La Grande-Bretagne enterre la société de surveillance... affaire à suivre...
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25052010
La Grande-Bretagne enterre la société de surveillance... affaire à suivre...
Pour son tout premier discours de politique générale, Nick Clegg, le nouveau Vice-Premier ministre libéral-démocrate britannique, a déclaré vouloir mettre un terme à la société de surveillance :
“Il est scandaleux que les gens respectueux des lois soient régulièrement traitées comme si elles avaient quelque chose à cacher.”
Evoquant un “big bang” politique, et une “révolution du pouvoir” visant “la liberté du plus grand nombre, et non pas le privilège de quelques-uns“, Nick Clegg a déclaré vouloir réinstaller “les fondamentaux de la relation entre l’État et le citoyen” afin de “rendre le pouvoir au peuple“, et mettre un terme aux dérives sécuritaires du précédent gouvernement labour (de “gauche“).
En Grande-Bretagne, la défense des libertés et de la vie privée, valeurs souvent qualifiées de “droits-de-l’hommistes” en France, est essentiellement porté par les conservateurs (de droite), et surtout les libéraux-démocrates (”centristes“) de Nick Clegg, au nom de la défense des libertés des citoyens face à la toute-puissance de l’Etat.
Leur aggiornamento/révolution/big bang politique va, de facto, à l’encontre d’une bonne partie de ce qui fait l’ordinaire de la politique sécuritaire telle qu’elle est défendue par la quasi-totalité des partis politiques français :
. abandon du projet de carte d’identité (qui n’existe pas en Grande-Bretagne, non plus qu’aux USA), et du fichage systématique des enfants,
. interdiction de ficher l’ADN des suspects (le fichier génétique français recense moins de 25% de personnes condamnés : plus de 75% des 1,2 millions de personnes qui y sont fichés y sont toujours “présumées innocentes“),
. le recours à la vidéosurveillance sera plus sévèrement encadré,
. l’utilisation de l’internet, et des emails, ne sera plus systématiquement surveillée, mais seulement en cas de besoin,
. nombre de lois anti-terroristes ou criminalisant la liberté d’expression, ou de manifestation, seront tout bonnement abolies (le gouvernement appelant les citoyens à dénoncer celles qui rognent sur les libertés des citoyens)…
A rebours de la vague sécuritaire qui a déferlé sur nos démocraties depuis 2001, Nick Clegg entend ainsi redonner un nouveau souffle à la démocratie. Un discours salué par un éditorial du Financial Times, pour qui Nick Clegg veut ainsi faire en finir avec l’Etat “Big Brother“.
Traduction des principaux extraits de son discours de réforme constitutionnelle :
J’ai passé toute ma vie politique à me battre pour ouvrir la vie politique. Aussi, je vais être très clair : ce gouvernement ne ressemblera à aucun autre.
Ce gouvernement va transformer notre vie politique de sorte que l’Etat vous contrôlera bien moins, mais que vous contrôliez bien plus l’Etat.
Ce gouvernement va briser la concentration du pouvoir et rendre le pouvoir au peuple, parce que c’est ainsi que l’on construit une société plus juste.
Ce gouvernement va vous redonner confiance en la politique. Je ne vous parle pas de quelques règles nouvelles pour les députés, pas plus que de vieux trucs et astuces pour vous faire donner l’impression d’être un peu plus impliqué.
Je veux parler du programme le plus important d’autonomisation (empowerment, en VO) par un gouvernement britannique depuis l’affranchissement du 19ème siècle.
Ce sera le plus grand bouleversement de notre démocratie depuis 1832, lorsque la Grande loi de réforme a redessiné les limites de la démocratie britannique, en élargissant le droit de vote au-delà des seules classes possédantes.
(…)
Il est scandaleux que les gens respectueux des lois soient régulièrement traitées comme si elles avaient quelque chose à cacher.
Cela doit cesser.
Il n’y aura donc pas de système de carte d’identité.
Pas de registre national d’identité, pas de deuxième génération de passeports biométriques.
Nous ne surveillerons plus vos connexions internet et vos e-mails quand il n’y a tout simplement aucune raison de le faire.
La vidéosurveillance sera dûment réglementée, de même que la base de données ADN, avec des restrictions sur le stockage de l’ADN de personnes innocentes.
Et nous allons mettre fin aux pratiques qui risquent de faire de la Grande-Bretagne un pays où nos enfants grandissent en étant tellement habitués à voir violer leurs libertés qu’ils l’acceptent sans question.
Il n’y aura pas de base de données ContactPoint des enfants.
Les écoles ne pourront plus prendre les empreintes digitales des enfants sans même demander préalablement le consentement de leurs parents.
Ce gouvernement sera fier de voir les citoyens britanniques se dresser contre les démarches illégitime de l’État.
Cela donne de la valeur au débat, qui ne craint pas la dissidence.
C’est pourquoi nous allons supprimer les limitations sur le droit de manifester pacifiquement.
C’est pourquoi nous passerons en revue les lois sur la diffamation afin que nous puissions mieux protéger la liberté d’expression.
