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Ecologie : pour sauver la planète, les petits gestes ne suffisent pas

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09012009

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Ecologie : pour sauver la planète, les petits gestes ne suffisent pas Empty Ecologie : pour sauver la planète, les petits gestes ne suffisent pas




Par Hélène Crié-Wiesner | Ecrivain, spécialisée en environnement | 08/01/2009 | 15H15

http://www.rue89.com/american-ecolo/2009/01/08/ecologie-pour-sauver-la-planete-les-petits-gestes-ne-suffisent-pas

Deux ouvrages, aux Etats-Unis et en France, montrent les limites des efforts individuels, et prônent une rupture avec le capitalisme.

Sortir du capitalisme pour sauver la planète, c’est dans l’air des deux côtés de l’Atlantique. Mais là où les Américains prennent des précautions de sioux pour ne pas être accusés de communisme, les Français n’ont pas ces pudeurs: ils osent volontiers les mots "utopie", "coopérative" et autres "rapports de classe".

Deux auteurs, l’un français, l’autre états-unien, représentent ce courant qui a pris une ampleur inattendue avec l’emballement de la crise actuelle. Tous deux théorisent les fondations du nouveau monde nécessaire, qui ferait presque totalement table rase de l’actuel. Encore que l’Américain soit un peu moins radical, question de contexte historique sans doute.

James Gustav Speth, doyen à l’université Yale de la School of Forestry and Environmental Studies, a publié en 2008 "The Bridge at The Edge of The World: capitalism, the environment, and crossing from crisis to sustainability". Traduction approximative: "Le Pont du bout du monde: le capitalisme, l’environnement, et le passage de la crise vers la durabilité."

Gus Speth y pose notamment la question suivante:

"Comment expliquer ce paradoxe? La communauté de ceux qui se soucient de l’environnement -à laquelle j’ai appartenu toute ma vie- ne cesse de grandir, de se sophistiquer et d’accroître son influence, elle lève des fonds considérables, et pourtant, les choses vont de pire en pire."

"Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme"

Hervé Kempf, dont j’ai déjà évoqué l’ouvrage "Comment les riches détruisent la planète" (2007), publie cette semaine une suite à ce premier opus déjà traduit en quatre langues "Pour sauver la planète, sortez du capitalisme".

Kempf y reprend des éléments de sa démonstration initiale, et expose sa méthode, analogue à celle de son confrère américain, mais en tournant moins autour du pot:

"Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l’économie n’est pas reine mais outil, où la coopération l’emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit."

Dit comme ça, c’est presque bateau, mais le livre de Kempf, court et facile à lire, est un concentré d’efficacité démonstrative. Il n’assomme pas le lecteur avec le détail de la catastrophe écologique mondiale en cours, celle-ci étant censée lui être déjà plus ou moins connue. Kempf rappelle les origines de la dérive qui nous a entraînés dans ce pétrin:

"Dans 'Comment les riches détruisent la planète', j’ai décrit la crise écologique et montré son articulation avec la situation sociale actuelle, marquée par une extrême inégalité. (…) J’ai résumé l’analyse du grand économiste Thorstein Veblen. Pour celui-ci, l’économie des sociétés humaines est dominée par un ressort, ‘la tendance à rivaliser -à se comparer à autrui pour le rabaisser’.

Le but essentiel de la richesse n’est pas de répondre à un besoin matériel, mais d’assurer une ‘distinction provocante’, autrement dit d’exhiber les signes d’un statut supérieur à celui de ses congénères. (…) Cela nourrit une consommation ostentatoire et un gaspillage généralisé."

A l'origine de la catastrophe écologique, des dérives individualistes

Dans ce nouveau livre, Kempf laisse un peu tomber les super riches -il leur a déjà réglé leur compte- pour nous enfoncer, nous, gens ordinaires souvent plein de bonne volonté, le nez dans notre caca. En gros, au cours de trente dernières années, le capitalisme a exacerbé l’idéologie individualiste au plus haut point, "en valorisant à l’extrême l’enrichissement et la réussite individuelle au détriment du bien commun".

Kempf déniche les dérives individualistes du capitalisme là où on n’aurait pas forcément pensé à les y voir, ni surtout à les lier aux dégâts écologiques: dans le délitement des liens familiaux, la pornographie, le trafic d’êtres humains, le remplacement du politique et de l’action collective par la psychologie à toutes les sauces…

"Car pour la personne à qui l’on répète sans arrêt que sa vie ne dépend que d’elle et que les liens sociaux sont d’importance secondaire, la satisfaction se trouve d’abord dans la satisfaction matérielle: elle est source de plaisir -un plaisir qu’on ne trouve plus dans l’interaction et le partage avec les autres."

Gus Speth est sur la même longueur d’onde qu’Hervé Kempf, mais il le dit à sa manière, politiquement correcte, soucieuse de ne pas froisser la sensibilité des gens qui s’impliquent avec cœur, dans son pays, pour faire évoluer les politiques publiques et leur propre vie.

Gus Speth balaie les conclusions naïves d'Al Gore

Il leur démontre gentiment que la technologie, la science, le progrès technique, dont les Etats-Unis sont si fiers d’être souvent leaders, ne suffiront pas à restaurer l’état de la planète, ni à assurer à l’humanité le train de vie dont les pays riches se prévalent.

En gros, il balaie l’assurance donnée par Al Gore à ses concitoyens dans son film "Une vérité qui dérange". L’ex-vice-président explique, dans qu’avec un peu de bonne volonté individuelle et beaucoup de technologies nouvelles, on peut inverser le cours de choses. Speth estime que cette approche est dépassée:

"La situation requiert des changements plus profonds et plus systémiques que l’approche environnementale en vigueur aujourd’hui. On doit complètement changer le système."

Hervé Kempf ménage encore moins ses lecteurs. Pour lui, les fameuses technologies vertes dont on nous rebat les oreilles, nous promettant grâce à elles le retour de la croissance (verte, la croissance!), sont plus dangereuses qu’utiles à la bonne santé de la planète.

Non pas intrinsèquement (c’est toujours mieux de produire de l’électricité avec du vent qu’avec du charbon), mais parce que pour Areva, Suez, EDF, Endesa, E.ON, Enel, etc., il n’y a aucun changement de modèle énergétique en jeu, seulement une opportunité à saisir dans la compétition en cours entre grands producteurs. Le mot d’ordre reste: produire".

Les conseils écolos se situent toujours du point de vue de l'individu

Kempf massacre la "bien-pensance écologique, nichée dans les détails", qui a contaminé les plus fervents écolos:

"Tous les guides expliquant comment vivre en ‘vert’ se situent du point de vue de l’individu, jamais du collectif. (…) ‘Je me préserve des grosses chaleurs’, ‘je réutilise mes objets’, ‘je refuse les traitements chimiques’, ‘je démarre en douceur’, etc…

Etre consom’acteur, chez Nature et Découvertes, invite à ‘consommer engagé’, puisque ‘consommer = voter’, et range les actions entre ‘ma cuisine’, ‘ma trousse de toilette’, ‘mon garage’, ‘mon atelier’… EDF, dans son guide ‘E = moins de CO2’, range l’univers entre ‘ma planète’ et ‘ma maison’. (…)

Dans le paradis capitaliste, il suffit que nous fassions ‘les bons gestes pour la planète’, et ‘les politiques et les industriels suivront’."

Gloups. A quoi ça sert de faire des efforts si on est tellement ridicule? Kempf et Speth sont en accord sur ce point: seule l’action collective, massive, stratégiquement concertée, a des chances d’inverser la tendance.

"Je ne suis pas en train de vous dire: 'Arrêter de recycler'", écrit Gus Speth, "mais je dis: 'Bâtissez un mouvement collectif', et 'confrontez la consommation avec une nouvelle éthique d’autosuffisance'."

Un mouvement de fond en cours aux Etats-Unis

Kempf est encore plus offensif:

"Chacun, chaque groupe, pourrait dans son coin réaliser son bout d’utopie. Il se ferait sans doute plaisir, mais cela ne changerait pas grand-chose au système, puisque sa force découle du fait que les agents adoptent un comportement individualiste. (…)

L’enjeu n’est pas de lancer des alternatives. Il est de marginaliser le principe de maximisation du profit en plaçant la logique coopérative au cœur du système économique."

