Chronique de la haine ordinaire ....
Page 1 sur 1
06022009
Chronique de la haine ordinaire ....
Un médecin complètement noir
Un simple commandant de police a-t-il le droit d'interrompre la réanimation d'un patient en arrêt cardiaque ? On aimerait une réponse claire !» Cette question insolite, c'est le chef de service de réanimation de l'hôpital de Château-Thierry qui la pose.
Le 28 janvier, un alcoolique chronique de 38 ans est conduit aux urgences par deux poulets. C'est un habitué. Le médecin, qui le connaît, l'examine, juge inutile son hospitalisation et le renvoie pour qu'il dessoûle en cellule de dégrisement. Trois heures plus tard, on le prie d'arriver dare-dare au commissariat. L'alcoolo est par terre : arrêt cardiaque. Il est aussitôt intubé, aspiré, ventilé. Mais au moment où l'urgentiste prend le défibrillateur, le commandant, patron des lieux, entre et lance à l'adresse du toubib : «T'es médecin, toi ?» Avant de lui ordonner : «Tu ne touches plus à ce malade !» L'urgentiste proteste : «Vous prenez une décision gravissime. Le coeur vient de repartir. Il est en détresse vitale.» Le gradé, très énervé, s'entête : «C'est toi qui l'as tué.»
Petite précision : si le médecin en question exerce depuis six ans en France, s'il est même praticien hospitalier, il s'appelle Mupapa et il est noir. C'est louche. Il est donc emmené au premier étage pour interrogatoire. On le somme de décliner son identité, sa nationalité, ses diplômes. Au bout d'une heure vingt de ce traitement, il est relâché grâce à l'arrivée du directeur de l'hôpital. Entre-temps, appelé par l'équipe du Smur, le chef du service des urgences, lui aussi très choqué, a pris le relais auprès du malade que le commandant de police avait mis entre les mains d'un généraliste du coin. Une semaine plus tard, le patient est toujours dans un état critique.
La préfecture comme l'Agence régionale d'hospitalisation, bien embêtées par le récit de cette bavure dans la presse locale et à la télé, ont demandé une enquête administrative. Au commissariat et à la direction de la sécurité publique, interrogés par «Le Canard», on fait le mort.
Ça vaut toujours mieux que de faire un mort.
B. R.
Tiré du Canard enchaîné du 4 février 2009
Un simple commandant de police a-t-il le droit d'interrompre la réanimation d'un patient en arrêt cardiaque ? On aimerait une réponse claire !» Cette question insolite, c'est le chef de service de réanimation de l'hôpital de Château-Thierry qui la pose.
Le 28 janvier, un alcoolique chronique de 38 ans est conduit aux urgences par deux poulets. C'est un habitué. Le médecin, qui le connaît, l'examine, juge inutile son hospitalisation et le renvoie pour qu'il dessoûle en cellule de dégrisement. Trois heures plus tard, on le prie d'arriver dare-dare au commissariat. L'alcoolo est par terre : arrêt cardiaque. Il est aussitôt intubé, aspiré, ventilé. Mais au moment où l'urgentiste prend le défibrillateur, le commandant, patron des lieux, entre et lance à l'adresse du toubib : «T'es médecin, toi ?» Avant de lui ordonner : «Tu ne touches plus à ce malade !» L'urgentiste proteste : «Vous prenez une décision gravissime. Le coeur vient de repartir. Il est en détresse vitale.» Le gradé, très énervé, s'entête : «C'est toi qui l'as tué.»
Petite précision : si le médecin en question exerce depuis six ans en France, s'il est même praticien hospitalier, il s'appelle Mupapa et il est noir. C'est louche. Il est donc emmené au premier étage pour interrogatoire. On le somme de décliner son identité, sa nationalité, ses diplômes. Au bout d'une heure vingt de ce traitement, il est relâché grâce à l'arrivée du directeur de l'hôpital. Entre-temps, appelé par l'équipe du Smur, le chef du service des urgences, lui aussi très choqué, a pris le relais auprès du malade que le commandant de police avait mis entre les mains d'un généraliste du coin. Une semaine plus tard, le patient est toujours dans un état critique.
La préfecture comme l'Agence régionale d'hospitalisation, bien embêtées par le récit de cette bavure dans la presse locale et à la télé, ont demandé une enquête administrative. Au commissariat et à la direction de la sécurité publique, interrogés par «Le Canard», on fait le mort.
Ça vaut toujours mieux que de faire un mort.
B. R.
Tiré du Canard enchaîné du 4 février 2009
Donald11- Admin
- Nombre de messages : 2693
Date d'inscription : 19/07/2008
Age : 72
Localisation : Sud ouest (magret et foie gras)
Sujets similaires
» [Chronique] La Princesse et le Président : pourquoi tant de haine ?, par François Raviez
» Le Web 2.0 est l'héritier de la contre-culture des années 60
» Le F haine, Marine et la tache brune ...
» Ce que Sarkozy propose, c'est la haine de l'autre"
» Marion Bergeron, «Cent quatre vingt trois jours dans la barbarie ordinaire»
» Le Web 2.0 est l'héritier de la contre-culture des années 60
» Le F haine, Marine et la tache brune ...
» Ce que Sarkozy propose, c'est la haine de l'autre"
» Marion Bergeron, «Cent quatre vingt trois jours dans la barbarie ordinaire»
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum