu de Frédéric Lordon, et le fait qu’il propose deux définitions de la mondialisation qui n’en rendent aucun compte doit être mis en rapport avec la stratégie de sortie de crise qu’il suggère.

Mais, avant d’aborder ce point, notons une petite curiosité qui n’a l’air de rien. Il évoque une idée à laquelle j’ai toujours souscrit : il n’y a aucune différence entre les termes de mondialisation et de globalisation, ni entre mondialisation (sous-entendu, pour moi, la contemporaine) et mondialisation néolibérale, l’apparent pléonasme dénoncé par Frédéric Lordon ayant à mes yeux pour but de la distinguer des précédentes phases de mondialisation du capital. Mais voici la curiosité : Frédéric Lordon se demande si, dans le texte de Médiapart, nous n’accepterions pas la « mondialisation-externalités » et refuserions seulement la « mondialisation-libéralisation ». Or, cette alternative est fausse et je ne connais personne parmi nous ayant choisi l’un ou l’autre de ses termes, puisque la plupart des externalités pointées par Frédéric Lordon ont été aggravées par la libéralisation. De plus, à supposer que nous aurions opté pour le premier terme, Frédéric Lordon aurait dû écrire que nous souhaitions la « mondialisation-anti-externalités » et non pas la « mondialisation-externalités » qui frise le lapsus n’ayant aucun sens mis sous notre plume.



La stratégie de sortie de crise

Pourquoi est-il crucial d’analyser le processus de mondialisation dans toute sa complexité et de ne pas le réduire au libre-échange des marchandises et à la globalisation financière, bien que ces deux éléments en soient bien sûr parties prenantes ? Parce que les divergences sur la nature du phénomène ont des conséquences sur les stratégies à y opposer.

Quand nous disons et quand je dis que l’ennemi n’est pas la Chine ou le travailleur chinois, il ne s’agit pas de laisser entendre que les partisans de la démondialisation dont on discute ici les thèses auraient versé dans la xénophobie. Il s’agit de savoir si la dynamique de désagrégation des tissus sociaux trouve sa cause profonde dans l’ouverture des marchés de marchandises rendue possible par la quasi-disparition des barrières douanières (thèse de Frédéric Lordon et de Jacques Sapir) ou bien dans le processus global (et là, pour le coup, l’adjectif est justifié) d’intégration des systèmes productifs et d’échange défini plus haut. Dans un cas, la responsabilité de cette désagrégation est peu ou prou mise sur le dos de l’apparition sur la scène mondiale des pays dits émergents dont il faudrait se protéger ; dans l’autre, cette responsabilité incombe aux classes sociales dominantes qui ont mené la fameuse mondialisation. Encore une fois, je ne doute pas que, en tant qu’intellectuels avertis, les partisans de la première thèse aient bien en tête que la mondialisation est le fait de la bourgeoisie financière, mais ce qui est en cause, c’est la démarche qu’ils proposent pour desserrer la tenaille dans laquelle cette classe tient les populations et, en particulier, les travailleurs mis en concurrence les uns contre les autres, dès lors qu’après avoir détruit les procédures institutionnelles permettant aux salariés d’arracher l’équivalent en pourcentage de leurs gains de productivité, l’ouverture des frontières a renforcé la pression qui s’exerce sur eux.

Pour que les choses soient claires, la critique de la proposition de démondialisation ne vise pas à nier la nécessité de réduire fortement, sinon de supprimer, le dumping social et fiscal facilité par les dérégulations menées notamment dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Union européenne. La divergence stratégique essentielle porte sur la manière d’ouvrir une brèche dans la muraille néolibérale. Pour lever toute ambiguïté, je rappelle ce que j’ai écrit au cours des derniers mois :

- La question de la survie de l’euro est posée. Si la crise s’approfondit, et elle ne peut que le faire si les structures de la finance ne sont pas réorganisées fondamentalement, l’éclatement de la zone euro est hautement probable. […] Faut-il transformer la monnaie unique en monnaie commune cohabitant avec des monnaies nationales restaurées ? Ce serait une position de repli in extremis en cas d’échec des stratégies de coopération renforcée. Il y aurait un avantage immédiat, celui de faire retrouver à chaque pays des marges de manœuvre par le biais du taux de change. Mais la manœuvre comporterait deux risques élevés. Le premier est de remplacer la « concurrence libre et non faussée », façon Commission européenne, par une concurrence obligée et faussée par les écarts de productivité. Le second risque est de déclencher une spéculation encore plus forte contre les pays les plus fragiles, à l’image des ravages provoqués par les spéculations de 1992 et 1993, dans le cadre du système monétaire européen au sein duquel l’écu fonctionnait pour les marchés financiers comme une sorte de monnaie commune.[13]

- La sortie de l’euro, vue comme un préalable, risque donc de transformer un problème de classes en un problème de pays : dès lors, on aura une concurrence accrue entre pays, via les dévaluations compétitives en chaîne des monnaies sorties de la zone euro, en substitution au rapport de forces entre classes sociales. Les sorties individuelles successives de la zone risquent donc de déboucher sur un engrenage dont l’issue ne peut pas être une meilleure coopération mais au contraire la guerre économique et la guerre monétaire. Pire, il faut craindre qu’un gouvernement qui déciderait de sortir de l’euro tout en gardant une orientation néolibérale ne pourrait qu’approfondir la politique de rigueur anti-salariale et de remise en cause des droits sociaux, dans la mesure où il est vraisemblable que les taux d’intérêt exigés de cet État monteraient encore, et, dans un cercle vicieux infernal, le conduiraient à imposer une baisse supplémentaire des salaires qui aggraverait la récession, les déficits publics, la dette aggravée par la dévaluation puisqu’elle est libellée en euros, le service de la dette, etc. […] Retrouver des marges de manœuvre par des options compétitives ou coopératives, telle est l’alternative.[14]

- S’il y a une perte de compétitivité-prix des entreprises françaises, comment expliquer qu’une dévaluation de 25 % associée à des droits de douane de « 15 % à 30 % sur les produits chinois et asiatiques » suffirait à rendre compétitifs les produits français par rapport aux chinois si les écarts de coûts de production sont bien plus importants ?[15] C’est pourtant ce que continue à croire Jacques Sapir qui écrit : « Ces taxes, en faisant monter le coût des importations, rétabliraient la compétitivité des producteurs internes. »[16]

En définitive, toutes les questions que nous avions posées restent sans réponse et Frédéric Lordon, malgré la longueur de son texte, reste muet sur elles :

- Comment des droits de douanes et des dévaluations peuvent-ils suffire pour réindustrialiser un pays alors que des pans entiers de l’industrie ont totalement disparu depuis des décennies ?

- Comment penser une réindustrialisation sans reconsidérer le mode de développement dans un sens non productiviste ?

- Comment imaginer que, suite à une décision d’un pays de dévaluer sa monnaie nationale retrouvée, les autres pays resteraient sans réaction ?

- Comment faire en sorte qu’un problème avant tout de classes ne soit pas détourné vers un problème de concurrence entre pays ?

- Comment concilier une véritable régulation indispensable des problèmes mondiaux comme le climat ou l’épuisement des ressources (problèmes reconnus comme tels par nos contradicteurs) et puis une stratégie résolument nationale ?

- Le bilatéralisme ne comporte-t-il pas autant de dangers qu’un certain multilatéralisme ?

Autant de questions sans réponse, peut-être parce que justement il ne peut en être apporté. Et, ensuite, autant de propositions ignorées :

- Ouvrir la brèche par l’annulation, au moins partielle, des dettes publiques les plus menaçantes pour les populations, de façon à ponctionner immédiatement les rentiers.

- Accompagner la décision précédente de la mise à bas radicale des structures de la finance (indépendance de la banque centrale, marchés de produits dérivés, séparation des banques de dépôts et d’affaires, taxation des transactions…), le tout dans un cadre bancaire et financier socialisé, et cela en parfait accord avec ce que prône depuis longtemps Frédéric Lordon par ailleurs.

Où est alors la différence de stratégie ? De mon point de vue, la sortie de l’euro, la dévaluation, l’érection de barrières douanières, ne peuvent être considérées comme des options envisagées comme des préalables et surtout des préalables décidés unilatéralement.

Aussi, Frédéric Lordon enfonce-t-il une porte ouverte quand il déclare, sans doute croyant trouver là un point de désaccord avec nous, que « la régionalisation peut donc désigner un tiers terme possible pour sortir de l’indigente antinomie du mondial et du national. Mais pas sur n’importe quelle base, et notamment pas celle de l’Europe actuelle des 27 ». L’alternative qu’il dresse, « soit le retour à la nation, soit la fracture de l’euro (et en tout cas la sortie de cette Europe) » mérite attention. Mais les deux termes de cette alternative ne sont pas la seule manière d’envisager les choses. D’abord, on ne voit pas en quoi, logiquement, le « retour à la nation » empêcherait la fracture éventuelle de l’euro. L’éclatement de la zone euro, voire la remise en cause de l’euro lui-même, sont possibles, peut-être même probables, vu la gravité de la crise, indépendamment d’un retour à la nation. Ensuite, une autre alternative peut être dessinée : soit la fracture de l’euro par repli individuel, soit la sortie de cet euro-là par concertation dans un cercle de pays plus restreint qu’à 27. Je redis qu’il ne faudrait pas reculer pour mettre à exécution la menace de faire voler en éclats cet euro-là ainsi que la politique monétaire néolibérale qui l’accompagne, de manière concertée avec d’autres.[17]

Allons encore plus loin, même si cela doit surprendre nos contradicteurs qui auraient lu trop vite. Je me suis prononcé clairement en faveur de protections sélectives à la suite de discussions-concertations-négocations avec les partenaires commerciaux. Rien ne peut être exclu comme résultat de coopérations pour parvenir à des échanges plus équitables. Mais mon point de vue est que cela ne peut être considéré comme un préalable unilatéral. Et là réside l’une des causes principales de ma dispute avec certains économistes. Jacques Sapir ne peut pas, sans affaiblir la cohérence de son argumentation, dire que la sortie de l’euro et la dévaluation sont des conditions nécessaires à mettre en œuvre au début du processus de rupture avec l’Europe libérale, puis que ces décisions n’interviendraient qu’en dernier recours après échec des discussions. Et le « protectionnisme altruiste » derrière lequel il se range[18] ressemblerait, dans une perspective de décision unilatérale, à un oxymore.