J’ai choisi d’insister davantage sur le livre d’Hervé Kempf pour trois raisons: il sort le 8 janvier en librairie; il contient de nombreux exemples français et européens plus parlants pour le lecteur que ceux pris dans le contexte culturel américain; enfin, il aborde de front la question des inégalités sociales, dans un langage plus brusque qui me convient mieux. C’est purement personnel.

En revanche, l’approche de Gus Speth est d’autant plus remarquable qu’elle accompagne un mouvement de fond en cours aux Etats-Unis. Quelque chose qui s’apparente aux expériences alternatives écolos de certaines communautés des années 70, sauf qu’aujourd’hui, leurs acteurs n’ont pas la prétention de vivre en marge du système. Ils vivent dedans, autrement, avec moins, volontairement beaucoup moins.

Je reviendrai bientôt sur ce sujet des "volontaires de la simplicité", qui commence à passionner la presse nationale. En attendant, on peut lire ce reportage paru dans le numéro de janvier de O, le magazine d’Oprah Winfray.
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Ecologie : pour sauver la planète, les petits gestes ne suffisent pas :: Commentaires

Donald11

Message Lun 28 Mar 2011 - 14:35 par Donald11

Article du Canard enchaine du 23 mars 2011

En Chine, ca gaze !

Certains sinquietent des trous dans les piscines de Fukushima d'ou pourrait s'evader un nuage radioactif, que les vents s'appretent a mener jusqu'a nos cieux sereins. Mais le geant voisin, la Chine, pollue et sur-pollue son environnement a la mesure de sa croissance a deux chiffres. Sur Arte, une soiree "Thema" (vendredi 18/3), pareille a un lent film d'horreur, vient de nous le rappeler : 1,5 millions de petits-fils de Mao, une paille quand on est 1,3 milliards d'individus, meurent chaque annee de pollution.

........ (je vous laisse decouvrir l'article, je n'ai pas de scanner et la flemme de tout taper a mano ...)

Mais par ailleurs sevit un credo autrement plus fondamental : maintenir a tout prix la croissance faramineuse qui permet de tenir la dragee haute aux Americains. Et tant pis pour l'usine de chloropropylene mortifere. Tant pis pour les poulets qui meurent figes, debout sur leurs pattes. Tant pis pour le record du monde des cancers. L'ecologie, comme disait l'autre, "ca commence a bien faire".

Alors, oui au recyclage et aux petites economies d'energie de bouts de chandelles, mais bon, ca reste comme un p'tit pipi de chat dans le pacifique pour une ecologie de bobos aux ventres pleins ...

Ecologie : pour sauver la planète, les petits gestes ne suffisent pas Finger10

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Message Mer 23 Fév 2011 - 11:39 par Invité

Yo, t'as raison man, d'ailleurs rien ne va nous sauver :)

Ecologie : pour sauver la planète, les petits gestes ne suffisent pas 431374

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Donald11

Message Mer 23 Fév 2011 - 0:31 par Donald11

Tiens, un p'tit clin d'oeil à la malbouffe ... J'avais déjà entendu ce reportage ...
Ca va bien dans société et culture !

Bon appétit !!!

Alerte à Babylone

Y'a pas d'doute, la bioéconomie va nous sauver ...

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Mister Cyril

Message Sam 25 Sep 2010 - 16:25 par Mister Cyril

Contre ça il n'y a pas de petits gestes possibles!!!

Ecologie : pour sauver la planète, les petits gestes ne suffisent pas 572283

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Mister Cyril

Message Sam 25 Sep 2010 - 16:24 par Mister Cyril

Les droits de propriété intellectuelle, arme contre les savoirs paysan


Il existe au moins deux façons de produire des semences cultivables, fruits de deux modes de production des savoirs bien différents. L’approche paysanne traditionnelle favorise la diversité dans les variétés pour répondre à la diversité des milieux naturels. L’approche industrielle, fortement développée après guerre, cherche au contraire à réduire au maximum la diversité dans les variétés puisque les milieux naturels sont homogénéisés par l’utilisation d’intrants. L’énergie renouvelable du paysan est remplacée par les énergies fossiles. Dans ce texte, Guy Kastler, du Réseau Semences Paysannes, nous montre comment les semenciers ont construit peu à peu et au gré des contraintes techniques, des droits de propriétés intellectuels (DPI) ad hoc pour imposer les semences industrielles et condamner les semences paysannes. Il nous explique comment ce combat se poursuit aujourd’hui au niveau mondial dans le cadre des traités internationaux.
Qu’est-ce que sont les semences ?

