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Mieux que la propagande, le journalisme de fiction…

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16072009

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Mieux que la propagande, le journalisme de fiction… Empty Mieux que la propagande, le journalisme de fiction…




avez-vous vu cette émission ? .... j'avoue que le courage m'a manqué

sur le même sujet (décidément tout le monde est d'accord sur la servilité du docu !), voir aussi article de télérama :
http://television.telerama.fr/television/exclusif-un-commando-terroriste-attaque-l-elysee,45106.php


Mieux que la propagande, le journalisme de fiction…
Un cap vient d’être franchi en matière de servilité journalistique, ce soir, veille de la fête nationale censée rappeler aux citoyens la prise de la Bastille et les fondations de notre république. Un cap dans notre glissement progressif vers une forme de principat médiatique (orienté par les sondages et confirmé par les élections) dans lequel la voix du peuple ne vaut plus que son poids de papier lorsqu’elle tombe dans une urne. Point. Une impression de chute, encore… dans le ridicule et la pitrerie journalistique…

Pour certains, ce n’est peut-être qu’ un de ces reportages politique people dans le style propre de cette série A visage découvert , films vides et bien léchés qui rappellent la patine numérique de la photographie officielle de Nicolas Sarkozy en président , et c’est vrai, il y avait beaucoup de cette aura mordorée et de cette transparence irréelle qui caractèrisent les images des gens riches et heureux que nous servent les pages des magazines people de chez le médecin ou les séries californiennes haute définition. Après un numéro consacré à un Prodi à la retraite , (il est interviewé avant sa démission mais l’émission est diffusée en juillet 2008, six mois après sa démission) l’équipe de fins limiers français, Malard et Vaillot, nouveaux Bernstein et Woodward, a bien vanté le produit, (encore sur le marché, cette fois-ci) avec une musique conquérante, des regards admiratifs et des mouvements permanents de caméra qui enivrent le spectateur…

Mais la nouveauté dans ce biopic digne d’une Lady Di encore chaude, c’est que d’une part la “chose” (difficile de nommer cet objet visuel pour le moment) nous fait l’éloge d’un vivant en l’idéalisant comme s’il ne pouvait plus rougir de gêne (mais notre homme n’est pas du genre à se laisser envahir par une modestie inutile) et que d’autre part, des journalistes politiques (des vrais, avec oeil de lynx et voix grave) se sont prêtés pour l’occasion à un jeu de comédiens, aussi bien dans des séquences “documentaires” que dans l’interview, facéties clownesques dont on pouvait apprécier toute la subtilité lorsqu’il s’agissait de fournir des contre champs admiratifs aux propos de la Star. Ainsi, non contents de jouer les spectateurs fascinés errants sur les lieux mêmes où a vécu et triomphé la Star dont ils suivaient frénétiquement les pas (Grand Palais…) ils ont joué les partenaires éblouis par la lumière que diffusaient les propos de celui qu’ils avaient eu la chance d’approcher en vrai sur la moquette criarde de l’Elysée. Montrer Bernard Vaillot appuyer d’un hochement de tête admiratif semblant dire “mais c’est tellement vrai ce qu’il dit…” les propos de Sarkozy faisant l’éloge de la diversité au Liban, (la diversité c’est bien ! la démocratie c’est pas pour eux !) acquiescement montré en un contre champ inutile et maladroit qui n’avait pour rôle que d’amplifier les propos de la Star, c’était franchir un cap dans l’histoire du journalisme politique de ce pays. Des journalistes interrogent un président controversé comme s’il s’agissait d’une conscience universelle comme Mère Térésa, Ghandi ou Nelson Mandela, réalisant en cela le fantasme dudit président controversé. La prochaine fois, faites-moi en Grand esthète s’il vous plaît…

Nous connaissions les journalistes de cours qui oublient certains problèmes, posent des questions gentilles, ou font mine de poser des questions qui gênent sans jamais revenir sur les réponses qui font Pschitt… C’était la tradition française tant raillée par les anglo-saxons et que chaque 14 juillet ne manquait pas d’honorer dans une ironie mordante. Fêter la Révolution en allant cirer les souliers vernis du Prince dans les jardins de son palais d’ancien régime avait un certain charme comique qui n’était visiblement perceptible que de l’étranger… Nicolas Sarkozy, fidèle à son égocentrisme et à son principe de déstruction du passé ne s’est pas encombré de fioriture de type républicain, ni d’hypocrisie communicationnelle, il s’est fait faire une hagiographie moderne, avec témoignages de guests stars de choc, Blair, Merkel qui soigne sa diplomatie, Brown qui salue le charmeur… avec des potes dévoués corps et âme et avec des méchants devenus grâce à lui tendres comme des agneaux.

Quand un journaliste essaie de se souvenir de son rôle critique et tente une remarque quelque peu désobligeante sur le manque de suivi des interventions sarkozystes en Georgie, le bon Malard, journaliste de haut vol, compose un air très circonspect pour dire “N'empêche…l’Europe a pour la première fois fait entendre sa voix sans les Etats Unis…” histoire de rappeler tout le bien qu’il pense de son Prince. En revanche quand Sarkozy dit que les USA sont la première puissance démographique, après avoir énuméré les domaines dans lesquels ils sont les plus puissants (militaire, économie…) personne ne le reprend, on n’est pas à quelques millions d’humains près. Le monde de Sarkozy, comme le dit en substance un de ses anciens copains, est intrinsèquement lié au monde de Rintintin…

Et nos deux compères, Dupont et Dupond de l’analyse politique, mimant une enquête sérieuse sur la Star, reprenant à l’occasion le style “reconstitution des événements” des émissions d’investigation très scénarisées du type “faites entrer l’accusé” (on en était loin pour le contenu), concluent sur la présidentialité nouvelle de Nicolas Sarkozy et sur sa possible (et probable si l’on en juge par le sourire de Malard) réélection en 2012. Le premier s’inquiètant de savoir si les trois petites années qui restent à Sarkozy lui laisseront le temps de faire toutes les réformes qu’il a prévues, le second le rassure en lui rappelant qu’il y aura peut-être un second mandat… Et oui…on y arrive… Un spot de campagne.

L’émission de cette chaîne publique dotée d’une dimension pédagogique par sa vocation “éducative” s’est très précisément placée dans la ligne de com’ de l’Elysée telle qu’elle s’est montrée pour la première fois dans l’interview du Nouvel Observateur. “changement personnel de l’homme transformé par la fonction” (regrets, modestie, culture…) “Présidentialisation” (retenue, recul, universalisme bon teint), et surtout “nécessité du second mandat” (pour avoir le temps de tout faire et de sauver la France de sa paresse congénitale). Il était sûrement normal dans le monde enchanté de Rintintin que des employés du service public s’en fassent les relais efficaces.

La propagande c’est bien, mais quand on arrive à se servir de journalistes politiques comme chroniqueurs mondains, quand en plus, on peut refaire le monde en studio sans que rien de réel ne vienne gâcher le plaisir de se voir si beau en ce miroir, c’est encore mieux…

Un vrai succès ! Contrairement à la Star, le journalisme de fiction s’est montré, lui, comme l’indique le titre de l’émission ; A visage découvert.

Et pendant que Chouchou citait Jaurès, la rue de Solférino préparait son bal des pompiers…
brusyl
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