Après avoir bien lu dans l’article de Médiapart que nous proposions de « réduire les flux de marchandises et de capitaux, et relocaliser les systèmes productifs (…), stopper la concurrence entre travailleurs et paysans du monde, valoriser la diversité des savoirs et des pratiques sociales, nourrir les populations et assurer la souveraineté alimentaire », Frédéric Lordon s’étonne que nous n’osions pas « dire le mot » démondialisation, puisque, à ses yeux « c’est cela même la démondialisation – économique ! » Je réponds à son interpellation : au-delà de la querelle des mots, s’il s’agit d’exprimer qu’il faut une démondialisation sélective, dans la mesure où nous faisons le choix de contribuer à l’émergence de droits universellement partagés, nous pouvons poursuivre la discussion, même si nous préférons le vocable qui s’est imposé dans les forums sociaux et ailleurs – et donc sans que cela soit de notre fait –, celui d’altermondialisme. Ce qui, jusqu’ici, nous a séparés des partisans du protectionnisme et de la démondialisation, c’est que ces deux concepts sont, jusqu’à preuve du contraire, pensés par eux en tant que systèmes. La sélectivité des protections décidées en concertation est à mon sens la seule manière de sortir tous gagnants du dilemme qu’avait si bien repéré Marx il y a plus d’un siècle et demi : « Le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur »[19].

Toutes proportions gardées, c’est la même idée de sélectivité qui me fait refuser la terminologie employée par les partisans de la décroissance, alors que le monde de demain aura besoin de faire décroître certaines activités et d’en faire croître d’autres.

La démondialisation ne serait pas plus heureuse que ne le fut la mondialisation

Lorsqu’il s’est agi de monter en première ligne pour dénoncer la construction néolibérale de l’Union européenne, les traités et les directives bafouant la démocratie, l’indépendance de la Banque centrale européenne, les plans d’austérité, etc., nous étions, nos contradicteurs et nous, côte à côte. Aujourd’hui, nous divergeons sur la conduite à tenir pour passer de l’étape de la critique radicale à l’étape des propositions. Ce n’est pas dramatique si nous arrivons à expliciter les projets politiques qui sous-tendent nos argumentations techniques. Car il est bien certain que là est le nœud de l’affaire. Le propos de Bill Clinton rapporté par Frédéric Lordon (« it’s the economy, stupid ! » – « C’est l’économie qui compte, imbécile ! ») n’a de sens que si « ce qui compte » se situe au niveau du moyen, car la finalité est politique. Aussi, s’il fallait entendre la démondialisation comme système, le risque serait de voir le mythe d’une démondialisation heureuse succéder à celui de la mondialisation heureuse, et donc rester à l’état de mythe.

http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2011/06/16/la-demondialisation-heureuse-elements-de-debat-et-de-reponse-a-frederic-lordon-et-a-quelques-autres-collegues/

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Mer 22 Juin 2011 - 12:23 par Invité

Pardonne-moi le saucissonnage (Ardéchois) mais cela ne concerne que le texte des patrons.

"...qui ont la responsabilité de 1 500 milliards d'euros de chiffre d'affaires et de cinq millions de salariés dans le monde entier,"

Oui. Enfin, les milliards d'abord, les salariés ensuite. D'autant que l'on nous sert un chiffre global qui ressemble, pour le coup, à un pâté d'alouette. Un salarié Européen pour dix salariés ailleurs. A noter également, que ce sont les patrons qui ont gagné ces 1500 milliards. Pas les salarié dont ils prétendent être responsables.

"Avec l'euro, un marché commun doté d'une monnaie unique et sans fluctuation de cours de change a vu le jour, créant ainsi prospérité et richesse pour nous tous."

C'est vrai. A condition de considérer le "nous tous", comme étant circonscrit aux seuls patrons. En laissant de côté l'accroissement des travailleurs pauvres et du chômage.

"Depuis son introduction, près de 9 millions de nouveaux emplois ont été créés dans la zone euro."

Quelle signification peut avoir ce chiffre si on ne prend pas en compte le solde entre créations et destructions ? Juste de la com politique, donc.

"Le ralentissement de l'économie mondiale a conduit certains pays de l'union monétaire à s'endetter encore davantage.
En contrepartie, des mesures efficaces doivent être mises en oeuvre. Le retour à une situation financière stable coûtera de nombreux milliards d'euros, mais l'Union européenne et notre monnaie commune en valent la peine. Nous devons convaincre nos concitoyens de cela."

Surtout si ce sont ces con-citoyens qui doivent régler la facture. En ce qui concerne les solutions, nous prenons note qu'il n'est pas question d'exclure un pays membre. Mais qu'en revanche il leur est fortement conseillé d'abandonner leur souverainté budgétaire (d'où l'euphémisme "coordination").

"En tant qu'industriels allemands et français, nous voulons souligner les immenses avantages que l'espace monétaire commun a apportés."

En particulier aux industriels allemands.

"Il n'y a pas d'alternative sérieuse à l'euro commun. L'euro symbolise l'Europe d'aujourd'hui."

Pas d'alternative à la vision du patronat. Puisque l'Euro symbolise ses meilleurs profits.

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Mar 21 Juin 2011 - 21:56 par Invité

Foulques Deletang a écrit:En effet Mélodie, ... Au niveau du MEDEF européen de Mr Seillière (Ernest-Antoine pour les intimes), je ne connais pas leur position mais elle sera déterminante: veulent-ils profiter des opportunités à l'international ou protéger leur marché captif? Tel pourrait-être l'enjeu économique qui nous sera proposé en 2012, notre réponse ne sera pas prise en compte mais l'ombre terrifiante de l'hydre ça fait tjs qq voix de plus pour l'UMP.
foulque

La réaction des patrons allemands et français n'a pas tardé puisqu'elle était dans "le Moinde" d'aujourd'hui!
La voici: sauvons les patrons, j'ai squeezé la liste de l'amicale des patrons.