Le système industriel actuel de production des semences n’a que deux siècles.
Pendant des millénaires, ce sont les paysans qui ont sélectionné et produit toutes les semences.
Le paysan a toujours cultivé des plantes qui avaient un intérêt particulier. La stabilité de certains caractères lui était donc nécessaire. Mais la conservation devait se faire dans des milieux naturels diversifiés et qui pouvaient changer souvent. Le paysan avait donc besoin de plantes variables pour qu’elles soient adaptables, il avait besoin d’une grande diversité de plantes (entre espèces et variétés, et au sein de chaque variété). Il ne faudrait d’ailleurs pas parler de conservation, puisque, dans le monde vivant, il n’y a jamais de reproduction à l’identique, mais parler plutôt de renouvellement et même d’augmentation de la biodiversité.
Aucune variété paysanne cultivée n’existe sans la communauté humaine qui la fait vivre (communauté locale, indigène). [Aujourd’hui, il peut s’agir d’une communauté d’intérêt formée d’individus en réseau ne partageant pas forcément le même territoire.] La sélection paysanne repose sur des échanges organisés entre paysans. Par exemple, les pratiques d’échanges de graines entre communautés au cours des mariages permettaient de faire évoluer les variétés mais à un rythme suffisamment lent pour garder les caractères importants des variétés.
Les variétés paysannes sont également associées à un savoir paysan. Ces savoirs n’ont pas été construits avec les schémas scientifiques classiques (expérimentation reproductible) qui se veulent universels. Au contraire, leur validité est associée à un moment, à un lieu et à une communauté humaine donnés. Pourtant, ces savoirs sont opérationnels, comme l’illustre la parabole du bon grain et de l’ivraie, présentée par Jean Pernès. Les paysans palestiniens sortaient l’ivraie (blé sauvage) du blé juste avant la récolte et non dès que l’ivraie était visible, soit après la floraison. Le blé, contrairement à ce qui est souvent dit, ne peut pas se reproduire tout seul à 100% (il n’est pas totalement autogame). En laissant blé cultivé et blé sauvage (ivraie) se polliniser, c’est une partie des caractères des plantes sauvages qu’on autorise à être ramenés à petite dose dans la variété cultivée, renforçant ainsi par exemple la résistance de la variété aux maladies ou à la sécheresse.
Ces savoirs collectifs, souvent oraux et non écrits, non universels (semences paysannes mais aussi connaissance ésotérique, sage africain…) ne sont pas systématiquement transmissibles ni transmis à tout le monde (un tel savoir ne peut pas toujours être reçu par tout le monde) et pourtant leur validité pratique est indéniable. Ils relèvent, comme les échanges informelles de semences, de l’économie du don (je donne à qui est digne de recevoir) et non de l’économie de marché où le refus de vente est un délit.