Et comme nous mettons en pièces le recueil des lois, nous allons faire quelque chose qu’aucun gouvernement n’a jamais fait :
Nous allons vous demander quelles sont les lois que vous pensez devoir être abrogées.
Parce que des milliers d’infractions pénales ont été créés sous le gouvernement précédent.
Rogner sur les liberté des gens n’a pas rendu nos rues plus sûres.
Légiférer de manière obsessionnelle transforme tout simplement les gens ordinaires en criminels potentiels.
Donc, nous allons nous débarrasser des lois inutiles, et une fois qu’elles ne seront plus là, elles ne reviendront pas.
Nous allons introduire un mécanisme pour bloquer les nouvelles infractions pénales inutiles.
La messe est dite. Reste à savoir jusqu’où ce discours sera suivi d’effets, et en quelle mesure il inspirera d’autres partis et personnalités politiques, dans d’autres pays.
En attendant, le Guardian, qui avait créé un blog pour suivre la montée en puissance de la société de surveillance (tout comme LeMonde.fr m’a demandé de le faire avec Bug Brother), vient de décider d’y mettre un terme :
Le gouvernement venant de promettre qu’il allait respecter nos libertés, je pense qu’il est tend pour moi de tirer ma révérence. (Mais) ne laissez jamais quelqu’un ou, plus important encore, vos enfants, vous dire que rien ne peut être entrepris
Henry Porter, le journaliste et blogueur qui suivait ses questions pour le Guardian, connaît bien Nick Clegg, et il se dit persuadé qu’il va mettre en application ce qu’il a déclaré, parce que ce combat est au coeur de son action politique.
En conclusion, Porter n’en relève pas moins avoir encore tout plein d’histoires dans sa boîte aux lettres qui mériteraient pourtant d’être portées à la connaissance des gens : des policiers qui se servent d’une législation sur le porno afin de poursuivre quelqu’un pour un chat privé, une femme dépressive qui découvre que son HLM, avec lequel elle est en conflit, a eu accès à son dossier médical, des magasins qui réclament à des gens de plus de 30 ou 40 ans des papiers d’identité certifiant qu’ils sont majeurs…
En attendant, rendez-vous ce samedi 29 mai pour l”Orwell Party” des 10 ans des Big Brother Awards France. Ici aussi, les surveillés se rebiffent…
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/05/25/la-grande-bretagne-enterre-la-societe-de-surveillance/#xtor=RSS-32280322
“Il est scandaleux que les gens respectueux des lois soient régulièrement traitées comme si elles avaient quelque chose à cacher.”
Evoquant un “big bang” politique, et une “révolution du pouvoir” visant “la liberté du plus grand nombre, et non pas le privilège de quelques-uns“, Nick Clegg a déclaré vouloir réinstaller “les fondamentaux de la relation entre l’État et le citoyen” afin de “rendre le pouvoir au peuple“, et mettre un terme aux dérives sécuritaires du précédent gouvernement labour (de “gauche“).
En Grande-Bretagne, la défense des libertés et de la vie privée, valeurs souvent qualifiées de “droits-de-l’hommistes” en France, est essentiellement porté par les conservateurs (de droite), et surtout les libéraux-démocrates (”centristes“) de Nick Clegg, au nom de la défense des libertés des citoyens face à la toute-puissance de l’Etat.
Leur aggiornamento/révolution/big bang politique va, de facto, à l’encontre d’une bonne partie de ce qui fait l’ordinaire de la politique sécuritaire telle qu’elle est défendue par la quasi-totalité des partis politiques français :
. abandon du projet de carte d’identité (qui n’existe pas en Grande-Bretagne, non plus qu’aux USA), et du fichage systématique des enfants,
. interdiction de ficher l’ADN des suspects (le fichier génétique français recense moins de 25% de personnes condamnés : plus de 75% des 1,2 millions de personnes qui y sont fichés y sont toujours “présumées innocentes“),
. le recours à la vidéosurveillance sera plus sévèrement encadré,
. l’utilisation de l’internet, et des emails, ne sera plus systématiquement surveillée, mais seulement en cas de besoin,
. nombre de lois anti-terroristes ou criminalisant la liberté d’expression, ou de manifestation, seront tout bonnement abolies (le gouvernement appelant les citoyens à dénoncer celles qui rognent sur les libertés des citoyens)…
A rebours de la vague sécuritaire qui a déferlé sur nos démocraties depuis 2001, Nick Clegg entend ainsi redonner un nouveau souffle à la démocratie. Un discours salué par un éditorial du Financial Times, pour qui Nick Clegg veut ainsi faire en finir avec l’Etat “Big Brother“.
Traduction des principaux extraits de son discours de réforme constitutionnelle :
J’ai passé toute ma vie politique à me battre pour ouvrir la vie politique. Aussi, je vais être très clair : ce gouvernement ne ressemblera à aucun autre.
Ce gouvernement va transformer notre vie politique de sorte que l’Etat vous contrôlera bien moins, mais que vous contrôliez bien plus l’Etat.