Foulques

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
L'union monétaire s'enlise dans la crise, l'euro reste soumis au feu des critiques. C'est le bilan des nombreux débats qui ont eu lieu ces derniers mois.

En tant qu'industriels allemands et français, qui ont la responsabilité de 1 500 milliards d'euros de chiffre d'affaires et de cinq millions de salariés dans le monde entier, nous nous soucions de l'avenir de l'euro et de l'union économique et monétaire européenne. L'histoire de l'euro est une véritable réussite. Qui aurait pensé, lorsque l'euro a été introduit il y a douze ans, qu'il aurait aujourd'hui gagné en valeur par rapport au dollar et de nombreuses autres monnaies ?

L'euro s'est imposé comme seconde monnaie de référence à côté du dollar et a renforcé le rôle de l'Europe en tant que puissance économique. Avec l'euro, un marché commun doté d'une monnaie unique et sans fluctuation de cours de change a vu le jour, créant ainsi prospérité et richesse pour nous tous. Depuis son introduction, près de 9 millions de nouveaux emplois ont été créés dans la zone euro. Les entreprises européennes profitent de ce développement. Elles ont élargi leurs capacités de financement et augmenté leur compétitivité à l'international.

Le ralentissement de l'économie mondiale a conduit certains pays de l'union monétaire à s'endetter encore davantage. A court terme, ces pays doivent être aidés pour regagner leur indépendance financière et recréer les conditions d'un avenir meilleur pour leur population.

En contrepartie, des mesures efficaces doivent être mises en oeuvre. Le retour à une situation financière stable coûtera de nombreux milliards d'euros, mais l'Union européenne et notre monnaie commune en valent la peine. Nous devons convaincre nos concitoyens de cela.

RÈGLES PLUS STRICTES

Nous avons besoin d'une politique économique européenne et de règles de stabilité plus strictes. Pour éviter, à l'avenir, une crise telle que celle que nous traversons actuellement, nous devons renforcer les règles de stabilité existantes et assurer leur respect. Les solutions envisagées, comme, par exemple, l'exclusion de pays membres de la zone euro ou la scission entre une Union des pays du Nord et du Sud, ne sont pas bonnes. Cela aurait des conséquences qui sont difficilement prévisibles aujourd'hui. De telles propositions démagogiques ne sont pas adaptées à la gravité de la situation.

Cependant, des mesures doivent être prises à temps et être aussi efficaces que possible. De plus, les Etats membres doivent coordonner, plus étroitement qu'auparavant, leur politique économique intérieure et parler d'une seule voix vis-à-vis de l'extérieur.

En tant qu'industriels allemands et français, nous voulons souligner les immenses avantages que l'espace monétaire commun a apportés. Nous envoyons un message de soutien aux responsables politiques, afin qu'ils mettent en place des conditions nécessaires à un euro durablement stable et compétitif. C'est la base de la future prospérité en Europe. L'union monétaire a durablement besoin de finances publiques solides, de règles de responsabilité claires, de structures transparentes et de conditions de concurrence équitables.

Ce n'est qu'à ces conditions que l'euro sortira renforcé de la crise de la dette. Il n'y a pas d'alternative sérieuse à l'euro commun. L'euro symbolise l'Europe d'aujourd'hui. Un échec de l'euro serait un revers fatal pour l'Europe.

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Mar 21 Juin 2011 - 18:49 par Invité


Foulques, l'échelon Européen ne doit pas être abandonné sous prétexte que les dirigeants actuels en ont fait une affaire privée. Je vais prendre une image du bâtiment. Quand tu veux monter la façade d'un immeuble, tu n'utilises pas depuis le sol des outils avec des rallonges. Cela n'a aucune efficacité. Tu installes un échafaudage pour pouvoir travailler à ta main. Les Etats sont les échafaudages qui permettront de construire l'Europe.

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Mar 21 Juin 2011 - 18:44 par Invité


Merci Melody pour la référence à ce texte. Où l'on constate que Harribey est passé maître dans l'art des discussion byzantines.

Eh non bien sûr. Ce n'est pas "l'apparition sur la scène mondiale des pays émergents dont il faudrait se protéger". Mais de l'instrumentation de ces pays par les grands groupes industriels afin de peser sur l'emploi dans les pays développés. C'est très différent. Et là, il existe bien une stratégie globale à combattre. La sanction des barrières douanières, qui doit être utilisée avec parcimonie et dans une stratégie bien précise, n'a pas pour objet de rejeter ce qui vient de ces pays mais de peser sur la tactique des multinationales. Ce dont il convient parfaitement :" Je me suis prononcé clairement en faveur de protections sélectives à la suite de discussions-concertations-négocations avec les partenaires commerciaux. Rien ne peut être exclu comme résultat de coopérations pour parvenir à des échanges plus équitables"

Ne pas perdre de vue, comme le montre Salviano, que 60% des importations Chinoises passent par Naples en transitant sans aucun contrôle à travers les réseaux mafieux. On est loin du droit des travailleurs qui fabriquent ces produits. On se situe dans une guerre sans merci face à laquelle il faut bien se donner quelques moyens.