L’objectif du système industriel est de fixer la variété, pour pouvoir toujours vendre le même produit. Au lieu de fixer des caractères dans une population variable, on sélectionne un individu élite qu’on cherche à reproduire à l’identique.
L’exemple du blé permet de bien introduire cette idée d’individu élite. Si l’on choisit le plus bel épi d’un champ dans le plus joli champ, et qu’on le multiplie en ne le croisant qu’avec lui-même, on obtient une lignée. Pour que les paysans retrouvent la qualité de cet épi originel, il ne leur sera plus possible d’adapter la plante aux caractéristiques particulières de leur champ en profitant de la diversité et de la variabilité d’une population de blés. Il leur faudra adapter le terroir et le climat à la plante. Ce qui implique l’utilisation importante d’engrais chimiques, l’artificialisation des sols par la mécanisation, l’irrigation abusive... [Certaines avancées industrielles utilisées en agriculture sont venues directement de l’industrie de l’armement. Les engrais chimiques viennent des explosifs de la guerre de 14, les insecticides neurotoxiques en sont les gaz de combat, les herbicides viennent de l’agent orange employé au Vietnam.] Ces béquilles d’artificialisation des conditions de culture n’ont été possibles que par une utilisation abusive des énergies fossiles non renouvelables qui a éliminé et remplacé l’énergie renouvelable du paysan. Le système de la lignée pure a donné le système européen du catalogue commun obligatoire, où doit être décrite toute semence avant de pouvoir être échangée. Les critères de description choisis pour le catalogue ont été ceux de l’industrie : l’homogénéité et la stabilité des variétés, c’est-à-dire les critères inverses de ceux privilégiés par les paysans. Le prix de l’inscription n’est aussi accessible qu’à l’industrie qui peut l’amortir sur de gros volumes. Avec cette réglementation, la variété industrielle s’est donc imposée et les variétés paysannes ont été de fait interdites (l’impossibilité d’échanges des semences finit par tuer les variétés). L’agriculture industrielle subventionnée par la politique agricole s’est imposée sur les agricultures paysannes, et les savoirs paysans ont disparu au nom du progrès scientifique et de la vérité universelle.
Le certificat d’obtention végétale est le deuxième verrou juridique apparu en Europe. Il a été créé pour réguler les relations entre semenciers, quand le marché des semences est devenu européen. Contrairement au brevet, ce système laisse la variété libre d’utilisation pour créer d’autres variétés. Mais ce que l’on oublie souvent de dire c’est qu’il légalise la biopiraterie. En effet, alors que le brevet impose de décrire précisément les conditions d’obtention d’une variété (variétés utilisées et modifications réalisées), ce n’est pas le cas du certificat d’obtention végétale qui permet de protéger non seulement une invention, mais aussi une découverte. Les semenciers, qui utilisent gratuitement les variétés paysannes comme matière première pour réaliser leurs variétés, ont ainsi dès 1960 commencé à légaliser la bio-piraterie.
L’introduction du système américain des brevets dans les semences est lié au maïs et à la culture anglo-saxonne. Le maïs est allogame (il ne peut pas se croiser avec luimême). La stratégie des semenciers a été de fixer des lignées (reproductibles mais non productives) et de commercialiser le croisement des deux lignées (très productif, mais dont la reproduction est peu productive). L’agriculteur est alors obligé de racheter ses semences chaque année sans qu’il soit nécessaire de l’obliger à abandonner ses propres semences avec le catalogue obligatoire. Dans ce cadre de production de semences, il est devenu important pour les semenciers de s’assurer qu’aucune lignée ne soit utilisable par un concurrent, et c’est là que le brevet s’est imposé.

La matière première des semenciers, c’était les variétés des paysans. Ils ont donc considéré que les variétés paysannes (non inscrites au catalogue, baptisées "ressources génétiques") étaient un bien commun de l’Humanité et à ce titre qu’elles étaient librement utilisables par tous, contrairement à leurs propres variétés qu’ils ont protégées. En 1991, lors de la Convention sur la biodiversité à Rio, les pays du Sud ont revendiqué une souveraineté sur leurs semences. En leur vendant la promesse du "partage des avantages" (tous les bénéfices tirés d’une variété devront être partagés avec ceux qui avaient conservé cette variété, soit les communautés paysannes), les Etats semenciers du Nord ont réussi à imposer l’idée des Droits de Propriété Intellectuelle (DPI) sur les semences, seul un système de type brevet ou certificat d’obtention végétal pouvant permettre de collecter les avantages à partager. Mais, dans la pratique, les pays du Sud n’ont pas les moyens de contrôler l’utilisation des brevets, encore moins celui des COV qui n’indiquent pas l’origine des variétés utilisées. Et les communautés paysannes n’ont pas les moyens financiers de déposer un brevet ou un COV sur leurs variétés qui, de toute façon, ne répondent pas aux critères exigés. Il n’y a donc pas de partage des avantages, ce n’est qu’un leurre qui a permis d’imposer les DPI au seul profit de l’industrie semencière.
Le traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’agriculture et l’alimentation (TIRPAA), entré en vigueur en 2004, intègre la souveraineté nationale au système des biens communs de l’Humanité, système qui avait permis de créer toutes les collections de semences pour conserver dans les banques de gènes toutes les variétés paysannes au fur et à mesure de l’arrêt de leur culture. Un système multilatéral a été mis en place pour permettre aux semenciers de continuer à accéder librement aux banques des autres pays. En contrepartie, les pays du Nord devaient aider les pays du Sud à construire leurs propres banques pour conserver leurs variétés. Ils devaient également reconnaître le droit des paysans à ressemer leur récolte et à échanger leurs semences, conditions sine qua non du maintien des variétés paysannes "in situ", c’est-à-dire régulièrement renouvelées dans les champs.