Ce gouvernement va briser la concentration du pouvoir et rendre le pouvoir au peuple, parce que c’est ainsi que l’on construit une société plus juste.
Ce gouvernement va vous redonner confiance en la politique. Je ne vous parle pas de quelques règles nouvelles pour les députés, pas plus que de vieux trucs et astuces pour vous faire donner l’impression d’être un peu plus impliqué.
Je veux parler du programme le plus important d’autonomisation (empowerment, en VO) par un gouvernement britannique depuis l’affranchissement du 19ème siècle.
Ce sera le plus grand bouleversement de notre démocratie depuis 1832, lorsque la Grande loi de réforme a redessiné les limites de la démocratie britannique, en élargissant le droit de vote au-delà des seules classes possédantes.
(…)
Il est scandaleux que les gens respectueux des lois soient régulièrement traitées comme si elles avaient quelque chose à cacher.
Cela doit cesser.
Il n’y aura donc pas de système de carte d’identité.
Pas de registre national d’identité, pas de deuxième génération de passeports biométriques.
Nous ne surveillerons plus vos connexions internet et vos e-mails quand il n’y a tout simplement aucune raison de le faire.
La vidéosurveillance sera dûment réglementée, de même que la base de données ADN, avec des restrictions sur le stockage de l’ADN de personnes innocentes.
Et nous allons mettre fin aux pratiques qui risquent de faire de la Grande-Bretagne un pays où nos enfants grandissent en étant tellement habitués à voir violer leurs libertés qu’ils l’acceptent sans question.
Il n’y aura pas de base de données ContactPoint des enfants.
Les écoles ne pourront plus prendre les empreintes digitales des enfants sans même demander préalablement le consentement de leurs parents.
Ce gouvernement sera fier de voir les citoyens britanniques se dresser contre les démarches illégitime de l’État.
Cela donne de la valeur au débat, qui ne craint pas la dissidence.
C’est pourquoi nous allons supprimer les limitations sur le droit de manifester pacifiquement.
C’est pourquoi nous passerons en revue les lois sur la diffamation afin que nous puissions mieux protéger la liberté d’expression.
Et comme nous mettons en pièces le recueil des lois, nous allons faire quelque chose qu’aucun gouvernement n’a jamais fait :
Nous allons vous demander quelles sont les lois que vous pensez devoir être abrogées.
Parce que des milliers d’infractions pénales ont été créés sous le gouvernement précédent.
Rogner sur les liberté des gens n’a pas rendu nos rues plus sûres.
Légiférer de manière obsessionnelle transforme tout simplement les gens ordinaires en criminels potentiels.
Donc, nous allons nous débarrasser des lois inutiles, et une fois qu’elles ne seront plus là, elles ne reviendront pas.
Nous allons introduire un mécanisme pour bloquer les nouvelles infractions pénales inutiles.
La messe est dite. Reste à savoir jusqu’où ce discours sera suivi d’effets, et en quelle mesure il inspirera d’autres partis et personnalités politiques, dans d’autres pays.
En attendant, le Guardian, qui avait créé un blog pour suivre la montée en puissance de la société de surveillance (tout comme LeMonde.fr m’a demandé de le faire avec Bug Brother), vient de décider d’y mettre un terme :
Le gouvernement venant de promettre qu’il allait respecter nos libertés, je pense qu’il est tend pour moi de tirer ma révérence. (Mais) ne laissez jamais quelqu’un ou, plus important encore, vos enfants, vous dire que rien ne peut être entrepris
Henry Porter, le journaliste et blogueur qui suivait ses questions pour le Guardian, connaît bien Nick Clegg, et il se dit persuadé qu’il va mettre en application ce qu’il a déclaré, parce que ce combat est au coeur de son action politique.
En conclusion, Porter n’en relève pas moins avoir encore tout plein d’histoires dans sa boîte aux lettres qui mériteraient pourtant d’être portées à la connaissance des gens : des policiers qui se servent d’une législation sur le porno afin de poursuivre quelqu’un pour un chat privé, une femme dépressive qui découvre que son HLM, avec lequel elle est en conflit, a eu accès à son dossier médical, des magasins qui réclament à des gens de plus de 30 ou 40 ans des papiers d’identité certifiant qu’ils sont majeurs…
En attendant, rendez-vous ce samedi 29 mai pour l”Orwell Party” des 10 ans des Big Brother Awards France. Ici aussi, les surveillés se rebiffent…
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/05/25/la-grande-bretagne-enterre-la-societe-de-surveillance/#xtor=RSS-32280322
brusyl- Admin
- Nombre de messages : 3110
Date d'inscription : 17/07/2008
La Grande-Bretagne enterre la société de surveillance... affaire à suivre... :: Commentaires
Re: La Grande-Bretagne enterre la société de surveillance... affaire à suivre...
Pourquoi ca me rappelle "l'immense espoir" qui s'est levé avec l'élection d'Obama ?Reste à savoir jusqu’où ce discours sera suivi d’effets
A quoi voit on qu'un politicien est en train de vous raconter des salades ?
Ses lèvres remuent...
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