Il ne s'agit pas plus de poser la sortie de l'Euro comme un préalable mais comme un tabou que l'on ne s'interdit pas de franchir. C'est un peu différent. On est toujours confronté à cet interdit récurrent (vous ne pensez quand même pas…) qui permet de faire avaler n'importe quelle couleuvre. S'il n'était pas possible de faire autrement, alors il vaudrait mieux affronter cette perspective plutôt que de subir l'innommable. Cette détermination modifiant radicalement le rapport de force et obligeant les partenaires à se déterminer différemment. L'Euro ne pouvant pas constituer un carcan indépassable si celui-ci doit nous couler. Ne pas perdre de vue qu'un grande partie des pays Européens, et pas les moindres sont en dehors de l'Euro.

D'ailleurs, une fois encore, Harribey dit exactement la même chose quand il affirme : "Je redis qu’il ne faudrait pas reculer pour mettre à exécution la menace de faire voler en éclats cet euro-là ainsi que la politique monétaire néolibérale qui l’accompagne, de manière concertée avec d’autres".

Au final, l'inquiétude des "économistes" d'Attac concerne exclusivement le fait qu'il ne doit pas y avoir de préalable et que la démondialisation doit être sélective. Histoire de préserver la mondialisation des luttes sociales. Nous voilà bien avancés. Et ce serait pour la même argutie sémantique que ces gardiens des droits universels sont opposés au concept de décroissance. Alors que là encore, personne ne souhaite faire baisser l'activité humaine.

Restent les question posées et auxquelles les tenants de la démondialisation sont accusés de ne pas répondre. Elles sont très intéressante. Mais, pour avoir bossé dans quelques commissions prétendant les traiter, je n'ai pas vu plus de réponses du côté d'Attac.

Et si on se les posait ?

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Lun 20 Juin 2011 - 18:23 par Invité

En effet Mélodie, cet article est paru il y a qq jours, il s'intitule "la démondialisation heureuse" et j'avais pensé te l'adresser après tes affirmations sur F.Lordon. Cette fois, tout est dit! Reste en suspens, la question de l'efficacité de la souveraineté au niveau national que propose Sapir et des partis MRC, FN; Lordon et ATTAC n'y croient pas mais ATTAC attaché à son internationale sociale veut croire à l'échelon européen tout comme le PS et l'UMP. Au niveau du MEDEF européen de Mr Seillière (Ernest-Antoine pour les intimes), je ne connais pas leur position mais elle sera déterminante: veulent-ils profiter des opportunités à l'international ou protéger leur marché captif? Tel pourrait-être l'enjeu économique qui nous sera proposé en 2012, notre réponse ne sera pas prise en compte mais l'ombre terrifiante de l'hydre ça fait tjs qq voix de plus pour l'UMP.
foulque

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Lun 20 Juin 2011 - 18:21 par Invité

Il s'agit donc plus d'une querelle de mots que de concepts, car je n'ai lu nulle part chez Lordon (Sapir je ne sais pas) que la démondialisation et la décroissance doivent être uniformes, mais bien sélectives, en fonction de ce qui peut être rélocalisable. De plus Lordon s'intéresse surtout aux questions financières, pas aux échanges de marchandises.
D'autre part il est intéressant d'approfondir leurs points de vue, en écoutant ce débat (entre Lordon,Sapir,Nikonoff,Todd et Cassen) :
lien ici (cliquez sur table ronde "que faire de l'UE? " pour écouter le débat)

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Lun 20 Juin 2011 - 18:00 par Invité

Pour en revenir au débat (après ces qq digressions sur les pbs de com démondialisation ou alter- mondialisation ? 142325 )
Voici la réponse faite à Lordon et Sapir par Harribey d'attac (c'est un peu long, mais on y voit un peuplus clair) :
article complet sur : http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/
dernière partie :

La stratégie de sortie de crise

Pourquoi est-il crucial d’analyser le processus de mondialisation dans toute sa complexité et de ne pas le réduire au libre-échange des marchandises et à la globalisation financière, bien que ces deux éléments en soient bien sûr parties prenantes ? Parce que les divergences sur la nature du phénomène ont des conséquences sur les stratégies à y opposer.

Quand nous disons et quand je dis que l’ennemi n’est pas la Chine ou le travailleur chinois, il ne s’agit pas de laisser entendre que les partisans de la démondialisation dont on discute ici les thèses auraient versé dans la xénophobie. Il s’agit de savoir si la dynamique de désagrégation des tissus sociaux trouve sa cause profonde dans l’ouverture des marchés de marchandises rendue possible par la quasi-disparition des barrières douanières (thèse de Frédéric Lordon et de Jacques Sapir) ou bien dans le processus global (et là, pour le coup, l’adjectif est justifié) d’intégration des systèmes productifs et d’échange défini plus haut. Dans un cas, la responsabilité de cette désagrégation est peu ou prou mise sur le dos de l’apparition sur la scène mondiale des pays dits émergents dont il faudrait se protéger ; dans l’autre, cette responsabilité incombe aux classes sociales dominantes qui ont mené la fameuse mondialisation. Encore une fois, je ne doute pas que, en tant qu’intellectuels avertis, les partisans de la première thèse aient bien en tête que la mondialisation est le fait de la bourgeoisie financière, mais ce qui est en cause, c’est la démarche qu’ils proposent pour desserrer la tenaille dans laquelle cette classe tient les populations et, en particulier, les travailleurs mis en concurrence les uns contre les autres, dès lors qu’après avoir détruit les procédures institutionnelles permettant aux salariés d’arracher l’équivalent en pourcentage de leurs gains de productivité, l’ouverture des frontières a renforcé la pression qui s’exerce sur eux.