Que se passe-t-il aujourd’hui ?

En dehors de ce traité, la Banque Mondiale a mis en place un fond financier pour conserver/sécuriser toutes les semences de la planète dans une banque naturellement réfrigérée en Norvège. Mais en parallèle, les Etats riches concentrent ou abandonnent leurs propres collections. A côté de ça, se développe une biologie synthétique qui utilise directement l’information génétique, sans passer par les plantes. Au lieu de stocker les plantes, c’est l’information contenue dans leurs gènes qui est conservée sur ordinateur. L’objectif est de réaliser les nouvelles variétés de façon synthétique à partir de cette information génétique. Des bactéries totalement synthétiques sont déjà produites aujourd’hui. On peut donc se passer des banques de semences et revenir en conséquence, sur les droits des paysans à cultiver leurs semences. Récemment plusieurs États (France, Allemagne en particulier) ont tenté d’assécher le financement du traité : le système multilatéral qu’il a mis en place leur garantit l’accès aux ressources, mais ils ne veulent pas qu’il puisse maintenant garantir les droits des paysans et la capacité des pays du Sud de financer leurs propres collections et inventaires. Mais il y a également une alliance entre les organisations paysannes, la majorité des pays du Sud et certains pays européens (Italie, Espagne, Norvège) qui continuent à financer le traité en dénonçant les choix français ou allemands, trop dangereux pour l’avenir de la biodiversité.

Note
Le Réseau Semences Paysannes (RSP) regroupe des organisations paysannes conventionnelles et d’agriculture biologique, des jardiniers amateurs, des petits semenciers, des ONG et un parc naturel. Créé en 2003, il a pour objectif la conservation vivante (dans les champs) de la biodiversité cultivée.

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Donald11

Message Sam 10 Jan 2009 - 0:32 par Donald11

Y aurait-il sur ce sujet consensus des maquisards ?
Tout ce que vous dites, écrivez, copiez-collez me fait chaud au coeur ...
Je vais pouvoir dormir plus sereinement ...

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brusyl

Message Ven 9 Jan 2009 - 21:29 par brusyl

Touchons à nouveau du doigt les incohérences de la politique environnementale.

Une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas seulement nos duettistes d’opérette Sarkozy et Borloo qui sont visés par ce petit billet, mais aussi l’échelon du dessus : la Commission Européenne. Une sacrée bande de pignoufs, eux aussi !

Ces gens-là ont pourtant a priori de bonnes intentions : ils veulent faire diminuer la consommation électrique. Et pour cela, ils s’attaquent en bloc au problème, et ont à cet effet déniché un mot magique : l’écoconception. On apprend au passage l’existence du mot “comitologie”, qui résume assez bien les activités de la commission… Allez-donc lire cet article dont je publie un large extrait :

“Le 7 juillet, les représentants des États membres qui constituent le comité de réglementation sur l’écoconception ont approuvé la proposition de règlement de la Commission européenne visant à réduire la consommation d’électricité, en mode veille, des appareils électroménagers et des équipements de bureau. La proposition a ensuite été transmise au Parlement européen pour consultation. Elle a été officiellement adoptée aujourd’hui par la Commission, ce qui constitue la dernière étape de la procédure de comitologie.

Le mode veille, commun à presque tous les appareils ménagers et de bureau, comme les télévisions ou les ordinateurs, facilite la mise en marche et l’arrêt des appareils au moyen d’une télécommande par exemple. Les appareils électriques en mode veille représentent une consommation d’environ 50 TWh d’électricité par an dans l’UE, qui devrait être réduite de 73 % d’ici à 2020 grâce au règlement. Ces économies sont comparables à la consommation électrique annuelle du Danemark et correspondent à quelque 14 Mt d’émissions de CO2 en moins. Le règlement entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l’UE, au premier trimestre 2009. À partir de 2010, la consommation d’électricité en veille des nouveaux produits devra être inférieure à 1 watt ou 2 watts. En 2013, ces valeurs seront abaissées respectivement à 0,5 watt et 1 watt, ce qui est proche des niveaux que l’on peut obtenir avec la meilleure technologie disponible.