Pour que les choses soient claires, la critique de la proposition de démondialisation ne vise pas à nier la nécessité de réduire fortement, sinon de supprimer, le dumping social et fiscal facilité par les dérégulations menées notamment dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Union européenne. La divergence stratégique essentielle porte sur la manière d’ouvrir une brèche dans la muraille néolibérale. Pour lever toute ambiguïté, je rappelle ce que j’ai écrit au cours des derniers mois :

- La question de la survie de l’euro est posée. Si la crise s’approfondit, et elle ne peut que le faire si les structures de la finance ne sont pas réorganisées fondamentalement, l’éclatement de la zone euro est hautement probable. […] Faut-il transformer la monnaie unique en monnaie commune cohabitant avec des monnaies nationales restaurées ? Ce serait une position de repli in extremis en cas d’échec des stratégies de coopération renforcée. Il y aurait un avantage immédiat, celui de faire retrouver à chaque pays des marges de manœuvre par le biais du taux de change. Mais la manœuvre comporterait deux risques élevés. Le premier est de remplacer la « concurrence libre et non faussée », façon Commission européenne, par une concurrence obligée et faussée par les écarts de productivité. Le second risque est de déclencher une spéculation encore plus forte contre les pays les plus fragiles, à l’image des ravages provoqués par les spéculations de 1992 et 1993, dans le cadre du système monétaire européen au sein duquel l’écu fonctionnait pour les marchés financiers comme une sorte de monnaie commune.[13]

- La sortie de l’euro, vue comme un préalable, risque donc de transformer un problème de classes en un problème de pays : dès lors, on aura une concurrence accrue entre pays, via les dévaluations compétitives en chaîne des monnaies sorties de la zone euro, en substitution au rapport de forces entre classes sociales. Les sorties individuelles successives de la zone risquent donc de déboucher sur un engrenage dont l’issue ne peut pas être une meilleure coopération mais au contraire la guerre économique et la guerre monétaire. Pire, il faut craindre qu’un gouvernement qui déciderait de sortir de l’euro tout en gardant une orientation néolibérale ne pourrait qu’approfondir la politique de rigueur anti-salariale et de remise en cause des droits sociaux, dans la mesure où il est vraisemblable que les taux d’intérêt exigés de cet État monteraient encore, et, dans un cercle vicieux infernal, le conduiraient à imposer une baisse supplémentaire des salaires qui aggraverait la récession, les déficits publics, la dette aggravée par la dévaluation puisqu’elle est libellée en euros, le service de la dette, etc. […] Retrouver des marges de manœuvre par des options compétitives ou coopératives, telle est l’alternative.[14]

- S’il y a une perte de compétitivité-prix des entreprises françaises, comment expliquer qu’une dévaluation de 25 % associée à des droits de douane de « 15 % à 30 % sur les produits chinois et asiatiques » suffirait à rendre compétitifs les produits français par rapport aux chinois si les écarts de coûts de production sont bien plus importants ?[15] C’est pourtant ce que continue à croire Jacques Sapir qui écrit : « Ces taxes, en faisant monter le coût des importations, rétabliraient la compétitivité des producteurs internes. »[16]

En définitive, toutes les questions que nous avions posées restent sans réponse et Frédéric Lordon, malgré la longueur de son texte, reste muet sur elles :

- Comment des droits de douanes et des dévaluations peuvent-ils suffire pour réindustrialiser un pays alors que des pans entiers de l’industrie ont totalement disparu depuis des décennies ?

- Comment penser une réindustrialisation sans reconsidérer le mode de développement dans un sens non productiviste ?

- Comment imaginer que, suite à une décision d’un pays de dévaluer sa monnaie nationale retrouvée, les autres pays resteraient sans réaction ?

- Comment faire en sorte qu’un problème avant tout de classes ne soit pas détourné vers un problème de concurrence entre pays ?

- Comment concilier une véritable régulation indispensable des problèmes mondiaux comme le climat ou l’épuisement des ressources (problèmes reconnus comme tels par nos contradicteurs) et puis une stratégie résolument nationale ?

- Le bilatéralisme ne comporte-t-il pas autant de dangers qu’un certain multilatéralisme ?

Autant de questions sans réponse, peut-être parce que justement il ne peut en être apporté. Et, ensuite, autant de propositions ignorées :

- Ouvrir la brèche par l’annulation, au moins partielle, des dettes publiques les plus menaçantes pour les populations, de façon à ponctionner immédiatement les rentiers.

- Accompagner la décision précédente de la mise à bas radicale des structures de la finance (indépendance de la banque centrale, marchés de produits dérivés, séparation des banques de dépôts et d’affaires, taxation des transactions…), le tout dans un cadre bancaire et financier socialisé, et cela en parfait accord avec ce que prône depuis longtemps Frédéric Lordon par ailleurs.

Où est alors la différence de stratégie ? De mon point de vue, la sortie de l’euro, la dévaluation, l’érection de barrières douanières, ne peuvent être considérées comme des options envisagées comme des préalables et surtout des préalables décidés unilatéralement.

Aussi, Frédéric Lordon enfonce-t-il une porte ouverte quand il déclare, sans doute croyant trouver là un point de désaccord avec nous, que « la régionalisation peut donc désigner un tiers terme possible pour sortir de l’indigente antinomie du mondial et du national. Mais pas sur n’importe quelle base, et notamment pas celle de l’Europe actuelle des 27 ». L’alternative qu’il dresse, « soit le retour à la nation, soit la fracture de l’euro (et en tout cas la sortie de cette Europe) » mérite attention. Mais les deux termes de cette alternative ne sont pas la seule manière d’envisager les choses. D’abord, on ne voit pas en quoi, logiquement, le « retour à la nation » empêcherait la fracture éventuelle de l’euro. L’éclatement de la zone euro, voire la remise en cause de l’euro lui-même, sont possibles, peut-être même probables, vu la gravité de la crise, indépendamment d’un retour à la nation. Ensuite, une autre alternative peut être dessinée : soit la fracture de l’euro par repli individuel, soit la sortie de cet euro-là par concertation dans un cercle de pays plus restreint qu’à 27. Je redis qu’il ne faudrait pas reculer pour mettre à exécution la menace de faire voler en éclats cet euro-là ainsi que la politique monétaire néolibérale qui l’accompagne, de manière concertée avec d’autres.[17]

Allons encore plus loin, même si cela doit surprendre nos contradicteurs qui auraient lu trop vite. Je me suis prononcé clairement en faveur de protections sélectives à la suite de discussions-concertations-négocations avec les partenaires commerciaux. Rien ne peut être exclu comme résultat de coopérations pour parvenir à des échanges plus équitables. Mais mon point de vue est que cela ne peut être considéré comme un préalable unilatéral. Et là réside l’une des causes principales de ma dispute avec certains économistes. Jacques Sapir ne peut pas, sans affaiblir la cohérence de son argumentation, dire que la sortie de l’euro et la dévaluation sont des conditions nécessaires à mettre en œuvre au début du processus de rupture avec l’Europe libérale, puis que ces décisions n’interviendraient qu’en dernier recours après échec des discussions. Et le « protectionnisme altruiste » derrière lequel il se range[18] ressemblerait, dans une perspective de décision unilatérale, à un oxymore.

Après avoir bien lu dans l’article de Médiapart que nous proposions de « réduire les flux de marchandises et de capitaux, et relocaliser les systèmes productifs (…), stopper la concurrence entre travailleurs et paysans du monde, valoriser la diversité des savoirs et des pratiques sociales, nourrir les populations et assurer la souveraineté alimentaire », Frédéric Lordon s’étonne que nous n’osions pas « dire le mot » démondialisation, puisque, à ses yeux « c’est cela même la démondialisation – économique ! » Je réponds à son interpellation : au-delà de la querelle des mots, s’il s’agit d’exprimer qu’il faut une démondialisation sélective, dans la mesure où nous faisons le choix de contribuer à l’émergence de droits universellement partagés, nous pouvons poursuivre la discussion, même si nous préférons le vocable qui s’est imposé dans les forums sociaux et ailleurs – et donc sans que cela soit de notre fait –, celui d’altermondialisme. Ce qui, jusqu’ici, nous a séparés des partisans du protectionnisme et de la démondialisation, c’est que ces deux concepts sont, jusqu’à preuve du contraire, pensés par eux en tant que systèmes. La sélectivité des protections décidées en concertation est à mon sens la seule manière de sortir tous gagnants du dilemme qu’avait si bien repéré Marx il y a plus d’un siècle et demi : « Le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur »[19].

Toutes proportions gardées, c’est la même idée de sélectivité qui me fait refuser la terminologie employée par les partisans de la décroissance, alors que le monde de demain aura besoin de faire décroître certaines activités et d’en faire croître d’autres.

La démondialisation ne serait pas plus heureuse que ne le fut la mondialisation

Lorsqu’il s’est agi de monter en première ligne pour dénoncer la construction néolibérale de l’Union européenne, les traités et les directives bafouant la démocratie, l’indépendance de la Banque centrale européenne, les plans d’austérité, etc., nous étions, nos contradicteurs et nous, côte à côte. Aujourd’hui, nous divergeons sur la conduite à tenir pour passer de l’étape de la critique radicale à l’étape des propositions. Ce n’est pas dramatique si nous arrivons à expliciter les projets politiques qui sous-tendent nos argumentations techniques. Car il est bien certain que là est le nœud de l’affaire. Le propos de Bill Clinton rapporté par Frédéric Lordon (« it’s the economy, stupid ! » – « C’est l’économie qui compte, imbécile ! ») n’a de sens que si « ce qui compte » se situe au niveau du moyen, car la finalité est politique. Aussi, s’il fallait entendre la démondialisation comme système, le risque serait de voir le mythe d’une démondialisation heureuse succéder à celui de la mondialisation heureuse, et donc rester à l’état de mythe.

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Sam 18 Juin 2011 - 14:06 par Invité

Oui. La contamination. Le processus du virus dans le fruit. Y a-t-il mieux ?