La Commission prévoit d’adopter bientôt quatre nouveaux règlements en matière d’écoconception, qui ont été approuvés récemment par les États membres et sont en cours d’examen par le Parlement européen et le Conseil; parmi ceux-ci figure le règlement qui prévoit l’abandon progressif des ampoules à incandescence. Cette première série de mesures en matière d’écoconception permettra d’économiser environ 125 TWh d’électricité d’ici à 2020, soit à peu près la consommation électrique annuelle de la Suède.”

Ces gens-là, dont quelques effrontés se gaussaient naguère des activités de bananométrique ou de morutologie, ont choisi de prendre le problème par le bon bout : réduire dès la conception la consommation des appareils en mode veille.

Fort bien vous me direz, car chaque foyer va ainsi grapiller par jour quelques Wh, qui, mis bout à bout à l’échelle européenne, représenteraient donc 73% de 50 TWh, soit si je compte bien 36.5 TWh. Au passage ça me paraît vraiment énorme ! Suis-je naïf ou gonflent-il les chiffres pour se faire mousser ?

Le problème, c’est que dans le même temps, la commission européenne fait tout, absolument tout, pour favoriser la croissance économique, qui se matérialise par de nombreux phénomènes dont je ne détaillerai que deux d’entre eux qui me frappent tout particulièrement.

Il y a seulement 10 ans, quand vous entriez dans un foyer de cadres moyens (ou de prolos supérieurs, ce qui revient globalement au même), vous remarquiez à coup sûr ces deux objets de la vie courante :


Désormais, si vous retournez rendre visite aux mêmes personnes, vous tombez de plus en plus souvent sur ça :

voir photos sur le site :http://www.superno.com/blog/

Avant, un téléviseur de grande taille (70cm) consommait environ 100 W. Désormais la grande télé (plus de 100cm) consomme entre 200 et 300W pour un LCD, et entre 300 et 500 pour un plasma ! Et cet engin est paraît-il allumé en moyenne plus de 4 heures par jour. Dans ces conditions, c’est bien gentil de vouloir gagner 10W pendant les 20 heures de veille (ce qui si je compte bien fait dans les 200Wh) si c’est pour perdre 200W pendant les 4 heures de fonctionnement (et donc 800W)…

Le frigo, quant à lui, tourne par définition 24h/24. Et un gros bazar comme ça bouffe allègrement 400 ou 500Wh de plus qu’un “normal” tous les jours ! “Ben oui, mais ça fait des glaçons et de la glace pilée !”

Vous voulez d’autres exemples ? Tiens, la console de jeu Sony Playstation 3 consomme 160W. La Playstation 1 se contentait de 5W et la Playstation 2 de 20W ! Et il y a dix ans, aviez-vous une “box” ADSL ? Un décodeur TNT ? Un téléphone portable ? Un appareil photo numérique ? Un PC portable ? Une brosse à dents électrique ?

Je veux donc bien croire que la consommation en veille est un immense gaspillage qui devient de plus en plus problématique en raison de la multiplication des appareils. Mais le problème, c’est souvent la présence de l’appareil lui-même, qui confine souvent au superflu total et n’est devenu indispensable qu’en raison de la pression sociale ou de la course culturelle à la consommation débile ! Et c’est bien cette course qu’il faut enrayer, la lutte contre la consommation des appareils en veille n’est qu’un combat subalterne ! Mais ne comptez-pas sur la Commission Européenne pour le dire !

La preuve a magistralement été fournie ces jours derniers par des records de consommation d’électricité.

Pas seulement d’électricité, d’ailleurs. De gaz, aussi, même si on a fait moins de tintouin autour. A ce propos, j’ai entendu ce midi que malgré la chute vertigineuse du prix du pétrole sur lequel il est théoriquement indexé, le prix du gaz ne baissera pas avant… avril ! Avec le retour de la douceur, quand la consommation sera minime. Cela signifie que le français d’en bas estactuellement en train de gaver l’actionnaire de GDF Suez, avec la complicité du gouvernement. Une mafia je vous dis !

Retour à l’électricité. Ce record de consommation, c’est à cause du froid, bien sûr. Mais il a déjà fait plus froid que ça ! -12.5 dans le sud du Luxembourg, sale temps pour argumenter sur le réchauffement climatique. Mais j’ai souvenir d’un -17 il y a 3 ou 4 ans…

La différence, c’est simplement la multiplication et le grossissement des appareils électriques, conséquence mathématique de la “croissance”. Toute autre explication est nulle et non avenue.

En France, toutes les centrales, nucléaires, à gaz ou à charbon, tournent à plein régime. Il suffirait même d’une petite panne pour plonger des régions entières dans le noir et le froid. J’ai une petite pensée pour les naïfs qui croient sincèrement qu’il suffirait de semer des éoliennes et des panneaux solaires partout pour résoudre nos problèmes.

Le record de consommation (provisoire en attendant l’installation de nouveaux écrans Plasma d’1m50) s’est établi mercredi 6 janvier 2009 à 92400 MW.

Sur ces 92400, environ 1000 ont été apportés par l’éolien. Une goutte d’eau. Même si l’objectif du “Grenelle” (à supposer qu’il soit toujours d’actualité, il faudrait demander à Devedjian…) est que l’éolien contribue pour 10% du total en 2020, il est clair que ce n’est pas ainsi qu’on va se débarrasser des centrales nucléaires !

Devinette, à ce rythme, de combien la consommation électrique va-t-elle augmenter d’ici 2020 ? Il y a fort à parier que ce sera plus que les 10% fournis par l’éolien. A quoi bon, alors ?

Car avant même d’envisager d’arrêter une à une les centrales nucléaires (ce qui reste à mon sens l’objectif à atteindre) il faudrait effectivement enclencher la marche arrière économique, et plutôt que de dilapider du pognon à construire de nouvelles centrales (comme celle de Poweo à Toul dont je vous invite toujours à signer et diffuser largement la pétition) ou à relancer la création d’autoroutes, initier en premier lieu une campagne systématique d’isolation des logements. Et arrêter d’inonder nos boîtes aux lettres ou nos radios avec des écrans plats à 500 euros ou des frigos grands comme des armoires normandes ! (Au fait, ça ne s’appellerait pas de la “décroissance soutenable”, ça ?)

Empêtrés dans leurs contradictions, nos décideurs en sont réduits à faire de grands moulinets et à jouer les schizophrènes, cependant que le climat, malgré les apparences de l’instant, continue à se réchauffer inexorablement.
http://www.superno.com/blog/

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brusyl

Message Ven 9 Jan 2009 - 19:07 par brusyl

il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l’économie n’est pas reine mais outil, où la coopération l’emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit."

j'en connais un qui ne dit pas autre chose que cela........

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Mister Cyril

Message Ven 9 Jan 2009 - 17:48 par Mister Cyril

Tout pareil que le canard j'ai même photocopié ce texte à 3 collègues...je déteste sur-consommer mais l'"enjeu" écologique va bien au-delà de nos petits gestes;..mais à bobo-land (Paris and banlieue) "le développement durable" est très tendance mais sans remettre en cause les moyens de production...alors recyclez bien vos cannettes de bière ou de coca 🐷
Week-end chargé, bonne fin de semaine à tous!

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Donald11

Message Ven 9 Jan 2009 - 13:36 par Donald11

Moi j'aime bien lire ce genre d'articles car ils vont dans le même sens que ce que je pense de "l'écologie d'aujourd'hui" et je me sens ainsi un peu moins seul !!!!
Ce qui ne veut pas dire que je ne participe pas au "recyclage", mais que je fais le moins de déchets possible. Par exemple, ce matin, au lieu d'emballer mes légumes dans des sacs plastiques, je les ai mis directement dans mon p'tit sac à roulettes ... en ayant parfaitement conscience que mon geste est équivalent à un pipi de chat dans le pacifique !!!

Tiens l'autre jour, je suis passé à côté d'un champ d'éoliennes ... et aucune ne tournait !!! C'était sans doute pas un jour de pic de consommation électrique !!! Pic et pic et colégramme, qui c'est le constructeur de ces décors inutiles ? Bourre et bourre et ratatam, à quels fonds de pension ont profité ces installations ?

Mais tant qu'on aura du pétrole, on aura pas besoin d'idées ... neuves !!! Faut bien que les compagnies pétrolières vivent, et que les cons consomment toujours plus .... c'est la pub qui le dit !!!

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