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Sam 18 Juin 2011 - 14:01 par Invité

Merci à tous les maquisards pour ce débat passionnant que je n'ai pas eu le temps de rejoindre plus tôt (eh oui l'oppression m'oblige à bosser ;-))
Ce que j'en retiens :
- la communication écrite s'avère fort difficile quand les débats deviennent passionnants et quand on s'approche des convictions profondes : même chez les maquisards on prend vite la mouche, c'est dommage car le partage de nos expériences et nos cheminements qui nous ont amené à avoir ces convictions ne peut être qu'enrichissant
- sur le débat démondialisation/altermondialisation, je constate que le conseil scientifique d'Attac se contente d'attaquer Sapir/Lordon/Montebourg et autres sans toutefois tracer de chemin clair pour sortir de la mondialisation néolibérale car c'est bien celle-ci qui est contestée. Alors dans le doute quant à leurs motivations profondes je rejoindrais l'analyse de Lordon, il faut bien commencer à un échelon inférieur en espérant la contagion plutôt que de se contenter d'invoquer une hypothétique gouvernance mondiale (les mots ont un sens : gouvernance mondiale n'est pas un gouvernement élu par les peuples mais bien une oligarchie qui s'arrogerait le droit de décider pour tous au nom des intérêts de quelques uns !).
a+ car là pas le temps de développer, bises

Revenir en haut Aller en bas

avatar

Message Ven 17 Juin 2011 - 16:37 par Invité

country skinner

De mon point de vue, ce qui permet au collectif de fonctionner, c'est son allégeance à un certain nombres de règles communes. Prends le code de la route. Chacun l'interprète à sa façon. Mais, pour l'essentiel, le gros des usagers de l'espace public s'y conforme. Ainsi, quand le feu passe au rouge, la majorité s'arrête. Il ne s'agit pas que chacun se prenne en charge en s'appropriant la gestion de la circulation. Pire, alors qu'il existe un réel plaisir de conduire, chacun y renonce pour permettre une circulation plus policée, plus régulée qui rende possible l'utilisation d'un espace par l'ensemble des citoyens.. Et même si les abus sont patents, nous déléguons aux flics le soin de faire respecter les règles, aussi absurdes qu'elles nous paraissent.

Tout cela pour dire que ce sont avant tout les règles que nous établissons et auxquelles nous acceptons de nous conformer qui permettent à la société de mieux fonctionner. Pour y parvenir, il faut un cadre législatif. Il ne fait pas de doute qu'il est sans cesse détournée par une petite maffia, celle que tu dénonces, pour ne servir que ses intérêts. Et que c'est ce cadre qui doit être entièrement repenser. C'est exactement ce que font les Islandais. Voir cet article (enfin !) sur Marianne2. http://www.marianne2.fr/La-revolution-islandaise-poursuit-sa-route_a207332.html

Ils ont mis en œuvre une constituante. Qui est un moment où les institutions, les représentations sont mis entre parenthèse. Raison pour laquelle, la classe politique a été exclue du processus. Mais ce n'est qu'une parenthèse. Exclue parce que l'on estime à juste raison qu'elle ne peut être juge et partie en définissant des règles à sa convenance.

Et concrètement, ça se passe comment ? Un panel de candidats a été élu par ceux qui voulaient voter. Car il faut bien commencer par quelque chose. C'est ce vote qui a donné la légitimité nécessaire aux nouveaux pères de la constitutions. En excluant l'ensemble des partis. Ce groupe de travail est chargé d'établir un texte qui s'élabore publiquement et peut être amendé et critiqué en continu. Tout cela va aboutir à une constitution qui sera proposée au vote des citoyens. Et là encore on n'a pas trouvé mieux que ce geste pour graver de manière irrévocable la décision collective.

Ce n'est qu'à partir de cette nouvelle constitution que pourra redémarrer la vie politique. Avec plus de participation, je n'en sais rien. Mais aussi avec l'inévitable délégation et l'incontournable représentation. Qui aura peut-être plus de comptes à rendre. Qui sera peut-être mieux contrôlée.

Amicalement
Franz

Revenir en haut Aller en bas

brusyl

Message Ven 17 Juin 2011 - 16:34 par brusyl

Je ne saisis pas le sens de ton renversement logique

Si, si, nous arrivons bien à la même conclusion: il n'y a aura pas d'indépendance entre pouvoir politique et économique tant que le peuple n'exercera pas réellement le pouvoir.
C'est ce que j'appelle démocratie. Toi aussi ?
Nous avons déjà largement discuté le sujet ensemble ce me semble...
Nous sommes d'accord pour dire que nous ne sommes pas en démocratie actuellement, nous sommes en désaccord (corrige moi si je me trompe) sur le support de celle-ci que je vois moi dans le cadre national et que tu vois toi dans le cadre de communautés auto-gérées.
Nous sommes en désaccord sur les modalités d'exercice de cette "vraie" démocratie : tu la veux directe et participative, je considère qu'une portion de représentatif n'est pas l'horreur, à condition d'encadrer strictement le mandat des élus, de les obliger à rendre compte et de donner au peuple un réel pouvoir de contrôle sur l'activité de ceux (tu m'as convertie au principe du mandat impératif)

What else ? Oh my gooood ! something woud have slipped my mind ? (hiiiii de la californie au sudiste !)

Dernière édition par brusyl le Ven 17 Juin 2011 - 16:51, édité 1 fois

Revenir en haut Aller en bas

Message  par Contenu sponsorisé

Revenir en haut Aller en bas

Page 1 sur 3 1, 2, 3  Suivant

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum